En voilà une bonne idée ! Le tramway est devenu le bouc émissaire idéal. La « tramophobie » est partout. Un défouloir. Voilà ce qu’il faut aux Bisontins et Grands Bisontins !
Alors piquons, perçons, transperçons, empalons ! Ça ira mieux après. C’est certain.
Mais en vérité, cinq euros c’est un peu cher. La maquette en carton est offerte gratuitement à la Maison du Tram. Quant aux épinglettes, parions que chez « Deux euros », elles doivent valoir environ.. euh… deux euros ?
C’est une vidéo complètement folle qui a été postée ce jour sur Dailymotion. On y voit la maquette du tramway de Besançon (très mal) filmée sous tous les angles depuis l’extérieur de son aquarium. Mais c’est surtout le commentaire qui vaut des points : il est en anglais et le vidéaste (un homme) exprime une admiration extrême pour ce « blue streetcar »( tramway bleu)…
Certains d’entre vous auront certainement reconnu une parodie. Celle de l’un des plus fameux vidéo-buzz de ces dernières années. Une vidéo délirante sur laquelle on entendait un homme hurler de joie alors qu’il filmait un double arc-en-ciel dans le parc de Yosemite aux États-Unis.
Alors montage ? Vrai jeu de comédien ? Moquerie ou bonheur sincère ? Mystère…
Mais voilà sans doute le plus vibrant hommage rendu à ce jour au tramway de Besançon.
L’Est Républicain l’annonce dans son édition de ce jour : c’est aujourd’hui – enfin – que la maquette doit revenir parmi nous. LA bonne nouvelle !
Dehors, il pleut et pas qu’un peu. Tant pis : je veux être LE premier pèlerin.
Alors je m’encapuche et je sors. J’affronte ces gouttes glaciales et ce sol flaqueux. Hue ! fier destrier ! Mène moi à la Sainte-Maquette !
Je précise ici que le temps des pèlerinages à genoux dans les pierres coupantes est révolu : je pélerine en vélo électrique. Il faut vivre avec son temps.
Dans les rues, je zigzague autour des piétons aveuglés de pluie.
Tiens ! encore de nouveaux chantiers ouverts un peu partout.
Je dépasse le centre St-Pierre et là où hier encore il n’y avait qu’un emplacement vide aménagé pour l’accueillir : je LA vois.
Disons plutôt que je reconnais cette silhouette, cette grâce.
Elle est recouverte d’un drap blanc qui ne laisse rien paraître de ce bleu turquoise que les Bisontins ont appelé de leurs voeux. La Sainte-Maquette est là, blanche de pureté. Comme elle est belle !
Autour d’elle des hommes besogneux s’affairent à lui bâtir un abri de verre et de bois. L’espace d’un instant, je pense à arracher un petit bout du drap – une relique – mais je n’ose pas m’approcher. Trop intimidé. Je me contente donc d’un ou deux clichés dérobés entre les gouttes.
A bien y réfléchir, notre tramway vénéré c’est un peu Benjamin Button : il vit sa vie à l’envers. Le voici aujourd’hui immobile gisant sous son suaire. Demain il prendra place pour quelques années sous un sarcophage de verre.
Sous les regards patients des Bisontins, il attendra alors que tout soit prêt pour lui.
Dessin de Jean-Michel Blondeau (En lien avec le billet « la Saint Maquette du Tramway de Besançon« )
Bienvenue à lui et à ce sacré talent qu’il a dans la plume et dans les pinceaux !