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Six heures moins le quart

Cher Bison Teint,
voilà bientôt neuf années que je suis boulonné là, devant la mairie de ta ville.
Neuf années que je partage mon temps entre la consultation de ma montre et la contemplation de tes concitoyens qui passent et s’arrêtent parfois devant moi.
Durant ces neuf années — vois-tu — j’ai eu le temps de vous observer et de discerner deux choses qui vous rendent particulièrement fiers et dont tout Besançon s’enorgueillit : votre passé horloger et ma naissance en vos murs.

Seulement voilà l’ami, la fierté ça se mérite et la réputation ça s’entretient.
Alors s’il-te-plaît, dis leur de m’envoyer un horloger et qu’il me répare enfin cette p*** de montre qui affiche SIX HEURES MOINS DIX depuis neuf ans !

Sinon, je pourrais bien raconter aux touristes qu’en vérité je suis né… à Dijon.

Bien à toi
Vic

Retour de la statue du marquis de Jouffroy d’Abbans

Matinal le marquis. Les employés de la ville aussi. La statue a été réinstallée dès 5h30 du matin ce mardi 6 mars.
Voici donc le plus photographié des Bisontins en villégiature — le temps des travaux du tram — sur le quai de Strasbourg. Il se trouve quelques mètres de son emplacement original (voir la vidéo). Dans deux ans, il trouvera une place définitive.
Sur le nouveau pont Battant ? Pas gagné. La papa du marquis — le sculpteur Pascal Coupot — devra pour cela donner son accord.

Faut dire qu’il a eu chaud le marquis. Il a bien failli passer deux ans au fond d’une cave. Rappel ici et des épisodes précédents.

Heureusement, le charme du charismatique marquis, semble n’avoir pas souffert de ce petit déménagement :

À lire sur le Net

VIDEO La déesse Flore s’envole… mais reviendra

La statue de la déesse Flore a été démontée tôt jeudi matin de son piédestal par les services de la ville de Besançon. Le travail a ét été parait-il laborieux car la demoiselle (128 ans tout de même) était bien fixée.

Elle part pour quelques temps dans un atelier d’Ornans pour refaire sa patine. Elle devrait ensuite être réinstallée provisoirement, le temps des travaux du tramway, dans un lieu non encore déterminé (Micaud ? place de la Liberté ?). Elle retrouvera enfin la place Flore.

Le démontage a été filmé par un généreux vidéaste amateur. Voici sa vidéo.

Cette statue a été créée en 1884 par le sculpteur Just Becquet qui l’installa sur la fontaine Flore. Cette fontaine ayant été démontée en 1950. La statue disparut jusqu’à sa réinstallation au cœur de la place Flore en 1999. Vous trouverez beaucoup d’informations sur le blog « Humeurs des Chaprais ».

Dans cette vidéo du site tourismepatrimoine.tv, Jean-Claude Goudot (Association des Chaprais) parle de la statue et des aménagements de la place Flore d’hier et d’aujourd’hui.

A bientôt jolie déesse…

Et la marquis ? La statue du Marquis devrait être prochainement déplacée elle aussi. Direction le quai de Strasbourg où elle trouvera un emplacement temporaire le temps des travaux du tram.

Les Bisontins seront sans doute satisfaits que ces personnages attachants ne soient pas remisés dans le sous-sol de l’église de la Madeleine durant plusieurs années…

Déplacement de la statue du marquis : le sculpteur Pascal Coupot s’exprime

J’ai déjà publié plusieurs billets sur le sujet du déplacement annoncé de la statue du Marquis de Jouffroy d’Abbans. Vous trouverez chronologiquement un résumé de cette « affaire » ici, et encore là.
J’ai eu aussi un contact par email avec Pascal Coupot – le créateur de la statue – à qui j’avais proposé de s’exprimer sur le blog.
A ce jour, Pascal Coupot est toujours dans l’attente que les services de la mairie de Besançon prennent contact avec lui afin de le consulter sur la destination future de son oeuvre.
Il me transmet aujourd’hui ce texte que je publie en intégralité.

