Panique dans l’industrie des avertisseurs de radars. La poule aux œufs d’or pourrait arrêter de pondre.
Le Gouvernement a tapé du point sur la table : il suffit ! Stop à l’hypocrisie ! Bannissons ces panneaux qui signalent la présence des radars fixes et surtout interdisons l’usage des avertisseurs de radars !
C’en est donc fini de cette étrange ambiguïté consistant à installer des radars pour contrôler la vitesse des automobilistes tout en leur permettant de savoir précisément où se trouvent ces empêcheurs de rouler en rond…
Le Coyote, cet ami qui vous veut du bien
Il n’en fallait pas plus pour déclencher un tollé chez les addicts des Coyote et autres snifeurs de radars. La peur du radar… la vraie… vous n’y pensez pas !?
Pourtant, personne pour avouer publiquement haut et fort :
« Je veux continuer à rouler vite tout en étant averti de l’endroit où se trouvent les radars afin de ralentir à leur proximité puis de rerouler vite après.«
Non, non… ça on le garde pour soi.
Les arguments sont moins égoïstes, plus édulcorés et bien emballés dans du papier de soi, de toi, de nous : on invoque le bien commun…
On jure ses grands dieux que ces avertisseurs sont de merveilleux auxiliaires de sécurité pour son permis à points et qu’ils contribuent grandement à la prévention routière.
Bref, un concours de mauvaise foi totalement décomplexée qui atteint des sommets dans la pétition mise en ligne par l’AFFTAC – l’Association Française des Fournisseurs et utilisateurs de Technologies d’Aide à la Conduite.
Cette association, spécialement créée pour l’occasion, regroupe en son sein les principaux professionnels du secteur : Inforad, Avertinoo, Wikango, Eco&Logic (depuis peu) et le plus connu d’entre eux, Coyote.
Voici la lettre / pétition que l’AFFTAC suggère à chacun de signer avant de l’adresser au Premier ministre :
Car c’est l’AFFTAC, le grand instigateur de cette révolte, et le moins que l’on puisse dire est que les professionnels de l’anti-radar tiennent à leur beefsteak !
Depuis la décision gouvernementale d’en finir avec leurs jolis joujoux, l’AFFTAC fait tout son possible pour mobiliser les automobilistes : pétition (voir ci-dessus), page Facebook et incitation insistante à « aimer » ladite page dès votre arrivée sur les sites afftac.fr , moncoyote.com , wikango.com …
Comment s’y prend le lobby des anti-radars
pour défendre son bout de gras ?
Pour faire « imagé », disons que l’AFFTAC endosse les uns sur les autres les costumes de quelques (super-)héros célèbres :
Robin des Bois : qui défend le brave paysan automobiliste contre l’Etat qui veut injustement lui soutirer son argent. Ici l’AFFNAC se veut le fer de lance de la désobéissance civile en appelant à des journées de protestation.
Robin des Bois diffuse aussi la liste des parlementaires soutenant la cause des avertisseurs de radars, histoire de pointer du doigt en négatif tous ceux qui ne le font pas.
Un parfait exemple de lobbying.
Superman : qui garantit la sécurité de la veuve et de l’orphelin et les protège de la présence des radars aléas de la route.
Hulk : discret et plutôt gentil à l’état normal mais qui peut s’énerver TRÈS FORT (et devenir tout vert) si l’on touche à ses petites affaires : « Vous allez voir ce que vous allez voir, les automobilistes ne se laisseront pas faire ! »
L’AFFTAC se drape dans des habits d’altruisme et de générosité. L’AFFTAC agit pour défendre votre liberté et votre sécurité.
Hé ! Ouvrez les yeux camarades automobilistes ! La réalité est toute autre : c’est l’AFFTAC qui a besoin de vous, de votre soutien, de vos signatures et de vos « j’aime ».
L’AFFTAC en a besoin pour défendre son fond de commerce.
A ce sujet avez vous remarqué qu’une lettre manque dans l’acronyme A.F.F.T.A.C. ?
Le U du mot « utilisateurs »… le seul mot qui est écrit sans majuscule d’ailleurs. Étonnant non ?
Et ça détecte les radars vous dites ?
Reprenons donc un par un les arguments employés dans cette « lettre au Premier ministre » afin de cerner ce qu’est l’avertisseur de radars idéal selon l’AFFTAC :
(les avertisseurs de radars) contribuent à assurer la sécurité sur les routes car ce sont de véritables assistants pour une conduite plus sûre.
Ces appareils permettent de maîtriser sa vitesse grâce à l’affichage permanent de la limitation à respecter, d’être prévenu des zones à risques et des aléas de la route en temps réel.
Pas faux et d’ailleurs mon GPS fait tout ça. C’est une fonction bien utile de connaître en permanence la vitesse maximale autorisée du tronçon routier sur lequel on circule. Il n’est pas rare qu’un panneau nous ait été caché par un autre véhicule lors d’un dépassement. Pas rare non plus que, par manque d’attention, nous ne sachions plus « si c’est 90 ou 110″…
Ils améliorent la vigilance de chaque conducteur en aidant à lutter contre les risques de somnolence grâce au signal sonore qu’ils émettent régulièrement.
Argument un peu tiré par les cheveux mais pourquoi pas. Si ça peut éviter à un automobiliste de s’endormir le pied au plancher tant mieux. Mon GPS fait ça.
