Le tram sur votre smartphone… un jour peut-être

Hé !
Hé ! Ho !
Il y a quelqu’un !?
Quelqu’un qui teste ? qui vérifie avant que la com’ communique sur notre bien-aimé tramway ?

Franchement on se demande.

Pour moi ça avait commencé dès le lancement du portail officiel du tramway du Grand Besançon. J’avais envoyé une floppée de questions depuis la page « Posez votre question, vous obtiendrez rapidement une réponse » et démontré que personne ne répondait.
JL Fousseret lui-même s’en était ému et m’avait assuré via son mur Facebook que j’obtiendrai réponse.
Un an après, j’attends toujours. C’est ballot.

Espérons que les questions parviennent désormais à la Maison du Tram récemment ouverte et ne se perdent plus dans la nature. Sinon autant attacher un message à un ballon gonflé à l’hélium, n’est-ce pas ?

Autre exemple de « bad com' » sur le dossier tram : début septembre, on annonce dans le BVV le remisage de la statue du marquis de Jouffroy d’Abbans pendant les deux années de travaux. Boulette : on avait « omis » de contacter préalablement le sculpteur Pascal Coupot pour l’en informer et obtenir son accord. Heureusement, les internautes s’en étaient mêlés et notre vaporeux marquis devrait éviter le cachot.

Et voilà qu’aujourd’hui je trouve encore matière à grommeler. Quel emmerdeur !
Oh ! vous me direz, c’est un détail. Je pinaille. Tttt ttt ttt… pas tant que ça.

Je m’explique : je suis abonné à la newsletter du tramway. Vous pouvez d’ailleurs en faire autant sur la page d’accueil du « Tram’Web » (le formulaire est en bas à gauche).
Je reçois donc cette « lettre d’information numérique » dans ma boîte mail depuis fin juin dernier. Au menu : infos sur le tram, annonces des travaux… Un moyen de communication pratique et incontournable.

Nous en sommes à la lettre n°20 et ce qui n’a pas changé depuis la n°1 c’est cette annonce que l’on trouve à la fin de chaque newsletter :

En voilà une bonne idée. Et le portail Web optimisé pour affichage sur smartphones que l’on aperçoit sur l’image à l’air sympa comme tout.

Sauf que…

Sauf qu’il s’agit d’un effet d’annonce non suivi d’effet. Sur les smartphones, le portail du tram est le même que sur « grand écran ». Rien à voir avec la jolie image-promesse ci-dessus. Le site n’est donc pas optimisé pour l’affichage sur mobile contrairement à ce que laisse entendre cette annonce depuis bientôt 5 mois (!) Et pourtant cette fois, les travaux ont bien débuté.

D’ailleurs dans les pages « spéciales tram » du BVV de novembre, on nous offre un code 2D à flasher depuis notre smarphone pour accéder directement à la page dédiée aux travaux en cours… Mais ce code ne mène qu’au site « normal » difficilement utilisable sur smartphone. Tout se passe comme si personne ne s’en était aperçu, à part les utilisateurs.

Capture d’écran depuis un Iphone :

Pour de vrai

Pourtant d’autres villes en cours de « tramification » le font POUR DE VRAI :

A Brest par exemple, on ne fait pas semblant. Le site mobile existe vraiment. On en parle sur cette page. Sur smartphone, la page optimisée ressemble à ça :

A Tours, on a carrément créé une application gratuite pour Iphone et Androïd. Et voilà ce que ça donne :


A Dijon et au Havre, on n’a créé aucun site optimisé… comme à Besançon donc. A la différence qu’au Havre et à Dijon, on ne se vante pas d’avoir un site optimisé pour les smartphones. Histoire de faire « moderne ».

Alors quoi ? Y’a quelqu’un ? Coucou les gens ! Coucou l’agence chargée de développer la site mobile !
Si c’était dans votre cahier des charges, il faut le créer ce site optimisé … ou au moins leur dire d’attendre à la com’ avant d’en parler (déjà 5 mois qu’ils en cause). Et puis dans trois ans, il sera trop tard.

Aller, pour vous faire pardonner, si on pouvait avoir en prime une webcam et un streaming en direct de notre Sainte Maquette, ce serait vraiment top ! On a besoin de bleu à l’approche de l’hiver.

