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Le livre « abandonné » (suite)

Suite au précédent billet dans lequel je parlais de ce livre découvert sur une poubelle rue Battant, j’ai eu le plaisir de recevoir ce soir un commentaire. Il vient de la personne qui a eu cette idée géniale et partageuse. J’ai vérifié la preuve évoquée dans le message et c’est bien lui notre généreux abandonneur de livres.
J’ai caché son nom pour conserver son anonymat. Si vous en trouvez d’autres, dites-le dans les commentaires.

Bonjour
Je suis la personne qui depuis une 15zaine de jours « abandonne » des bouquins un peu partout dans Besancon…
Pour vous prouver que c’est bien moi, je vais vous donner un détail que je vous demande de ne pas publier : (sur page de garde,il doit y avoir écrit **** S. ou *** S….Je m’appelle ***** )
Si j’ai décidé de faire cela, c’est que j’ai fait récemment un tri dans ma bibliothèque… Touché par un manque de place récurrent j’ai fini par admettre qu’il y avait un certain nombre de livres que je n’ouvrirai plus jamais…(j’ai 64 ans…).
J’ai donc fait des listes que j’ai soumis à des amis pour qu’ils choisissent les livres qu’ils souhaitaient. Après quoi comme il en restait et que je ne pouvais absolument pas mettre des livres à la poubelle, j’ai commencé cette opération abandon.. J’en laisse sur des bancs, chez le pharmacien de mon quartier, chez mon toubib, chez certains commerçants…
J’en laisse aussi à un arrêt de bus à proximité de chez moi que je peux observer depuis ma fenêtre et c’est assez drôle…
Beaucoup de gens regardent cet objet sans oser le saisir… Certains le prennent le tournent dans tous les sens comme s’il s’agissait d’un objet dangereux… et puis au bout d’un moment, il finit par partir… Je ne suis pas toujours là quand c’est le cas mais si je vois la personne qui le prend cela me fait très plaisir…
Voila je vais continuer quelques temps encore car il me reste pas mal de volumes à abandonner.. .mais je serais content que cela donne des envies à d’autres gens….
A bientot pour des nouvelles de tous ces livres vagabonds…

Les éditeurs d’un site diffusant des livres numériques sans DRM ont réagi suite à ce billet :

Bonjour.... !! Ce livre n'a pas été oublié.... Je le laisse pour qu'il puisse servir à d'autres lecteurs.... Après lecture.... vous aussi..... abandonnez-le. En tout cas, bonne lecture....

Le livre sur la poubelle

Je rentrais chez moi tout à l’heure quand quelque chose d’inhabituel m’a attiré l’œil. Il y avait là un livre. Un livre de poche posé sur le dessus métallique d’une poubelle. Par réflexe, je cherche des yeux son propriétaire. Personne. Je regarde plus attentivement le livre et j’aperçois ce papier vert scotché sur la couverture. En-dessous, on peut voir « LE LION » et « Joseph KESSEL ». Un classique.

Je m’approche et voilà ce que je lis.

Bonjour.... !! Ce livre n'a pas été oublié.... Je le laisse pour qu'il puisse servir à d'autres lecteurs.... Après lecture.... vous aussi..... abandonnez-le. En tout cas, bonne lecture....
Je me dis : « Dingue ! ». Puis je pense à tous ces livres de poches qui jaunissent chez moi et que je ne relirai jamais. Collectionnite à la noix. Alors je passe à : « Quelle chouette idée ! » J’avais déjà entendu parler de cette manière de partager les livres mais je n’en avais encore jamais vu à Besançon.

Alors j’imagine ma ville comme une bibliothèque à ciel ouvert où chacun fait « pot commun » et dépose ici un bouquin qu’il vient de lire avant d’en ramasser un autre là, un peu plus loin.
On a tous prêté des livres. On en a tous empruntés. On a tous des souvenirs de bouquins qu’on ne nous a jamais rendus. On a tous également quelque part, sur un coin de rayonnage, un livre qui n’est pas à nous et dont on a oublié le nom du légitime propriétaire.

