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Besançon d’hier à demain… les pages qu’on tourne

J’aime que ma ville évolue. Mais j’aime surtout qu’elle l’assume et associe intelligemment ses habitants à ses mutations.
J’aime que Besançon ait des projets d’avenir ; que nos quartiers ne restent pas immuables. Mais j’aime aussi que l’on donne aux habitants la possibilité de « tourner la page » d’un passé dont on ne se déleste pas comme on le fait d’une paire de chaussures usagées.

Je ne suis ni pro ni anti-tram. Mais il est vrai que le sujet m’intéresse. En tant que blogueur, ce projet est une « mine d’or »… notamment de par la communication catastrophique qui le caractérise depuis le début.

Concernant les platanes du quai Veil Picard. J’ai parfaitement assimilé, depuis le vote du projet, qu’ils allaient disparaitre. Ce que j’ai cependant du mal à accepter c’est que l’on n’ait rien proposé aux Bisontins pour leur permettre de « faire leur deuil » de l’ancien quai. Que cela ait été fait « en douce » sans même communiquer la date de l’abattage et en en gardant le secret jusqu’à la dernière minute.
Vous savez, c’est la bonne vieille méthode de l’infirmière qui doit faire une piqure à un gosse douillet : elle parle d’autre chose, elle attend que l’enfant regarde ailleurs et paf ! Elle pique.
Mais bon sang ! Nous ne sommes pas des enfants.

Ces platanes étaient là depuis plus de cent ans. Ils appartenaient au quai. La Ville aurait pu organiser en amont une fête, un concours photo ou relever des témoignages d’habitants… Cette dame par exemple aurait eu tant de choses à dire sur son quai. Cela l’aurait aidée elle aussi à passer à autre chose.
Bien sûr qu’il y aurait eu de la nostalgie mais cela aurait donné l’occasion à chacun de dire « au revoir » dignement ; et pas seulement à des arbres mais aussi à un paysage familier, à un lieu chargé d’Histoire (la grande) et d’histoires (les petites).
Bref, on aurait pu vivre un moment symbolique et fort tous ensemble puis on aurait su regarder vers l’avenir. Sans regret et sans jeter nos souvenirs dans le Doubs pour autant.
L’Association Tambour Battant est d’ailleurs à l’origine d’une idée similaire qui devrait prochainement aboutir. Une fête pour « saluer » l’actuel pont Battant qui sera détruit au printemps…

Aujourd’hui ce que l’on a vu était bien différent : des agents de la ville tournant en toute discrétion dès 6h du matin pour installer des panneaux et des barrières avec comme consigne de ne surtout rien dire. Des policiers collant des PV sur des véhicules afin de les faire déguerpir au plus vite du quai. Bien sûr qu’on aurait pu installer dès la veille des panneaux pour prévenir mais… cela aurait appris aux curieux que c’était la veille du grand jour. Et le silence, le secret étaient de mise dans cette affaire. Pourquoi au fait cette paranoïa ?
Ensuite ce furent les bûcherons qui se mirent au travail, encore encadrés par quelques policiers au cas où les Bisontins, ces grands enfants, auraient eu l’idée de leur faire avaler leurs tronçonneuses.
Bilan de la journée : un coup de gomme sur l’ancien quai. Efficace, rationnel, organisé… pour le facteur humain, rien. Vous ne vouliez pas une cellule psychologique non plus hein ?
En définitive, encore un chouette coup de com’ bien réussi pour l’opération tramway qui n’en avait décidément pas besoin.

Malgré ça, je ne suis même pas un anti-tram. Juste un habitant peiné par cette manière de faire les choses. D’être pris pour un enfant par ces « grands » qui nous administrent et ne nous font pas confiance.
J’aime que Besançon change. Qu’elle sorte de sa carte postale. Qu’elle ne soit pas qu’une ville musée engoncée dans ses remparts, servie et resservie à la sauce Vauban-Victor-Hugo – jusqu’à la nausée.
J’ai juste envie qu’on réalise que les habitants de cette ville ont du coeur, des souvenirs, des attaches et que ça n’en fait pas des « conservateurs » pour autant. Qu’on leur donne envie de ce « demain ». Qu’ils n’aient pas sans cesse l’impression qu’on leur impose.