Besançon et le tram espagnol : le Grand Dijon jette de l’huile sur le feu et moi je fais un rêve

Et c’est reparti pour un bref rappel des faits :

Épisode 1 : le marché des rames du tramway du Grand Besançon a été remporté par une entreprise espagnole : CAF.

Épisode 2 : Fin septembre, alors que la CAGB organisait un voyage de presse sur le futur site de production en Espagne, Mireille Péquignot (conseillère municipale bisontine de l’opposition et déléguée communautaire) fustige le choix d’un constructeur espagnol dans un communiqué de presse. On y lit notamment :

[quote]Faire venir des rames d’Espagne alors que nous produisons ces matériels en Franche-Comté est un véritable non sens économique, industriel, écologique et social.[/quote]

Mme Péquignot accuse également le Président de la CAGB – Jean-Louis Fousseret – « de jouer les VRP de luxe de l’entreprise espagnole CAF, concurrente d’Alstom (…) » l’importante industrie et employeur régional que tout le monde connait.

Épisode 3 : Jean-Louis Fousseret répond dans un communiqué cinglant publié dès le lendemain. Extrait :

[quote]Je ne suis le VRP de personne, si ce n’est de notre ville, et de notre région, et spécialement auprès du monde économique… [/quote]

Il ajoute :

[quote] (…)dois-je vous rappeler que les marchés publics de ce type sont soumis à une procédure d’appels d’offres au niveau Européen, qui répond à un strict ordonnancement juridique soumis au contrôle du juge … [/quote]

Épisode 4 : Le 7 octobre dernier, en Conseil communautaire du Grand Besançon, Mme Péquignot remet ça et une grande partie des délégués présents quittent la salle.
Quelques jour plus tard, elle publie une nouvelle lettre ouverte. Selon elle, le Grand Besançon aurait pu choisir Alstom pour fabriquer ces rames de tramway.

Épisode 5 : La polémique dépasse le microcosme bisonto-bisontin puisqu’elle vient de Dijon. Du Grand Dijon pour être précis.


Dans son édition du 31/10, l’hebdomadaire « Le Journal du Palais de Bourgogne » (rien que ça) publie un article sur l’arrivée de la première rame du tramway de Dijon. Le constructeur est Alstom.
Un encadré complète l’article. Il commence ainsi :

C’est une « pique » à peine déguisée à la communauté d’agglomération du Besançon, qui vient de choisir, pour fabriquer son tramway, l’espagnol CAF, alors même qu’Alstom possède deux sites industriels en Franche-Comté, l’un à Ornans, l’autre à Belfort. (…). CAF était sur les rangs aussi à Dijon, un peu moins cher qu’Alstom (50.000 euros de moins par rame).
Mais « nous sommes fiers d’avoir retenu Alstom au terme de notre appel d’offres« , souligne André Gervais, conseiller du Grand Dijon chargé du projet de transport en commun en site propre (TSCP).
(…) l’élu insiste sur la volonté politique du Grand Dijon de « contribuer au soutien de l’industrie française et de ses emplois » …

Pan sur les doigts ! Donc en substance, pour ce représentant du Grand Dijon : quand on veut on peut. Ils n’en manquent jamais une les Dijonnais pour rappeler que c’est eux « les grands ».

Bien bien…

Résumons :

  • à ma gauche JL Fousseret et ceux qui affirment qu’il n’est pas possible d’orienter un appel d’offre de cette envergure vers le choix d’une entreprise locale ( procédure d’appels d’offres au niveau Européen, strict ordonnancement juridique soumis au contrôle du juge, etc.) ;
  • à ma droite M. Péquignot et le délégué TSCP du Grand Dijon pour qui il est tout à fait possible d’orienter un appel d’offre comme celui-ci vers le choix d’une entreprise locale.

Et le débat entre ces deux thèses où est-il ? Nulle part car nous n’avons eu droit au final qu’à un échange de certitudes. C’est pour l’instant à celui qui parle le plus fort. Les arguments, les vrais, nous n’en avons pas lus, pas vus, pas entendus.
Les Grands Bisontins sont-ils des gens trop simples incapables de comprendre quand on leur explique ? Pourtant ça apporterait de la clarté ne croyez-vous pas ? Ca éviterait les rumeurs, les « on m’a dit que »… ça permettrait de se faire un avis, un vrai.