La vraie question du déplacement de la sculpture de JOUFFROY d’ ABBANS

L’important pour moi n’est pas la polémique avec la mairie dont je n’aurais que faire si je n’en étais l’otage.
L’important est que la sculpture continue de répondre à son concept. Je m’explique: cette oeuvre est l’aboutissement d’une réflexion et d’une démarche autour du personnage de JOUFFROY d’ ABBANS.

Au XIXe siècle, le lieu situé entre l’église de la Madeleine et le Pont Battant a été baptisé « Place Jouffroy d’ Abbans », en hommage à l’inventeur du bateau à vapeur. Une sculpture en bronze a été commandée à Charles GAUTHIER, installée sur un gros piédestal en pierre au centre de cette place.

En 1941, les Allemands ont déboulonné la sculpture puis l’ont refondue, ayant besoin d’alliage cuivreux pour leur armement. Disparue donc. La ville commanda à un autre sculpteur, Jean JEGOU, une nouvelle oeuvre, cette fois-ci en béton. Pour des raisons de traffic routier et rayon de braquage, etc..la place a disparu pour devenir un simple carrefour mais le lieu a gardé son nom et la seconde sculpture en béton sur le socle en pierre de la première a été installée au jardin des senteurs, quai de l’Helvétie, où elle se trouve toujours.

Les associations de quartier, riverains, commerçants, etc, désiraient la réimplantation de cette sculpture place Jouffroy, la ville avait presque donné son accord quand elle s’est rendue compte qu’il n’y avait pas la place pour l’y installer. C’est alors que j’ai proposé de réaliser une autre sculpture pour le prix estimé alors du seul déplacement de la sculpture en béton et de son socle.

Mon concept était le suivant: comme il n’y a pas de place sur la place, qui d’ailleurs n’existe plus, pour une sculpture, je la place sur le trottoir adjacent , c’est-à-dire quai Veil Picard. Il n’est bien sûr pas sur le trottoir pour faire le tapin, mais descendu volontairement de son piédestal pour devenir un piéton comme les autres parmi les Bisontins, le seul détail le différenciant étant le costume de son époque. Ainsi désacralisé, sur le même plan que ses semblables, les familiers du lieu se sont habitués à lui et comme vous l’ont adopté.

A cet endroit, il est devant sa plaque commémorative, plaque discrète qui en quelques mots nous le présente, mais pourtant son regard se perd au-delà du garde-corps, dans l’eau du Doubs, lieu de son invention où il laisse aller sa rêverie de visionnaire. De plus, placé comme il l’est, cet homme progressiste du siècle des Lumières tourne le dos à l’ église de la Madeleine, comme le faisait la première sculpture de sa représentation au centre de la place. Enfin, détail important: la sculpture a été conçue pour cet endroit précis et les pointes de ses souliers sont légèrement relevées afin de sembler se poser naturellement sur la pente du trottoir qui permet le ruissellement des eaux de pluie. Ailleurs, il aura les talons dans le vide ou le bout des pieds sous terre.

Une sculpture, c’est tout cela, ce n’est pas du mobilier urbain ! Un banc peut être mis à l’ombre s’il fait chaud puis déménagé au soleil si la saison se rafraîchit.

Une sculpture, c’est plutôt comme un suppositoire, si on se trompe d’endroit pour le mettre, on n’obtient pas du tout l’effet escompté et pourtant c’est toujours un suppositoire, mais il devient alors inutile voire indigeste …!

Par conséquent, cette sculpture, qui est parmi mes autres réalisations la plus connue, la plus reconnue, la plus publiée, photographiée et sans doute la plus aimée du public est ma carte de visite.
Elle m’a demandé pas moins de 1200 heures de travail pour un prix total qui ne couvrirait pas aujourd’hui le seul coût de fonderie. Je vous passe les détails de ce qu’un artiste peut s’entendre dire parfois, en conclusion je demande seulement à ce que ce Jouffroy ne ne soit pas baffoué, mais réinstallé après une vraie réflexion et recherche de ma part, en concertation avec la ville, comme d’ailleurs la loi l’impose.

