Couic !

Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti cela. Cette intuition que le choix que l’on s’apprête à faire restera vain s’il ne prend pas corps là, tout de suite – dans l’instant.

Ce moment de lucidité fugace où l’on pressent que s’accorder le temps d’y réfléchir serait prendre le risque de trouver une, deux puis dix bonnes raisons d’attendre le lendemain, le mois suivant, l’année prochaine. Et finalement de ne plus y penser du tout.
Je me rappelle avoir arrêté de fumer comme cela il y a bientôt dix ans.

Ce jour-là, j’avais au fond de la poche un paquet de tabac tout juste acheté et même pas encore ouvert. J’avais également pris conscience depuis quelques semaines qu’arrêter de fumer devenait nécessaire. Le plaisir choisi et ponctuel de la petite clope par-ci par-là ayant insidieusement laissé la place à l’habitude. Mes doigts décidaient sans moi. Ils roulaient seuls et de leur propre chef, des cigarettes que je fumais sans réelle envie et de plus en plus fréquemment.
Et c’est là qu’en pleine rue, j’ai eu ce petit échange intérieur avec moi-même (schizophrénie vous dites ?) :

– Pose ton paquet de tabac, tes feuilles et ton briquet dans la rue, là, maintenant.
– Et je fais comment si je reprends envie de fumer dans deux heures ?
– Tu rachètes toute la panoplie ET tu passes pour le dernier des couillons.
– Aux yeux de qui ?
– À tes propres yeux, banane !

J’ai tout posé sur une marche d’escalier. Je n’ai plus fumé pendant huit ans. L’orgueil a une puissance insoupçonnée.

Cette manière de prendre une décision radicale et soudaine parce que l’on sent dans un moment de lucidité que c’est LE choix qu’il faut faire, c’est exactement ce qui m’a poussé à me retirer de Twitter et Facebook il y a maintenant un mois. C’était le moment et c’était nécessaire.

Depuis le début de l’année déjà, les nouveaux billets étaient devenus rares sur le blog.
En cause ? Un manque d’inspiration, d’idées et d’envie d’écrire. À l’origine certainement une forme de lassitude après plus de quatre ans à alimenter le blog de manière plus ou moins régulière.
Ce dernier est donc pour le moment en stand-by mais il évoluera – je l’espère – vers quelque chose de différent dans un avenir plus ou moins proche.

La couleur « Petit Canard Enchaîné local » que certains lui attribuaient est évidemment flatteuse pour moi et pour tous ceux qui y ont contribué (mille mercis à eux). Elle est malgré tout surévaluée. Car si l’intention de départ avait effectivement à voir avec cela, je n’ai ni les moyens, ni le temps d’en faire assez pour faire bien.
Je rappelle juste que je ne vis pas de ce blog, que les instants que je lui consacre sont pris sur mon temps libre qui n’est pas extensible et que je souhaite par ailleurs consacrer à d’autres activités importantes pour moi.
En d’autres termes, je ne souhaite plus jouer au petit jeu du blog local d’actualités / polémiques ou pas… Cette envie-là m’a passé.

Laissons donc tout cela à la presse en espérant très fort qu’émergeront un jour des « Médiapart locaux » véritablement instigateurs et décomplexés vis à vis de tous les pouvoirs locaux. Des médias capables d’investiguer en réponse à un « Les yeux dans les yeux, je n’étais pas informé… » plutôt que de se contenter de le publier et puis… plus rien.

Ayons des utopies.

Quant à la page Facebook – puisque c’est surtout là que l’absence a été remarquée – elle était devenue quelque chose d’assez étrange pour moi. Être suivi par plus de 10.000 abonnés est certes gratifiant mais cela vous confère une pseudo-importance assez déstabilisante. Avec le risque de finir par se prendre soi-même un peu trop au sérieux.

Les gens attendent beaucoup de vous. Ils vous considèrent comme un machin hybride à mi-chemin entre le média d’information et le service public. Ils ne remarquent pas toujours l’aspect décalé de certaines publications, prennent les fake au pied de la lettre et s’énervent même parfois après coup.

Concrètement, ce sont des dizaines de messages par jour, très sympathiques pour la plupart. Des informations et des photos que l’on vous envoie, des demandes de publications sur la page (chats perdus, événements à annoncer, demandes d’aides en tous genres). Bien vite il devient impossible de répondre favorablement à tous, voire même de répondre tout court.
Tout cela est chronophage et énergivore quand on a le désir de le faire correctement : la lecture des commentaires publiés sur la page (presque tous), la modération (parfois nécessaire), les publications, les gens à remercier, les précisions à demander, les contents, les mécontents, les commentaires second degré que certains prennent au premier. Les points Godwin…

Entendons-nous bien, je ne me plains pas de cette situation. Je l’ai bien cherchée et je considère comme une chance que cette page soit devenue un « lieu » où autant de Bisontins (et pas seulement) se retrouvent pour partager, discuter, sourire, s’entraider, s’interroger, plaisanter mais aussi évidemment grincer, éructer, s’énerver…

Malheureusement, on n’échappe pas non plus aux commentaires faciles et simplificateurs. Aux réflexions populistes à deux balles, au « tous pourris » généralisateur dès qu’il est question de politique. Au racisme rampant voire franchement assumé dans les commentaires de certaines actualités.
Cela me navre et il faut l’avouer, l’idée de participer malgré moi à l’exposition de ces idées bas du Front me pose problème et je m’interroge sur ma propre responsabilité.