Alors moi j’ai fait un rêve

Un rêve façon « Martin Luther King bisontin ». Un vrai rêve de citoyen qui en a plus qu’assez d’entendre des élus du peuple s’invectiver sans oser élever le débat au niveau de notre compréhension. Dans mon rêve, il est question de pédagogie à l’endroit des Grands Bisontins. Je vous raconte :

  1. Première partie de mon rêve : Mme Péquignot m’envoie une petite lettre (elle aime bien écrire des lettres je crois) dans laquelle elle étaye ses propos.
    Elle explique concrètement comment doit s’y prendre une communauté d’agglomération qui lance un appel d’offre au niveau européen afin d’orienter son choix en toute légalité vers une entreprise locale.
    Dans sa lettre elle ne se contente pas de donner des positions de principe sur l’intérêt de privilégier l’économie locale (comme elle l’a fait jusqu’alors).
    Non non, elle précise comment s’y prendre techniquement et juridiquement. Bref, elle démontre par A + B que c’est possible.

    Bref , un véritable argumentaire. De la politique avec un gand P. La base d’un débat est enfin établi. Et moi, petit blogueur, je publie sa lettre.
    J’y crois. Elle va le faire !

  2. Seconde partie de mon rêve : Jean-Louis Fousseret, piqué au vif par le magistral argumentaire détaillé que vient de pondre son opposante, décide de répondre à son tour et de faire preuve – lui aussi – d’une grande pédagogie en expliquant pourquoi les procédures d’appel d’offre au niveau européen ne permettaient pas de choisir Alstom en lieu et place du constructeur espagnol. Il ne se contente pas de dire : « ce n’était pas possible juridiquement » et de renvoyer son opposante dans les choux (comme il l’a fait jusqu’alors).
    Non non : il explique et donne des arguments techniques et juridiques précis. On veut des références, des textes, du Code des marchés publics et tant pis si on ne comprend pas tout.
    Et tant mieux si c’est un conseiller très pointu qui s’occupe de la réponse. Je ne sais pas vous mais moi je préfère quand on m’explique. Même si je secoue parfois la tête de haut en bas pour faire croire que j’ai tout intégré…

    Et vous savez quoi ? Le petit blogueur décide – grand seigneur – de publier la lettre de son Maire et Président d’Agglomération.
    Et voilà comment on se retrouve en présence de deux beaux argumentaires. En les confrontant, je suis sûr que l’on pourra se rendre compte si quelqu’un bluffe ou nous cache des choses.

Et c’est là que je me suis réveillé…

…mais je ne demande qu’à reprendre ce rêve citoyen. Alors chers élus, vous êtes les bienvenus. Cet espace vous est ouvert.

Gonflé non ?


Pour aller plus loin

  • l’article du « Journal du Palais de Bourgogne » dont il est question dans ce billet.

  • et comme qui ne risque rien n’a rien :


Besançon, l’automne et les langues qui pendent

Ça fait un bail que je me retiens. Un bail que je reste silencieux. Que je passe tout droit sans m’attarder en évitant de poser mon regard sur « ces choses« .

Dans ce genre de situation – vous savez – on regarde le sol ou l’horizon. On évite d’y attacher trop d’importance.
On ignore et on passe en se disant : « D’abord ce n’est pas pour moi. D’abord je ne regarderai pas. »
Et puis au fond, ça ne dure que quelques semaines. En plus il fait nuit tôt fin octobre. Dans l’obscurité on les remarque moins.

Cependant… je me rappelle… C’était il y a deux ans : la place Marulaz en était envahie. Chaque recoin était colonisé.
Même la nuit, sous les néons des réverbères, on ne pouvait pas les manquer : au pied de la fontaine, dans la fontaine, sur la fontaine, au bord de la rue, sur les escaliers – il y en avait partout.
D’ailleurs, on ne pouvait plus s’en approcher de la fontaine. La pauvre était littéralement condamnée. C’était un crève-cœur de la voir ainsi colonisée, noyée, enchevêtrée, étouffée…

[quote]… Marulaz ! Marulaz outragée ! Marulaz brisée ![/quote]

… mais Marulaz libérée – quelques semaines plus tard. Ouf !

Retour en 2011 : l’automne s’installe et comme chaque année à l’approche de la Toussaint, les « choses » ont envahi la ville. Petit à petit. Insidieusement. Une petite place par-ci, un mignon rond-point par-là… On ne se sent plus vraiment chez soi.