Photo Nico Greys

L’abattage des platanes du Quai Veil Picard a débuté ce lundi matin

Cette fois, c’est « pour de vrai » comme disent les gosses. Et comment on va leur expliquer aux gosses ?

L’abattage des platanes du quai Veil Picard a commencé ce lundi 23 janvier 2012 en début de matinée. Les tronçonneuses sont actuellement « à l’oeuvre » et il faudra sans doute quelques jours pour « tout faire disparaître ».

Finalement, il n’y aura eu aucun communiqué en amont en provenance du Grand Besançon ou de la Ville comme cela avait été notamment le cas en décembre dernier avec les peupliers de l’avenue François Mitterrand.
Non voyez-vous, avec les platanes, l’affaire était entendue : la population ne devait surtout pas savoir. Le sujet était classé sensible et afin de limiter au maximum les risques de fuites, très peu de personnes avaient été informées de la date du jour J.

A titre d’anecdote pathétique, il faut savoir que les élus écologistes bisontins ont été soigneusement tenus à l’écart. Y compris ceux qui – de par leurs fonctions d’adjoints – auraient dû être informés. Non non surtout pas eux, pas les écolos ! Vous pensez bien… Imaginez un peu qu’ils fassent appel à des activistes du genre à grimper dans les arbres et à s’y enchaîner… comme cela s’était notamment passé à Tours l’an dernier.

Il fallait absolument éviter cela. Alors a Besançon, on a décidé de l’a jouer « top secret ». Et aux grognons on opposera sans doute avec un soupçon de dédain qui va si bien à « celui qui sait » l’argument habituel qui doit tous nous consoler :

[quote]Le solde sera positif lorsque le tramway sera là. Il y aura plus d’arbres qu’avant, vous verrez.[/quote]

Chouette alors ! De quoi se plaint-on ?

[quote]Votre grand-mère est décédée ? Ah la la… mais vous savez que chaque jour il y a plus d’enfants qui naissent que de vieux qui meurent ? Allons, séchez vos larmes quoi. Le solde est positif puisqu’on vous le dit…[/quote]

Oui je sais j’exagère mais c’est comme ça : aujourd’hui je m’en cogne de vos statistiques car j’ai une boule là, dans la gorge. Il y a un temps pour tout. Pour l’instant c’est le temps de la mélancolie, de la tristesse de voir disparaître en quelques jours un paysage familier, des arbres complices, de l’ombre pour l’été.

Quant aux nouveaux arbres – la génération montante – on les attendra au moins deux ans et pendant ces deux années, le quai sera bien nu.

Une vidéo sur l’abattage filmée aujourd’hui et partagée par un internaute (merci à )

Quelques photos prises ce lundi et déposées sur Facebook par des internautes (les crédits sont sur chaque image).

Enfin quelques images de l’automne dernier le long du quai. Une vidéo pour se souvenir de nos 87 vieux compères quand ils étaient encore debout.

Pour compléter, je vous suggère vivement de lire ce magnifique texte qui m’a été confié ce vendredi soir : Juste quelques mètres

Juste quelques mètres

Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour vous parler d’une dame très âgée qui a toujours connu les arbres sur son quai, mais oui les fameux platanes qui l’ont accompagnée toute sa vie durant, bruissant de moineaux au printemps et qui depuis sa fenêtre constituent sa vue depuis plus de 80 ans.
Elle ne pèse pas grand chose dans ce projet, mais pour moi elle représente tout.