Je vous remercie de votre soutien, à vous, aux Bisontins, aux internautes qui se sont sentis concernés pour que cette sculpture ne soit pas abandonnée au fond d’une cave pendant deux ans, mais c’est sa réinstallation définitive qui me préoccupe le plus. Sur le futur pont Battant, comme je l’ai lu quelque part, je ne sais pas, il me semble un peu prématuré, là encore, de l’annoncer sans vérifier que le lieu se révélera judicieux, ce qui reste mon domaine de compétence. En attendant le contact constructif des services de la ville.

Bien à vous,

Pascal COUPOT

Victor, il faut qu’on parle

« Victor, il faut qu’on parle. »

Voilà une entrée en matière qui devrait lui couper la chique à l’écrivain.
Faut dire que les formules pompeuses et les courbettes, notre illustrissime n’en a que trop soupé de son vivant.
Une désaccoutumance s’impose. Donc : privé de “Monsieur Hugo”. Voilà.
Lui donner du “Victor” est une bien meilleure idée. Juste ce qu’il faut de familiarité pour le prendre par surprise et attirer son attention.
Une tactique, une ruse. Un coup à lui déboulonner le piédestal.
À lui faire prendre l’humilité.

« Victor, il faut qu’on parle. De Bisontin à Bisontin. Tu dois savoir ce qui se passe ici et qui risque d’empirer bientôt. »

À Besançon, Victor Hugo c’est un peu notre mistral à nous.
Impossible d’arpenter la ville sans que son souffle légendaire vous attrape et s’incruste.

Victor est partout – représenté, emprunté, cité, vanté, détournée, jeudemotisé, revendiqué, commémoré, exposé, statufié, embusté, moulé, commercialisé.
Il est multiforme : restaurant, cinéma, chocolat, résidence, agence immobilière, montre de luxe, gâteau, collège, lycée et bientôt rame de tramway.

C’est au pied de la Porte Noire – à l’endroit où la ville devient haute – que l’on trouve l’épicentre de ce culte hugolien.
On trouve là la maison natale du grand homme.

Héberger dans notre ville la maison natale d’un personnage de cette trempe – ne boudons pas notre plaisir – c’est épatant. Profitons-en.
Devenons petite souris et observons l’effet “Victor Hugo est né à Besançon. Victor Hugo was born in Besançon. Victor Hugo kam in Besançon zur Welt. Victor Hugo nació en Besançon. 维克多雨果出生在贝桑松 … ” :

Voici un touriste. Celui-ci fait étape devant le numéro 140 de la Grande rue. Il contemple l’illustre bâtisse, ému et l’œil humide. Notre homme questionne un autochtone :

[quote]

touriste (excité) — C’est donc là que Victor Hugo a écrit les Misérables ?

Bisontin (amusé) — Euh, non

touriste (naïf) — Et Notre-Dame de Paris ?

Bisontin (blasé) — Non plus

touriste (perplexe) La Légende des siècles alors ?

Bisontin (lassé) — Du tout non

touriste (perturbé) — Alors il a écrit quoi ici ?

Bisontin (cinglant) — Rien

touriste (désappointé) — Il y a fait quoi alors ?

Bisontin (agacé) — Il y est né

touriste (déçu) — C’est tout ?

Bisontin (goguenard) — Non, non. Il y a tété aussi.

touriste (dépité) — Ah.[/quote]

« Alors Victor ? Des souvenirs de cette maison ? Non, n’est-ce pas ? »

Comment lui en vouloir ?
Naissance, premier cri, premiers langes et déjà – à l’âge de six semaines – le départ définitif.

Alors quoi de bisontin chez Victor hormis son acte de naissance ? Des racines comtoises peut-être ?

