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Poelvoorde pique. Fousseret mord. Besançon trinque.

Cette semaine, Besançon a fait les gros titres à cause d’un fait au demeurant bien anodin. À l’arrivée, un bad buzz dont l’image de la ville aurait pu faire l’économie.

Au départ, il y a cette interview de Benoit Poelvoorde dans la Nouvelle République (30/06). Alors qu’il répond à une question sur sa pratique d’Internet, le comédien belge que l’on savait provocateur et plutôt drôle fait une sortie acerbe sur Besançon, son climat, l’ennui profond qu’il y a ressenti et le respect qu’il ressent pour ceux qui… y vivent :

– « Je n’ai pas Internet là-dessus et heureusement ! Moi, je m’abonne à Twitter, je suis en prison en deux jours pour insultes, diffamation ! Surtout que je dis n’importe quoi quand j’ai un verre dans le nez. J’imagine si j’avais eu ça à Besançon ! »
Qu’est-ce qui s’est donc passé à Besançon ?
– « J’y ai tourné La Guerre des miss de Patrice Leconte et si je garde un excellent souvenir des habitants, je crois que c’est là que je me suis le plus ennuyé de ma vie et donc que j’ai le plus bu !
« Tu regardes devant toi, il y a le soleil ; tu te retournes, il grêle ! Regardez bien les gens qui font la météo, ils cachent toujours Besançon ! Les gens qui survivent à Besançon ont tout mon respect ! On ne peut y tourner que des films sur la fin du monde ou les tueurs en série ! Non, je rigole, hein ! Ils sont très bien à Besançon… »

 

Voilà donc un Benoît Poelvoorde un brin trolleur mais pas forcément au top de sa répartie comme on d’ailleurs pu le constater dernièrement au 20h de TF1.

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Cette citation aurait pu passer inaperçue si le Parisien n’avait publié le 4/07, un billet titré « Les gens qui survivent à Besançon ont mon respect. »

Pourquoi le Parisien a-t-il relevé cette citation ? Pour tenter un buzz Paris vs Province toujours bienvenu en pleine torpeur estivale (plutôt Bruxelles vs Province en l’occurrence) ? Peut-être aussi parce qu’Aurélie Rossignol, l’auteur du billet, a étudié à l’IUT Info-Com de Besançon et qu’elle a gardé (au choix) :

  • une dent contre la ville (gnarf gnarf, il a bien raison Poelvoorde) ;
  • un bon souvenir de Besançon (ne laissons pas dire n’importe quoi sur cette chouette ville que j’ai tant aimée)…

Bref, le billet du Parisien sort, il commence à tourner sur les réseaux sociaux (surtout Franc-Comtois). A partir de là, trois manière de réagir s’offrent à la ville de Besançon :

      1. Faire le dos rond
        Ne pas réagir et attendre que cette actualité n’en soit plus une. Aucune dépêche AFP à l’horizon, c’est l’été ; il n’y a pas le feu au Doubs…
      2. Communiquer intelligemment Et pourquoi pas retourner la situation à son avantage : une dose d’opportunisme, une once d’humour et un soupçon d’autodérision. Il y a à peine deux mois, alors que Besançon s’en était pris une bonne sur Fun Radio, le directeur adjoint à la communication de la ville avait su s’y prendre de la sorte. A l’arrivée une dizaine de minutes gratuites d’antenne à une heure de forte audience durant lesquelles la ville aura su faire parler d’elle autrement qu’en mode protestataire et en luttant contre les moulins à vents de clichés anti-provinciaux.
        Dans le cas qui nous intéresse, on imagine une caisse de Bisontine adressée à Benoit Poolvoerde et accompagnée d’un petit mot du type : « Vous ne l’aviez peut-être pas remarqué lors de votre séjour mais nous avons aussi à Besançon une excellente eau du robinet. Nous espérons qu’elle vous fera le plus grand bien et saura vous donner l’envie de revenir nous voir. Auquel cas nous répondrons présents pour vous montrer tous les autres aspects positifs de notre ville. »Un double du petit mot à la presse et zou : bonne réaction, pub gratos. S’en sortir par le haut.
      3. Répondre frontalement et connaître les joies de l’effet Streisand
        C’est souvent la plus mauvaise solution en terme de communication institutionnelle car elle crée une polémique dont la presse et les réseaux sociaux sont friands. C’est l’effet Streisand garanti : le fait de départ (la citation de Poelvoorde) qui aurait pu rester inaperçu, bénéficie d’une couverture médiatique provoquée par la polémique qui visait à en amoindrir l’effet. En définitive, cela ne peut pas profiter à l’offensé qui ne fait qu’encourager la diffusion de l’offense. Cercle vicieux.

 

Dans le cas de « Besançon contre Poelvoorde », comment la ville a-t-elle réagi ?

Etonnamment, c’est la pire des solutions qui a été retenue. Mais vraisemblablement, les services de la ville n’y sont pour rien dans ce choix. Le service communication et son utile expérience de la « gestion de crise en terrain médiatique miné » a même été totalement squizzé.
C’est le maire de la ville – Jean-Lous Fousseret lui-même – qui a réagi en accordant illico une interview à l’Est Républicain (le jour même de la sortie du billet du Parisien).