Ses platanes sous sa fenêtre l’ont accompagnée, ils ont salué les départs définitifs, les arrivées joyeuses des baptêmes et des mariages, les corbeilles pleines de beignets. Il fut un temps où sur les quais à la faveur des vrais étés, chacun tirait sa chaise sous les arbres, les dames sur leur ouvrage et les hommes lisant leur journal.
On discutait entre voisins, le quai ne connaissait pas alors cette satanée plaie automobile.

Cette dame a connu le tram, un tram d’une seule voie et le chien de la maison qui, invariablement se couchait sur les rails, houspillé par le watman qui n’hésitait pas à descendre de sa machine. Toute une époque révolue où les vrais orages zébraient l’été et agitaient les arbres…
Ces arbres constituent depuis le début de son temps, un rempart et un refuge, le défilement des saisons la mettant à l’abri des rumeurs de la ville. Tant d’oiseaux étourdis échappés des feuillages y ont trouvé refuge.

La perte de son environnement va accélérer le terme de sa vie, et je serai à ses côtés au moment de l’abattage des arbres, de peur qu’elle ne soit prise de faiblesse. Mais c’est une dame courageuse, qui a vécu son lot de drames et elle veut bien faire un bout de chemin encore et pourquoi pas elle me l’a dit, que sa vie lui permettre de faire un tour de ce fichu tram.

Mais je vois son regard quand elle suit les engins qui passent sous ses fenêtres « ils vont couper nos arbres, casser notre quai » et je sens qu’elle tremble en dedans, si fragile que promesses insensées me viennent, que oui malgré mon impuissance, je veux la protéger.

Ils disent que la voie entre la rue Marulaz et le pont Battant est trop étroite pour effectuer une replantation d’arbres, elle est cependant assez large pour faire passer deux trams, alors de grâce, quelques mètres encore s’il vous plait, juste quelques mètres, qu’après cette désolation et ce massacre de notre patrimoine, elle voit un tronc s’élever, des racines s’installer et un bouquet de feuilles nouvelles s’agiter dans le vent.


À propos de ce texte…

Ce texte que vous venez de lire n’est pas de moi. Il s’agit d’un commentaire laissé par une personne anonyme ce vendredi soir. Il m’a beaucoup touché. Je le trouve magnifiquement écrit et je remercie son auteur de me l’avoir confié.
Je l’ai pris comme un cadeau. De ce genre de cadeau que l’on se doit de partager. J’ai donc pensé que ces mots méritaient d’être lus de chacun… Je les ai juste illustrés de cette carte postale ancienne du quai Veil Picard.
J’adresse une pensée très affectueuse à cette dame qui a connu tant de saisons sur ce quai… Sur son quai.

L’abattage des platanes du quai Veil Picard commencera demain (mis à jour)

[quote]Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon coeur d’une langueur monotone.[/quote]

Je répète :

[quote]Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon coeur d’une langueur monotone.[/quote]

Une triste nouvelle nous arrive et j’ai pensé qu’avec ce vers de Paul Verlaine à la sauce 1944, ça passerait peut-être mieux.

A l’heure ou d’autres nous font rêver avec les noms des 19 futures rames du tramway, moi je vais faire le rabat-joie, l’oiseau de mauvais augure… désolé vraiment.

Mais voilà : C’est demain, mercredi 18 janvier, que l’abattage des 87 platanes centenaires du quai Veil Picard débutera.

L’information a été maintenue au plus grand secret… On craint visiblement que l’opération soit rendue délicate par la présence de Bisontins mécontents… Logique. Les tronçonneuses devraient démarrer très tôt ce mercredi matin et sans doute que l’accès au quai sera limité.

L’appel du 18 janvier

Je lance un appel (non je n’attendrai pas le 18 juin) à tous ceux qui sont disponibles et disposent de caméras, smartphones et autres appareils photos. Immortalisons cet événement. Vous pourrez également témoigner dans les commentaires de ce billet.

Si vous avez des photos et souhaitez les diffuser, vous pouvez me les faire parvenir ici : besacontin@gmail.com

Pensez également à faire tourner l’info autour de vous.

