Où l’on apprend que les organisateurs du concours photo ‘City Calendrier Besançon’ s’assoient copieusement sur leur propre réglement et que les photos généreusement offertes par les photographes amateurs de la région ne leur conviennent visiblement pas.
Peut-être avez-vous déjà lu ce précédent billet relatif au concours photo intitulé « CITY CALENDRIER BESANÇON« .
Petite séance de rattrapage : ce concours est organisé par une société privée – Studio 1517 – qui en appelle aux « talents photographiques amateurs du territoire » pour constituer un calendrier perpétuel (une photo par jour) consacré à Besançon.
Ce calendrier sera ensuite vendu 19 euros. Les bénéfices reviendront à la société éditrice qui fait habilement miroiter aux photographes amateurs l’immense privilège qu’elle leur offre : inscrire leur prénom et leur nom sous leur jolie photo…
L’égo des photographes amateurs est souvent démesuré mais tout de même, se laisseront-ils pigeonner si facilement ?
Afin d’apporter un peu de sérieux et d’officialité à cette opération, l’Office du Tourisme et des Congrès de Besançon est partenaire et co-organisateur du concours..
En réalité, il semble bien que son rôle se limite à :
- publier un dossier de presse copié-collé de ceux qui ont été diffusés dans les autres villes ayant organisé un concours similaire avec Studio1517 ;
- participer au « comité de sélection des photos lauréates« .
- offrir aux dix premiers photographes lauréats des prix presque insultants quand on sait que le concours s’adresse à des photographes bisontins ;
- et surtout, notre Office du Tourisme est là – et vous l’aurez compris sans peine – afin d’apporter une caution institutionnelle à une opération commerciale grimée en concours douteux et dont l’objectif inavouable pourrait être résumé en cette simple phrase : « Offrez-nous vos photos et nous, nous gagnerons de l’argent avec.«
J’avais publié le précédent billet quelques jour avant la date limite de participation au concours qui était fixée au 5 mai dernier et nous aurions pu en rester là.
9 jours après la fin du concours…
Et voilà que le 14 mai dernier – soit 9 jours après la date limite de participation – la société organisatrice poste sur sa page Facebook dédiée au concours ce message :
Tiens tiens… 9 jours après la date limite, il reste en fait encore 5 jours pour participer. Étonnant non ?
Est-ce à dire que nos photographes amateurs locaux n’auraient pas « offert » suffisamment de photographies ? À tel point que les organisateurs du concours ont décidé de s’asseoir sans vergogne sur leur propre réglement et de repousser – en douce – la date limite de participation ?
A moins que ce soit la qualité des photos déposées par les participants qui soit en cause. Les « talents photographiques amateurs du territoire » ayant participé à ce concours ne seraient-ils pas assez talentueux pour permettre à Studio 1517 de constituer un calendrier suffisamment qualitatif et… commercialisable ?
Personnellement je penche pour cette seconde explication. Et la preuve nous en est apportée par la société Studio 1517 elle-même puisque…
18 jours plus tard après la fin du concours…
C’est au matin du 23 mai dernier que Stéphane Gavoye – l’un de nos photographes amateurs locaux les plus talentueux – reçoit ce courriel :
Pas de chance : Stéphane est justement la personne qui avait attiré mon attention sur ce concours douteux il y a environ deux mois. Il fait partie de ceux qui ont vite détecté ce pigeonnage commercial déguisé en concours.
Reprenons deux éléments du courriel envoyés par Studio 1517 à Stéphane :
- « Ce concours vient de se terminer (…) »
- « Je trouve vos travaux sur votre blog particulièrement intéressants. Seriez-vous intéressé pour que vos photos soient publiées (avec signature de l’auteur bien entendu) ?
Joli paradoxe. En substance : le concours est terminé mais vous pouvez participer puisque que vous faites de chouettes photos.
Au passage, avez-vous remarqué le délicieux « lien vers le réglement » ?
En résumé, Stéphane Gavoye se voit généreusement proposer d’offrir ses plus beaux clichés à un éditeur de calendrier en échange du privilège de pouvoir les signer. Quel veinard ce Stéphane !