Que nenni : maman Hugo était nantaise et papa, nancéien. Ce dernier – militaire de carrière – était en garnison à Besançon depuis six mois lorsque le petit Victor naquit le 26 février 1802.

Un rapide calcul nous laisse d’ailleurs entrevoir que les parents Hugo n’étaient pas encore installés à Besançon lorsqu’ils réservèrent une cigogne pour février 1902. Mais respectons l’intimité des familles illustres…

Victor Hugo aura donc traversé le ciel de Besançon comme une étoile filante… pffffffffuit !

Cela n’empêcha pas les édiles bisontins d’en faire des tonnes : Besançon, terreau du génie hugolien et bla bla bla.
En vérité, la ville fut l’humble berceau d’un enfant prodige qui ne revint jamais.
Le poète-romancier-politicien (etc) que l’on célèbre dans notre ville – cet homme-là s’est construit bien loin d’ici : à Paris, en Espagne et en diverses terres d’exils.

Le pompon d’or de l’hugolatrie locale revient sans conteste à cette statue qui trône Promenade Granvelle depuis 1902. Elle fut sculptée à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain.

L’œuvre aurait donc pu ressembler à quelque chose comme ça. ➜
Mais non. On demanda à Just Becquet – le sculpteur – quelque chose de grand, de majestueux afin de célébrer dignement la superbe de notre glorieux natif.

L’artiste ne fit pas dans la demi-mesure.
← Il commit cela.

Du second degré vous dites ? Si seulement.
L’humour est le grand absent de la relation crispée entre Victor Hugo et Besançon. Trop de sérieux dans cette affaire.

« Pourtant Victor, en voyant cette (hi hi hi) statue, on peut se demander si les Bisontins de 1902 – supposés reconnaissants – ne te vouaient pas plutôt une sourde rancune. Qu’en penses-tu ? »

A la vérité, ils auraient bien fait  – nos taquins ancêtres – de lui régler son compte au Totor avec cette statue grotesque. Car le passif était de taille.

Explication : en 1831, Victor Hugo publie Les Feuilles d’automne – un recueil de poèmes.
L’un d’eux en particulier restera célèbre. L’auteur y évoque sa naissance ainsi que sa ville natale.
Ce sera la seule et unique fois… et il aurait mieux fait de s’abstenir.

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi.

Ah ! Le coup de « Besançon vieille ville espagnole » ! C’était aussi petit qu’historiquement faux.

« ¿Todo está bien en tu cabeza Victor?
Qu’est-ce qui t’est passé par la tête pour pondre une énormité pareille ? »

Le pire c’est que ça reste ce genre de citation. Ça imprime la mémoire collective – et bien au-delà de la Boucle du Doubs.
Et tout ça à cause d’une rime en -ole.

« Alors ? Tous ces touristes qui sillonnent la rue d’Arènes en quête de corridas et de tapas, c’est toi qui leur explique Victor ? »

N’empêche : pas si rancuniers les Bisontins car l‘hugolatrie revient ! Une nouvelle crise semble même imminente et les premiers symptômes sont observables sur le site Web de la Fédération nationale des maisons d’écrivain & des patrimoines littéraires

« Figure-toi qu’en 2013, ta maison natale deviendra « Maison d’écrivain ». Un lieu entièrement consacré à ta mémoire. »

Et pourquoi pas plutôt une « crèche Victor Hugo » ? En plus d’être utile ce serait un hommage rafraîchissant rendu à notre illustre nouveau-né. Non ?

Un soupçon d’autodérision serait en outre salvateur. Il apporterait un peu d’air frais. Juste un souffle de vent pour chasser cette lourde poussière muséale qui a fini par recouvrir l’enfant curieux et le jeune homme ambitieux que Victor Hugo a été. Je parie qu’il souriait quand il était enfant.