Extraits :

« J’ai le plus grand respect pour ce comédien, mais je trouve que les artistes ont une fâcheuse tendance à déraper, à ne pas suffisamment réfléchir aux conséquences de leurs paroles… »
« Je pense qu’il aurait dû venir me voir lors de son passage ici, j’aurais été son guide et je suis sûr qu’il aurait retenu autre chose de notre ville. Il serait bien qu’il se cantonne à faire rire, ce qu’il sait très bien faire. Moi, je ne saurais pas le faire, alors je ne m’y aventure pas. Que chacun reste à sa place. Enfin, si je peux me permettre, il devrait aussi calmer un peu… L’absinthe ! »

À partir de là, que pouvait-il se passer ? La polémique est lancée et elle est reprise par de nombreux sites d’actualité en ligne. Les plus people s’en délectent. Les réseaux sociaux en font des gorges chaudes.
Le problème, voyez-vous, c’est que les gens adorent les trolleurs pour les réactions de courroux qu’ils provoquent. Et dans ce genre de situation, c’est injuste mais c’est comme ça : c’est l’offensé qui passe pour un couillon.

Les lecteurs de cette polémique retiendront donc que le maire de Besançon se met en pétard quand on dit du mal de sa ville et qu’il n’a pas d’humour. Quant à savoir vers le discours duquel ira leur bienveillance : le politique ou l’humoriste ? J’ai peur que…

JLF-Poelvoorde

 

Priorité à la communication interne

Alors ? Pourquoi notre maire a-t-il choisi la plus mauvaise des solutions pour répondre à cette boutade (pourtant pas « de Dijon ») ? Jean-Louis Fousseret avait pourtant forcément en mémoire la réaction comparable du maire de Montbéliard lorsqu’une pique de Djamel Debbouze sur « les moches » de Montbéliard avait fait grand bruit en décembre dernier.

Peut-être qu’il y a un an, on aurait laissé la com’ éviter l’effet Streisand mais voilà, nous sommes en juillet 2013 et ça ne vous a sans doute pas échappé, nous sommes à huit mois d’une échéance électorale majeure : les élections municipales de 2014.
Depuis quelques mois, beaucoup ont remarqué l’inflation des réactions, communiqués et autres conférences de presse du maire de Besançon sur beaucoup de sujets chauds concernant la ville. Surtout ceux touchant à la sécurité de ses administrés (cambriolage, vandalisme). Se montrer comme un maire protecteur est crucial à l’approche des élections.  Apparaître en défenseur de l’image et de l’honneur de sa ville peut également être porteur électoralement parlant.

Mais pas facile de communiquer quand on est maire et potentiel futur candidat à sa propre succession. Difficile et dangereux à l’approche d’une élection. Dangereux car le code électoral interdit d’utiliser la position du maire et les finances municipales pour promouvoir le candidat. Il faut parfois jouer sur des œufs et se méfier des éventuels procédures post-électorales.
Jean-Louis Fousseret sait parfaitement qu’il y a « en face », un candidat d’opposition déjà déclaré – Jacques Grosperrin – qui est très mauvais perdant et a la procédure facile… Alors jusqu’en mars 2013, les inaugurations et autres festivités organisées par la ville en présence de la presse deviennent terrains minés.

Or voilà que s’offre une opportunité de se montrer  sans risque et avec une visibilité nationale garantie. De surcroit, en enfilant la cape du maire défenseur de sa ville et de l’honneur de ses habitants. Y’a pas à hésiter.
Habilement (ou pas) conseillé par un cabinet entièrement dévolu à sa (ré-)réélection, Jean-Louis Fousseret – n’hésite pas alors à dégainer des propos cinglant à l’encontre de celui qui dénigre sa ville, fusse-t-il un people renommé et populaire.
Tant pis pour l’effet Streisand que sa réaction courroucée a enclenché. Et tant pis pour les dégâts sur l’image de la ville. Tout cela c’est l’affaire des gens de la com’. L’important à huit mois des élections c’est avant tout le message envoyé en interne aux Bisontins et aux Bisontines : votre maire ne laissera pas dire n’importe quoi sur votre ville. C’est une question d’honneur. Ça mérite bien une petite réélection, non ?

Malheureusement, à cause de cette polémique partie de rien, la France entière (sans oublier la Belgique) aura lu la boutade de Benoît Poelvoorde et malgré l’opportuniste coup de gueule de notre maire, beaucoup auront pensé qu’il n’y a pas de fumée sans feu et… pas de soleil sans grêle à Besançon.

Quand la Ville de Besançon remet les pendules à l’heure sur Fun Radio

C’est l’histoire d’un coup de com’ qui aurait pu passer inaperçu. C’était compter sans la vigilance de certains fonctionnaires du service communication de la Ville de Besançon et leur détermination à ne pas laisser dire n’importe quoi sur l’image de leur cité.

Pour celles et ceux qui n’ont rien suivi, le 8 mai dernier, un jeune homme originaire des Vosges contacte « la libre antenne » de Fun Radio (21h-minuit). Celui-ci évoque en direct les difficultés que lui pose son accent à couper au couteau lorsqu’il s’agit de séduire les filles…

Quelques minutes plus tard, au fil de la discussion, certains des animateurs croient reconnaître l’accent franc-comtois. La suite fut une raillerie en règle de l’Originale mais totalement inconnue et ignorée Région de Franche-Comté, ainsi que de sa capitale régionale : Besançon.

Manque de chance (ou heureux hasard), le twittos @blogbesancon était en train d’écouter cette émission et n’a rien raté de cet extrait qu’il a immédiatement twitté, provoquant évidemment l’émoi de la communauté des twittos bisontins.