En rentrant, j’ai repensé à ces liseuses électroniques qui connaissent aujourd’hui un succès commercial prometteur. Le livre se dématérialise. On le lit sur un écran qui imite plus ou moins fidèlement le rendu de l’encre sur le papier.
Moi je n’ai pas de liseuse. Je n’ai même pas encore essayé ce mode de lecture. Je ne suis pas passéiste. Pas même nostalgique du bon vieux papier. Je dis « pourquoi pas ».  L’objet livre, hormis pour les « beaux livres », ne me fait ni chaud ni froid.

Une fois rentré chez moi et par curiosité, j’ai cherché sur Internet ce fameux « Lion » de Joseph Kessel en format numérique. Un tour d’abord sur le site http://www.ebooksgratuits.com/ qui permet de télécharger des ouvrages libres de droit. On y trouve beaucoup de textes classiques. Mais pas celui que je cherche.

Je me suis alors rendu sur la boutique qu’Amazon dédie aux livres numériques (ebooks) et à sa rentable liseuse,  le Kindle. Ici non plus, pas de Lion. L’ouvrage n’est visiblement pas encore disponible en format numérique.
Mais ce que je sais déjà, c’est que lorsque nous achetons sur Amazon (et autres plateformes) des bouquins numériques,  c’est pour les lire. Pas pour les prêter. Les livres numériques commerciaux sont blindés de DRM. Ces verrous numériques vous laisseront jouir pleinement de votre livre mais ils vous interdiront ensuite de le prêter à un ami possédant lui aussi une liseuse. C’est comme ça. Les livres numériques ne se prêtent pas. C’est pour protéger les ayants droits.

Dites-vous bien qu’avant, nous étions tous des margoulins lorsque nous nous refilions nos bouquins en papier. Nous le faisions en plein jour et sans la moindre honte. Et pourtant, déjà, nous flouions les auteurs, les éditeurs, les revendeurs. Tout ça à cause d’une malsaine et incontrôlable pulsion qui nous poussait à partager nos lectures. Le pire c’est que nous avions l’impression naïve de contribuer au succès du bouquin. De le faire avec générosité. Nous étions des égoïstes patentés.

Et maintenant, qui osera déposer sa liseuse électronique sur le dessus d’une poubelle avec ce petit mot ?

Mise à jour

Suite à la publication de ce billet, j’ai reçu un message de notre généreux « abandonneur de livres ». Vous le trouverez dans cet autre billet.

Les éditeurs d’un site diffusant des livres numériques sans DRM ont également réagi à ce billet :

How We Didn't Buy a House in Besancon

How We Didn’t Buy a House in Besançon

How We Didn't Buy a House in Besancon

Je ne sais pas de quoi ce livre parle. Je découvert son existence par hasard sur le site Amazon.fr. Son auteur se nomme Jon Lewis et c’est un ouvrage très récent (31 mai 2012).
Voilà donc un titre bien mystérieux que l’on pourrait traduire ainsi dans en français :

Comment nous n’avons pas acheté une maison à Besançon

Et ce titre ne me dit rien qui vaille pour l’image de notre ville. En effet, on raconte en général dans un ouvrage autobiographique ce que l’on a fait pas tellement ce que l’on n’a pas réalisé. A moins que les raisons de cette non réalisation soient suffisamment intéressantes, passionnantes, croustillantes pour justifier qu’on en fasse un livre.

Alors pourquoi tu n’as pas acheté cette maison à Besançon, Jon ?


« A cause du chantier du tramway, évidemment ! » aimeraient lire les commerçants et les anti-tram franco-suisses.