C’est précisément en lisant l’un de ces commentaires, que le besoin de « tout couper » est devenu évident et nécessaire il y a un mois tout juste. Un commentaire somme toute bien anodin mais peut-être celui de trop. Le déclencheur.
Pour moi c’était le moment et ça s’imposait. La prise de recul était devenue nécessaire.
J’aurais bien sûr pu me mettre simplement en retrait et laisser la page active pour ceux qui souhaitaient s’y exprimer.
Mais voyez-vous, les réseaux sociaux ont l’incroyable capacité de se rappeler constamment à votre bon souvenir. Les commentaires et les messages privés vous sont notifiés. Et puis il y a cette tentation d’y retourner pour jeter un oeil « juste pour voir ». Difficile dans ces conditions de prendre du recul.

Donc couic ! Et ça fait du bien. Jusqu’à quand ? Pour toujours ? On verra.

Désolé pour tous ceux qui se sont inquiétés et à qui la page manque. Je comprends que ce départ soudain ait pu étonner, voire décevoir. Je n’ai pas répondu à la plupart des mails, c’est vrai. J’ai préféré attendre un peu et écrire une bafouille quand le moment se présenterait. C’est ce que je fais aujourd’hui suite à l’article de Bernard Payot paru hier (29/06) dans l’Est Républicain.

Et puis il y a cette question que l’on m’a posée à plusieurs reprises : as-tu reçu des pressions ?
Soyons clair : non. Je n’ai pas été menacé, bâillonné. Pas torturé non plus… À cet égard et afin de rassurer ceux qui douteraient de ma capacité à pouvoir (encore) ruer du sabot, je peux promettre ceci : si pressions il y avait, et d’où qu’elles proviennent, ce blog en ferait immédiatement état, dans le détail. C’est promis.

J’ai d’ailleurs découvert hier, à la lecture du billet de l’Est Républicain, que le maire de notre bonne ville avait prononcé « en privé » cette classieuse sentence à mon sujet :

« S’il continue à nous faire ch…, on appellera le rectorat et on verra. »

(NDLR : je suis enseignant de profession)

Une phrase sortie de son contexte et qui a été prononcée dans des circonstances que le journaliste ne précise pas. Le bon sens nous permet toutefois de la dater avec plus de précision que le Carbone 14. Disons entre la fin glorieuse et médiatique du blog « Bison Peint » et la panique d’un second tour qui – en (con)sacrant Jean-Louis III – mit fin de justesse à la Jacquerie qui menaçait Jean-Louis II.

Sinon j’ai à nouveau arrêté de fumer le jour où j’ai « tout coupé ». Cette fois je compte tenir plus de huit ans. Pour le reste, on verra bien.

Dans l’immédiat je tente un retour à mes premières amours.

Pour le Rectorat, composez le 03 81 65 47 00

 

Quelques cartes postales du (presque) Besançon d’autrefois

Remerciements à Plonk & Replonk – forcément inspirateurs – ainsi qu’aux délicieuses archives du site culture.besancon.fr

En relisant ta lettre…

Visiblement aucun média n’a souhaité rapporter cette anecdote qui s’est déroulée à la fin du débat de ce mercredi après-midi entre les trois candidats présents au second tour des élections municipales bisontines. Elle mérite pourtant que l’on en parle. Je me lance.

La journée avait été agitée à gauche. De grosses tensions depuis que la veille (mardi), Franck Monneur (dissident de l’équipe Fousseret actuelle ayant obtenu + de 6% des voix au 1er tour) avait « dézingué » Jean-Louis Fousseret (c’est le mot qu’avait choisi l’Est Républicain sur ses affichettes de mercredi).

Il faut dire qu’il n’y était pas allé de main morte Franck Monneur. N’ayant pas reçu la main tendue espérée de la part du maire, il déclarait mardi à la presse à propos de Jean-Louis Fousseret « (il) s’est comporté comme un monarque hautain, méprisant, ce que je dénonce fortement ». Ajoutant : « il ne mérite plus d’être le maire de cette ville ».

Bref, le lendemain, Franck Monneur se fait lyncher comme il se doit par des militants PS soutenant JLF. A tel point qu’on les croirait en service commandé. Sans doute une impression. Sur Facebook notamment, certains se lâchent publiquement. Parmi eux des adjoints sortants semblent régler de vieux comptes.

fbk

Voilà qui est sans doute de bonne guerre. Quand on envoie un missile, on s’en prend en retour. Mais était-il opportun de laver son linge sale en famille ?

Bref, on aurait pu en rester là. Le candidat Fousseret aurait pu chercher à se montrer au-dessus de tout ça, laisser passer la crise et passer à autre chose, à l’essentiel : une campagne sur le fond pour se faire réélire face à son seul véritable adversaire, Jacques Grosperrin.