Alors j’ai grommelé, j’ai persiflé, j’ai protesté, comme chaque fois. Mais uniquement dans l’intimité. En famille. Dans mon cercle privé comme on dit.

En public je suis resté plutôt discret.
Par respect pour le travail effectué et pour ceux qui apprécient ça. Car c’est une question de goût n’est-ce pas ?

Mais voilà

Ce soir j’ai ouvert mon BVV ((magazine municipal « Besançon Votre Ville »)), j’en ai parcouru le sommaire et j’ai vu qu’un article leur était consacré page 14.
J’ai lu. J’aurais pas dû :

— Pardon ? Pardon ?


— Vous dites ?


— Hein ? Quoi ?


Ce toujours est bien embêtant car il ne nous laisse pas le choix voyez-vous. Il veut tout englober. Tout le monde et tout le temps.

C’est un toujours consensuel. Un toujoursqui relève l’existence d’un accord tacite. Et tout ça sur le ton de l’évidence. Ce “toujours” s’impose à tous. Tout comme ce fleurissement général”.

En bref : « le fleurissement d’automne est très apprécié – chaque année et par tous – et voilà c’est dit, c’est comme ça, on le sait… »

Bien bien… soit.
Alors puisque que ce fleurissement général est en partie (si si en toute petite partie) financé par mes impôts et qu’il concerne MA ville… eh bien cette année c’est décidé : je lève les yeux et je l’ouvre.
Ce qui va suivre va être très subjectif et différera quelque peu du traitement que la presse réserve habituellement aux meeeeeeerveilleuses compositions florales d’automne de notre bonne ville : l’Est Républicain, Macommune.info.

Ici c’est un blog. Vous voilà prévenus.

On peut !

Oui on peut dire que l’on n’aime pas. Même pas du tout. Ça ne met pas en cause le temps et l’énergie qu’on dépensé les équipes de jardiniers de la Ville. Car ils travaillent, c’est clair. A quatre pattes au milieu des massifs à passer des jours entiers à fignoler leurs compositions.

Mais voilà. Moi je déteste le résultat et je vais tenter de vous expliquer pourquoi.

Chaque année c’est le même scénario : avalanche de chrysanthèmes sur la ville. Et afin de débarrasser ces fleurs de leur connotation funéraire, on évite de les présenter bien droites – alignées comme des petits soldats – dans des jardinières de cimetière.
Alors on les assemble par centaines, voire par milliers. On en plante le plus possible sur chaque espace disponible. Par couches, par strates, en volume, en se lâchant sur les formes, sur les assemblages, en y ajoutant quelques choux (ornementaux) ou du bois, de la toile, des bidules, des machins, que sais-je…
Partout ça grimpe, ça tombe, ça fait des vagues, des plis.

Et les couleurs ? Du jaune, de l’orange, du mauve, du rouge, du blanc… mais avec toujours cette texture funéraire si gaie et tellement indissociable des chrysanthèmes. Malgré tout.

A l’arrivée c’est un mariage forcé de couleurs. De coulures devrait-on dire tant ça dégouline et ça déborde de tous côtés.
Il y a de l’entassement plus que de l’harmonie. Et l’impression étrange que tout cela a été façonné dans de la pâte à modeler. Pas avec des fleurs. Quel dommage !

En 2011 la tendance est aux “langues qui pendent”. Et les langues en question sont bien chargées… faudrait consulter.

Zut quoi !

C’est chouette l’automne non ? Les couleurs sont déjà là, sur les arbres et le sol. Elles sont magnifiques ! Alors pourquoi les parasiter sans finesse avec ces chrysanthèmes aux couleurs fades ? Pourquoi en faire des tonnes ?
Au final, l’effet est le même que celui d’un maquillage outrancier sur un joli visage. Au mieux ça gâche. Au pire ça enlaidit.
Nausée.

Bref.  Notre fleurissement d’automne est aux antipodes du minimalisme et de l’harmonie des jardins japonais. Et sans vouloir imiter les nippons qui ont su porter le jardin au rang d’art, il y aurait peut-être moyen de trouver une voie médiane, un chemin vers le bon goût et la nuance, non ?

Et ça plaît ?

Oui ça plaît, à certains. Et ça déplaît à d’autres. J’ai lancé un petit sondage il y a environ une semaine. Il n’a sans doute pas une grande valeur mais il montre au 1er novembre les résultats ci-contre. Le nombre de réponses augmentera sans doute avec ce billet.
Vous pouvez d’ailleurs répondre à ce sondage en vous rendant sur cette page.