Ensuite tout s’est enchaîné. Bien décidé à ne plus laisser des « Parisiens » dénigrer la Ville sans réagir, Benjamin Teitgen, directeur adjoint du service communication de la Ville, s’empare de l’affaire et décide de répliquer de façon totalement décalée.
Le plus sérieusement du monde, Benjamin Teitgen et son équipe adressent alors un colis de goodies bisontins (parmi lesquels une bouteille de Bisontine !) et un courrier aux animateurs de l’émission. Ces derniers accusent réception de cet envoi… en direct dans leur émission du mercredi 22 mai.

Le résultat a de quoi faire pâlir tous les services com’ de collectivités : près de 10 minutes « gratuites » d’antenne en début de soirée, des centaines de milliers d’auditeurs dans toute la France qui ont entendu à plusieurs reprises le nom d’une ville qu’ils ignoraient pour beaucoup et de laquelle certains garderont désormais un a priori positif… Sur la page Facebook de l’émission, près de 500 likes.

La mairie de Besançon nous a envoyé une lettre... - KAREL LIBRE ANTENNE OFFICIEL

Voici l’extrait intégral incluant la lecture de la lettre envoyée par la Ville :

Voila un coup de com’ indubitablement réussi dont l’auteur et les Bisontins peuvent être satisfaits.

Non seulement la Ville a été proactive pour défendre son image mais elle s’est offert une tribune à moindre frais sur une grande radio nationale très écoutée par les jeunes adultes. Quand on sait que Besançon est une ville estudiantine mais hélas encore un peu trop endormie, chercher à corriger cette image de cité inconnue nichée au milieu de la campagne est une démarche salutaire.

À la différence du Conseil Régional et de sa très onéreuse inutile campagne « Originale Franche-Comté » dont l’impact est hélas nul (La Région est-elle plus connue après cette campagne traditionnelle et qui n’a rien d’originale d’ailleurs ? Non répondent les sondages), la Ville de Besançon a affirmé et démontré que l’on pouvait communiquer  massivement et subtilement auprès d’une cible spécifique sans débourser des millions d’euros.

Tout cela n’aurait pu avoir lieu sans l’humour des uns (Fun Radio, dont les animateurs ont joué le jeu) et l’auto-dérision des autres (le service com’ de la Ville) qui a su agir au bon moment et en optant pour le bon ton. D’autant qu’en cette période économico-météorologiquement déprimante, l’humour est un rempart pertinent.

Bref, ce coup était vraiment parfait et ce n’est peut-être pas terminé puisque la Ville a invité Fun Radio à venir réaliser une émission en direct de Besançon. Une proposition que l’équipe de la « libre antenne » a retenue.
De quoi rendre jaloux les Montbéliardais et leurs élus qui n’avaient pas su faire preuve d’autant d’humour lorsque Jamel Debbouze s’était moqué de leur ville lors d’un récent spectacle retransmis à la télévision.

À suivre donc…

Billet rédigé avec l’aide de Caribou Dagno, rédacteur invité (qui ne bosse pas à la Ville et n’a été payé par personne pour donner son opinion). Merci à lui.

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[OFFICIEL] Besançon n’est plus irrésistible

Dans l’Est Républicain du 9 janvier 2012, on peut lire :

« Pour moi, Besançon n’est pas une ville irrésistible. On assiste à des enchères de slo­gans, chaque ville veut être plus, Montpellier est la sur­douée… La question que je me suis posée est quelles sont les vraies valeurs de cet­te ville », explique Jack Du­mont, directeur de la com­munication, et depuis quelques mois penseur en chef de la nouvelle image de Besançon.

Bah voilà… Besançon n’est (finalement) pas (ou plus) une ville irrésistible. Dixit le directeur de la communication de la ville.


C’est pourtant bien la ville de Besançon et l’Office du Tourisme qui avait choisi de communiquer sur cette marque depuis bientôt 3 ans. Le dossier de presse est d’ailleurs toujours sur le serveur de l’Office du Tourisme (combien de temps y restera-t-il ?) ainsi qu’une persistance à conserver des traces d’irrésistibilité ici ou  par exemple.

Voilà donc la triste mais réaliste reconnaissance que l’ « on nous a menti » : notre belle ville n’est pas irrésistible. Et l’on comprend soudainement pourquoi Victor Hugo n’y est pas resté. Snif…

Pour ma part, mise à part sur la forme de ce revirement de communication qui me laisse dubitatif, je suis bien d’accord sur le fait que la course aux marques dithyrambiques pour les territoires est inutile, voire contre-productive. Les gens (touristes, entreprises, potentiels futurs Bisontins…) ne sont pas dupes. C’est un peu comme l’appellation « Cuvée de prestige » sur une bouteille de blanc. On comprend tout de suite « vin de cuisine »…
D’ailleurs, il y a un peu plus d’un an, je pondais cette petite bafouille à ce propos.
Concernant la marque « Besançon l’irrésistible« , je l’ai toujours trouvée plus risible qu’autre chose. J’avais d’ailleurs eu un plaisir certain à en faire deux détournements…

Au revoir donc « Besançon l’irrésistible« . Bonjour « Besançon l’air(e) du temps« …
Le « temps » qui, cuisiné à toutes les sauces, pourrait bien devenir indigeste lui aussi, mais ça… c’est l’avenir (le temps) qui nous le dira…

 

 

 

BVV et SOS Futures Mamans : la ville de Besançon fait son discret mea culpa

Il y a quelques jours, je publiais un billet sur le blog dans lequel il était question du BVV de décembre et d’un encart que l’on y trouve à la page 10. Cet encart fait la promotion de l’association SOS Futures Mamans (sise rue Pasteur) et appelle aux dons pour ladite association.
Le problème est que l’association en question, hormis sa vocation annoncée de venir en aide aux femmes enceintes en détresse, est aussi de la mouvance anti-IVG…
Rien n’est stipulé sur ce point dans le BVV de décembre et c’est bien là que réside l’embrouille.