Bilan : pour défendre la légalité de ses petites machines, l’AFFTAC met en avant l’utilité à des fins de sécurité, de fonctions déjà présentes sur tous les GPS. La fonction navigation en moins.
Donc quid des Coyote et consorts ? A quoi bon en posséder un si l’on dispose déjà d’un GPS ?
Pour être alerté en temps réel de la proximité des radars mobiles – vous dites ?
Non !!??? Mais… l’AFFTAC n’est pas au courant !?
En effet, il semble bien que dans sa défense des avertisseurs de radars, l’AFFTAC ait oublié de mettre en avant une fonctionnalité accessoire : la fonction « avertisseur de radars »…
Quelques arguments populaires entendus ici et là
Les radars c’est scandaleux ! Ça ne sert qu’à racketter les automobilistes. Ce qui est certain, c’est que l’amende financière touche là où ça fait mal : au porte-monnaie. En cela elle est dissuasive et c’est l’objectif.
Mais l’on ne peut pas ignorer qu’il s’agit aussi d’une sanction profondément injuste. À amende égale, le fortuné et le modeste ne sont pas également impactés. Le permis à points ne corrige pas entièrement cette injustice puisque la perte des points et leur récupération sont assorties de sanctions financières (amendes, coût du stage de récupération de points).
Il serait intelligent de réfléchir à des sanctions moins injustes et plus efficaces (travaux d’intérêt général ?)
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Je suis un professionnel de la route. J’y passe du temps et j’ai donc plus de risques d’être « piégé » et de perdre des points.
Juste une question : Si vous deviez être opéré, à qui confieriez-vous le scalpel ? À un boulanger ou à un chirurgien ? Au chirurgien je parie !
Pourtant c’est lui qui s’en sert le plus souvent de ce scalpel. Il a donc statistiquement plus de chance de commettre des erreurs que le boulanger non ? Eh bien non ! Évidemment ! Car le chirurgien est aussi celui qui le manie le mieux puisque c’est pour lui un outil de travail.
Alors pourquoi n’en serait-il pas de même avec les professionnels de la route ? Ils sont les plus expérimentés et les plus présents sur le bitume. Ils doivent être exemplaires dans leur conduite du fait que leur présence quotidienne sur la route, que leur comportement de conducteur s’imposent aux autres usagers.
L’argument : « je bosse sur la route donc je roule vite » n’est admissible que pour les conducteurs du SAMU. Pour les autres, c’est au choix de la mauvaise foi ou de la beauferie (ou les deux).
Par contre, il est évident que ce faire « radariser » à 51 km/h sur une portion limitée à 50km/h est proprement rageant. Sans doute serait-il souhaitable qu’en contre-partie de la disparition des pancartes et autres avertisseurs, une tolérance de quelques km/h soit instaurée.
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Je suis un conducteur expérimenté et mon véhicule est au top. Je ne prends pas de risques en conduisant vite.
Même en admettant l’infaillibilité du conducteur X, rien ne le protège de la réaction dangereuse du conducteur Y (priorité non respectée, véhicule qui se déporte…)
Dans ces circonstances, la vitesse aggravera toujours les risques d’accident et les conséquences matérielles et physiques qui en découleront.
Interdits ? Pour de vrai ?
Mouais… Je ne serais pas étonné que le Gouvernement recule d’une manière ou d’une autre. Que le Président Sarkozy finisse, grand seigneur, par accorder une contrepartie comme cela a déjà été fait avec l’assouplissement de la procédure de récupération des points… à voir.
Dans le cas où le lobby des coyotes & cie venait à remporter son bras de fer, espérons qu’un bidouilleur de génie saura détourner l’usage premier de ces appareils pour permettre aux autres automobilistes de se préserver de ceux qui en abusent.
I had a dream…
J’ai rêvé d’un détecteur d’avertisseurs de radars… ça ressemblait à ça :
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Afin d’avoir une multitude d’avis sur ce sujet de l’interdiction des avertisseurs de radars, j’ai posté cette question sur Twitter ce matin :
Voici la réponse que m’a adressé de manière spontanée et sincère le twittos bisontin GeryH (je partage totalement son point de vue) :
Moi je dis c’est le jeu ma pauv’Lucette.
Tu veux aller plus vite ? Arriver avant les autres ? Consommer plus ? Tu crois que tu as un temps de réaction beaucoup plus court que tout le monde ? Que ta voiture va freiner pour toi ? Tu crois que t’es aware ?
Bah tu acceptes les prunes si tu te fais prendre voilà. Certains voient ça comme une poule aux œufs d’or pour l’État, moi je vois ça comme un arbitre. Y’a des règles établies selon des stats de morts, de pollution, on les respecte et voilà.
Après on va me sortir un truc du genre : « et les règles de téléchargement ? tu respectes aussi ? » – oui oui biensur biensur 😀 comme tout le monde !
Sauf qu’il faut comparer ce qui est comparable, des règles sur la sécurité qui mettent en jeu la vie des gens, la santé, et les règles économiques…
Et là d’autres me diront : « et tu ne crois pas que c’est aussi une règle économique ces radars, trou de balle ? » – bah oui aussi, vu que les gens sont sensibles à leur porte-feuille, autant les titiller par là pour que cela soit percuté.
Attention à ne pas généraliser ces propos qui ne s’appliquent qu’à ce sujet 😀