Archives mensuelles : août 2010

Youtubalgique

Ça m’est arrivé sans signe annonciateur alors que j’avais délaissé mon ordinateur, Twitter et toute la bande depuis un long moment déjà.
Nous étions en fin de soirée et je m’étais affalé sur le canapé devant la télé pour y regarder Sagan, film que l’on diffusait sur Arte ce soir-là.

L’histoire était déjà bien avancée et la pauvre Françoise, magnifiquement interprétée par Sylvie Testud, déclinait à vue d’œil. La fin du film allait à l’évidence coïncider avec celle du personnage principal et ce dénouement semblait imminent.

Oui mais voilà. Je commençais à penser très affectueusement à mon lit, et Sagan, de son côté, s’accrochait égoïstement à la vie, sans se soucier de moi.
Je craignais aussi qu’un nouveau flash-back viennent perturber Chronos et nous redonne à voir de la jeunesse hyperactive de l’héroïne (private joke…).

Bref, tout cela aurait pu se terminer fort tard et j’avais besoin de savoir si je pourrais rester éveillé jusqu’au bout. Alors encore long ce film ?
Il faut vous dire que j’étais trop bien installé sur mon canapé pour trouver le courage de fureter dans mon magazine télé. Trop pépère pour atteindre l’ordinateur et chercher les horaires du film sur le Net. Je n’y ai même pas songé.

Et c’est à ce moment que cela m’est arrivé

Ce fut un réflexe, un geste absurde. J’ai honte.
Mon regard a furtivement quitté l’écran pour descendre et se poser là, entre le pied de ma télé et le meuble sur lequel elle est installée.

Et voilà ce que mes yeux y ont furtivement cherché :

Oh ! Ça n’a duré qu’un quart de seconde. Un laps de temps très court mais juste assez pour déclencher en moi de grosses inquiétudes. Et si je devenais fou ?

Confondre ma télé avec Youtube, voilà qui est un peu fort ! J’avais certes passé du temps à consulter des vidéos sur le Net depuis la veille,  notamment pour écrire le billet précédent mais bon… tout de même… hein ? quoi ? C’est grave ?

Premier réflexe : contacter le Doc

The Doc. Celui que tout le monde connaît pour le voir fréquemment à la télé. Un Doc barbu toujours jovial avec nœuds papillons et vestes colorés.
J’ai nommé Jean-Daniel Flaysakier.
Ça tombe bien, Jean-Noël est sur Twitter et vient précisément d’y gazouiller une boutade drôle et acerbe de son cru.
Je me lance et m’adresse tout de go au praticien cathodique :

@jdflaysakier J’ai regardé sous ma télé pour voir où en était la barre de défilement du film que je regardais. Grave Docteur ? Youtubalgie ? (ici)

Youtubalgie, ce mot m’était venu comme une évidence. Je ne suis pas médecin mais étant le découvreur de ce nouveau mal, c’est bien à moi de le baptiser non?
Donc Doc ?? Hein ? Hé ! Help !

Mais Doc Flaysakier n’a pas répondu.

Trop occupé à mitonner ses bons mots, il en avait oublié Hippocrate, le devoir d’assistance, l’abnégation et toutes ces choses qui sonnent tellement XXe siècle (Hippocrate c’est encore plus vieux vous dites ?)
J’aurais pu lui décocher un tweet vengeur afin de lui rappeler que MA redevance lui offrait ses nœuds pap’. Que s’il souriait tout le temps quand il passait dans MA télé, c’était sans doute parce qu’il s’y trouvait bien et qu’il ne tenait qu’à MOI qu’il y reste ! Un coup de zappette et pfff !

Je décidai alors de m’adresser à un praticien du terrain. Un vrai

Du genre qui se montre attentif à ses patients et qui n’a pas troqué sa blouse blanche contre des oripeaux plus télégéniques.
Vite ! Dans la poche de ma veste : le dépliant pris dans la salle d’attente de mon toubib, l’autre jour, avec le numéro unique des médecins de garde.  Mon téléphone. Je numérote.
Ça sonne…
Je vais dire quoi ? Que j’ai abusé d’Internet ? Que j’ai pris ma télé pour mon ordi et Sagan pour une vidéo de Youtube ?

Un message pré-enregistré pour me faire patienter...

J’attends ?…  je raccroche ?… j’attends ?… je raccroche ?… j’att… ÇA DÉCROCHE !

Bonsoir. Permanence des médecins de garde de Besançon, Dr Jeannin. Je vous écoute.

– Oui euh… bonsoir madame (c’est une madame).