Depuis aucune réaction du côté de la ville et du BVV. Pourtant dans l’Est Républicain de ce mercredi 12 décembre, c’est le billet d’humeur pontissalien qui se saisit de la question. Il faut dire qu’à Pontarlier, l’association en question est en pleine implantation.

L’occasion était fort belle de relancer la ville de Besançon sur les suites données à cet étrange dérive du BVV. L’échange a eu lieu sur Twitter.

Enfin une réponse de la Ville de Besançon mais… uniquement via Twitter.

Ce mea-culpa diffusé par le compte Twitter de la Ville de Besançon est donc tout à fait officiel et c'est une bonne nouvelle : la diffusion de cet encart par le BVV était bien une bourde due à un défaut de vigilance. La ville ne donne aucune subvention à l'association en question.
N'empêche : quid de ce message diffusé à peu de frais par SOS Futures Mamans dans le journal municipal ? Car le message et son appel à la générosité publique sont passés et la légitimité du BVV lui a été offerte sur un plateau. Alors ? On s'arrête là ? Quelques tweets et puis s'en va ?

Ok ok... c'était donc ça. La Ville de Besançon a éteint le feu qui couvait sur Twitter. C'et prudent car les journalistes locaux y sont aussi, attentifs et toujours à l'affut d'un sujet potentiel. Cette série de tweets visaient donc à calmer le jeu et à satisfaire les twittos un peu insistants, dans mon genre. Les emmerdeurs 2.0 quoi 🙂

Pas de réponse. Les Bisontins ne doivent pas savoir. Et tant pis s'ils ont lu l'encart faisant la pub de SOS Futures Mamans. Et tant pis s'ils conseillent un jour à la petite voisine d'y aller faire un tour en cas de "problèmes" plutôt que de s'adresser aux services publics compétents. C'est vrai quoi, c'est forcément sérieux puisqu'on en a parlé en bien dans le BVV...

Eh oui... forcément. Et soyons honnête : voilà le genre de bourde qu'il n'est sans doute pas simple de gérer pour une collectivité de bonne foi.

J'en connais qui doivent dire : "vivement le BVV de janvier !"

Employés de la Ville de Besançon : le Tramway needs you !

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On a tous déjà vu cette scène au cinéma. C’est un grand classique des films de guerre.
Le général passe en revue ses troupes. Les soldats sont alignés, au garde à vous. Leurs visages sont graves. L’heure est grave. La voix du général est grave :

« – J’ai besoin de volontaires pour mener une mission particulièrement périlleuse. Cependant, ceux qui accepteront doivent savoir qu’ils n’en reviendront peut-être pas vivants. Mais ce sacrifice ne sera pas vain. C’est le prix que nous devons payer pour gagner cette guerre ( trémolos virils dans la voix).
Maintenant c’est à vous et à vous seuls de décider. »

Généralement, la caméra nous offre alors un plan large. Le silence se fait. Pas un soldat ne bouge. Les regards sont fixes.
C’est alors que l’un des hommes fait un pas en avant (nappe de violoncelles). Puis un autre (altos), suivi d’un troisième, d’un quatrième (cors, hautbois). C’est ensuite toute la troupe qui avance d’un pas (la musique s’emballe, les violons tonitruent et la lèvre inférieure de notre général tremblote d’émotion).
C’est beau. On en a les larmes aux yeux. Les héros ça fait toujours ça. Mais ce n’était que du cinéma.

Toutefois, amis Bisontins, les héros ça existe aussi au quotidien. Ils sont parfois tout près de vous. Figurez-vous que cette scène émouvante que je viens de vous décrire se joue en ce moment dans votre ville, sans que vous en ayez conscience.
Ici, point de généralissime discourant devant ses troupes au garde à vous. Il faut vivre avec son temps.
Tout se passe désormais par le biais d’un email collectif envoyé ce matin par Patrick Ayache (Directeur Général des Services de la mairie) à tous les services de la ville de Besançon. En voici la teneur (j’ai pris la liberté de mettre en gras les passages les plus émouvants, libre à vous d’imaginer violons, hautbois…) :

Chers collègues,

Le Tram a besoin de vous.

Avec la fin des vacances, le trafic automobile va retrouver son volume normal et comme les travaux du TRAM ont bien avancé cet été, les problèmes de circulation risquent d’être très aigus.

Un certain nombre de dispositions vont être mises en œuvre dont la mise en place d’itinéraires conseillés. Pour informer efficacement les automobilistes, des documents d’information vont être distribués aux conducteurs.

Nous recherchons donc des volontaires pour cette importante mission de contact avec les usagers et de diffusion efficace de l’information.
La mission: par équipe de 3, distribuer des « flyers » aux automobilistes à certains endroits stratégiques.

