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Circulation, tramway : Le GPS est mort, vive le GPS-social

Nouveau rédacteur invité, Caribou Dagno nous offre un sujet beaucoup plus technologique que ce que j’ai l’habitude de pondre. Voilà l’avantage des blogs écrits à plusieurs mains : chacun contribue en fonction des ses compétences, connaissances et centres d’intérêt.
En l’occurrence, j’aurais bien été incapable d’écrire ce billet, d’autant que Caribou y fait (un peu) la promotion de Coyote, l’une des sociétés contre laquelle je m’étais énervé tout rouge, il y a quelques mois. Mais c’est la règle du jeu et les conseils qui suivent pourraient bien faciliter le transit municipal pour peu qu’ils soient écoutés et étudiés de près.

Grrrrrr…. pouuuuet pouettttttttttttttttttttttttttt… Hey C*******, tu avances avec ta caisse bor*** ?!!q:f;:?G/.§?g ????

Si vous circulez dans Besançon ces dernières années derniers mois, vous aurez reconnu les quelques sauts d’humeur et autres mots doubs maux doux que se lancent les automobilistes. Il faut dire que la circulation dans la capitale comtoise est devenue un parcours du combattant pour de nombreux bisontins.

Accrochez votre ceinture car le dossier que La Presse Bisontine propose ce mois-ci sur la circulation dans Besançon ne va guère calmer les esprits.

En clair, si vous prenez votre voiture tous les jours pour vous déplacer dans notre belle cité durant les travaux du tramway, il faudra vous armer de patience ou trouver les bons détours pour arriver à bon port sans perdre trop de temps. D’autant que selon le journal, l’usage du GPS serait une « fausse bonne idée » durant cette période.

Pourquoi cela ? Tout simplement car la municipalité – qui ne manque pourtant jamais de se vanter d’être estampillée « 5 étoiles » par le label Villes-Internet et d’avoir un Maire superbranchouille en matière de nouvelles technos – n’a pas prévu de publier les mises à jour des points noirs aux sociétés éditrices de matériels et services GPS.

Sur ce coup, notre vénérable Maire hyperconnecté nous déçoit beaucoup mais il a sans doute de bonnes raisons puisqu’il s’agit pour lui de veiller à ne pas exploser le budget de son projet de transformation urbaine (240 millions d’euros et des broutilles si vous n’étiez toujours pas au courant).

Pour faire des économies, donc, la solution la plus ringarde dépassée qu’il soit, a été retenue : des « panneaux de déviation » que les automobilistes prendront le temps de lire en ralentissant fortement – créant un peu plus de pagaille, des « annonces presse » et l’info-travaux municipale envoyée aux médias locaux chaque semaine.

En dernier lieu, ce seront les automobilistes eux-mêmes qui préviendront les radios – notamment France Bleu Besançon, la plus écoutée le matin pour aller au boulot – de la localisation du bouchon dans lequel ils se trouvent.

La belle affaire : quitte à perdre son temps le matin pour aller bosser, autant passer un p’tit coup de fil ou un SMS à la radio écoutée par la grand-mère qui ne se déplace qu’en bus ou qui habite dans le Haut (et n’a donc absolument pas besoin des infos routières bisonto-bisontines).

Et l’on imagine déjà les 18-45 ans être contraints d’abandonner NRJ ou Cherie FM pour une station régionale qui diffusera une information hyperlocale à quelques moments précis de la journée (car France Bleu ne diffuse pas un programme continu 100% local).

Bref, la gestion de l’information routière durant les travaux du tram est à l’image de la communication autour du projet : mal ficelée et désorganisée. Pour une ville qui se targue d’être capitale des nanotechnologies, on a connu mieux en terme d’innovation.

Certes, tout n’est pas si négatif puisque l’application iPhone (officielle) du Tram’ créée par une société montpellieraine vient de sortir. Un premier pas pour rendre service aux citoyens-automobilistes même si d’autres solutions existent.

Parmi elles, la publication des données travaux actualisées quotidiennement sur un portail OpenData pourrait être une réponse à ce besoin d’infos routières en temps-réel.

Mais kézako « OpenData » ?

En anglais, Open veut dire « Ouvert » (ou « libre ») et Data veut dire « Donnée ». Assemblé en bon français, OpenData signifie Données ouvertes.

Pour en savoir plus, une association nantaise a effectué un petit rappel sur l’ouverture des données publiques, c’est-à-dire l’usage des informations non-confidentielles détenues par les collectivités et autres administrations à des fins d’information (cela s’appelle le data journalisme) ou de création de valeur. Voyez l’exemple de Rennes ou Toulouse.

