Archives par étiquette : rumeur

Elle est belle, elle est fraîche ma rumeur bisontine…

Vous là ! Vous qui arrivez sur cette page après une petite recherche sur le Web !

Laissez-moi deviner…

Vous êtes à la recherche de détails croustillants n’est-ce pas ?

Vous aimeriez en savoir plus sur L’AFFAIRE dont tout le monde parle ?

Il faut dire que CETTE AFFAIRE aurait parfaitement sa place dans les colonnes de « VOICI la boucle » et autre « Closer 25 »… Mais voilà, les journaux people locaux y’en a pas.

C’est frustrant, c’est même rageant et surtout tellement injuste : aucune trace de L’AFFAIRE dans la presse bienpensante locale. Rien. Que dalle !

Pourtant, hier, votre collègue était formel : il tenait cette information depuis le matin, lorsqu’il avait acheté sa baguette à la boulangerie du coin. Des clients en parlaient tout en sourires goguenards. L’un d’eux semblait d’ailleurs très bien informé puisqu’il l’avait appris de son voisin qui fait du foot avec le frère d’un commerçant dont l’une des employée est la sœur d’une aide-soignante de la Polyclinique. Cette dernière n’était pas de service ce jour-là, mais… mais voilà quoi. C’est une source fiable. Forcément. En plus tout le monde en parle non ? Alors pourquoi douter ?

C’est là que votre pulsion de curiosité est devenue soudainement incontrôlable. Et puis vous avez bien le droit d’être informé n’est-ce pas ? D’ailleurs si personne n’en parle OFFICIELLEMENT c’est forcément qu’ON cache des choses aux Bisontins. Mais pas dupe…

Allez, zou : Google, deux ou trois mots-clés résumant L’AFFAIRE et pof ! Vous voilà sur cette page.

Et alors ?

Je suis bien mignon de vous raconter tout ça moi, mais vous le savez déjà puisque vous êtes ici.

Alors ? L’AFFAIRE quoi !? Qui ? Quoi ? Quand ? Comment ? Avec qui ? Pourquoi ?
Du croustillant, vous avez ?

Sauf que…

Sauf que le plus croustillant dans cette AFFAIRE, c’est précisément le fait qu’il n’y a pas d’affaire…
Juste une rumeur sournoise qui enfle enfle enfle jusqu’à devenir plus grosse que le bœuf le sens critique de beaucoup de gens. D’ailleurs – le saviez-vous ? – il y a de cela quelques années, le précédent maire de Besançon avait été visé par la même rumeur. Exactement la même !
On dit que la foudre ne frappe jamais deux fois de suite au même endroit. La bêtise et la méchanceté, par contre, en sont tout à fait capables.

Mais d’où est est partie cette rumeur ? Malheureusement, si l’on peut remonter une rivière jusqu’à sa source, il est rare que l’on puisse en faire autant avec une rumeur. Dommage car on pourrait parfois être fort surpris de l’identité du « créateur originel », ainsi que de ses intentions.

Mais pourquoi nous laissons-nous si facilement convaincre ?

Par curiosité malsaine bien sûr mais aussi parce que la rumeur concerne toujours les puissants, ceux que nous connaissons tous mais que nous n’approchons pas. Consciemment ou pas, la rumeur nous offre une occasion de les atteindre, de renverser l’ordre habituel des choses. À notre tour de devenir — un peu — puissants… à leurs dépens. C’est moche mais tristement humain.

Parmi les procédés qui apportent de la crédibilité à une rumeur, citons le fameux témoin qui serait le dépositaire de l’information de départ. Un témoin à la parole forcément incontestable de part sa fonction ou sa réputation.
Ce témoin, nous ne l’avons pas directement entendu ni même rencontré et nous ne le connaissons généralement ni d’Eve, ni d’Adam.
En fait nous le connaissons plutôt de Stéphanie qui connaît Mathieu qui connaît Kevin qui connaît Fatima qui connaît Corinne qui…. connait personnellement LE témoin en question.
Et voilà comment on remonte à la fameuse aide soignante, au fameux pompier ou qui sais-je encore… bref à quelqu’un de présumé FIABLE … et qui SAIT.

Tenez, vous par exemple : demandez-vous ce qui vous a poussé à croire en l’authenticité de L’AFFAIRE qui vous a mené jusque ici. Vous tenez sans doute l’information de quelqu’un en qui vous avez confiance. Mais ce quelqu’un, de qui la tient-il ?

De l’ours qui a vu l’ours qui a vu l’homme je parie.