Les dates :

· vendredi 31 août de 7 H 30 à 9 H 00

· lundi 3 et mardi 4 septembre de 7 H 30 à 9 H 00 et de 17 H 00 à 18 H 30

Prolongement de l’opération si nécessaire.
Possibilité d’assurer un ou plusieurs créneaux au choix.

Formation : jeudi 30 août à 11 H 30 – salle Mégevand (Direction Voirie et Déplacements – 1er étage – 6 rue Mégevand)

Inscriptions : avant mercredi 29 août midi et avec l’accord de votre chef de service auprès de xxxx

xxx@grandbesancon.fr poste 6414.

Merci d’avance pour votre mobilisation et bonne rentrée à tous.

Voilà. Imaginez maintenant nos fonctionnaires municipaux recevant ce vibrant appel et répondant tout de go et comme un seul homme (et les dames aussi) :

« – J’EN SUIS !!! »

Bien sûr, vous l’aurez remarqué, notre généralissime municipal a oublié un passage important dans son vibrant appel. Celui où il annonce clairement les risques à ses troupes. C’est pourtant ce passage qui confère à la mission sa portée sacrificielle.
Corrigeons donc ce petit oubli :

Nous recherchons donc des volontaires pour cette importante mission de contact avec les usagers et de diffusion efficace de l’information.
La mission: par équipe de 3, distribuer des « flyers » aux automobilistes à certains endroits stratégiques.
Vous devez toutefois savoir que vous vous ferez parfois copieusement injurier par les automobilistes.
Certains parmi vous n’en reviendront peut-être pas…
Mais c’est le prix à payer pour gagner cette guerre et espérer une réélection en 2014.

Glups !

Au passage, les élus de la ville ont également reçu cet émouvant message… sans avoir été consultés sur l’opportunité politique de cette mission à hauts risques.
Pas sûr qu’ils apprécient tous cet appel à l’héroïsme… les lâches !

Franche-Comté : faisons mousser notre vieille province !

— Mon pauvre vieux, me disait l’autre jour mon ami Chose, on ne connait pas assez notre vieille Franche-Comté.
Charles Nodier, qui, fichtre, n’était pas un imbécile, l’appelait la préface de la Suisse. Il avait raison et c’est une préface qu’on ne lit pas, on ne la parcourt même pas — sans jeu de mots. Et cependant quel admirable pays.
Oui, je sais, ça manque de glaciers ; mais est-il quelque chose de plus beau que ses gorges sauvages, ses bois touffus, ses collines verdoyantes qu’escaladent des vignes ou des sapins, ses torrents aux ondes mugissantes ? On ne connaît pas assez tout cela et on va chercher bien loin ce que l’on a tout près.
Cependant comme il serait facile de mettre en valeur toutes ces merveilles. Regarde un peu ce qui se passe autour de nous ; pourquoi ne l’imitons-nous pas ? Pourquoi ne faisons-nous pas comme les Suisses et les Allemands qui ont tout fait depuis quelques années pour favoriser le tourisme et attirer chez eux les étrangers ?
Ah ! le tourisme, mon ami ! Favorisons le tourisme ! Pour cela, ayons de bonnes routes, de bons hôtels partout, dans les coins les plus reculés. Faisons connaître par une savante réclame les coins pittoresques de notre région. Tiens, dans un patelin perdu de la montagne, il y a une cascade. Annonçons-le partout ; disons que c’est une merveille, une perle inconnue et insoupçonnée. Les uns iront voir et reviendront déçus, c’est possible ; mais d’autres y retourneront et y mèneront leurs amis. Je ne dis pas qu’on doit faire du battage et estamper ses semblables, non, mais une réclame bien comprise peut agir énormément.
Aussi, mon cher, je n’ai pas hésité à adhérer au Syndicat D’initiative qui vient de se former chez nous. Le comité est nommé ; j’en suis. Je t’inscris comme membre fondateur : c’est trois cents balles. Tu verras, on va fairemousser notre vieille province. Dans les Champs-Elysées — sa demeure dernière — cet excellent Nodier va en être baba.
Mais, sapristi, il faut que je te quitte. Je raterais mon train.
Quo Vadis ((Où vas-tu ?)) ?
— Rejoindre ma famille qui villégiature à Trou-les-Sapins, en Suisse. Au revoir.
Monsieur Troisixe.

Cette étonnante chronique régionale (sic) est parue il y a exactement un siècle dans le quotidien Le Petit Comtois du lundi 12 août 1912 (consultable ici). Ce qui faisait l’actualité d’alors était la tout récente création du Syndicat d’initiative de Besançon et de Franche-Comté. Tiens, au fait, les Offices du Tourisme du coin ont loupé leur centenaire…
N’empêche : il y a un siècle, on se souciait visiblement du manque de notoriété de la Franche-Comté. On avait bien conscience du potentiel touristique de la région. Il restait à la faire connaître. À forger l’image touristique de la Franche-Comté.

Et 100 ans plus tard ?