« Aller Victor, on passe l’éponge. Je t’offre un vers ! C’est un certain Maxime qui l’a écrit. C’est de circonstance je crois : »


[quote]Être né quelque part. Pour celui qui est né. C’est toujours un hasard.[/quote]



Pour aller plus loin

Voici une authentique anecdote relatée dans le Gaulois du 15 janvier 1896 (n°5183) consultable sur Gallica.
Visiblement, on n’a pas attendu le 21ème siècle pour trouver des Bisontins grognons un poil iconoclastes.


Jouffroy d’Abbans en bonne voie pour éviter la geôle

Pré-générique : le regard d’un homme de bronze en plan serré.

Résumé succinct des deux précédents épisodes

Une statue de bronze très singulière, connue et appréciée des Bisontins.
Un tramway incompris à l’existence encore bien virtuelle.
Des travaux imminents qui feront entrer de plain-pied la réalité du tram dans notre quotidien.
Des platanes centenaires accusés d’avoir la rage rongés par de vils champignons et généreusement euthanasiés.
Un journal municipal qui avertit de l’imminence de tous ces bienfaits et signale – en bonus – le prochain déboulonnage de ladite statue.
Les réseaux sociaux qui s’en mêlent. Une page Facebook. Twitter. Maudit Web !
Le paternel sculpteur qui découvre le sort réservé à son oeuvre par ce biais et tombe des nues.
Un article dans la presse locale qui raconte tout ce que vous venez de lire…

Générique

Le lendemain…

France 3 Franche-Comté consacre un reportage à notre affaire. L’occasion de voir Pascal Coupot, le sculpteur, en personne et d’entendre sa réaction. Une discussion s’amorce en fin de reportage entre lui et le directeur du projet tram…

[iframe http://www.youtube.com/embed/nQggEueo1JY? 570 350]

France 3 Franche-Comté – JT 12/13 – 31 août 2011

La page Facebook – quant à elle – compte bientôt 200 aficionados du statuaire marquis. Ce n’est pas énorme mais ça a suffi à attirer l’attention de l’Est Républicain et de la municipalité …

Sur la méthode d’abord : un billet caustique mais plutôt bien vu…

Est Républicain du 31/08/20111

Sur le fond ensuite : un article écrit par Eric Barbier (comme celui de la veille) apporte des éléments en provenance de la Ville de Besançon et de son maire – Jean-Louis Fousseret.

Extraits :

[quote] Face à l’excitation de quelques internautes toujours prompts à chercher la petite bête, l’équipe municipale a revu sa copie. Jean-Louis Fousseret certifie dans un premier temps que le père du bronze, Pascal Coupot, « va bien être contacté.
(…) « on va appeler l’artiste pour indiquer notre démarche et le repositionnement de la statue. Et on le fera avec lui, c’est une évidence »[/quote]

Excités vous dites ? Ou peut-être juste « concernés » et sachant utiliser les outils du XXIe siècle pour se mobiliser et défendre une cause.
Une cause symbolique : de par son emplacement, cette statue est un peu le dernier arbre du quai et… le seul que l’on peut encore sauver. Elle en est assurément la plus vieille branche puisque Jouffroy aura 260 ans le 30 septembre prochain.
N’empêche. Chacun sera rassuré d’apprendre que la Ville n’a pas « oublié de consulter le sculpteur » – contrairement à ce que je titrais dans le billet précédent. La Ville a juste omis de le faire AVANT de sceller le sort de la statue dans le BVV…
En substance : « le BVV est parti tout seul »… mais il est encore temps de rattraper le coup. Et tant mieux.

[quote] Aucune certitude pour l’instant sur l’avenir à court terme du marquis. « Il a peut-être été envisagé à un moment de la mettre dans les caves mais c’est impossible. On va essayer de voir où on peut la mettre pendant les travaux », explique Jean-Louis Fousseret. « Peut-être de l’autre côté du pont, on va voir ». [/quote]

En voilà une bonne nouvelle ! Merci Monsieur le Maire d’avoir su écouter et de vous montrer attentif à l’attachement que les Bisontins portent à cette statue.