Et au fait… est-ce bien réglementaire de proposer ainsi à un photographe n’ayant pas participé au concours d’être publié dans le CITY CALENDRIER BESANÇON ?
Non. L’article 5 du réglement est très clair : les clichés lauréats, c’est à dire ceux qui seront publiés dans le CITY CALENDRIER, seront choisis par le comité de sélection « au terme du concours« .
L’opération commerciale déguisée en concours, les délais, la tentative de recruter des participants hors concours : tout faux.
J’en connais un qui devrait sérieusement commencer à regretter d’avoir apporter sa caution à cette opération : c’est notre Office du Tourisme. Car c’est bien lui qui a officiellement encouragé les photographes amateurs bisontins à participer à ce concours photo bidon*.
Au passage, et maintenant que la violation du réglement de ce concours est sur la place publique, notre Office du Tourisme n’a plus qu’une possibilité : exiger son annulation et retirer ses billes.
Moi je parie qu’il fera l’autruche…
*Dès lors que les organisateurs d’un concours s’assoient sur le réglement qu’ils ont rédigé, ce concours mérite amplement le qualificatif de « bidon ».
À voir sur le Net :
- le site de Stéphane Gavoye, photographe amateur ainsi que sa page Facebook
- le site de Studio 1517
- le réglement du concours « CITY CALENDRIER BESANÇON »
- le dossier de presse publié par l’Office du Tourisme et des Congrès de Besançon.
Bah, c’est le même principe que le calendrier de la ville de Besançon (à la différence où ce dernier n’est pas vendu) : http://le-terrier-de-meghann.over-blog.com/article-calendrier-2012-du-concours-photo-de-besancon-ou-comment-savoir-s-il-s-agit-de-besancon-89854943.html
Pour cela, la loi impose des obligations très strictes à l’égard des organisateurs de jeux/concours.
Le Code de la consommation condamne très lourdement toute irrégularité.
Les articles L 121-1 et L 213-1 du Code de la consommation punissent jusqu’à deux ans d’emprisonnement, et 37 500 euros d’amende, toute irrégularité en cette matière.
L’amende pourra même être portée à 50 % des dépenses de l’opération constituant le délit.
Faudrait lire tout le règlement, et contacter l’huissier chez qui à du être déposé ce règlement.
Les Office du tourisme sont de grands spécialistes de ces procédés…
Une solution parmi d’autres est de faire inscrire le concours sur la liste rouge de naturapics.
Mais avec les OT les choses changent rarement :/
Et bien ça continue…
Et je rappel aussi que cité le photographe est une obligation légale, qu’elle que soit les conditions de diffusions d’une photo. (Cession de droit de diffusion gratuite ou payante…)
Il faut vraiment continuer de dénoncer ces concours douteux… Si les class action arrivent en france, ça peut être une poste a suivre pour en finir avec ces abus.
A dispo pour des actions communes!
Cdlt
Merci pour cette suite délicieuse. 🙂
Merci à Jacinte de m’avoir communiquer ce lien.Je conseille à tous les photographes amateurs de lire l’article de Gérald Vidamment dans Compétence Photo N° 34 et de dénoncer les concours bidons à http://www.naturapics.com/liste-rouge-des-concours-photographiques
Ça me rend dingue ce genre de concours.qu’à fait Stéphane au final? A-t-il gentiment donné ses photos à cet escroc??
Stéphane ?
Hé hé… il m’a fait suivre le mail qu’il avait reçu, tout simplement.
Il est évident qu’il n’est pas tombé dans le piège.
Je ne renie pas un peu de reconnaissance pour mes photos. Mais pas dans ces conditions. Je pensais qu’en remontant l’information à monsieur Bison, mes intentions quant à ce concours étaient claires.
Moi même, photographe amateur, et qui côtoie des photographes professionnels de temps en temps, je trouve cette démarche de l’OT ignoble et irrespectueuse de ces citoyens et des artistes photographes de Besançon.
Quelles pourraient être les actions a mener pour sanctionner de telle manœuvre ?