Autre facteur qui accroit la rumeur : le silence suspect. Si personne ne dément L’AFFAIRE, c’est qu’elle est vraie et que l’on cherche à l’étouffer, n’est-ce pas Madame Ginette ?…

Au passage, j’en profite pour préciser que JE NE SUIS PAS UN VRAI BISON. Je préfère démentir pour le cas où certains apercevraient de jeunes vaches à longs poils quelque part dans le Haut-Doubs. C’est pas moi.

Garder à l’esprit qu’au départ de la chaîne de la rumeur, il y a toujours l’intention de nuire. Et si les maillons suivants ne pèchent le plus souvent que par naïveté, ils n’en deviennent pas moins les complices passifs et complaisants de cette intention de départ.

Mais voilà, la responsabilité se dissout dans le nombre. Alors tant mieux tant pis si c’est faux. On en parlera nous aussi au voisin, à la caissière ou à la nounou du petit dernier. Avec la fierté d’être dans la confidence d’une information incroyable et d’en faire profiter d’autres personnes.
Joie de voir leurs yeux s’écarquiller, leurs lèvres former un grand O.
Passe à ton voisin.

Pour mémoire, voici un exemple édifiant dont le tout Paris médiatique fit des gorges chaudes en 1986. Une actrice, une rumeur et au final la nécessité pour elle de démentir au journal de 20 heures. Pourtant à l’époque, pas d’Internet, de Facebook, de Twitter.
La rumeur n’a pas besoin de ça. Elle n’a besoin que d’un terreau pour croître : l’humain. Elle n’a qu’un seul ennemi : votre sens critique.

Petite séance de rattrapage pour ceux qui ont manqué les années 80. Révision pour les autres :


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Toufik teint ?

Salut Bison !
tu pourrais dire à nos petits camarades élitiques que je ne suis pas toi, et que tu n’es pas moi ?
Oui en effet, comme tu le sais il m’arrive souvent d’assister à des réunions politiques de tous bords ; et ce soir justement j’étais à celle de Barbara Romagnan et Eric Alauzet au Kursaal…
La première, me connaissant pourtant bien, m’a posé la question : « Vous ne seriez pas le Bison Teint par hasard ? » et ce avant qu’une dizaine de minutes plus tard, Claude Jeannerot ne remette ça en m’attribuant le même mérite.
Déjà une rumeur « populaire » similaire courait apparemment plus ou moins en ce sens il y a peu, mais je croyais que c’était évident, le Toufik Teint ou le Bison de Planoise n’était que légende.
Ou à moins que je ne sois redevenu schizophrène bipolaire (auquel cas merci d’arrêter cette mascarade identitaire en reprenant immédiatement tes médicaments !).
En tout cas n’hésite pas à leur dire qu’ils sont couillons. J’ai essayé de le leur rappeler de manière diplomate tout à l’heure mais ils avaient l’air dubitatifs, avant d’admettre un possible quiproquo.
Mais le plus gros problème lié à cela c’est que maintenant je me demande qui est le double maléfique de l’autre… bon je te laisse, bien à toi !
Toufik de Planoise

J’ai reçu ce message de Toufik aujourd’hui et j’avoue avoir bien ri. J’ai été également surpris que Barbara Romagnan et Claude Jeannerot se pose cette question existentielle.
Remarquez, avec un brin de machiavélisme je pourrais avoir une paix royale. Il suffirait pour cela de faire une mauvaise blague à Toufik du genre :

 » J’ai décidé d’en finir avec l’anonymat. C’est bien moi Toufik. Vous m’avez débusqué. Z’êtes trop fort. « 

Mais non. Toufik est trop sympa pour mériter ça et en échange du magnifique travail qu’il a fait sur Wikipedia en contribuant à de nombreux articles sur Besançon, son histoire et ses monument – en échange de ce travail-là, Toufik mérite autre chose que d’être traité de bison.
Rétablissons donc la vérité : Toufik n’est pas moi et je ne suis pas Toufik.

Par contre, j’ai une rumeur pour vous : Barbara Romagnan et Claude Jeannerot seraient une seule et même personne, mais chut !

Quand la rumeur devient argument politique : petit exemple bisontin

Le Web va vite. L’info fuse. À peine un fait s’est-il déroulé qu’il est déjà relaté sur Twitter, retwitté ((un message Twitter est retwitté lorsqu’il est partagé par une personne abonné au compte de la personne qui l’a diffusé)) et encore retwitté…
Le hic, c’est que l’info de départ est généralement brute, elle n’est pas encore analysée, ni mise en perspective. Voire pire : elle n’a parfois même pas été vérifiée.