[quote]« Notre leitmotiv, c’est informer », martèle le premier édile de Besançon qui se refuse de répondre aux pages Facebook publiées par « des anonymes.[/quote]

Pan ! Pour le bison ! L’anonymat… ma pathétique facette « Superman mégalo ». Je sais, je sais c’est mal, c’est lâche, c’est couard… mais voyez-vous : qui irait voir Clark Kent au cinéma ? Mégalo je vous dis.
Mais revenons un peu aux « amoureux du marquis ». Ceux qui se sont inscrits sur la page Facebook. Ils ne sont pas anonymes – eux – et ils commencent à être nombreux. Espérons toutefois qu’ils sauront redevenir anonymes – en 2014 – dans le secret de l’isoloir.

[quote]Ce que ça montre aussi, c’est que cette œuvre est très prisée, autant que le Victor Hugo de l’esplanade de la mairie ».[/quote]

Question de goût mais oui, le marquis ne laisse personne indifférent.

En clair, les choses semblent évoluer dans le bon sens. Espérons que la Ville de Besançon et Pascal Coupot trouveront un lieu approprié à l’installation temporaire du marquis durant les travaux.

Et l’Est Républicain d’ajouter :

[quote]Les bonnes idées sont les bienvenues pour que les travaux du tram ne marchent pas sur les pieds du grand homme et que celui-ci continue à conserver son pouvoir d’attraction sur les citadins et les touristes.[/quote]
Alors ça, les internautes n’ont pas attendu qu’on leur suggère et certains (j’en fais d’ailleurs partie) s’en sont donnés à coeur joie. Donnant libre cours à leur imagination débridée pour imaginer le futur emplacement de la statue du marquis Jouffroy d’Abbans.

Petite sélection

Mise en garde : quelques images sont très légèrement retouchées et certaines contiennent même de l’humour

maître-nageur à la piscine La Fayette (par @Yvestan)

Fontainier (par @GeryH)

Bouliste (par JM.Blondeau)

Girouette

Homme-fontaine (par @GeryH)

Politiquement (in)correct (par Dreamin kate)

Aux manettes du tram ! (par @GeryH)

L'endroit idéal pour admirer le tram…(par JM.Blondeau)

Quelques « détournements » en bonus

Abbey road (par JM.Blondeau)

Il faut sauver le soldat Jouffroy

Sauvez marquis

Envie de proposer d’autres montage photo avec le marquis ? Vous pouvez télécharger le fichier contenant l’image de la statue détourée en cliquant ici (fichier PSD – format Photoshop)

Vous pourrez ensuite poster vos images en vous inscrivant sur la page Facebook ci-dessous.


Statue du marquis déplacée : la Ville de Besançon a « oublié » de consulter le sculpteur

Dans le billet précédent, il était question du début des travaux du tramway sur le quai Veil-Picard dès l’automne 2011, de la fin des platanes centenaires bientôt tronçonnés et d’un dommage collatéral inattendu : la disparition de la statue du marquis Jouffroy d’Abbans.

L’oeuvre sera en effet remisée dans un sous-sol durant les deux ans de travaux annoncés puis réinstallée sur le futur nouveau pont Battant.
L’annonce en a été faite dans le BVV du mois de septembre (voir ci contre).

Je me suis personnellement ému sur ce blog de « la mise au placard » du marquis et j’ai créé une page Facebook pour réunir tous ceux qui le souhaitent (Bisontins et non Bisontins) autour d’une idée simple : demander à la Ville de Besançon de faire son possible pour que la statue trouve temporairement place dans autre lieu de la ville… mais pas dans une cave.


L’avis du créateur de la statue du marquis

Il restait à recueillir la réaction de celui qui – à l’évidence – est le premier concerné : le « père » du marquis – le sculpteur Pascal Coupot.

C’est Fabrice Barbier, reporter-photo-vidéo-presse de profession, qui l’a contacté par téléphone. Qu’il en soit remercié. Voici la synthèse qu’il a fait de cet entretien.