– Oui, monsieur, en quoi puis-je vous aider ?

Je suis mal. Comment lui dire ? En fait je n’ai mal nulle part. J’ai seulement très peur de devenir cinglé. J’ai trop abusé du Net et tout ça. Je me virtualise ! J’ai besoin d’en parler. D’être rassuré. Un médecin ça ne se moque pas. J’y vais.

– Voilà Docteur, j’ai vu  le film sur Françoise Sagan à la télé toute à l’heure avec Sylvie Testud et comme ça durait longtemps parce qu’il y avait des retours comme ça dans sa vie et bien ça n’en finissait pas alors que moi j’avais sommeil j’ai voulu savoir combien de temps ça durerait encore et au lieu d’ouvrir Télérama hé bah j’ai regardé sous ma télé oh ! pas longtemps mais tout de même un tout petit instant et vous allez peut être rire mais quand j’ai regardé sous ma télé bah… je m’attendais à y voir la barre de défilement de Youtube quoi. Voilà. Je pense à une youtubalgie. Et vous ?

Silence.
Pas longtemps mais assez pour me sentir ridicule. Et puis, assez vite, le frottement d’une main contre le micro du téléphone et quelques mots inaudibles échangés entre deux personnes.
Et à nouveau la voix :

– Monsieur, les symptômes que vous décrivez-là sont assez inquiétants.

– Ah ? Mais je n’ai pas mal c’est juste que…

– Oui oui j’ai bien compris mais vous allez être rapidement pris en charge afin…

– Me prendre en charge ? Mais…

– Une ambulance va venir vous chercher. Comment vous appelez-vous monsieur et où vous trouvez-vous ?

Panique

– Mais une ambulance pour quoi faire ?

– Pour vous transporter jusqu’au bloc opératoire afin d’y pratiquer au plus vite une youtubectomie.

– Hein ? Quoi ?

Le fou rire qui me parvint alors était à peine masqué, tout comme les éclats de voix qui s’ensuivirent. Je venais de passer pour un parfait abrutis.
Rouge de honte, je raccrochai illico.

Et c’est à ce moment précis que j’ai eu cette idée ridicule


É

Premier cri

Le jour où les progrès de la technologie nous offrirons la possibilité d’écrire du texte, à l’aide d’un objet simple que l’on tient dans la main, sur une surface légère, pliable, effaçable voire déchirable ; ce jour-là, c’est promis, je m’y mettrai.

En attendant cette révélation révolution prochaine, c’est par le biais de ce blog que je déverserai mes mots avec parcimonie dans le vaste monde. Non pas pour y raconter ma vie (ou si peu) mais pour m’y montrer parfois partagiste, souvent humeuriste, quelquefois poilàgrattiste.

A suivre…

Don Quichotte devant un moulin à vent

Don Quichotte et Sancho Panza vs Peugeot 206…

J’ai une marotte. Je recherche quasi quotidiennement les nouvelles vidéos parues sur le Web et concernant Besançon.
Mais mon petit tour sur Google Vidéos me laisse souvent sur ma faim car les agences immobilières inondent littéralement Youtube et consorts de leurs visites virtuelles de biens immobiliers. Rasoir.
Heureusement, il y a des jours comme aujourd’hui avec leur lot de perles et celle du jour nous est offerte par le pseudo-nommé « xxxxdu25 » ((ce n’est pas le pseudo originel).

Que voit-on sur cette vidéo ?

Un jeune garçon défonçant à coup de pieds (c’est mal) le pare-brise d’une 206 grise garée sur une place pour handicapé (c’est mal) puis s’enfuyant avec son comparse « vidéaste ».
Le parking semble situé à proximité de la rue Blaise Pascal à Besançon.
Le titre de la vidéo et son commentaire ne laissent pas de doute possible, c’est bien à un Don Quichotte des temps modernes que nous avons affaire.

« il ou elle a du péter un cable en voyan sa voiture »
« sa lui aprandra a garer sa voiture sur une place handicaper. »

http://www.youtube.com/watch?v=1EKrTqAHSdU

Au temps de Cervantes, Don Quichotte, persuadé d’être un justicier chevaleresque, s’attaquait à des moulins à vent qu’il prenait pour des géants. Son écuyer Sancho Panza, monté comme sur un âne, tentait de le raisonner. En vain.


Extrait

Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu’il y a en cette plaine, et, dès que Don Quichotte les vit, il dit à son écuyer :

La fortune conduit nos affaires mieux que nous n’eussions su désirer, car voilà, ami Sancho Panza, où se découvrent trente ou quelques peu plus démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur ôter la vie à tous, et de leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir : car c’est ici une bonne guerre, et c’est faire grand service à Dieu d’ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre.