Mais voilà que le débat de mercredi touche à sa fin. Les caméras arrêtent de tourner. Les candidats se lèvent. C’est le moment que Jean-Louis Fousseret choisit pour ouvrir un dossier et en sortir des copies d’une lettre qu’il distribue aux journalistes présents.
Il s’agit de la « lettre d’engagement » que Franck Monneur lui avait adressée avant la constitution de la liste JLF2014. On imagine que ce dernier y dressait un bon bilan du mandat qui se termine et surtout qu’il y manifestait le désir de rempiler. La suite on la connait : pas de place pour lui sur la liste, le choix d’y aller en dissident, 6% au premier tour. Un score honorable.

Ce soir-là, l’artillerie lourde a donc été sortie : la lettre de motivation de celui qui aujourd’hui fait dans la dissidence. Histoire d’exposer ses contradictions au grand jour. En OFF on a dit. Pas pour être publié. Plutôt pour vous montrer quel vilain dissident il est.
Sans doute l’a-t-il bien mérité penseront certains.

Mais était-ce bien raisonnable et convenable de la part de Jean-Louis Fousseret – qui nous promettait de mener une campagne digne – de se livrer ainsi devant la presse à un coup bas aussi mesquin ? Et cela à quelques jours du second tour. Ne convenait-il pas plutôt pour JLF de relever le niveau, de se montrer au-dessus de toutes les petites mesquineries de cette campagne et de tout faire pour rassembler les forces qui – à gauche – seront nécessaires à sa réélection ? Au lieu de ça, il aura donc préféré sortir les archives et s’essuyer les pieds sur celui qui avait osé sortir la tête du rang. Fusse-t-il un traitre à sa famille politique. Le timing n’est pas le bon.

Voilà pour l’anecdote.
Heureusement, en politique on ne prend pas de carton rouge pour ce genre d’échange d’indélicatesses.
Il se murmure toutefois que les bulletins blancs prolifèrent quand une campagne devient nauséabonde.

http://www.youtube.com/watch?v=KM0FgudWMpU

Un ballon sonde envoyé dans la stratosphère depuis Vesoul

Avouons le, allez faire un petit tour dans l’espace est un rêve que beaucoup aimeraient réaliser.

Si certains décident de se faire sponsoriser par une marque de boisson énergisante pour réaliser cet exploit, d’autres utilisent des moyens un peu moins sophistiqués. C’est le cas d’un projet réalisé au lycée Belin de Vesoul baptisé SpaceBalloon.

Des élèves emmenés par leur professeur de physique, Florent Coulon, ont construit une nacelle truffée d’équipements audiovisuels (3 caméscopes HD) et accrochée à un ballon d’hélium.

Grâce à cet astucieux montage soutenu financièrement par le CNES et du point de vue logistique par Planète Sciences (en franche comté, c’est le pavillon des sciences de Montbéliard qui sert de relais), ils ont filmé l’ascension de l’ensemble à plus de 31 000 mètres d’altitude avec en parallèle la mesure de plusieurs paramètres physiques que sont la température, l’altitude et la pression atmosphérique.

Lors de l’expérience, le ballon a parcouru au total plus de 230 kilomètres depuis son décollage à Vesoul.

« La vidéo diffusée concerne deux projets réalisés en 2012 et 2010. Elle a demandé un nombre conséquent d’heures de montage » précise Florent Coulon, le professeur interrogé sur cette fabuleuse expérience.

Et le résultat est à couper le souffle. On y voit notamment une séquence issue d’une expérience réalisée par un autre lycée de la région, qui a réussi à filmer (et capter le son!) d’un avion de ligne de la compagnie Swissair.

« La nacelle est équipée d’un réflecteur radar pour être justement détectée par les avions » tempère sur ce point notre interlocuteur. Nous voila rassurés.

FireShot Screen Capture #097 - '3 H

Une première en France, suivie d’autres expériences

Avec la baisse du coût des matériaux, la construction et l’envoi d’une nacelle accrochée à un ballon sonde est désormais relativement simple.

Précurseur, le lycée Belin avait déjà été novateur en envoyant dans l’espace en 2004 le premier appareil numérique, bricolé à cette occasion par le même professeur pour le déclenchement automatique.

Florent Coulon se souvient que « à l’époque [il y a seulement dix ans, ndlr], 128 Mo en carte SD coûtait plus de 50 Euros ! ».

Même chose pour l’envoi du premier caméscope numérique en 2009, « c‘était une première d’envoyer des caméscopes HD dans une nacelle et l’année suivante, la société Panasonic nous avait prêté 3 caméscopes pour l’occasion«  témoigne le professeur, qui poursuit « aujourd’hui, avec la banalisation des caméscopes et mini-caméras HD de type GoPro, c’est devenu classique ».

Quid de la sécurité ?

Il est de plus en plus fréquent de voir sur le net des vidéos amateurs relatant une conquête éphémère de l’espace avec l’aide d’un engin bricolé.

On se souvient de cette vidéo d’un père de famille originaire de l’Ain qui avait suscité un élan d’admiration durant l’été 2013 en envoyant les jouets de ses enfants dans l’espace pour quelques heures…

Mais les lycéens de Vesoul n’ont quant à eux rien laissé au hasard, à commencer par la sécurité du vol. Le lâché du ballon a ainsi été planifié six mois à l’avance et la date retenue ne pouvait pas être modifiée, quelque soit les conditions météo.