Pour ma part ce soir, j’irai réconforter Léon – le premier du quai et tenir compagnie à Camille et Claude. Je les laisserai ensuite à leur toute dernière nuit d’amour platanique.

Je les ai photographiés une dernière fois ce mardi soir. Mais je n’ai rien osé leur dire.

Mis à jour le mercredi 18 janvier à 13h30

Il ne s’est rien passé ce mercredi matin. Les informations que j’avais reçues provenaient pourtant de sources différentes et étaient concordantes.
Alors ? Ils ont changé la date au dernier moment parce que l’info qui ne devait pas fuiter a finalement fuité ??? Arf… non non, je n’en suis pas à ce stade de la mégalomanie paranoïaque. Alors ? Un mauvais coup du grand méchant bison pour « manipuler » les Bisontins ? Même pas. J’ai donné cette info en toute bonne fois. Elle me semblait fiable. J’étais d’ailleurs à 7h3à sur les lieux appareil photo en bandoulière… et il faisait froid je peux vous le dire.

Du côté de la CAGB (Grand Besançon), on affirme même qu’une communiqué de presse sera fait en temps et en heure pour annoncer le jour du début de l’abattage. Soit. On verra. Et si c’est vrai, c’est très bien que l’on assume cet abattage, qu’on ne le programme pas en catimini.
Cacher son imminence aux Bisontins serait très maladroit et en amplifierait évidemment l’impact négatif.

N’empêche qu’avant fin janvier, le bruit des tronçonneuses pourraient bien se faire entendre sur le quai Veil Picard. Profitez donc des platanes. Faites des photos tant qu’ils sont debout.

Réjouissances

Il parait que je critique trop et que la critique est facile. Soit. Je vais donc mettre à profit ce début d’année pour me réjouir haut et fort.

C’est vrai quoi, regardez ces Bisontins grognons qui se plaignent sans cesse de leur ville en chantier.
Ils ont trouvé un bouc émissaire bien confortable : le tramway.
Le pauvre. Même pas encore là pour se défendre et déjà affublé de tous les maux : le tram fait fuir les commerçants, il est trop onéreux, trop espagnol, pas suffisamment ornanais, trop bleu ou pas assez, son tracé ne passe pas où il faut et… à cause de lui – suprême outrage – on va couper les platanes du quai Veil Picard !

Or – voyez-vous – les Bisontins sont très attachés à ces 87 centenaires du bord du Doubs.
Alors pour calmer les excès platanophiles de ses administrés, le Maire de la ville a promis d’autres arbres. Des spécimens encore plus beaux et plus vigoureux. Mais rien n’y fait. L’abattage est imminent et la Boucle pleure déjà. Pathos.

PO-SI-TI-VEZ les gens !

Moins d’arbres ça veut dire moins d’ombre et donc plus de soleil ! On en manque non ?
Et puis ces arbres sont malades vous savez : un champignon les ronge de l’intérieur. Ils souffrent, c’est horrible. On ne va pas les abattre vous savez, on s’apprête juste à les euthanasier. Généreusement.

Et les allergies ! Comment vous ne saviez pas ? Le pollen de platane est un allergène TERRIFIANT ! Tout Besançon éternuait au printemps à cause de ces 87 mercenaires. Et ils nous offraient quoi en échange ? De vieux troncs même pas beaux à regarder. Tout tordus, avec des bosses, des trous. Pouah !

Non mais vous avez vu ces tronches ?

Non vraiment, sans regret, tronçonnons et réjouissons-nous ! Des copeaux ! Des copeaux !
Et zut quoi ! La place des arbres c’est à la campagne non ?

Ici c’est la ville ! Non mais !

Le jeu des 4 différences définitives

Cette semaine, il s’est passé quelque chose Quai Veil Picard à Besançon. En toute discrétion. Aussitôt fait, les traces ont effacées histoire que ça ne fasse pas trop causer.

