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Les brèves de comptoirs bisontins de Dom

Mon ami Dom prend son temps. Il aime à aller dans les bars de Besançon pour y tendre l’oreille.
Et c’est quoi ta méthode Dom ?

[quote]— Je me mets à une table du bar, je prépare carnet et stylo, et je lis le journal…quand c’est bon, je note ![/quote]

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BEST OF :

1

« — Je vois que le journal est pris ; je vais attendre qu’il se libère…
Si ça se trouve, je vais avoir le temps de boire 15 cafés, je vais sortir de là fin énervé, et j’aurai même pas lu le journal !
Je vais finir par l’acheter, le journal ! Ça me coûtera moins cher !! »

2

« — Il fait bien chaud, ici !

— Oui, je sais bien que j’ai que des vieux, comme clients : je les habitue depuis maintenant, …pour la prochaine canicule ! »

3

« — Bon, c’est déjà onze heures. Je vais rentrer.

— C’est l’heure de la soupe ?! La « maman » te l’a préparée ?

— Euh ! Nan ! C’est MOI qui cuisine !

— Ben vingt Dieux, faut pas que je vous emmène à la maison : Lui, il fait les courses, toi, tu cuisines ; moi j’en branle pas une ! »

4

Il fait tomber un spéculos en enfilant sa veste.

« — Eh ! Bernard, tu laisses tomber une journée de ration alimentaire pour ta belle-mère !

— Putain ! Faut pas gâcher ! »

5

La même cliente bavarde :

« – Tiens, voilà le père Machin !

Il a pas l’air bien fatigué !

Tu penses, c’est un ancien fonctionnaire. Tu ne l’as JAMAIS vu fatigué !… Un ancien fonctionnaire, que j’te dis ! »

Le père Machin :

« – C’est pas ça : Ce qui compte, c’est de savoir récupérer. »

6

Le serveur, s’adressant à une tablée en désignant le père Machin :

« – Pfff ! Quarante ans qu’il est en retraite ! Comment veux-tu que Sarko s’en sorte, avec des cocos comme lui ?! »

7

Un des compères entr’ouvre la porte :

« — Jeune homme, est-ce que je peux consommer en terrasse ? »

Le serveur :

« — Ouais, mais ferme la porte, c’est pas toi qui chauffe.

— Bah ! On est mal accueilli ; on se demande pourquoi on vient encore ! »

8

Le serveur fait tinter les tasses qu’il range.

Le père Machin :

« — Ho ! Doucement ! On vient au bistrot pour être tranquille ! »

9

Deux forains entrent dans le bar.

« — Bon, on peut avoir à boire ou pas ?!

— Non, pas les Manouches !

— Quoi ? Pas aux Bains-Douches ? »

10

Le même forain, s’adressant au serveur :

« — Alors, on va manger des sussis, maintenant ?

— des quoi ?

— des sussis ! Ça ouvre aujourd’hui, en face !

— Ah ! Des sushis ?! Y z’ont ouvert hier !

— Hier ? Merde ! »

11

Le serveur apporte des café à la tablée du père Machin

« — Ah ! Voilà les cafés…sans ticket de caisse…

— C’est des p’tits noirs au noir ? »

photomontage par Lulu, merci à lui

photomontage par Lulu, merci à lui

12

« — Ah ! Le voilà, lui !

— Salut !

— Trop tard, y a plus de place. Pis on est déjà bourrés !

— Tant pis, de toute façon, y a pas ce que je veux ici… »

13

Plus de chaises ;

Il prend un tabouret de bar et s’installe autour de la table, entre deux compères.

« — Ah ! Il aime dominer, le Jeannot !

— Ouais, mais s’il s’assied comme-ça, il a intérêt à ce que sa braguette soit bien fermée !

— Ouais !! »

14

Il commente un article du quotidien :

« — Quand même, à 18 ans, il braque une arme sur un flic ! Faut quand même en avoir une sacrée paire !

