Avant le Costa Rica, Franche-Comté Interactive avait fait un petit détour en Inde

Au détour d’un commentaire laissé par un lecteur sous le précédent billet titré ‟‟L’avenir du Web franc-comtois passerait-il par le Costa Rica ?”, les graphistes Web seront heureux  d’apprendre que leurs confrères développeurs sont aussi concernés par les missions de prospection de FC-I dans des pays à bas coûts.

Ainsi, dans un article du site spécialisé “Le Mag IT”, on apprend que le président de Franche-Comté Interactive – par ailleurs directeur d’une agence de création de sites Internet – s’est déplacé voila quelques mois en Inde pour “évaluer les sociétés indiennes dans une perspective de sous-traitance dans le domaine du développement Web, pour [ses] adhérents”. Dans cette optique, d’autres pays auraient également été “visités”.

Après la pénurie de graphistes, les entreprises adhérentes de FC-I ne sachant apparemment pas où trouver cette fois-ci des développeurs d’applications mobiles (pourtant nombreux en France et en Europe), notre homme est persuadé que “le recours à la sous-traitance [indienne, ndlr] pourrait les aider à accélérer leur développement”. On ne peut faire plus clair : il est bien question ici de sous-traitance et non de simple développement de business.

Le patron d’une agence de création de sites bisontine et éditeur d’un célèbre portail local [par ailleurs membre du Conseil d’Administration de FC-I, ndlr] indique pour sa part que “il souhaiterait pouvoir s’appuyer sur des partenaires indiens pour gérer avec plus souplesse et moins de risque les phases de croissance de son activité”.

En clair, selon les propos tenus dans l’article : ce gérant pourrait faire appel à des compétences indiennes plutôt qu’à des collaborateurs ou freelances franc-comtois. Les prix ne sont pas les mêmes, la marge finale non plus c’est évident.

Pourtant ce même prestataire est signataire de la charte qualité web de FC-I qui exige une totale transparence des prestataires vis-à-vis des clients. D’où la question légitime : ces derniers sont-ils informés que certaines compétences ayant pu participer au développement de leur sites sont potentiellement basés en Inde ? Voila une bien curieuse conception du soutien à la filière TIC comtoise qui patauge depuis dix ans.

En tout cas, si l’on en croit la réaction d’un vice-président du Conseil Régional cité dans un article de l’Est Républicain lié à cette affaire (voir ci-contre), le sujet est désormais brûlant et loin d’être clos (lire l’article intégral).

Si l’on regarde la taille des prestataires TIC de la Région, est-il nécessaire de les inviter à externaliser une partie de leur activité stratégique dans des pays à bas coûts ? Quelle est la perte économique induite pour la Région et les collectivités locales qui subventionnent les actions de FC-I ? Le rôle d’un syndicat n’est-il pas de défendre ses entreprises adhérentes et contribuer à faire éclore des entreprises sur son territoire ?

Autant de questions qui méritent d’être posées. Et force est de constater que ce n’est pas le piteux communiqué de presse publié ce jour par Franche-Comté Interactive qui apportera toutes ces réponses…

Pour terminer, voici le mail d’origine de cette opération de prospection en Inde : une invitation à une rencontre qui eut lieu en septembre 2011 avec le Directeur de la société Drish Infotech basée en Inde.

[Mise à jour (samedi 14 juillet 2012)] :

  • une nouvel article dans l’Est Républicain de ce jour

Un passage par le cache de Google nous apprend de quelle page il s’agissait. En l’occurrence de l’annonce du Forum « Costa Rica Technology Insight» à San José des 19 et 20 juin 2012.

En voici une capture :

6 réflexions sur « Avant le Costa Rica, Franche-Comté Interactive avait fait un petit détour en Inde »

  1. Nyro

    Très fort d’aller en Inde, surtout quand on sait le travail qu’ils font. Il m’est arriver à plusieurs reprise de devoir reprendre du boulot derrière une agence de développement délocalisée (Mauritanie, Inde, etc…) et croyez-moi, c’était pas jolie à voir.
    Les principes de base étaient là, mais les optimisations, la qualité du code, les commentaires et tout ce qui fait d’un code sa réutilsiabilité et sa compréhension par un autre développeur n’y était pas…

    Ils veulent délocaliser pour baisser leur coût ? Qu’ils essaient, ils se rendront très vite compte qu’ils perdront plus d’argent en gestion des projet et à ratrapper leur retard et/ou incompréhension de cahier des charges.

    Puis ils reviendront vers les compétences locales qui sont bel et bien là, mais qui sont peut-être considéré trop cher pour eux ?

  2. NGL

    Un mot : stupéfiant !

    FC-I semble confondre « biz dev » (s’implanter commercialement sur de nouveaux marchés) et offshoring (réduction des coûts en externalisant à l’étranger certaines compétences).

    Si cela peut parfois être utile, un syndicat qui profite de subventions publiques ne peut et ne doit pas intervenir pour encourager les entreprises à outsourcer mais au contraire à embaucher localement.

    C’est un scandale qui éclabousse tous les professionnels du web comtois dignes de ce nom et qui vont désormais devoir dépenser d’avantage d’énergie pour rassurer leurs clients sur leurs compétences.

    Espérons que cela ait le mérite de remettre en question les subventions publiques à ce pseudo syndicat…

  3. Mickey

    Qui a payé ce voyage en Inde?

    Y a t-il eu aussi un voyage au Costa Rica?

    J’ai entendu dire qu’aux Maldives il y avait aussi un gros potentiel biz pour le développement de la filière numérique franc comtoise…

  4. METHOT

    Je découvre ce jour votre article.
    Intéressant de voir que non seulement ces responsables voyagent dans de merveilleux pays aux frais de la princesse, mais qu’en plus ils cherchent des compétences très… délocalisées.
    On est loin des circuits courts, locaux, équitables…
    A suivre

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