Mais je n’en dirai pas plus… à vous de trouver les 4 différences entre ces deux photographies. Attention : je parle de 4 différences « définitives »

Si vous pensez avoir trouvé, voici pour vérifier un message posté sur Twitter ce lundi 28 novembre par un habitant du quai. Merci à @letramquaiveilp pour sa vigilance.

Déplacement de la statue du marquis : le sculpteur Pascal Coupot s’exprime

J’ai déjà publié plusieurs billets sur le sujet du déplacement annoncé de la statue du Marquis de Jouffroy d’Abbans. Vous trouverez chronologiquement un résumé de cette « affaire » ici, et encore là.
J’ai eu aussi un contact par email avec Pascal Coupot – le créateur de la statue – à qui j’avais proposé de s’exprimer sur le blog.
A ce jour, Pascal Coupot est toujours dans l’attente que les services de la mairie de Besançon prennent contact avec lui afin de le consulter sur la destination future de son oeuvre.
Il me transmet aujourd’hui ce texte que je publie en intégralité.

La vraie question du déplacement de la sculpture de JOUFFROY d’ ABBANS

L’important pour moi n’est pas la polémique avec la mairie dont je n’aurais que faire si je n’en étais l’otage.
L’important est que la sculpture continue de répondre à son concept. Je m’explique: cette oeuvre est l’aboutissement d’une réflexion et d’une démarche autour du personnage de JOUFFROY d’ ABBANS.

Au XIXe siècle, le lieu situé entre l’église de la Madeleine et le Pont Battant a été baptisé « Place Jouffroy d’ Abbans », en hommage à l’inventeur du bateau à vapeur. Une sculpture en bronze a été commandée à Charles GAUTHIER, installée sur un gros piédestal en pierre au centre de cette place.

En 1941, les Allemands ont déboulonné la sculpture puis l’ont refondue, ayant besoin d’alliage cuivreux pour leur armement. Disparue donc. La ville commanda à un autre sculpteur, Jean JEGOU, une nouvelle oeuvre, cette fois-ci en béton. Pour des raisons de traffic routier et rayon de braquage, etc..la place a disparu pour devenir un simple carrefour mais le lieu a gardé son nom et la seconde sculpture en béton sur le socle en pierre de la première a été installée au jardin des senteurs, quai de l’Helvétie, où elle se trouve toujours.

Les associations de quartier, riverains, commerçants, etc, désiraient la réimplantation de cette sculpture place Jouffroy, la ville avait presque donné son accord quand elle s’est rendue compte qu’il n’y avait pas la place pour l’y installer. C’est alors que j’ai proposé de réaliser une autre sculpture pour le prix estimé alors du seul déplacement de la sculpture en béton et de son socle.

Mon concept était le suivant: comme il n’y a pas de place sur la place, qui d’ailleurs n’existe plus, pour une sculpture, je la place sur le trottoir adjacent , c’est-à-dire quai Veil Picard. Il n’est bien sûr pas sur le trottoir pour faire le tapin, mais descendu volontairement de son piédestal pour devenir un piéton comme les autres parmi les Bisontins, le seul détail le différenciant étant le costume de son époque. Ainsi désacralisé, sur le même plan que ses semblables, les familiers du lieu se sont habitués à lui et comme vous l’ont adopté.

A cet endroit, il est devant sa plaque commémorative, plaque discrète qui en quelques mots nous le présente, mais pourtant son regard se perd au-delà du garde-corps, dans l’eau du Doubs, lieu de son invention où il laisse aller sa rêverie de visionnaire. De plus, placé comme il l’est, cet homme progressiste du siècle des Lumières tourne le dos à l’ église de la Madeleine, comme le faisait la première sculpture de sa représentation au centre de la place. Enfin, détail important: la sculpture a été conçue pour cet endroit précis et les pointes de ses souliers sont légèrement relevées afin de sembler se poser naturellement sur la pente du trottoir qui permet le ruissellement des eaux de pluie. Ailleurs, il aura les talons dans le vide ou le bout des pieds sous terre.

