Préambule : ce billet est une mise à jour d’un précédent billet publié le 11 novembre 2011. Mais comme les mauvaises habitudes de nos députés ont la vie dure… en voici une version actualisée.
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C’est une tradition. Un rite républicain. Chaque 11 novembre et chaque 8 mai – jours anniversaires de l’Armistice de 1918 et de la Victoire de 1945 – les officiels déposent une gerbe au pied des Monuments aux Morts de France.
À Besançon, comme ailleurs, ça se passe comme ça. Un petit bonus toutefois : nos députés se font symboliquement remettre la gerbe par un jeune avant de la déposer devant le Monument.
C’est un beau symbole n’est-ce pas ? À travers ce geste simple, c’est d’une certaine manière la jeunesse d’aujourd’hui qui confie aux représentants élus du Peuple français le soin de rendre hommage à ces hommes sacrifiés hier et que l’on dit « Morts pour la France ».
Les députés des deux circonscriptions de Besançon sont Françoise Branget (1e circonscription dite Besançon-Ouest) et Jacques Grosperrin (2e circonscription dite Besançon-Est).
Tous deux pointent à l’UMP. Mais le 11 novembre et le 8 mai, évidemment, ils représentent la Nation française dans son ensemble et sans considérations partisanes.
On conçoit aisément que nos députés ne confient pas l’honneur de « porter la gerbe » à n’importe qui. Ça doit sans doute se bousculer au portillon. Les honneurs attirent. Nos deux députés ont sans doute des critères exigeants pour désigner le plus méritant, l’élu.
Il pourrait s’agir par exemple :
– d’un jeune qui aurait effectué un acte remarquable tout à fait exceptionnel, genre qui aurait sauvé la vie d’une vieille dame tombée dans le Doubs ou rattrapé dans ses bras un bébé chutant d’un septième étage. Héroïsme.
– d’un jeune exemplaire qui aurait obtenu son bac scientifique à 15 ans avec une moyenne de 22/20 et tout ça en dépit d’une enfance difficile dans un « quartier défavorisé » (nappe de violons en fond sonore) ;
– d’un jeune écolier comme les autres, tout simplement. Il serait alors le représentant d’une génération encore insouciante mais déjà consciente de la nécessité de cet hommage rendu à nos ancêtres valeureux. Beau.
Alors, d’après-vous ? Pour quels critères nos deux députés bisontins ont-ils opté dans leur choix du porteur de gerbe de ce 8 mai 2012 ?
Françoise Branget et Jacques Grosperrin ont choisi Baptiste Serena, responsable départemental des Jeunes Pop du Doubs – le mouvement des jeunes (moins de 30 ans) de l’UMP.
Un jeune méritant donc, choisi pour services rendus à la Nation à l’UMP.
Et qui croyez-vous que nos deux députés avaient choisi le 11 novembre dernier et le 8 mai 2011, pour leur apporter la gerbe au pied du Monument aux Morts ?
Ne cherchez pas. La réponse est introuvable : Baptiste Serena, responsable départemental des Jeunes Pop du Doubs, qui est décidément friand de ce genre d’honneur.
Vous devez savoir qu’en mai 2011, Baptiste Serena s’était illustré par une bourde énorme commise dans un communiqué de presse mitterrandophobe qu’il avait publié sur le blog des Jeunes Pop du Doubs à l’occasion des 30 ans du 10 mai 1981. Une bourde qui concernait un autre armistice. Une bourde entrant douloureusement en résonance avec les commémorations de ce jour.
Voici pour mémoire la conclusion de ce communiqué mémorable :
(…) Aujourd’hui, nous ne souhaitons pas fêter l’échec de la France mais nous préférons en ce 10 mai 2011 célébrer les 240 ans du Traité de Francfort qui met fin à la guerre franco-allemande de 1871.
Hormis l’énorme faute de calcul (hé oui c’est 140 ans en fait), notre jeune Pop en chef ignorait visiblement que la guerre de 1871 s’était conclue par une défaite et par l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par l’Allemagne. Annexion qui constituera le terreau de Première Guerre Mondiale, rien que ça.
Autant d’éléments que le responsable des Jeunes Pop du Doubs préférait célébrer.
Une gaffe d’un bon goût tellement apprécié au sein de l’UMP locale qu’on lui aurait fait comprendre que l’effacement pur et simple de ce communiqué maladroit serait le bienvenu. Ce qui fut fait.
Si vous voulez en savoir plus sur cet épisode, tout est raconté dans ce billet très subjectif que j’ai commis en mai 2011 .
Espérons que le 11 novembre prochain, nos prochains députés (les élections sont en juin) auront la finesse d’esprit de laisser de côté les considérations partisanes lors du choix de « leur jeune », car il est question ici de moments symboliques à l’occasion desquelles les représentants de la Nation devraient savoir faire preuve d’un certain œcuménisme politique.
Nicolas Sarkozy et son successeur François Hollande ne l’ont-ils pas justement démontré en ce 8 mai 2012 ?