Pour l’instant, une majorité de « sondés » apprécie les compositions florales d’automne. En en parlant autour de moi, pas de doute : les plus âgés sont les meilleurs clients de ces petites merveilles. Les jeunes beaucoup moins.

Une certitude : ce n’est pas « toujours très apprécié » contrairement à la version officielle du BVV. Je ne suis pas un « cas isolé ».

Aux gens qui me connaissent : svp, le jour où vous me voyez me pâmer devant ce sublime flétrissement fleurissement automnal, merci de me rappeler que je n’aimais pas du tout ça quand j’étais encore « un peu jeune » et qu’il serait tant que je me ressaisisse.
J’ai trop la trouille de l’étape suivante : apprécier André Rieu – sa vie, son œuvre.
Faut dire que dans son genre, ce musicien monsieur est également un spécialiste de l’entassement et pas de l’harmonie, de la coulure et pas de la couleur, etc.

De là à parler d’André Rieu floral…

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Alléluia ! Elle est là !

L’Est Républicain l’annonce dans son édition de ce jour : c’est aujourd’hui – enfin – que la maquette doit revenir parmi nous. LA bonne nouvelle !

Dehors, il pleut et pas qu’un peu. Tant pis : je veux être LE premier pèlerin.

Alors je m’encapuche et je sors. J’affronte ces gouttes glaciales et ce sol flaqueux. Hue ! fier destrier ! Mène moi à la Sainte-Maquette !

Je précise ici que le temps des pèlerinages à genoux dans les pierres coupantes est révolu : je pélerine en vélo électrique. Il faut vivre avec son temps.

Dans les rues, je zigzague autour des piétons aveuglés de pluie.

Tiens ! encore de nouveaux chantiers ouverts un peu partout.

Je dépasse le centre St-Pierre et là où hier encore il n’y avait qu’un emplacement vide aménagé pour l’accueillir : je LA vois.
Disons plutôt que je reconnais cette silhouette, cette grâce.
Elle est recouverte d’un drap blanc qui ne laisse rien paraître de ce bleu turquoise que les Bisontins ont appelé de leurs voeux. La Sainte-Maquette est là, blanche de pureté. Comme elle est belle !

Autour d’elle des hommes besogneux s’affairent à lui bâtir un abri de verre et de bois. L’espace d’un instant, je pense à arracher un petit bout du drap – une relique – mais je n’ose pas m’approcher. Trop intimidé. Je me contente donc d’un ou deux clichés dérobés entre les gouttes.

A bien y réfléchir, notre tramway vénéré c’est un peu Benjamin Button : il vit sa vie à l’envers. Le voici aujourd’hui immobile gisant sous son suaire. Demain il prendra place pour quelques années sous un sarcophage de verre.
Sous les regards patients des Bisontins, il attendra alors que tout soit prêt pour lui.

Alors il verra le jour. Alors il prendra vie.

La Sainte Maquette du Tramway de Besançon

C’est bientôt novembre, mois de grisaille. Pourtant, un joli bleu turquoise recouvre Besançon.
Ce bleu c’est celui du tramway qui circulera dans la ville en 2015.

Depuis quelques mois, la com’ officielle du tram est enclenchée. Elle tente de capitaliser un maximum de points de sympathie avant le grand hiver orange.
Hiver orange comme les cônes de chantier qui envahissent la ville. Deux longues années de travaux sont annoncées.

Alors Besançon se creuse de taupinières géantes, des rues sont déviées, d’autres s’embouteillent. Des arbres par dizaines jouent leur dernier grand effeuillage d’automne – avant tronçonnage.

Sur les trottoirs, ça grogne, ça proteste, ça refuse. Et ce n’est que le début.

Faire aimer le tram vite ! Donner aux Bisontins l’envie de serrer les poings et de patienter jusqu’à la première rame. Jusqu’aux premiers bienfaits.

Pour les aider un peu, cette belle maquette grandeur nature offerte par CAF (le fabricant espagnol du tram) sera exposée en pleine rue. Mais un cadeau à 300 000 euros ça se protège.
La maquette sera donc présentée… dans une cage de verre.

On pense alors aux précédents : à Mao, à Lénine et – dans un tout autre registre – à Bernadette Soubirous et au Curé d’Ars. Tous exposés sous verre après leur mort et offerts au culte et à l’adoration.