Contacté hier soir (samedi 27 août), Pascal Coupot s’est étonné de cette annonce de «déboulonnage» de son oeuvre qui trône sur le Quai depuis 1998. C’est avant tout une question de principe, car ce dernier n’a pas été contacté par les services de la municipalité avant cette annonce dans le BVV.
Rappelons que l’artiste a un droit moral sur son oeuvre, de son vivant et après sa mort pour ses ayant-droits. Donc P. Coupot se devait d’être prévenu de ces projets municipaux.
Par ailleurs, ce dernier précise que cette oeuvre commandée fut conçue pour être placée à son emplacement actuel, donc pas question dans le futur de la fixer à n’importe quel lieu dans la boucle. Il y a un respect de l’oeuvre et de l’artiste à avoir.
Dans le projet final «tram» la statue devra reprendre sa place actuelle Quai Vieil Picard, et non pas aller se balader sur le futur pont Battant sans son aval.
Concernant le stockage de la statue dans le sous-sol de l’église de la Madeleine, Pascal Coupot regrette que cet emblème touristique disparaisse de la vue des visiteurs.
Lorsque nous lui suggérons d’implanter Jouffroy au milieu du quai de Strasbourg, il reste dans l’interrogation : Pourquoi pas, mais il faut que je réfléchisse, il y a des problèmes techniques à ne pas oublier. Pour toute décision l’artiste demande à la municipalité de Besançon de bien vouloir le contacter rapidement.

Grosse bourde donc : sceller le sort d’une statue et l’annoncer sans avoir préalablement consulter l’artiste…
Cette omission ne pose pas problème qu’au niveau « diplomatique » mais également dans le champ juridique puisque l’artiste a un droit moral sur son oeuvre, de son vivant et après sa mort pour ses ayant-droits… Aucun changement de destination ou de mise en scène de l’oeuvre ne peut être décidé sans son accord.

Il serait donc temps que la ville contacte Pascal Coupot pour discuter avec lui du sort de notre cher marquis.

Notons que le sculpteur n’est pas opposé par principe à l’installation temporaire de la statue dans un autre lieu de Besançon ; pour peu que cela se fasse avec son accord et que les contraintes techniques le permettent.

A suivre donc… et n’oubliez pas, vous avez aussi votre mot à dire. Pensez à « aimer » cette page Facebook et à la faire tourner.
Bisontins comme non Bisontins – ceci concerne tous ceux qui ont croisé un jour cette statue si singulière.


Battant : la statue du marquis bientôt déboulonnée pour cause de tram !

Voici un petit bout de Besançon que vous reconnaissez sans doute.
Le pont Battant, le quai Vauban, les premières maisons de la Grande rue – tout cela c’est du « par coeur » pour tous les Bisontins.

Pourtant ce paysage semble bien vide. Il manque un élément familier. Quelque chose ou plutôt quelqu’un.
Presque quelqu’un.

Vous y êtes ? Abracadabraaaaaa le revoilà !

Déjà 13 ans que le marquis Jouffroy d’Abbans tourne le dos à la place qui porte son nom.
Par modestie ? Du tout. Notre homme – ou plutôt sa statue – observe patiemment le Doubs depuis son coin de trottoir sur le quai, tout près du pont Battant.
Trop près sans doute… car cette proximité va lui coûter sa place.

deux années sabbatiques et un déménagement

Dans quelques semaines il quittera son emplacement pour ne plus jamais y revenir. Il sera déboulonné et disparaitra durant deux années dans le sous-sol de l’église toute proche. Il réaménagera ensuite un peu plus loin.