– Quels géants ? dit Sancho.

– Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d’aucuns les ont quelquefois de deux lieues.

– Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin.

– Il paraît bien, répondit Don Quichotte, que tu n’es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et, si tu as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer avec eux en une furieuse et inégale bataille.

Mais voilà, à l’époque de xxxxdu25 les choses ont quelque peu changé.
Sancho Panza ne cherche plus à réfréner les ardeurs de son compagnon.
Mieux ; il l’encourage, filme ses exploits bien à l’abri derrière son téléphone et publie le tout sur Youtube offrant en prime le visage de son camarade parfaitement visible et reconnaissable.
Mise à jour du vendredi 27 août 11h00 : xxxxdu25 vient de mettre sa vidéo hors ligne. J’ai donc repris la vidéo que le Post a utilisée dans son article paru jeudi soir en supprimant le passage où le visage du garçon apparaissait. Toutefois je laisse cette image floutée pour confirmer mes dires. La vidéo originelle laissait parfaitement voir son visage.

Extrait

Sancho Panza :
– Là on va faire un truc de ouf là. Lui c’est l’gosse de Paname, lui. Là mon pôte. (…)
Mais y’ un vieux. Y’a un vieux qui va passer. Fils de pute.
Regardez-moi ça, sa mère ! On va faire un malheur là !
Aller; commence, commence, commence !
Moi j’te suis moi derrière.

C’est clair, Sancho Panza est descendu de son âne pour en devenir un… mais extrapolons un peu…

N’est-ce pas un concept révolutionnaire que xxxxdu25 vient de nous inventer là ?

L’auto-vidéosurveillance ! (« auto » sans jeu de mots)

Voilà une solution qui satisferait les appétits sécuritaires de tout sarko-hortefeuphile qui se respecte, tout en associant de manière motivante celui qui commet le délit et ses complices.
Un concept à la fois  économe, efficace et participatif (tiens voilà qui plaira aussi à la gauche royaliste)…

MISE A JOUR (26/08 à  17h30)

Le camarade twittos @blogbesancon à trouvé le parking concerné sur Google Maps.

MISE A JOUR (26/08 à  19h00)

Aude Baron, journaliste au Post a mené l’enquête et a retrouvé le propriétaire du véhicule, fort surpris qu’on lui rappelle cette affaire qui datait du mois de mai ou juin de cette année.
Le Post publie un billet dans lequel une coupe a été opérée pour ne pas laisser apparaitre le visage de « Don Quichotte ».

Lire l’article d’Aude Baron sur le Post.

MISE A JOUR (27/08 à  11h00)

Poursuivant son enquête, Aude Baron est parvenu à retrouver xxxxdu25 … qui a justifié son geste :

« J’ai fait cela pour que le conducteur ou la conductrice comprenne que les places pour handicapés restent des places pour handicapés, même s’il n’y a pas d’handicapé résidant dans le bâtiment », se justifie-t-il. « Imaginons qu’une personne handicapée rende visite à un ou une habitant(e). Où se gare-t-elle ? »
« J’ai dans mon entourage des personnes handicapées », poursuit le jeune homme. « Quand elles ne trouvent pas de place, cela me met en colère alors qu’il y a des place libres sur le parking d’à côté. »

Le garçon a ensuite supprimé sa vidéo de Youtube.
Don Quichotte, c’est plus ce que c’était…

De son côté, Pascal Lainé, journaliste au Pays, a publié un article ce matin afin de raconter cette étonnante enquête mené grâce aux réseaux sociaux et notamment à Twitter…
Lire cet article sur le Pays.

MISE A JOUR (27/08 à  12h00)


Le garçon qui a posté le vidéo s’étant sérieusement déballonné suite à la diffusion de cette histoire sur le Post, j’ai décidé de modifié son pseudo car ce n’est pas à moi de faire le travail de la police non plus…

MISE A JOUR (18/09)

Le samedi 11 septembre, l’émission Zappez plus Net sur France 3 Bourgogne Franche-Comté interroge Aude Baron sur cette enquête singulière… j’y suis présenté comme celui qui consulte quotidiennement toutes les vidéos sur Besançon. On va croire que je n’ai rien d’autre à faire !

MISE A JOUR (3/12/2013)

Je découvre par hasard que la vidéo a été supprimé de Youtube suite à « une réclamation pour atteinte aux droits d’auteur ». On rigole 🙂

cap 2013-12-04 à 20.58.48

MISE A JOUR (26/08 à  17h30)