Une sculpture, c’est tout cela, ce n’est pas du mobilier urbain ! Un banc peut être mis à l’ombre s’il fait chaud puis déménagé au soleil si la saison se rafraîchit.

Une sculpture, c’est plutôt comme un suppositoire, si on se trompe d’endroit pour le mettre, on n’obtient pas du tout l’effet escompté et pourtant c’est toujours un suppositoire, mais il devient alors inutile voire indigeste …!

Par conséquent, cette sculpture, qui est parmi mes autres réalisations la plus connue, la plus reconnue, la plus publiée, photographiée et sans doute la plus aimée du public est ma carte de visite.
Elle m’a demandé pas moins de 1200 heures de travail pour un prix total qui ne couvrirait pas aujourd’hui le seul coût de fonderie. Je vous passe les détails de ce qu’un artiste peut s’entendre dire parfois, en conclusion je demande seulement à ce que ce Jouffroy ne ne soit pas baffoué, mais réinstallé après une vraie réflexion et recherche de ma part, en concertation avec la ville, comme d’ailleurs la loi l’impose.

Je vous remercie de votre soutien, à vous, aux Bisontins, aux internautes qui se sont sentis concernés pour que cette sculpture ne soit pas abandonnée au fond d’une cave pendant deux ans, mais c’est sa réinstallation définitive qui me préoccupe le plus. Sur le futur pont Battant, comme je l’ai lu quelque part, je ne sais pas, il me semble un peu prématuré, là encore, de l’annoncer sans vérifier que le lieu se révélera judicieux, ce qui reste mon domaine de compétence. En attendant le contact constructif des services de la ville.

Bien à vous,

Pascal COUPOT

Jouffroy d’Abbans en bonne voie pour éviter la geôle

Pré-générique : le regard d’un homme de bronze en plan serré.

Résumé succinct des deux précédents épisodes

Une statue de bronze très singulière, connue et appréciée des Bisontins.
Un tramway incompris à l’existence encore bien virtuelle.
Des travaux imminents qui feront entrer de plain-pied la réalité du tram dans notre quotidien.
Des platanes centenaires accusés d’avoir la rage rongés par de vils champignons et généreusement euthanasiés.
Un journal municipal qui avertit de l’imminence de tous ces bienfaits et signale – en bonus – le prochain déboulonnage de ladite statue.
Les réseaux sociaux qui s’en mêlent. Une page Facebook. Twitter. Maudit Web !
Le paternel sculpteur qui découvre le sort réservé à son oeuvre par ce biais et tombe des nues.
Un article dans la presse locale qui raconte tout ce que vous venez de lire…

Générique

Le lendemain…

France 3 Franche-Comté consacre un reportage à notre affaire. L’occasion de voir Pascal Coupot, le sculpteur, en personne et d’entendre sa réaction. Une discussion s’amorce en fin de reportage entre lui et le directeur du projet tram…

[iframe http://www.youtube.com/embed/nQggEueo1JY? 570 350]

France 3 Franche-Comté – JT 12/13 – 31 août 2011

La page Facebook – quant à elle – compte bientôt 200 aficionados du statuaire marquis. Ce n’est pas énorme mais ça a suffi à attirer l’attention de l’Est Républicain et de la municipalité …

Sur la méthode d’abord : un billet caustique mais plutôt bien vu…

Est Républicain du 31/08/20111

Sur le fond ensuite : un article écrit par Eric Barbier (comme celui de la veille) apporte des éléments en provenance de la Ville de Besançon et de son maire – Jean-Louis Fousseret.