Explication : les travaux du tramway débuteront à l’automne sur le quai Veil-Picard. Le dévoiement nécessitera notamment d’enlever la statue que l’on a prévu de remiser durant deux ans.
A l’issue de cette période, elle ne pourra pas être réinstallée au même endroit car le nouveau pont sera plus large et une voie cyclable longera le quai.
Notre cher marquis trouvera donc refuge sur le nouveau pont Battant – troisième du nom – d’où il pourra à nouveau observer la rivière.
Toutes ces informations seront à lire dès lundi dans le BVV de septembre… petite exclusivité donc.
Extrait :

Mais pourquoi se priver du marquis durant deux années ?

La statue du marquis est fixée à même le sol, sans piédestal. C’est d’ailleurs la grande originalité de cette oeuvre que de se situer « au niveau des passants » et d’être à la fois réaliste et à taille humaine. Il s’agit également de la « marque de fabrique » de Pascal Coupot – le sculpteur qui l’a créée en 1998.
A priori donc pas de difficulté technique majeure pour déplacer notre marquis et le réinstaller temporairement un peu plus loin, dans une zone épargnée par les travaux du tramway.
A l’évidence, ce n’est pas la solution retenue par la Ville de Besançon… Dommage car cette statue, si populaire auprès des Bisontins, est aussi une « attraction » au succès toujours garanti auprès des touristes de passage.

double peine

Comble de l’ironie : le vrai marquis Jouffroy d’Abbans passa presque deux ans en cellule entre 1772 et 1773 pour de sombres raisons de rivalité amoureuse l’opposant au Comte d’Artois (sacré marquis !)
Il sut mettre à profit cette période d’enfermement pour étudier les mouvements des navires. Ce fût la genèse de l’idée du bateau à vapeur dont il fut l’inventeur et qu’il testa pour la première fois sur le Doubs.
Voilà pourquoi notre marquis regarde avec tant de mélancolie le fil de la rivière…

La science anecdotique : livre de lecture et d'étude - Félix Hément, 1889

une page Facebook pour le marquis

Alors ? Ne serait-il pas possible de lui trouver une petite place à notre marquis ?
Deux ans de placards quand on a déjà injustement purgé deux ans de prison : c’est une véritable double peine !

Voici une page Facebook spécialement créée pour demander à la municipalité que cette possibilité soit étudiée de près.
Plus nous serons nombreux et plus nous aurons de chance d’éviter deux ans de cave à notre cher marquis… Faites tourner s’il vous plaît !


Vous pouvez également donner votre avis dans les commentaires ci-dessous.

Et les arbres du quai Veil-Picard ?

On en a déjà tellement parlé qu’on finissait presque par croire que leur fin programmée n’était qu’un mauvais rêve, que ça n’arriverait pas. Pourtant cette fois, c’est annoncé, les platanes du quai vivent probablement leurs dernières semaines.

A l’automne – comme indiqué ci-dessus – les travaux commenceront sur le quai Veil-Picard. Sans doute que l’on attendra que les platanes soient naturellement allégés de leurs feuillages puis les tronçonneuses entreront en action…
Le quai semblera bien nu tant que les nouveaux arbres n’auront pas été replantés.

décryptage

Voici un article du BVV que vous trouverez dans votre boîte à lettres lundi matin.

Remarquez deux éléments qui illustrent la manière dont on s’y prend pour tenter de faire passer une pilule trop amère :

  1. « Eviter d’informer le patient sur l’amertume de la pilule mais mettre en avant les bienfaits de cette dernière » : la coupe des platanes n’est pas évoquée mais dans la légende de l’image, on n’oublie pas d’évoquer la « plantation de nouveaux arbres » .
    Pourtant l’un n’ira pas sans l’autre.
  2. « Donner de chouettes couleurs à notre pilule afin de la rendre plus appétissante (le bleu turquoise est parfait) » : ici, on ajoute systématiquement une majuscule au mot « Tramway »…

Vous voulez en savoir plus sur le marquis Claude François Jouffroy d’Abbans ? Voici le chapitre intégral qui lui est consacré dans un ouvrage de 1889 (La science anecdotique : livre de lecture et d’étude – Félix Hément) consultable sur Gallica.

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A voir sur le Net