Un siècle est passé et la Franche-Comté se débat toujours pour se construire une image. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est l’agence lyonnaise Native Communications à qui notre région a confié la réalisation de sa campagne »Originale Franche-Comté » lancée fin 2011 :


« déficit de notoriété » « absence d’image »… Afin de remédier à ce constat accablant, la campagne fut menée sur tous les fronts : des affichages dans des lieux stratégiques (gares de grandes villes), des encarts dans des titres print nationaux, un spot télé (voir ci-dessous) et de manière moins reluisante : corruption rémunération de blogueurs voyage/tourisme/cuisine influents ainsi qu’une forte suspicion d’achat de fans (si si ça existe) afin d’épaissir un peu la page Facebook officielle qui compte à ce jour plus de 11.000 fans mais sur laquelle les interactions (likes, commentaires, partages) sont étrangement rares… fort peu nombreuses en tout cas pour une page supposée fédérer 11.000 vrais fans

Et sinon les Francs-Comtois, ça va ? Vos “aspérités intangibles” ne vous démangent pas trop ? Votre “absence d’image” vous pose-t-elle des problèmes au quotidien ?

Espérons que non car il se dit (il se murmure) que le bilan d’étape de la campagne Orig!nale Franche-Comté a montré que l’image de notre région avant/après est toujours aussi floue vue pour le reste du monde. Kif kif. Orig!nale ou pas. Ça fait cher le flou (deux millions d’euros sur 2 ans pour cette campagne).

Mais ne désespérons pas. Notre région est belle. Rendez-vous dans cent ans !


EN BONUS : les meilleurs billets de blogueurs adorant beaucoup beaucoup l’Orig!nale Franche-Comté

Euh… les meilleurs billets sponsorisés, devrais-je dire, car nos blogueurs se sont contentés — contre rémunération — de publier des textes pré-digérés pour eux. Ils l’ont d’ailleurs indiqué à la suite de leurs billets voire avant pour les blogueurs les plus respectueux de leurs lecteurs.

Quand on sait que ces billets « coups de coeur pour la Franche-Comté » sont totalement bidons, c’est un bonheur de les lire et d’observer avec quelle finesse les spécialistes de la communication digitale en charge de cette campagne se sont fait livrer des fleurs.

Extrait : Pour en savoir davantage sur tous ces événements, rien de plus simple : il vous suffit de vous rendre sur le site de L’originale Franche-Comté qui est, ma foi, super bien fait. Rares sont les sites où l’on peut naviguer d’infos en infos aussi facilement, et en obtenant des renseignements aussi clairs et complets. En plus, le design est assez sympa et ferait presque penser à un blog. (…)
Extrait : Alors si cette belle région vous tente je vous invite à vous rendre sur le site de L’originale Franche-Comté, où vous trouverez toutes les infos sur cette belle région en navigant simplement de sites en sites rapidement grâce à l’interface dynamique et claire (redirection de mots clés vers différents sites internet de marques, partage mail/facebook/twitter, chaîne Youtube etc.) au gré de vos envies culinaires, culturelles, historiques…. (…)
Extrait : Voilà un site très bien. La navigation y est simple et la rubrique Ambassadeurs est une vraie bonne idée. Elle donne la parole à des habitants amoureux de leur région. Ils donnent vraiment envie de visiter la Franche-Comté ! (…)
Extrait : (…) Je vous conseille alors d’aller faire un tour sur le nouveau site internet tourisme l‘originale Franche-Comté, dont accessibilité est le point fort. (…)
Extrait : Vous découvrirez d’abord le nouveau site internet « L’originale Franche-Comté ». Le site est très bien réalisé pour vous aider à visiter, s’implanter ou vivre en Franche-Comté. La navigation est simple et rapide, l’interface clair et dynamique. Vous y trouverez les liens facebook et twitter désormais indispensable pour les geeks que nous sommes :o) ! (..)

Un compte Twitter vous dites ? On l’attend toujours. Dans cent ans peut-être…

Le tout premier rail, vaille que vaille

Le vendredi 22 juin 2012, le premier rail du tramway de Besançon sera officiellement posé avenue François Mitterrand.

Pagaille, ferraille, grisaille, Bisontins qui braillent. Aïe aïe aïe ! Faudrait pas que le tram déraille…

Vite ! Vaille que vaille, saisir le gouvernail, éviter la mitraille et les diseurs qui raillent.

Il faut trouver un éventail afin de chasser cette grisaille. Ramener les brebis au bercail.

Alors inviter tout le sérail. Lui servir mangeaille et cochonnaille arrosées de jus de papaye et de crémant extra-dry.

Puis, médaille au poitrail et fier comme un samouraï, inaugurer LE PREMIER RAIL.

Non pas comme un bout de ferraille, comme un détail ou un bonzaï. Plutôt sortir tout l’attirail et faire de ce feu de broussailles de merveilleuses retrouvailles.

En somme, la fin de la grande muraille séparant les ouailles de l’éminent épouvantail :

« – Oh que m’offrez-vous là mon ami ? Un rail de fiançailles ? Je tressaille, je défaille, les émotions m’assaillent… ».

A moins bien sûr que la belle bâille, piaille et puis s’en aille. Tournant le dos aux épousailles, au rail, à cette canaille d’autorail :

« Ton feu de paille sent l’ail et pis y’a pas marqué cobaye. Bye bye. »

Quand le Jura rate son buzz à cause… d’une adresse internet squattée

Ce billet est l’oeuvre d’un « rédacteur invité » comme on dit…


« Vous écoutez France-Info, il est 7h48 … tout de suite une page de pub puis votre journal… »

Sans doute avez-vous entendu cela sur l’antenne radiophonique de service public. En temps normal, durant la pub, il vous arrive de zapper sur une autre station. Et parfois, vous restez pour ne pas rater le journal de 8 heures. Si tel est le cas, vous n’avez pu échapper à la publicité – très osée –  initiée par le Comité départemental du Tourisme (voici un article détaillé consacré à cette campagne ).