« Il y a une différence entre nous et les personnes qui lancent des ballons sondes de leurs propres initiatives. Ici, dans le cadre de notre projet, nous avions reçu toutes les autorisations possibles et surtout l’assurance du CNES si jamais la nacelle causait un accident. Nous avions du téléphoner juste avant à la DGAC pour confirmer le décollage » conclut Mr Coulon.

On est jamais trop prudents. Surtout face à un OVNI.

Et le César du meilleur court métrage est attribué à…

affiche

“Avant que de tout perdre” ! Yeah, une nouvelle victoire franc comtoise aux Césars ! En effet, le court métrage de Xavier Legrand a été tourné en Franche-Comté (à Montbéliard précisément). De quoi fanfaronner un peu, comme ici !

Dans la satisfaction générale, il risque quand même d’y avoir un rire jaune : celui de la Région de Franche Comté.
Retour en arrière, décembre 2012, la Région décide de supprimer les aides à la création cinématographique pour un motif essentiellement économique. Effectivement les collectivités doivent faire des économies,  on trouve l’argent où l’on peut.

Mais manque de chance, quelques semaines après, “Louise Wimmer” de Cyril  Mennegun remporte le césar du meilleur premier film et bien d’autres récompenses. Le film  se déroule à Belfort d’où est originaire le réalisateur et il n’aurait jamais vu le jour sans les aides régionales.
D’ailleurs le réalisateur en parle ouvertement lors des interviews post-césar. Celle-ci par exemple accordée au site Factuel en février 2013, extrait :

Est-ce que vous auriez fait la même carrière si la Région n’avait pas aidé vos films ?
Pour mon premier court-métrage et les documentaires, le soutien de la Région était vital. Pour « Louise Wimmer » tourné en partie à Belfort aussi, mais là on était déjà dans une autre économie.
C’est triste de supprimer ces aides pour l’énergie de la jeune création qui aura du mal à émerger, les techniciens et tous les dommages collatéraux…
C’est une très mauvaise nouvelle. Je suis d’ailleurs très surpris car le site de la Région mentionne mon César et le Prix Delluc. Elle s’enorgueillit de ce qui arrive sans pudeur tout en supprimant cette politique !
Il y a pourtant aujourd’hui chez les jeunes auteurs une belle vigueur. C’est maintenant qu’il fallait augmenter les aides et c’était sans doute possible. Certains choix méritaient d’être discutés, et c’est là-dessus qu’il aurait fallu travailler…

La Région va perdre beaucoup parce que les talents s’en vont (toute la petite industrie audiovisuelle qui va des petits producteurs aux prestataires de services).>
La Région pourra faire plus de voies de chemin de fer. Elle aide les sportifs : évidemment, le retour en terme d’images est plus rapide quand il s’agit d’un cycliste. Il faut dix ans pour émerger dans le cinéma. Aider, cela veut dire accompagner… Sans cela, cette politique n’a pas de sens.”

Bon sur le coup, la Région fait le dos rond, un moment de honte est vite passé et puis comme il n’y a plus de financement c’est le type de situation qui ne se reproduira pas de sitôt.

Raté ! Cette année c’est même encore plus fort car non content d’obtenir le César 2014 du meilleur court-métrage, le film de Xavier Legrand a aussi été sélectionné pour les Oscars après voir remporté le grand prix du festival de Clermont Ferrand (festival référence pour les court-métrages).
Et encore une fois, ce film a vu le jour en partie grâce… aux aides de la Région Franche-Comté

Extrait d’une interview que Xavier Legrand a accordé au site « film de culte » le 31/08/2013 :

FDC: Comment as-tu connu ton producteur et comment avez-vous financé le film ?
XL : J’ai rencontré Alexandre Gavras par le théâtre. J’étais assistant à la mise en scène sur un spectacle dont il a réalisé l’adaptation en film. Quelques temps après ce tournage, alors que je jouais au théâtre, j’étais arrivé à une version de mon scénario que je jugeais satisfaisante. J’étais donc prêt à être lu et à partager cette histoire afin d’avoir des avis et des critiques. Alexandre a fait partie de ce premier groupe de lecteurs. Le projet l’a séduit immédiatement. Il m’a proposé de le produire. Il m’a donné toute sa confiance et m’a encouragé à faire mes premiers pas derrière la caméra. L’aventure a commencé : nous avons constitué un dossier de financement et nous avons obtenu des aides de la Région Franche-Comté, du CNC de Canal+ ainsi que de l’Association Beaumarchais-SACD.
(…)
FDC: De quel budget disposais-tu ? Et combien de jours de tournage ?
XL: Le tournage a duré neuf jours et s’est déroulé intégralement à Montbéliard en région Franche-Comté, puisque le film a eu des aides financières de cette région. J’ai eu la chance d’avoir le budget nécessaire pour faire le film, et surtout pour payer et défrayer tous les membres des équipes techniques et artistiques, tous au tarif court métrage. Mais j’ai dû interroger à nouveau certaines choses pour entrer dans le budget qui m’était imparti. J’ai finalement trouvé des solutions plus créatives qui correspondent encore mieux au film que celles que j’avais pu envisager au départ.

