Au départ, il y a cet article publié dans le magazine mensuel gratuit « La Gazette de Besançon ». Son titre : « SE BALADER À BESANÇON EN BURQA : UN JEU D’ENFANT… »
En burqa… disons plutôt en « niqab » ou en « sitar » puisque – comme l’explique la journaliste auteur de l’article – la burqa n’existe qu’en Afghanistan.
La journaliste en question c’est Céline Garrigues qui a décidé de se vêtir le temps d’une promenade dans les rues du centre-ville de Besançon d’un voile noir intégral.
Pourquoi cette idée saugrenue ? Réponse dans l’introduction de l’article :
Depuis le 11 avril 2011, le port de la burqa dans la rue est une infraction. Le texte de loi, qui indique que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage » prévoit une amende pouvant aller jusqu’à 150 euros. Alors que les premières condamnations en justice pour port du voile intégral tombaient le 22 septembre dernier, nous avons voulu observer la réalité du terrain à Besançon. Notre journaliste s’est glissée le temps d’un après-midi sous le long voile noir opaque.
Balade en voile intégral dans les rues de Besançon
Voilà donc Céline Garrigues – le visage et le corps voilés de noir – s’aventurant dans les rues les plus fréquentées de Besançon. La foule est dense en ce samedi après-midi ensoleillé de septembre.
S’enchaînent sur son passage des regards souvent surpris et parfois réprobateurs, des réflexions, quelques moqueries. Sa présence ne passe pas inaperçue. C’est évident.
Je peux en témoigner car je suis l’une des deux personnes qui ont suivi Céline ce jour-là afin de prendre quelques clichés et d’observer et écouter les réactions sur son passage.
A deux reprises, la journaliste croise un véhicule de la Police Nationale. Rien ne se passe :
[quote]Je passe devant eux en ralentissant le pas, mais rien… Pas d’amende, ni d’interpellation. Les forces de police semblent être davantage attentives aux vols à l’étalage en ce samedi noir de monde.[/quote]
J’ai pris la photographie ci-dessous lors de la deuxième rencontre avec les policiers.
Des policiers sanctionnés pour ne pas avoir verbalisé ?
Une semaine environ après la sortie de la Gazettte d’octobre et la publication de cet article, Céline Garrigues signale sur Twitter que les policiers qui ne l’ont pas verbalisée risquent de se faire remonter les bretelles :
C’est un gradé de la Police nationale chargé – au Commissariat des Besançon – des relations avec la Presse qui a appelé la journaliste ce mercredi matin 19 octobre. Non pas pour lui reprocher sa promenade en voile intégral mais pour en savoir plus sur la date et l’heure à laquelle le test s’était déroulé.
Le gradé en question souhaitant également obtenir les photographies prises à cette occasion.
Face à cette demande, la journaliste m’a précisé être restée très évasive, ne donnant ni la date ni l’heure de cette rencontre avec les policiers. Date qu’elle dit d’ailleurs ne pas avoir notée « sur son agenda comme un rendez-vous habituel. »
Le gradé a pour sa part insisté. Enchaînant sur le fait que la loi est la loi, et que les agents sont tenus de la faire respecter, foule ou pas foule, d’autant qu’à Besançon, il y a très peu de personnes intégralement voilées.
En attendant, la jeune journaliste a immédiatement contacté le SNJ (Syndicat National des Journalistes) pour savoir précisément comment réagir face à ce genre de demande. A l’évidence, il n’est pas du rôle d’un journaliste de collaborer aux enquêtes interne de l’administration et a fortiori de la Police Nationale.
On imagine aisément que cette requête de la Police ne vise pas à congratuler ses fonctionnaires.
Que risquent-ils ? L’initiative vient-elle du Commissariat ou de plus haut ?
Ce billet sera mise à jour en fonction d’éventuelles informations à venir…
Sur le Web
- la Gazette de Besançon (octobre 2011). Le billet concerné est en page 2