Si vous n’avez pas entendu les spots diffusés, un petit retour en arrière s’impose.

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Aguicheurs, osés, décalés…. Un peu trop au goût de certains. La polémique est déclenchée et le retrait de l’antenne demandé par les Chiennes de garde.

Le défaut de conseil et l’image de marque

Avec ces spots, le CDT du Jura a voulu créer un « buzz ». En langage pro, on parle de campagne de marketing viral.

Notons que selon LePoint, c’est la même agence de pub bisontine [Dartagnan, ndlr] qui est à l’origine d’une autre campagne remarquée sur la saucisse de Morteau et ses 20 centimètres de pur bonheur.

Sauf que le buzz à tout prix peut parfois devenir incontrôlable et se révéler préjudiciable pour une marque. Sur 10 opérations de marketing viral, en règle général, seules une ou deux arriveront à se démarquer du lot.

D’emblée, précisons que le marketing viral est une affaire de spécialistes et non de simples pubards désireux de diversifier leur activité historique. Car une opération de « buzz » n’est pas un simple coup de chance : c’est une mécanique subtilement orchestrée.

Vous n’avez par exemple pas pu rater le clip de Victoire Passage, mystérieuse blonde qui soutenait le candidat à la présidentielle du Front de Gauche… Devinez qui était derrière ? Voici la réponse étayée de quelques conseils de vrais pros.

Pour notre campagne jurassienne, le buzz tourne au fiasco et se retourne contre la marque. En l’occurrence, contre le territoire et son image jusqu’à ce jour considérée comme prestigieuse, calme, douce et réservée.

La faute à des spots trop courts intégrant une ambiance musicale proche d’un glauque service de Minitel rose, des textes limites incompréhensibles et pas assez décalés, et pour couronner le tout, une voix-off très mal choisie qui ne fait pas franchement envie. C’est à penser que le territoire est prêt à se prostituer pour accueillir les touristes.

Mais l’erreur est encore plus grave lorsque l’on sait qu’au terme de l’écoute, la finalité est de renvoyer les auditeurs vers le site du CDT jurassien. Ce site est accessible à l’adresse suivante : « jura-tourisme.com »

Maintenant, réécoutez bien les deux spots. L’adresse donnée littéralement par la voix-off à la fin du spot et interprétée par l’auditeur-internaute est « jura tiret tourisme point com ».

Faisons le pari qu’en rentrant chez vous après avoir entendu ces spots, vous chercherez logiquement à vous connecter sur ce dernier en tapant l’adresse dans votre navigateur. Vous vous souviendrez alors de trois mots clés : « Jura tourisme pointcom ».

Et la, ce fichu tiret toujours oublié va venir jouer les troubles fêtes. Car « juratourisme.com » n’appartient pas au CDT.

L’internaute se retrouvera sur une page dite de « parking » et qui est la propriété d’un squatteur. Grâce à cette publicité inespérée, notre anonyme a du voir le trafic de sa page augmenter et ainsi pu générer malgré lui quelques centaines de dollars supplémentaires pour ce qui semble être un service de réseau social. Sympa le Jura !

Entre l’oubli du dépôt d’un nom de domaine par une candidate bisontine aux législatives qui se présente comme une « pro du web », le slogan coquin du Doubs et un autre cas régional de typosquatting similaire au cas du Jura [Allez faire un tour sur ville-belfort.fr puis sur villebelfort.fr], on s’aperçoit qu’un mauvais conseil peut faire perdre de l’argent et de la crédibilité à une marque.

Cette fois-ci, c’est sur le Jura que ça tombe. Mais on espère bien entendu que l’Originale Franche-Comté arrivera à rattraper le coup.

« Concevoir une stratégie digitale est définitivement une affaire de pros… du digital » dixit un spécialiste bisontin du sujet.

Rien à ajouter.


Ils en parlent sur le Web :

Besançon-Briançon, l’éternelle méprise ?

Le reportage « Zoom sur Besançon » diffusé sur TF1 le dimanche 1er mai a déjà fait beaucoup parler dans les foyers bisontins (au-delà, on ne sait pas).
Figurez-vous qu’il sera suivi d’une réplique annoncée pour cette fin de semaine.
Isabelle Morino-Bosc, chroniqueuse magazine, a aaaaaaaaaaaaaaadoré ce reportage. Elle en a contracté une bisontophilie carabinée et souhaite le faire savoir au reste du monde.

Pour partager son coup de cœur, Isabelle s’y est pris comme elle en a l’habitude : elle en a fait le sujet de son édito hebdomadaire – un billet publié sur la toute première page de TV Magazine.
Le « TV Mag », vous savez, ce bonus week-end inséré dans de nombreux quotidiens français dont l’Est Républicain et que le Bisontin compulse frénétiquement aux toilettes quand il a fini « Top annonces ».
Le billet en question est annoncé pour ce week-end.

Extraits :

Dans le doute abstiens-toi, mais dans le Doubs rends-toi ! J’ai eu cette révélation en regardant TF1 l’autre dimanche. (…)

(…) nous avons vu le reportage consacré par la Une à la ville « verte » de Besançon, que j’avais tort de ne connaître que de nom.

Alors et allez, non-Bisontins, deux jours au vert à Besançon !