 

Au-delà même de ces aides directes, tourner un film en Franche Comté c’est aussi permettre aux techniciens locaux, aux acteurs de la branche de travailler et de rester sur place, créant ainsi le terreau nécessaire pour que d’autres productions puissent se faire…

Et puis on ne peut pas nier que voir des lieux connus sur grand écran, ça fait toujours plaisir !

Décidément le cinéma et la Franche-Comté, c’est “je t’aime moi non plus”. Car rappelons-le : le cinéma est né en Franche Comté, enfin… les frères Lumière y sont nés, mais une attitude un peu trop « collabo » pendant la Seconde Guerre mondiale en a fait des persona non grata dans la région (alors qu’à Lyon, on ne s’est pas du tout gêné pour les mettre à l’honneur).

À l’heure où l’on communique à tout va pour attirer le chaland dans nos contrées, on peut prendre un double pari sur un avenir pas si lointain :
– dans quelques années les oeuvres de ces cinéastes qui ont fait rayonner la Franche-Comté seront encore là, bien visibles dans le monde entier ;
– dans quelques années, chacun aura oublié cette « marque territoriale” qu’est “l’Originale Franche-Comté” lancée à grand frais et supposée être LA solution au déficit d’image de notre région.
Cette « marque territoriale » aura été remplacée par une autre encore plus chère, et l’on justifiera sa création par l’inefficacité de la précédente.

Les films eux, se tourneront ailleurs.

 

L’heure des soutiens

Voici venir le temps où notre candidat aux Municipales pense sortir un gros atout de sa manche : la liste des personnalités lui apportant leur soutien.

Qu’un candidat mette en avant ses soutiens politiques est tout à fait normal et logique car ils y a entre eux des valeurs communes, ils partagent le même « métier » politique et appartiennent bien souvent au même parti. Ainsi, on trouve du côté de Jacques Grosperrin, les soutiens de Alain Chrétien, Jacques Pélissard, Jean Lassalle, Rama Yade…
Jean-Louis Fousseret avance quant à lui les noms de Marie-Guite Dufay, Barbara Romagnan, Claude Jeannerot, Paulette Guinchard…

Mais franchement, qu’avons-nous à faire de savoir qu’un ancien sportif médaillé aux JO, un ancien joueur de foot ou un chanteur célèbre soutient tel ou tel candidat ? Je veux dire par là : en quoi ces soutiens affichés sont supposés peser sur le choix du bulletin que nous glisserons dans l’urne dans quelques semaines ?

Tiens par exemple, le chanteur Guillaume Aldebert affiche son soutien à Jean-Louis Fousseret. Soit. Et après ? Les parents des gamins qui écoutent en boucle « Enfantillages 1 et 2 » sont supposés être influencés et voter JLF, c’est bien ça ?
Imaginons maintenant qu’ils N’EN PEUVENT PLUS ces parents des chansons que leurs gosses font tourner en boucle. Ne risquent-ils pas de voter pour l’adversaire – par pure vengeance mesquine ?

Du côté de Jacques Grosperrin, on trouve le soutien d’un entraîneur de foot historique du BRC qui a même été capitaine de l’Équipe de France ! Bien. Et on en fait quoi ? Si j’aime le foot alors je vote Grosperrin, ça j’ai compris. Mais si le foot me sort par les trous de nez ? Dois-je alors voter pour Fousseret parce qu’il a le soutien d’un médaillé olympique de lutte ? Pffff…. du coup j’hésite.

Bref, j’ai toujours un peu l’impression que l’on prend l’électeur pour un simplet avec cette affichage de soutiens de personnalités. Genre :

Dites Madame Dupont, vous avez vu ? Un CHANTEUR CÉLÈBRE soutient Jean-Louis Fousseret ! Je suis sûr que vous l’avez vu chez MICHEL DRUCKER il y a quelques années ! Si ça c’est pas la preuve qu’on a un bon maire, hein Mme Dupont 🙂 ? Alors vous n’allez quand même pas faire la fine bouche.
Comment ? Ah non Madame Dupont ! Il n’y a pas de François Hollande dans les soutiens de notre maire. On ne voit pas de qui vous voulez parler. Du tout.

Oh ! Monsieur Raymond ! Vous aimez le foot n’est-ce pas ?  Eh bien sachez qu’il y a un ancien CAPITAINE DE L’ÉQUIPE DE FRANCE parmi les soutiens de Jacques Grosperrin ! Le foot c’est la vie hein M’sieur Raymond ?
Quoi ? Le monsieur Copé dont on parle en mal à la télé… un soutien de Jacques Grosperrin vous dites ? Euh, non non, il est juste venu pour une visite de courtoisie vous savez.
Mais sinon, regardez : on a un DIRECTEUR DE THÉÂTRE ! Je suis certain que vous regardiez « Au Théâtre Ce Soir » quand vous étiez jeune, n’est-ce pas M’sieur Raymond ?

Ah bon ? JLF a aussi un directeur de théâtre dans ses soutiens ? Non mais attention M’sieur Raymond : il y a THÉÂTRE et théâtre !

Besançon : paie ta soirée en boîte, c’est pour les élections !

A Besançon, nous sommes vachement gâtés pour les élections municipales.