À l’échelle nationale cela peut mener par exemple à la fausse mort de Margareth Thatcher annoncée sur Twitter par un pseudo site d’actualité qui avait pris pour argent content une info diffusée sur le faux compte Twitter de Carla Bruni Sarkozy…

Au niveau local, voici une anecdote du jour…

Ce samedi 26 mai 2012, un conseiller municipal UMP de Besançon poste un statut sur son profil Facebook.

S’ensuit un échange avec d’autres conseillers municipaux… de droite et de gauche. Ils ne sont pas d’accord, on s’en doute. Le débat démocratique se passe aussi sur les réseaux sociaux.
Dans cet échange, intervient Martine Jeannin qui elle aussi est élue au Conseil municipal de Besançon. Mme Jeannin est étiquetée Gauche moderne… comprenez Centre droit — un jour il faudra d’ailleurs qu’on m’explique.
Mme Jeannin commente :

On l’aura compris, Martine Jeannin n’aime pas plus du tout le PS dont elle fut pourtant la candidate aux législatives de 2007 sur la 5e circonscription du Doubs. Aujourd’hui elle semble surtout obnubilée par les sujets de l’immigration et de la burqa.

Quant à ses propos sur Mme Taubira et cette histoire de drapeaux tricolores brûlés que la ministre aurait excusée…  il s’agit d’une rumeur totalement bidon, montée et relayée par une certaine droite qui a fait de Mme Taubira, la cible favorite de son racisme latent non assumé. Et même le chef de l’UMP s’en mêle.

Il ne s’agit pas ici de classer Mme Jeannin dans cette triste catégorie mais d’observer que quiconque relaie ce genre de rumeur, fait preuve en — conscience ou non — de complaisance voire de complicité envers des méthodes pour le moins nauséabondes.
Côté judiciaire, relayer de telles rumeurs infondées revient à calomnier et à prendre le risque d’une plainte en diffamation. Venant d’une élue de la République, c’est ballot et pas exemplaire pour deux sous.

Décryptage : pour propager efficacement une rumeur de droite, liste des ingrédients :

  • une bonne dose de rancœur envers l’élection de François Hollande et l’arrivée de la gauche au pouvoir ;
  • un soupçon d’envie d’en découdre aux législatives ;
  • une grosse louche de propension à diffuser tout ce qui semble démontrer la vilenie et l’antipatriotisme de ladite gauche ;
  • une rumeur répondant à toutes ces attentes …

Un ingrédient suffirait pourtant à s’éviter une recette immangeable : une simple cuillère à soupe d’esprit critique. Dans le cas qui nous intéresse, celle-ci semble avoir clairement manqué à Mme Jeannin qui n’a pas pris la peine de douter et à accepté sans coup férir l’antipatriotisme dénoncé de Christine Taubira.
Une simple recherche sur Internet à l’aide des mots-clés « drapeau Taubira » lui aurait pourtant permis de démonter la rumeur puisque l’on trouve plusieurs articles sur le sujet et notamment le premier d’entre eux (publié le 20 mai dernier) :

Mais que Martine Jeannin se rassure. Elle n’est pas la première. Roselyne Bachelot elle-même s’était faite l’écho des drapeaux brûlés de Taubira (avant la publication de l’article d’Europe 1) :

Et puis, ce péché de « Web-crédulité » n’est pas l’apanage de la droite. Rappelons le cas de Jean-Luc Mélenchon qui — entre les deux tours de la Présidentielle — évoquait sur France Inter une affiche pétainiste titrée « Fête du vrai travail » et dénonçait à grands cris la reprise par Nicolas Sarkozy de ce slogan vichyste …. À ceci prêt que l’affiche en question n’était qu’un fake circulant sur le Net.
Je vous laisse donc transposer à gauche la recette précédente…

Mélenchon, Jeannin dans le même panier. Qui l’eût cru ?

Pour en finir avec notre anecdote locale, la discussion s’est poursuivie sur Facebook avec Mme Jeannin :

Voià voilà… pas de regret donc de la part de notre élue. Aucun sentiment de responsabilité individuelle dans le colportage de cette rumeur. Comprenez bien : c’est tellement facile de partager, de retwitter… que certains se sentent visiblement totalement déresponsabilisés des conséquences de leurs « clics » et de leurs commentaires.
En résumé : ce n’est pas de ma faute, « Y’a quelqu’un qui m’a dit… » comme chanterait l’autre…

Je ne sais pas vous, mais venant d’élus de la République, je trouve ce genre de comportement fort inquiétant.

En résumé : le sens de la critique n’est rien quand on le prive d’esprit critique.

Post scriptum : Mme Jeannin a rapidement effacé son dernier commentaire…