Je rentrais chez moi tout à l’heure quand quelque chose d’inhabituel m’a attiré l’œil. Il y avait là un livre. Un livre de poche posé sur le dessus métallique d’une poubelle. Par réflexe, je cherche des yeux son propriétaire. Personne. Je regarde plus attentivement le livre et j’aperçois ce papier vert scotché sur la couverture. En-dessous, on peut voir « LE LION » et « Joseph KESSEL ». Un classique.
Je m’approche et voilà ce que je lis.
Je me dis : « Dingue ! ». Puis je pense à tous ces livres de poches qui jaunissent chez moi et que je ne relirai jamais. Collectionnite à la noix. Alors je passe à : « Quelle chouette idée ! » J’avais déjà entendu parler de cette manière de partager les livres mais je n’en avais encore jamais vu à Besançon.
Alors j’imagine ma ville comme une bibliothèque à ciel ouvert où chacun fait « pot commun » et dépose ici un bouquin qu’il vient de lire avant d’en ramasser un autre là, un peu plus loin.
On a tous prêté des livres. On en a tous empruntés. On a tous des souvenirs de bouquins qu’on ne nous a jamais rendus. On a tous également quelque part, sur un coin de rayonnage, un livre qui n’est pas à nous et dont on a oublié le nom du légitime propriétaire.
En rentrant, j’ai repensé à ces liseuses électroniques qui connaissent aujourd’hui un succès commercial prometteur. Le livre se dématérialise. On le lit sur un écran qui imite plus ou moins fidèlement le rendu de l’encre sur le papier.
Moi je n’ai pas de liseuse. Je n’ai même pas encore essayé ce mode de lecture. Je ne suis pas passéiste. Pas même nostalgique du bon vieux papier. Je dis « pourquoi pas ». L’objet livre, hormis pour les « beaux livres », ne me fait ni chaud ni froid.
Une fois rentré chez moi et par curiosité, j’ai cherché sur Internet ce fameux « Lion » de Joseph Kessel en format numérique. Un tour d’abord sur le site http://www.ebooksgratuits.com/ qui permet de télécharger des ouvrages libres de droit. On y trouve beaucoup de textes classiques. Mais pas celui que je cherche.
Je me suis alors rendu sur la boutique qu’Amazon dédie aux livres numériques (ebooks) et à sa rentable liseuse, le Kindle. Ici non plus, pas de Lion. L’ouvrage n’est visiblement pas encore disponible en format numérique.
Mais ce que je sais déjà, c’est que lorsque nous achetons sur Amazon (et autres plateformes) des bouquins numériques, c’est pour les lire. Pas pour les prêter. Les livres numériques commerciaux sont blindés de DRM. Ces verrous numériques vous laisseront jouir pleinement de votre livre mais ils vous interdiront ensuite de le prêter à un ami possédant lui aussi une liseuse. C’est comme ça. Les livres numériques ne se prêtent pas. C’est pour protéger les ayants droits.
Dites-vous bien qu’avant, nous étions tous des margoulins lorsque nous nous refilions nos bouquins en papier. Nous le faisions en plein jour et sans la moindre honte. Et pourtant, déjà, nous flouions les auteurs, les éditeurs, les revendeurs. Tout ça à cause d’une malsaine et incontrôlable pulsion qui nous poussait à partager nos lectures. Le pire c’est que nous avions l’impression naïve de contribuer au succès du bouquin. De le faire avec générosité. Nous étions des égoïstes patentés.
Et maintenant, qui osera déposer sa liseuse électronique sur le dessus d’une poubelle avec ce petit mot ?
Mise à jour
Suite à la publication de ce billet, j’ai reçu un message de notre généreux « abandonneur de livres ». Vous le trouverez dans cet autre billet.
Les éditeurs d’un site diffusant des livres numériques sans DRM ont également réagi à ce billet :
Le premier livre que j’ai partagé avec un(e) inconnu(e) était « Les Tommyknockers ». Avec un mot en page de garde pour dire pourquoi je l’avais laissé et demandant de faire pareil…
Peut-être qu’il tourne encore, ou bien est-il oublié dans une bibliothèque bisontine…
Je me suis souvent posée la question de faire de même… Jamais osé… Pour l’instant !
Parfois, je reçois un livre dans ma boite aux lettres, grâce à un site de troc de livres de poche, c’est déjà ça de pris !