Il y a déjà cette incroyable scoumoune qui entache la campagne du candidat Fousseret et qui fait le bonheur de la presse locale.

Heureusement, nous avons aussi notre petit rayon de soleil : un autre candidat qui a décidé de mener une campagne atypique. Alors que les candidats dits sérieux se livrent au jeu habituel des réunions de campagne et de leur désespérant ratio de 8 militants pour 2 curieux (j’exagère à peine), celui-ci a opté pour la fête. Oui : la fête.

Ce nouveau venu c’est Ismaël Boudjekada. Dix-huit ans à peine et déjà le bagout, les chevilles, les postures gestuelles et langagières des politiciens du lointain XXe siècle. Vidéo :

Bref, Ismaël Boudjekada – si jeune soit-il – a décidé de se présenter aux élections municipales bisontines.
Soyons clair : il est toujours réjouissant de voir des jeunes qui s’engagent et prétendent aspirer au « renouvellement ». Même si en l’occurrence on en est loin, tant sur la forme que sur le fond. Tout cela ressemblant surtout à un grand brassage de vent pour faire parler de soi.

Mais quid de cette campagne atypique et de la fête évoquée plus haut ?

Dans la dernier numéro de la Presse Bisontine, Ismaël Boudjekada explique mener une campagne à pas cher. « Son budget de campagne n’excédera pas 3.500 euros » car il « a fait l’impasse sur une permanence de campagne » et n’a « pas d’agent de communication » … Soit.

« Par contre, Ismaël Boudjekada annonce un événement de campagne baptisé Une autre idée de Besançon. Il se déroulera le samedi 1er mars, place Pasteur puis place de la Révolution avec des concerts gratuits sur une scène. S’ensuivra une soirée à la discothèque la 8ème avenue (désormais BOXX Club) « en présence d’artistes ». Sauf que pour cette soirée, l’entrée sera cette fois payante : 10 euros précise le candidat dans la Presse Bisontine.

La voilà donc la fête : un concert de soutien à la candidature d’Ismaël Boudjekada.
Mouais, sur les places du centre-ville, pourquoi pas. Il y a du passage. Des gens s’arrêteront sans doute, tendront l’oreille et voudront bien prendre un petit tract pour la route. Mais qui paiera 10 euros pour accéder à une soirée électorale dans une boîte de nuit un samedi soir ?

C’est un coup à se retrouver avec le même ratio que les autres ça : 2 curieux pour 8 militants. Et une boîte vide un samedi soir, c’est vraiment ballot.

L’astuce

Mais Ismaël Boudjekada est malin. Il a trouvé l’astuce. Ou en tout cas, il semble le croire.

Voici donc sa recette pour attirer les potentiels électeurs à son événement électoral festif payant (ne manquez surtout pas le point 8) :

1. Créer une page Facebook dédiée à cette événement et la baptiser innocemment : « ÉVÉNEMENT SUR BESANÇON »

bandeau

 2. Annoncer un truc de ouf avec des people, tout en évitant soigneusement de dévoiler des éléments concrets

Extrait du descriptif de la page :

L’objectif est simple : mettre sur pied la plus importante des soirées bisontines ! Nos invités de marque seront dévoilés un à un, tout comme nos artistes originaires de Besançon qui assureront le show à leurs côtés !

Ils viendront de Besançon, Toulouse, Paris, Lyon, … vous les avez connus, sur TF1, sur vos chaînes sportives, sur D8, sur Youtube,… Ils seront là pour vous, l’histoire d’une soirée unique ! Photographes (depuis un drone également), cameraman, seront là pour immortaliser cet événement.

 

3. Mener un teasing acharné

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Observer la manière de glisser une information sur l’éventuelle présence d’un artiste connu sans confirmer ni l’infirmer son identité dans les commentaires :
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4. Organiser des petits jeux pour faire GAGNER DES PLACES !

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5. Publier un teaser vidéo aguicheur
[Quelques jours après ce billet, cette vidéo a été effacée. J’en avais fait une sauvegarde que voici.]

Et la capture d’écran de la page Youtube avec la liste des artistes annoncés.

SUne-Autre-Idée-de-Besançon---Teaser-(part.1)---YouTube-2014-02-19-14-05-51

6. Pour achever de vous convaincre : la bonne action

A SAVOIR : LES BÉNÉFICES SERONT RÉSERVÉS À DIFFÉRENTES ASSOCIATIONS DONT LA PRINCIPALE BÉNÉFICIAIRE SERA ÉLA (Parrainée par Zinedine Zidane).

 

7. Expliquer enfin qu’il ne faut pas trainer

Parce que les places ça part vite vous comprenez. Et donner le lien vers le site qui attend votre carte bleue

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Tiens au passage, c’est plus cher que ce qui a été annoncé à la Presse Bisontine :

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Et voilà le point 8. C’est mon préféré. C’est là que réside toute l’originalité de la démarche :

8. Ne surtout pas informer les participants qu’il s’agit d’un événement… ÉLECTORAL lié à la candidature d’Ismaël Boudjekada aux municipales bisontines

Eh oui ! les gens… accrochez-vous bien : cette information n’est pas indiquée sur la page Facebook de l’événement. Elle ne l’est pas plus dans son descriptif que dans les statuts postés par les organisateurs. Et rien non plus sur la page de vente des billets.