Si tel était le cas à Besançon, nous pourrions imaginer un cas très concret d’usage de ces données : les services de la municipalité proposent chaque jour un fichier informatique « brut » actualisé recensant les points noirs, les zones à éviter, etc.

Dès lors, des développeurs (les gens qui créent des applications mobiles ou des sites Internet, ndlr) pourraient s’en emparer et avec leur talent, réaliser des applications web/mobiles spécifiques pour rendre service aux automobilistes bisontins en leur proposant des itinéraires bis au besoin grâce à la connaissance de la ville dans ses moindres détails ou encore en créant un vrai réseau social hyperlocal d’automobilistes.

C’est futé comme un Bison ça n’est ce pas ?

« Oulaaaaaaaaaaaaaaa mais non non non, ça coûte trop cher ».

FAUX : Le développement de ces outils éphémères (le temps des travaux donc) mais affreusement indispensables serait supporté par les citoyens bidouilleurs/développeurs/professionnels. Le coût pour la collectivité et/ou le budget du tram serait nul (sauf peut-être en temps investi par un employé chargé d’actualiser les fichiers régulièrement) et véhiculerait d’autant plus une image positive pour la collectivité.

Besançon mériterait vraiment son label « ville internet 5 étoiles » et pourrait se targuer d’être réellement avant-gardiste en matière de nouvelles technologies et de service innovant pour les citoyens. Hélas, pour l’instant, on serait plutôt un peut trop attentiste en la matière. Nul doute qu’en 2012, les choses évolueront…

Mais revenons à notre sujet initial : le GPS sera-t-il vraiment inutile durant les travaux du tram ?

Oui et Non.

Si les GPS « normaux » ne seront pas mis à jour avec les données de travaux comme l’a indiqué La presse Bisontine et à défaut d’applications locales crées à partir de données ouvertes par la municipalité pour faciliter cette mise à jour, le GPS embarqué sur un appareil mobile connecté à Internet (un smartphone disent les jeunes) sera quant à lui l’outil indispensable pour éviter de péter un boulon dans les bouchons.

Avant de poursuivre, sécurisons ces propos : l’usage du mobile au volant est formellement interdit.

En cette fin d’année, si vous ne savez pas quoi (vous) offrir à Noël, pensez par exemple au Coyote. Il ne s’agit pas d’attacher un animal pour guider votre véhicule mais de télécharger la petite application éponyme de conduite collaborative.

Celle-ci permet de connaitre la position d’un radar, mais également les autres perturbations (ralentissements, travaux…) signalées par les courageux conducteurs – surnommés « éclaireurs » – qui vous précèdent. Le Coyote est disponible ici sous forme d’application à installer sur un smartphone de type iPhone, Android ou BlackBerry.

Précision importante, arriver plus vite chez vous a un coût : 1,60€ pour le premier mois puis quelques dizaines d’euros par mois pour profiter des mises à jour.

Il existe toutefois d’autres applications comme Wikango. Ce dernier intègre également une fonction d’avertissement des perturbations routières signalées par le réseau d’utilisateurs. En clair : si un bouchon est détecté sur votre trajet, c’est le moment pour vous de ne pas vous aventurer dans cette direction et de dire merci aux conducteurs en signalant à votre tour d’éventuels problèmes sur votre trajet.

Dans le même principe, citons TomTom pour iPhone qui comprend un calcul d’itinéraires optimisé grâce à sa technologie IQ routes. Cette fonction calcule le parcours le plus futé en prenant en compte l’historique des trajets des autres utilisateurs de services GPS TomTom.

Si votre smartphone fonctionne sous le système « Android », vous devriez aussi tester « Glob trafic & Radar » (Gratuit).

Et enfin, le meilleur pour la fin : Waze, sorte de GPS-social. Gratuit.

Cette application mobile de navigation permet aux conducteurs de construire et d’utiliser des cartes, des mises à jour du trafic en temps réel et d’une navigation étape par étape pour améliorer leur trajet quotidien.

Waze comporte un volet social qui permet aux conducteurs de signaler directement aux autres utilisateurs des embouteillages, des contrôles de police, des travaux, des radars de vitesse, etc… à la manière d’un Coyote ou Wikango.

Un must pour partager vos itinéraires-bis et autres détours avec les autres utilisateurs.

En résumé : « Aide toi et la communauté d’éclaireurs t’aidera à gagner du temps ».

Vous l’aurez compris, le GPS n’est donc pas une fausse bonne idée durant les travaux du tram.

Bien au contraire, grâce à votre smartphone équipé d’une puce GPS et aux applications mobiles, ces travaux renforceront peut-être le lien (social) entre les conducteurs…