Et je ne parle pas des surprises dans la boite aux lettres des copines blogueuses littéraires ! 😉
bonsoir,
belle trouvaille que ce Lion de Kessel.
ce procédé existe depuis de nombreuses années, sur Paris ou Strasbourg par exemple.
je n’ai pour ma part jamais osé abandonné un livre comme ça aux intempéries… mais c’est une bonne idée, au lieu de les jeter, ils peuvent faire passer un bon moment à quelqu’un.
bel article !
belle soirée à vous
En Allemagne j’ai vu cet été des bibliothèques à ciel ouvert. Des étagères étaient simplement posées à certains endroits de la ville avec des livres dessus et une chaise à coté. Le principe, les gens viennent pour lire sur place, ou pour emprunter un bouquin qu’il ramène ensuite, en échanger voire en déposer.
ET CA MARCHE!!!
Je n’ai jamais vu aucune étagère vide
Bien sûr que ça marche … l’open-itude appelle l’open-itude ! 🙂
Oui, et ça porte le joli nom de Book Crossing. Mais malheureusement, en France, ça marche quand même moyen moyen.
Il y en a 3 sortes différentes : l’échange via le net, l’abandon de livre solitaire, mais j’ai aussi vu des armoires ou des casiers dans lesquels on peut se servir…
Tiens, il me semblait avoir vu, il y a déjà plusieurs années, une armoire de ce genre à la MLC de Palente si mes souvenirs sont bons.
Beaucoup de bibliothèques en France s’y mettent maintenant : par exemple, certaines qui refusent les dons des lecteurs (pour leurs collections), ont installé des bacs ou des caisses pour que les généreux donnateurs puissent partager leurs ouvrages avec les autres lecteurs. On ne peut pas vraiment appeler ça une bibliothèque – puisqu’on ne revoit jamais les livres pris – mais plutôt un partage de la culture.
Et c’est bien que les gens prennent encore le temps de partager des choses.
Le truc, c’est que rares sont les personnes qui prettent attention aux livres perdus volontairement (ou involontairement) et la plupart passent sans les voir. (Ou alors ils s’en foutent juste :-/)
Ok, ok, j’men vais.
Ah le Bookcrossing, on adore!
J’avais tenté de faire la même chose avec 2 appareils photo jetables, un donné en main propre, l’autre abandonné à Micaud.
Les consignes (prendre une photo avec puis donné ou abandonné l’appareil), un lien vers un blog créé à l’occasion et une adresse mail collés dessus, je les ai suivi quelque temps via le blog puis perdus…!
On retente ?
Le dernier bouquin que j’ai trouvé, à Paris, portait les références du site bookcrossing.com. J’ai pu y retrouver la personne qui l’avait laissé, lire son avis sur le livre en question. A mon tour, je l’ai laissé au Népal, dans une pension de famille. Où est-il à l’heure qu’il est ? En tout cas je n’ai pas eu des ses nouvelles via le site, mais j’espère qu’il voyage sauvagement…
Bonjour
Je suis la personne qui depuis une 15zaine de jours « abandonne » des bouquins un peu partout dans Besancon..
Pour vous prouver que c’est bien moi , je vais vous donner un détail que je vous demande de ne pazs publier : (sur page de garde,il doit y avoir écrit **** S. ou *** S….Je m’appelle ***** )Si j’ai décidé de faire cela,c’est que j’ai fait récemment un tri dans ma bibliothèque..Touché par un manque de place récurrent j’ai fini par admettre qu’il y avait un certain nombre de livres que je n’ouvrirai plus jamais…(j’ai 64 ans…)J’ai donc fait des listes que j’ai soumis à des amis pour qu’ils choisissent les livres qu’ils souhaitaient.Après quoi comme il en restait et que je ne pouvais absolument pas mettre des livres à la poubelle,j’ai commencé cette opération abandon..J’en laisse sur des bancs,chez le pharmacien de mon quartier,ches mon toubibcherz certains commerçants..J’en laisse aussi à un arret de bus à proximité de chez moi que je peux observer depuis ma fenetre et c’est assez drole..Beaucoup de gens regardent cet objet sans oser le saisir…Certains le prennent le tournent dans topus les sens comme s’il s’agissait d’un objet dangereux..et puis au bout d’un moment,il finit par partir…Je ne suis pas toujours la quand c’est le cas mais si je vois la personne qui le prend cela me fait tr-s plaisir…
Voila je vais continuer quelques temps encore car il me reste pas mal de volumes à abandonner..mais je serais content que cela donne des envies à d’autres gens….A bientot pourdes nouvelles de tous ces livres vagabonds…
sinon il y a un emmaüs à la déchetterie des tilleroyes 😉
Quelle bonne idée de faire partager ses bouquins , très belle initiative
Il y a des « brigades du livre » à Palente.
Par ailleurs, le « tout numérique » tue également le marché de l’occasion.
Moi aussi j’abandonne des livres… dans les TER de la région ! A chacun de se les approprier après !
Amicalement