Et pourtant, c’est bien d’un événement de campagne dont il est question. Le principal intéressé la expliqué à la Presse Bisontine et c’est ainsi qu’il l’a commenté sur son profil Facebook personnel en postant le teaser de la soirée :

12

J’ai donc moi aussi posé une question sur cette page événement pour avoir des explications.

Embrouille ?

Vis à vis des potentiels clients, c’est clair. Vendre une soirée en boîte en omettant délibérément de préciser qu’il s’agit d’un événement de campagne, c’est juste éthiquement problématique non ?
Cette manière de faire de la politique autrement est prometteuse…

Imaginez un instant la joie des participants ayant déboursé le prix d’une place pour une soirée en boîte avec des people-comme-à-la-télé et se retrouvant – sans en avoir été informés – dans un happening politique déguisé. Et ce même s’il ne s’agit pas de transformer la soirée en meeting mais juste au candidat de se faire un peu mousser en présence d’artistes-vus-sur-Youtube.
Pour sûr, ces veinards ressortiront avec une haute idée du renouvellement en politique.

Si l’on en croit les différents statuts publiés par les organisateurs, 1000 places sont disponibles et il n’en resterait plus que 100.
Feignons un instant de croire en l’authenticité de ces chiffres : déjà 900 personnes auraient acheté une place pour cette soirée sans avoir été informées de sa nature politique.

Et au fait, comment seront payés les artistes promis ?

Dans la Presse Bisontine, Ismaël Boudjekada précise :

Les artistes viennent gracieusement. Je vais dépenser moins de 1 000 euros pour leur déplacement.

Trop sympas ces artistes ! Alors comme ça, ils viennent gratuitement soutenir notre candidat aux élections municipales ?
À moins qu’eux aussi – tout comme les potentiels clients de la soirée (ou potentiels citoyens électeurs, on ne sait plus) – aient « oublié d’être prévenus » de la réalité de ce coup de campagne. Ce serait quand même ballot. On n’ose pas l’imaginer.

Quid des risques juridiques en période de campagne ?

La loi électorale ne précise rien sur ce genre de situation. Organiser un événement électoral « qui ne se dit pas » et que l’on déguise en soirée festive payante semble avoir échappé jusque là au législateur. C’est là que notre candidat innove.

En revanche, là où notre candidat pourrait se placer en situation délicate vis à vis de la loi, c’est au regard du financement de cette soirée et donc… de sa campagne.
Voici ce qu’affirmait Ismaël Boudjekada dans la Presse Bisontine à propos du financement de cette soirée :

Nous avons fonctionné uniquement dans le cadre de partenariats. Par exemple, mes T-shirts à l’effigie de notre liste nous sont offerts par un commerçant.

Les T-shirts c’est juste un exemple donc. On imagine alors qu’il y a eu d’autres cadeaux du même type en provenance de commerces ou d’entreprises. La mise à disposition de la 8ème avenue peut-être ? Notre candidat appelle cela des « partenariats ».

Sauf que voilà, il y a dans le Code électoral ce fichu article L 52-8 qui dit :

Les personnes morales, à l’exception des partis ou groupements politiques, ne peuvent participer au financement de la campagne électorale d’un candidat, ni en lui consentant des dons sous quelque forme que ce soit, ni en lui fournissant des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituellement pratiqués.

Traduction : il est interdit pour une personne morale publique ou privée (c’est le cas d’un commerce) de faire un don d’argent, de service ou de matériel (des T-shirts par exemple) au profit de la campagne d’un candidat.

Il semblerait que la campagne pas chère d’Ismaël Boudjekada pourrait finalement lui coûter plus cher que prévu.

Des explications pas convaincantes

J’ai interrogé Ismaël Boudjekada sur Twitter pour avoir quelques explications :

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Réponse :

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Vérifions sur le site d’achat en ligne.
En un clic, on arrive au formulaire nous invitant à saisir les données de notre carte bleue. Aucune mention d’Ismaël Boudjekada et de « qui il est ». On achète les billets sans être informés.

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Autre tentative d’explication :

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Pourtant, le 27 janvier, un petit curieux demande des informations sur les organisateurs de l’événement. On lui donne deux noms.

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En évitant soigneusement de préciser les liens avec la campagne électorale en cours et de lui donner les positions des deux protagonistes dans la liste présentée aux municipales. Les voici :

liste

 

Soyons clairs, l’initiative d’organiser une soirée festive sur Besançon est une bonne chose. Toutefois, le faire en temps de campagne alors qu’on est soi-même candidat et raconter dans la presse qu’il s’agit d’un événement lié à cette candidature est au mieux maladroit, au pire très risqué. Car en matière de contentieux lié au financement des campagnes électorales, la jurisprudence n’est pas tendre.

Alors bien sûr, après ça, Ismaël Boudjekada essaiera de nous convaincre que l’après-midi c’est gratuit (campagne) et que le soir c’est payant (pas campagne). En contradiction totale avec ce qu’il avait raconté dans la presse.
Il tentera aussi de nous expliquer que ces fameux T-shirts n’ont finalement jamais existé. Que c’est la presse qui a publié trop vite. Evidemment.