« Parce qu’il n’y a plus de festival musical pour les jeunes et puis les bars sympas ferment les uns après les autres ! » imaginent les étudiants, les artistes…

« Car il y a trop de crottes de chiens ! » pensent les grognons soucieux de leurs semelles proprettes.

« Sans doute parce que le climat y est désespérant ? » avancent lâcheurs de Bisontins émigrés à Montpellier.

« Parce qu’il a finalement acheté une maison à Dijon ! » proposent – hautains – les Bourguignons de souche.

« Parce qu’il a des goûts de chiotte et a préféré retourner outre Manche… » crient les franchouillards…

Bon moi j’ai bien envie de l’acheter ce livre. On ne sait jamais. Ah zut !  239 pages en anglais quand même…

Si vous en savez plus : commentez !

Mise à jour

Le site de l’éditeur est désormais à jour et un résumé du livre est disponible… en anglais.
Brièvement il semble que le livre relate l’expérience d’un couple ayant vécu dans plusieurs pays et ayant eu comme projet d’acheter un appartement à Rome et une maison à Besançon. Ils relatent les difficultés rencontrées dans leurs démarches, les méthodes des professionnels de l’immobilier qui semblent les avoir surpris. Etc…

After a working life spent moving from country to country in Europe, Jon and Josée Lewis could have settled down pretty well anywhere when it was over. They came up with the original – perhaps unique – combination of a flat in Rome and a house in Besançon.
On the surface this unusual book tells the tale of two house-hunting campaigns, one immediately successful, the other ultimately not, both packed with interest and wry humour. The mysteries of Italian and French property markets are revealed, with the ways and wiles of the local Estate Agents exposed and their terminology decoded.
But beneath the main storyline How We Didn’t Buy a House in Besançon brims over with information, thoughts and ideas drawing on the author’s experience of living and working in Italy and France for over thirty years.
What subtle distinctions for example separate the French concern with ‘not being had’ from the Italian ‘not to be taken for a ride’? How did a multiple-choice platitude contribute to the downgrading of Linate Airport? Which Pope born near Besançon settled the hash of the Holy Roman Emperor with the Concordat of Worms? What dire consequences can follow from refusing to accept an Italian tax amnesty?
The book abounds in fascinating footnotes and is densely populated. The footnotes try but never quite take over the action, and all the participating actors together with a strong supporting cast of references and commentators from Virgil to John Lennon are methodically listed at the end.

Merci à Christian Tissier qui nous propose cette traduction :

Après une vie professionnelle passée à déménager d’un pays à un autre, Jon et Josée Lewis auraient pu s’installer n’importe où. Ils imaginerent une combinaison originale et peut être bien unique : un appartement à Rome et une maison à Besançon.
En apparence, l’objet de ce livre est de raconter la recherche de ces deux lieux, avec un succès immédiat pour l’un et un abandon pour l’autre. L’histoire de ces deux campagnes de recherche est pleine d’humour et d’intéret. Les mystères des marchés de la propriété en France et en Italie sont révélés. Les us et coutumes des agents immobiliers des deux pays sont expliquées ainsi que leurs habitudes de langage.
Mais sous le récit principal, ce livre regorge d’informations, de pensées et d’idées tirées de l’exérience de vie et de travail des auteurs en France et en Italie pendant plus de 30 ans. Par exemple, quelle est la subtile distinction qui existe entre l’obsession des Français de « ne pas se faire avoir » et celle des Italiens de ne pas se « faire mener en bateau » ? Comment une banalité a choix multiple contribue-t-elle au déclassement de l’aeroport de Linate ? Quel pape né près de Besançon résout la querelle opposant la papauté aux empereurs germaniques par le concordat de Worms ? Quelles sont des conséquences du refus d’une amnestie sur les impôts en Italie ?
Ce livre abonde en références et notes de bas de pages sans que celles ci ne soient trop envahissantes. Tous les acteurs sont méthodiquement listés en fin d’ouvrage accompagnés de références qui vont de Virgil à John Lennon.