Extraits :

[quote] Face à l’excitation de quelques internautes toujours prompts à chercher la petite bête, l’équipe municipale a revu sa copie. Jean-Louis Fousseret certifie dans un premier temps que le père du bronze, Pascal Coupot, « va bien être contacté.
(…) « on va appeler l’artiste pour indiquer notre démarche et le repositionnement de la statue. Et on le fera avec lui, c’est une évidence »[/quote]

Excités vous dites ? Ou peut-être juste « concernés » et sachant utiliser les outils du XXIe siècle pour se mobiliser et défendre une cause.
Une cause symbolique : de par son emplacement, cette statue est un peu le dernier arbre du quai et… le seul que l’on peut encore sauver. Elle en est assurément la plus vieille branche puisque Jouffroy aura 260 ans le 30 septembre prochain.
N’empêche. Chacun sera rassuré d’apprendre que la Ville n’a pas « oublié de consulter le sculpteur » – contrairement à ce que je titrais dans le billet précédent. La Ville a juste omis de le faire AVANT de sceller le sort de la statue dans le BVV…
En substance : « le BVV est parti tout seul »… mais il est encore temps de rattraper le coup. Et tant mieux.

[quote] Aucune certitude pour l’instant sur l’avenir à court terme du marquis. « Il a peut-être été envisagé à un moment de la mettre dans les caves mais c’est impossible. On va essayer de voir où on peut la mettre pendant les travaux », explique Jean-Louis Fousseret. « Peut-être de l’autre côté du pont, on va voir ». [/quote]

En voilà une bonne nouvelle ! Merci Monsieur le Maire d’avoir su écouter et de vous montrer attentif à l’attachement que les Bisontins portent à cette statue.

[quote]« Notre leitmotiv, c’est informer », martèle le premier édile de Besançon qui se refuse de répondre aux pages Facebook publiées par « des anonymes.[/quote]

Pan ! Pour le bison ! L’anonymat… ma pathétique facette « Superman mégalo ». Je sais, je sais c’est mal, c’est lâche, c’est couard… mais voyez-vous : qui irait voir Clark Kent au cinéma ? Mégalo je vous dis.
Mais revenons un peu aux « amoureux du marquis ». Ceux qui se sont inscrits sur la page Facebook. Ils ne sont pas anonymes – eux – et ils commencent à être nombreux. Espérons toutefois qu’ils sauront redevenir anonymes – en 2014 – dans le secret de l’isoloir.

[quote]Ce que ça montre aussi, c’est que cette œuvre est très prisée, autant que le Victor Hugo de l’esplanade de la mairie ».[/quote]

Question de goût mais oui, le marquis ne laisse personne indifférent.

En clair, les choses semblent évoluer dans le bon sens. Espérons que la Ville de Besançon et Pascal Coupot trouveront un lieu approprié à l’installation temporaire du marquis durant les travaux.

Et l’Est Républicain d’ajouter :

[quote]Les bonnes idées sont les bienvenues pour que les travaux du tram ne marchent pas sur les pieds du grand homme et que celui-ci continue à conserver son pouvoir d’attraction sur les citadins et les touristes.[/quote]
Alors ça, les internautes n’ont pas attendu qu’on leur suggère et certains (j’en fais d’ailleurs partie) s’en sont donnés à coeur joie. Donnant libre cours à leur imagination débridée pour imaginer le futur emplacement de la statue du marquis Jouffroy d’Abbans.

Petite sélection

Mise en garde : quelques images sont très légèrement retouchées et certaines contiennent même de l’humour

maître-nageur à la piscine La Fayette (par @Yvestan)

Fontainier (par @GeryH)

Bouliste (par JM.Blondeau)

Girouette

Homme-fontaine (par @GeryH)

Politiquement (in)correct (par Dreamin kate)

Aux manettes du tram ! (par @GeryH)

L'endroit idéal pour admirer le tram…(par JM.Blondeau)

Quelques « détournements » en bonus

Abbey road (par JM.Blondeau)

Il faut sauver le soldat Jouffroy

Sauvez marquis

Envie de proposer d’autres montage photo avec le marquis ? Vous pouvez télécharger le fichier contenant l’image de la statue détourée en cliquant ici (fichier PSD – format Photoshop)

Vous pourrez ensuite poster vos images en vous inscrivant sur la page Facebook ci-dessous.