— Mais non ! C’est qu’ils n’ont rien dans la tête, ces types-là !

— Ouais ! Et ça, c’est bien la faute aux profs ! Ils leur foutent pas assez sur la gueule !

— C’est sûr. Mais tu penses bien, les profs, ils peuvent pas. Tiens, c’est pas comme vous, les douaniers ! Vous avez tous les droits, vous, les douaniers !

— Ouais. À l’époque on avait tous les droits ! On f’sait comme on voulait. Maintenant, j’sais pas : ça fait quinze ans que j’y suis plus ! »

15

Le serveur s’installe au bar, à côté d’une jeune fille avec qui il plaisante souvent.

« — Vous m’excuserez, m’sieurs dames, je prends un café avec ma fiancée. »

Une voix s’élève au fond du bar :

« — Elle a vraiment pas de goûts ! »

16

Il pleut à verse. Le père Machin arrive, trempé.

Le serveur :

« — Bonjour. Ça va ?

— Ouais. Il fait beau, hein ?

— Pff ! Je m’en fous. Je suis là, moi ! »

17

À propos de Lejaby, la fabrique de lingerie qui licencie son personnel :

« — Non, mais tu vois ce que ça coûte, un soutien-gorge ? Tu vois ?? Non, mais tu vois ce que ça coûte ?? Et une culotte !? Tu vois ce que ça coûte, une culotte ?? C’est rien du tout, une culotte !

— C’est rien…c’est rien… Ça dépend qui est dedans ! »

18

Il se place dans l’entrée du bar, en pleine lumière, porte grande ouverte, pour composer un numéro de téléphone.

«  — Ferme la porte ! Ferme la porte, nom de Dieu, c’est moi qui chauffe le bordel, là ! »

19

Deux mamies papotent devant un thé.

«  — Le soir, à 7h30, je regarde la télé au salon. Lui, il la regarde dans la cuisine. On ne regarde pas les mêmes émissions.

— Tu regardes « Scènes de ménages » ?

— Nan ! J’ai assez des miennes… »

20

« — J’ai déjà lu deux livres, …en deux semaines !

— Ah oui ?! C’est écrit gros ?

— Nan. Je mets mes lunettes. »

21

«   — Depuis qu’il a été opéré, quand il va au froid, il saigne du nez. Tu verrais ça, ça pisse le sang !’

— Ah bon ? C’est embêtant, ça !

— Tu parles ! Il a assez de malice. Il ne risque rien !! »

22

À propos d’un magasin :

« — Ah ! Ben, je n’y suis toujours pas allée.

— Ben nous, quand il fera bon, on va y r-aller ! »

23

Bavardage et évocation de vieux souvenirs avec le serveur d’un des cafés de la rue :

« — Avant toi, c’était une jeune femme qui servait, ici ; et avant elle, c’était un garçon, un jeune aussi, un peu efféminé.

— Ah oui ! Un PD ! »

24

«  — Qu ‘est-ce qu’on fait ? On en reboit un ?

— Non. Faut que j’y aille ; faut que je passe à la banque.

— À la banque ? Tu vas chercher du blé ?

— Non. Ah ! Et pis, je ne fais que pisser ! »

25

«  — Qu’est-ce qu’il a bossé, ce type-là, comme docteur ! Mais qu’est-ce qu’il a bossé !

— Et pis, dans ce temps-là, un docteur, c’était respecté !

— Ouais, respecté ! Et qu’est-ce qu’il bossait ! Il avait racheté le château de D…, à cette époque. Mais sa femme, elle s’ennuyait, dans cette grande baraque. Tu penses, toujours toute seule ! Elle s’est mise à boire.

— Ben oui, qu’est-ce que tu veux qu’elle fasse, toujours toute seule !?

— Ouais. Quand elles sont toute seules, c’est soit elles boivent, soit elles vont au cul !

— Des fois, c’est les deux !! »

26

«  — Au fait, c’est quand, la Saint Valentin ?

— Mardi.

