L’association SOS Futures Mamans est installée au 13 rue Pasteur, à Besançon, depuis le printemps 2012. Cette association met en avant sa vocation de « venir en aide aux mères en difficulté, pendant et après leur grossesse. » […] « apporter un soutien moral, matériel et administratif. »
Voilà ce que l’on peut lire sur la page Web de l’antenne bisontine. C’est également le discours auquel se tient la présidente de l’antenne bisontine lorsque la presse lui offre une tribune. Et d’ajouter : « Toute vie est un don, une source de joie, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas également source de peine. L’arrivée d’un bébé peut être un problème, en raison de l’âge des parents, d’une maladie, de l’absence d’un papa, d’un soutien familial ou de ressources financières. De par mon métier de médecin, j’ai toujours encouragé la vie. Parfois cela prend du temps d’éliminer un problème, mais on peut trouver des solutions à tout »
« Trouver des solutions à tout »... mais en évitant d’exposer aux femmes en détresse TOUTES les solutions. Et c’est bien là que réside l’embrouille. Car ce que SOS Futures Mamans omet d’exposer clairement à la presse et dans sa vitrine, c’est le fondement même de sa philosophie. Et cela vous le trouverez dans la charte de l’association. C’est ballot : aucun lien ne mène à ce document depuis la page web bisontine. Il faut pour cela se rendre sur le site international de SOS Futures Mamans, association créée en Suisse et essaimant depuis peu dans le Doubs (Pontarlier puis Besançon).
Extrait de la charte :
PRINCIPES D’ENGAGEMENT
Les membres s’engagent moralement à proposer l’accueil de la vie de l’enfant dès sa conception. Aucun membre ne pourra donc conseiller à une maman des moyens mécaniques ou chimiques ainsi qu’une intervention médicale pouvant détruire la vie de l’enfant.
Voilà c’est dit et en clair cela signifie que SOS Futures Mamans est opposée à toute interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle ne l’affiche pourtant pas de manière ostentatoire. Même si elle met en avant – comme d’autres mouvements appartenant à la mouvance pro-vie (anti-avortement) le font dans leur combat contre le droit à l’avortement – « le caractère sacré de la vie humain« .
Les femmes enceintes et en détresse sont donc attirées à l’association par une promesse d’aide matérielle, morale et juridique sans que ne leur soit annoncé avant leur prise de contact avec SOS Futures Mamans son engagement anti-IVG.
Mais à l’intérieur, on offrira sans doute à ces femmes tous les habituels arguments des Pro-vie. Arguments judicieusement construits afin de les dissuader d’avorter.
Voyez à ce sujet cet article édifiant du journal suisse L’Hebdo : « Traumatisme de l’avortement : l’imposture »
Soyez notamment attentif au rôle de rabatteur que l’auteur du billet prête à SOS Futures Mamans dans le canton de Vaud.
Et alors ?
Alors, bien sûr, même en France où le droit à l’avortement a été obtenu de haute lutte depuis 1975 ; même dans notre pays donc, il est permis d’y être philosophiquement opposé. Vive la démocratie. Mais ce qui est particulièrement pervers, c’est l’hypocrisie de ce type de démarche consistant à mettre en avant de certaines intentions généreuses tout en dissimulant le fonds de l’affaire : un engagement anti-avortement. C’est un peu la bonne vieille technique du Cheval de Troie. Antique mais toujours aussi tordu et malheureusement efficace. Surtout lorsque des organes d’information supposés dignes de confiance coopèrent délibérément ou malgré eux.
Quand le site d’actualités en ligne bisontine Macommune.info traite de SOS Futures Mamans en avril dernier, c’est uniquement pour reprendre son beau discours de devanture. Aucune question un chouilla investigatrice n’est posée sur la position anti-IVG de l’association. Rien. Juste un passage de plats en règle. Une tribune gratuite et complaisante.
Mais au final, rien de répréhensible : Macommune est un site commercial privé. Il n’a perdu ce jour-là qu’une part de sa crédibilité et peut-être… un peu de son âme.
Beaucoup plus grave…
Vous pouvez lire, depuis début décembre et dans un publication locale, une nouvelle publicité pour SOS Futures Mamans. La voici :
Même discours. Rien sur la position anti-IVG. Et même un appel aux dons… Le gros problème c’est que cet encart a été publié dans le numéro de décembre du BVV (page 10) – le bulletin municipal mensuel de Besançon dont le maire de la Ville, Jean-Louis Fousseret, est le « Directeur gérant de la publication« .
Est-ce la vocation du BVV que de faire la promotion d’une association prétendument généreuse envers les femmes en souffrance – mais dont toutes les intentions ne sont pas clairement affichées ? Sans doute pas.
Espérons que les responsables du bulletin municipal se sont fait berner et qu’ils ne savaient pas. Sinon nous avons un gros problème avec le BVV.
Pour aller plus loin
Voyez ce reportage de France 3 Franche-Comté (à partir de 36 minutes) sur l’association SOS Futures Mamans, ses actions généreuses incontestables mais aussi ses méthodes et ses cachotteries.