Cet édito est d’ores et déjà consultable sur le site de tvmag. L’Est Républicain lui a d’ailleurs consacré un petit billet. Un billet qui parle d’un billet… pffff

Le nombril

C’est là que mon instinct de blogueur a pris le dessus. Et le blogueur, même hyper-local, est nombriliste.
Même pas honte.
Pour bien comprendre, voici deux types de réactions présentées en parallèle :

  • à gauche, la réaction d’un Bisontin « normal » un brin chauvin, fier de sa ville ;
  • à droite, celle d’un blogueur bisontin un poil égocentrique et carrément opportuniste.

Désillusion

Fort de ma conviction que de nombreuses personnes vont se précipiter directement de leur « TV Mag » à leur clavier, je décide de vérifier le positionnement sur Google de mon billet consacré au reportage de TF1. Le nombril je vous dis.

Dans le champ de recherche Google, je saisis donc : « reportage Besançon TF1 »

Je lance la recherche et… j’hallucine. Voilà que Google me suggère une correction !

En gros, l’hypothèse que TF1 ait consacré un reportage à notre ville lui semble totalement farfelue.
Google me suggère donc de corriger cette maladresse (forcément) en remplaçant Besançon par Briançon…

Et comme si je n’avais pas encore compris, les deux premiers résultats proposés par le moteur de recherche prennent en compte cette correction imposée suggérée.
Comble de l’ironie : ils me renvoient vers un « Zoom sur Briançon » en lieu et place de mon « Zoom sur Besançon » tant désiré !

Argglll ! Non là c’est trop !
Non mais hé ho !!! Et les couillons qui vont faire comme moi après avoir lu leur TV Magazine ? Ils vont se retrouver en vacances dans les Hautes-Alpes c’est ça ? Alors que tous s’y étaient mis pour les attirer dans le Doubs (TF1, Isabelle Morino-Bosc…) !
Certainement un sale coup de l’Office du Tourisme de Briançon ! Le nôtre doit réagir et vite !

Une vieille affaire

Il faut dire qu’entre Besançon et Briançon, la confusion n’est pas récente… Cette similitude phonétique, cette initiale commune et cette cédille en sont bien évidemment les principales explications.
Histoire d’en rajouter, ce boulet de Vauban n’a rien trouvé de mieux que de bâtir une citadelle sur chacune des deux villes.

Pour ma part, cela me ramène une quinzaine d’années en arrière, quand j’étais étudiant à la Fac de Besançon (émotion, nostalgie…).
L’un de mes professeurs s’appelait Jean-Michel Ligier. Il enseignait la communication « institutionnelle ». Ce monsieur avait été le premier Directeur de la Communication de la Ville de Besançon. Je l’entends encore nous confier que le tout premier objectif de la ville, dans sa stratégie de communication vis à vis du reste de la France, avait été de distinguer clairement son image de celle de Briançon.

Du chemin a été fait en 25 ans. N’empêche que les anecdotes fourmillent encore.
Emmanuel Dumont, actuel Adjoint à la Communication de la Ville, rapporte notamment celle de ce candidat à un poste au service communication qui se faisait attendre à son entretien d’embauche. Il appelle finalement pour s’excuser. Il s’était trompé de train et se trouvait dans celui de… Briançon (authentique).

Plus récemment, Samuel Goldschmidtreporter pour RTL dans l’Est de la France (et au-delà) roulait vers Besançon pour y couvrir une actualité supposée : des enfants d’une classe de Besançon se seraient trouvés dans une région d’Espagne venant de subir un tremblement de terre…
Il raconte la suite sur Twitter :

Mais l’anecdote la plus fameuse concerne l’Empereur Napoléon Ier himself. Suite à sa fuite de l’Île d’Elbe, Napoléon remontait vers Paris via les Alpes durant ce printemps 1815. C’était son fameux come-back des Cent-Jours.
A la tête d’hommes de plus en plus nombreux, l’Empereur fait halte à Gap le 5 mai. Consultant ses cartes, il remarque que Briançon n’est qu’à un jour de marche et s’adresse ainsi à son aide de camp :

Briançon est toute proche et l’on me dit qu’on y trouve les meilleurs horlogers. Allons-y sur le champ que j’y remplace cette montre que j’ai laissée sur l’Île d’Elbe.

La petite histoire rapporte que son aide de camp, Jurassien de naissance, lui aurait habilement expliqué sa méprise. Lui évitant in-extremis une regrettable erreur d’aiguillage.
Sans lui, l’aller-retour Gap-Briançon aurait inutilement retardé la troupe. On aurait parlé des « Cent-Un-Jours » – comme les dalmatiens – ça n’aurait pas fait très sérieux.

Vengeons-nous !

A la vérité, Briançon est une ville charmante mais minuscule : à peine 12 000 habitants.  C’est vraiment très peu, surtout au regard de la population bisontine qui lui est dix fois supérieure en nombre. Ceci devait être dit.

Utilisons maintenant « Google trends » pour remettre les choses à leur place. Ce service de Google, permet de comparer les volumes de recherches effectuées sur tels ou tels mots-clés.
Comparons donc les  recherches sur « Briançon » et « Besançon ».
Le mot-clé Besançon est clairement le plus saisi sur Google. Briançon fait pâle figure…
Besançon vainqueur par KO ! Na !

Pour terminer, voici une recherche vengeresse car nous aussi nous sommes « prioritaires » sur certains mots-clés. Briançon n’a qu’à bien se tenir !