— Vingt Dieux ! Faut pas que j’oublie ! Déjà qu’à Noël, je me suis planté !

— Ah ben Ouais, hein ?! C’est qu’elles « comptent » dessus, hein !

— Ah ! Quelle plaie ! »

27

«  — Il tenait le restaurant de G…. C’était les bonnes années : il a fait du pognon.

— Tu penses, à l’époque, il y avait tous les allemands qui descendaient ; ils s’arrêtaient pour casser la croûte.

— Il y avait aussi les Peugeots. Ils avaient des primes. Ça marchait. »

28

« — Quand j’ai le journal du bar, et que quelqu’un vient me demander de le lui réserver, ça me colle la pression et du coup, je lis à toute vitesse, je bâcle et je sens le type qui me guette, même s’il est à l’autre bout ! Ça me porte sur les nerfs ! »

29

«  — Bon, tu me l’offres, ce café ? J’en reboirais bien un, moi ! »

30

«  — C’est pas facile, ici, pour lire le journal : y en a toujours un qui te cause, tu perds le fil ! On peut pas être tranquille ! »

31

Il regarde deux clientes qui approchent du bar :

« — Ça sert à quoi que je déneige pendant une heure, le matin, si vous marchez dans la neige Vous êtes des blondes ?? »

— Ah ! On vient ici pour plus entendre gueuler ! Alors commence pas !! »

32

«  — Ça vos dérange pas si je m’installe ici ? J’aime bien cette place.

— Ouais. On domine… »

33

«  — Bon, alors, il arrive, ce journal ?

— Non, mais regarde comme il se cramponne après ! »

34

«  — Et les profs ?! Tu crois que c’est normal, si ils veulent écrire au tableau, ils y vont en reculant ! Tu trouves ça normal ? »

35

Deux jeunes lycéennes habituées quittent le bar.

Le serveur :

«  — Allez, filez à l’école et apprenez à être moins bêtes ! »

36

Ils sont deux à discuter devant un café. Ils totalisent 150 ans à eux deux.

« — Dimanche prochain, je vais manger à Cl.

— À Cl. même ?

— Non. Avant, le long de la nationale !

— Ah oui ! Là où il n’y a que des vieux ? »

37

« — Eh ! Monsieur D, tu viens boire ton café vers nous ?

— Tu vas pas faire la bête toute la matinée ?! »

38

«  — À une époque, avec mon pote, on pesait nos vélos. On était au gramme près. On changeait de selle pour gagner 30 gr., on achetait des accessoires légers au fur et à mesure qu’ils sortaient.

— On aurait mieux fait de maigrir un peu : ça nous aurait coûté moins cher ! »

39

«  — Un camion comme-ça, ça se conduit mieux qu’une auto. Faut voir le confort !

— Ouais, les heures au volant devraient être comptées comme heures de repos !

—  Arrête ! Et si tu voyais le siège ! Tu peux tout faire, tout commander ! C’est mieux que mon canapé ! Je peux gonfler les lombaires…

—  Ouais, ben pour l’instant, tu gonfles surtout les clients ! »

40

«  — Putain, hier, j’étais vert ! Y m’a fait deux trucs, dans ma maison, deux trucs seulement, et ben, c’était ni à faire…euh…ni à faire ! Y m’a, heu…, y m’a posé le plan de travail, tu vois, le gros évier de la cuisine, euh…et ben non ! Ça n’allait pas. Le tuyau, y n’tenait pas ! Et le store, y me l’a mis aussi, et ben, y se cassait la gueule ! Vert, que j’te dis ! »

41

(Brève de marché)

«  — Mais, t’en as donné combien, des œufs, à la cliente ?

— Ben vingt !

— Mais, a t’en avais d’mandé combien ?

— Ben, une douzaine et demie !

— Mais Vingt Dieux, une douzaine et demie, c’est 18 ! trois fois 6 égale dix-huit ! Merde !! C’est encore moi qui vais me faire engueuler !! »