Ah tiens ! C’est fait :

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Allez ! Vivement un vrai renouvellement sincère et honnête des pratiques politiques. On comptera sur d’autres pour cela.

Pour aller plus loin

Je vous invite à lire les échanges sous ce post que j’ai publié sur la page de l’événement. Mais aussi l’échange sur Twitter avec Ismaël Boudjekada.

 

 

 

Comtois liquéfie-toi ! Nenni ma foi !

Le Miroir est un site dijonnais d’actualités qui vient tout juste d’éditer le premier numéro de sa déclinaison magazine papier. Vous le trouverez chez tout bon marchand de journaux… dijonnais.
À cette occasion, l’équipe du Miroir Mag m’a gentiment proposé d’écrire une petite tribune sur le sujet chaud du moment : la fusion entre la Bourgogne et la Franche-Comté.
J’ai donc joué le rôle du Franc-Comtois un brin têtu qui ne veut pas en entendre parler. Non mais !
Voici donc cette tribune.

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Alors comme ça, nous les Francs-Comtois devrions accepter sans sourciller de fusionner avec les Bourguignons ?
Voyons un peu ce que dit le Larousse : « En physique, la fusion est le passage d’un corps solide à l’état liquide. »
C’est mal parti les amis car les solides Comtois ne sont pas exactement du genre à se liquéfier sans réagir – même devant la menace Bourguignonne. Comtois liquéfie-toi ! Nenni ma foi !
Et puis personne n’est vraiment dupe de l’issue de ce mariage forcé. Fusionner d’égal à égal ? Mon œil ! Dans cette affaire, nous serions purement et simplement absorbés dans une entité dont nous ne constituerions qu’une frange périphérique lointaine. La Frange-Comté en quelque sorte.
J’entends déjà les historiens convoqués pour l’occasion nous rappeler que jadis, les Comtois furent eux aussi Burgondes. C’est exact. Mais nous avons considérablement évolué depuis (nous).
Ah ! l’inventivité comtoise ! Laissons là Peugeot, l’horlogerie et les microtechniques et abordons l’essentiel : le fromage. Le Mont d’Or par exemple, ce succulent fromage amoureusement blotti dans sa boîte en bois de nos sapins. Chaud, sa saveur délicate s’associe parfaitement avec notre délicieux vin blanc du Jura. Le marier à un Alligoté ? Une faute de goût impardonnable !
Même le nom « Mont d’Or » est déjà en soi un véritable poème. On est bien loin de l’improbable « Époisses » et de sa boîte en carton. Nos valeurs divergent, voilà tout.
Prenons maintenant le cas des Bisontins (pour les Dijonnais : ce sont les habitants d’une ville nommée Besançon située là-bas en direction de la Suisse). Que vont gagner les Bisontins dans cette affaire ? C’est simple, ils pourront enfin clamer : « On a un Ikéa chez nous ». N’empêche qu’ils devront toujours se coltiner autant de kilomètres et de frais de péage pour effleurer ce saint Graal de la consommation mobilière en kit injustement annexé par la Bourgogne.
Définitivement pour moi, c’est Mont d’Or OU Toison d’Or. La Comté ne rejoindra pas le Mordor !

 

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Sergio Leone, Besançon, les Municipales

Cette scène mythique du cultissime film de Sergio Leone « Le Bon, la Brute et le Truand » constitue une parfaite allégorie de l’état de la campagne pour les Municipales à Besançon.
Une différence néanmoins : à Besançon, la scène se rejoue à quatre.

Bien sûr, on sait qu’il n’y aura pas seulement quatre listes aux Municipales mais ce quatuor-là nous offre un magnifique remake de la scène finale du film de Leone. Quatre protagonistes qui patientent nerveusement, la main sur le Smith & Wesson programme, en évitant soigneusement d’être le premier à dégainer. De peur de subir dans la seconde le tir croisé des trois autres.

Alors en attendant, chacun observe ses adversaires. Celui – historique – d’hier mais aussi celui qui aurait dû être dans son propre camp et représente désormais une adversité peu confortable (« je te tiens, tu me tiens… »).

Côté John-Lee F., on fait dans l’auto-caressage du poil (petite pression du pouce sur la cartouchière pour se rassurer).
Chez Jack G, on profite de toutes les opportunités pour provoquer son principal rival (frôlement de l’index sur la gâchette).
Rue des Granges, JFH tente un coup d’esbrouffe façon « c’est moi qui ai la plus grosse [permanence] » (pression de la paume sur le long canon de la Winchester mais impossible jusque-là de savoir s’il y a une cartouche à l’intérieur).
Et puis il y a Franck M. – petit candidat en lice mais remonté comme un mustang qui se serait échappé de son enclos (pression nerveuse sur la crosse du revolver offert jadis par John-Lee F.)

Ils s’observent, se toisent, se provoquent mais rien ne vient. Rien qui ne dépasse leurs rivalités en cours. Pas l’ombre d’un programme.

Chez Sergio Leone, plus c’est long, plus c’est bon. Mais là, j’en connais qui ont déjà zappé.

Sans parler de ce candidat FN en embuscade sur le toit du saloon qui attend patiemment sans bouger…

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