Statue du marquis déplacée : la Ville de Besançon a « oublié » de consulter le sculpteur

Dans le billet précédent, il était question du début des travaux du tramway sur le quai Veil-Picard dès l’automne 2011, de la fin des platanes centenaires bientôt tronçonnés et d’un dommage collatéral inattendu : la disparition de la statue du marquis Jouffroy d’Abbans.

L’oeuvre sera en effet remisée dans un sous-sol durant les deux ans de travaux annoncés puis réinstallée sur le futur nouveau pont Battant.
L’annonce en a été faite dans le BVV du mois de septembre (voir ci contre).

Je me suis personnellement ému sur ce blog de « la mise au placard » du marquis et j’ai créé une page Facebook pour réunir tous ceux qui le souhaitent (Bisontins et non Bisontins) autour d’une idée simple : demander à la Ville de Besançon de faire son possible pour que la statue trouve temporairement place dans autre lieu de la ville… mais pas dans une cave.


L’avis du créateur de la statue du marquis

Il restait à recueillir la réaction de celui qui – à l’évidence – est le premier concerné : le « père » du marquis – le sculpteur Pascal Coupot.

C’est Fabrice Barbier, reporter-photo-vidéo-presse de profession, qui l’a contacté par téléphone. Qu’il en soit remercié. Voici la synthèse qu’il a fait de cet entretien.

Contacté hier soir (samedi 27 août), Pascal Coupot s’est étonné de cette annonce de «déboulonnage» de son oeuvre qui trône sur le Quai depuis 1998. C’est avant tout une question de principe, car ce dernier n’a pas été contacté par les services de la municipalité avant cette annonce dans le BVV.
Rappelons que l’artiste a un droit moral sur son oeuvre, de son vivant et après sa mort pour ses ayant-droits. Donc P. Coupot se devait d’être prévenu de ces projets municipaux.
Par ailleurs, ce dernier précise que cette oeuvre commandée fut conçue pour être placée à son emplacement actuel, donc pas question dans le futur de la fixer à n’importe quel lieu dans la boucle. Il y a un respect de l’oeuvre et de l’artiste à avoir.
Dans le projet final «tram» la statue devra reprendre sa place actuelle Quai Vieil Picard, et non pas aller se balader sur le futur pont Battant sans son aval.
Concernant le stockage de la statue dans le sous-sol de l’église de la Madeleine, Pascal Coupot regrette que cet emblème touristique disparaisse de la vue des visiteurs.
Lorsque nous lui suggérons d’implanter Jouffroy au milieu du quai de Strasbourg, il reste dans l’interrogation : Pourquoi pas, mais il faut que je réfléchisse, il y a des problèmes techniques à ne pas oublier. Pour toute décision l’artiste demande à la municipalité de Besançon de bien vouloir le contacter rapidement.

Grosse bourde donc : sceller le sort d’une statue et l’annoncer sans avoir préalablement consulter l’artiste…
Cette omission ne pose pas problème qu’au niveau « diplomatique » mais également dans le champ juridique puisque l’artiste a un droit moral sur son oeuvre, de son vivant et après sa mort pour ses ayant-droits… Aucun changement de destination ou de mise en scène de l’oeuvre ne peut être décidé sans son accord.

Il serait donc temps que la ville contacte Pascal Coupot pour discuter avec lui du sort de notre cher marquis.

Notons que le sculpteur n’est pas opposé par principe à l’installation temporaire de la statue dans un autre lieu de Besançon ; pour peu que cela se fasse avec son accord et que les contraintes techniques le permettent.

A suivre donc… et n’oubliez pas, vous avez aussi votre mot à dire. Pensez à « aimer » cette page Facebook et à la faire tourner.
Bisontins comme non Bisontins – ceci concerne tous ceux qui ont croisé un jour cette statue si singulière.