On imagine déjà les Bisontins agenouillés devant la Sainte Maquette, venus s’oindre le coeur d’un peu de baume bleu turquoise. Puis repartant apaisés, se disant que l’amertume de cette pilule orange finira bien par passer. Avec l’hiver.

La maquette du tramway de Besançon sera exposée près du centre St-Pierre, en face du pont de la République

SONDAGE : Que pensez-vous des compositions florales d’automne à Besançon

Vous pouvez voir des photos des compositions florales de cette année dans ces articles de presse : Macommune.info, l’Est Républicain.
D’autres photos dans ce billet.

N’hésitez pas ensuite à donner votre avis dans le sondage ci-dessous.


Burqa : des policiers de Besançon risquent-ils d’être sanctionnés pour ne pas avoir verbalisé ?

Au départ, il y a cet article publié dans le magazine mensuel gratuit « La Gazette de Besançon ». Son titre : « SE BALADER À BESANÇON EN BURQA : UN JEU D’ENFANT… »
En burqa… disons plutôt en « niqab » ou en « sitar » puisque – comme l’explique la journaliste auteur de l’article – la burqa n’existe qu’en Afghanistan.

La journaliste en question c’est Céline Garrigues qui a décidé de se vêtir le temps d’une promenade dans les rues du centre-ville de Besançon d’un voile noir intégral.
Pourquoi cette idée saugrenue ? Réponse dans l’introduction de l’article :

Depuis le 11 avril 2011, le port de la burqa dans la rue est une infraction. Le texte de loi, qui indique que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage » prévoit une amende pouvant aller jusqu’à 150 euros. Alors que les premières condamnations en justice pour port du voile intégral tombaient le 22 septembre dernier, nous avons voulu observer la réalité du terrain à Besançon. Notre journaliste s’est glissée le temps d’un après-midi sous le long voile noir opaque.

Balade en voile intégral dans les rues de Besançon

Voilà donc Céline Garrigues – le visage et le corps voilés de noir – s’aventurant dans les rues les plus fréquentées de Besançon. La foule est dense en ce samedi après-midi ensoleillé de septembre.
S’enchaînent sur son passage des regards souvent surpris et parfois réprobateurs, des réflexions, quelques moqueries. Sa présence ne passe pas inaperçue. C’est évident.

Je peux en témoigner car je suis l’une des deux personnes qui ont suivi Céline ce jour-là afin de prendre quelques clichés et d’observer et écouter les réactions sur son passage.

A deux reprises, la journaliste croise un véhicule de la Police Nationale. Rien ne se passe :

[quote]Je passe devant eux en ralentissant le pas, mais rien… Pas d’amende, ni d’interpellation. Les forces de police semblent être davantage attentives aux vols à l’étalage en ce samedi noir de monde.[/quote]

J’ai pris la photographie ci-dessous lors de la deuxième rencontre avec les policiers.

Des policiers sanctionnés pour ne pas avoir verbalisé ?

Une semaine environ après la sortie de la Gazettte d’octobre et la publication de cet article, Céline Garrigues signale sur Twitter que les policiers qui ne l’ont pas verbalisée risquent de se faire remonter les bretelles :

C’est un gradé de la Police nationale chargé – au Commissariat des Besançon – des relations avec la Presse qui a appelé la journaliste ce mercredi matin 19 octobre. Non pas pour lui reprocher sa promenade en voile intégral mais pour en savoir plus sur la date et l’heure à laquelle le test s’était déroulé.
Le gradé en question souhaitant également obtenir les photographies prises à cette occasion.

Face à cette demande, la journaliste m’a précisé être restée très évasive, ne donnant ni la date ni l’heure de cette rencontre avec les policiers. Date qu’elle dit d’ailleurs ne pas avoir notée « sur son agenda comme un rendez-vous habituel. »
Le gradé a pour sa part insisté. Enchaînant sur le fait que la loi est la loi, et que les agents sont tenus de la faire respecter, foule ou pas foule, d’autant qu’à Besançon, il y a très peu de personnes  intégralement voilées.

En attendant, la jeune journaliste a immédiatement contacté le SNJ (Syndicat National des Journalistes) pour savoir précisément comment réagir face à ce genre de demande. A l’évidence, il n’est pas du rôle d’un journaliste de collaborer aux enquêtes interne de l’administration et a fortiori de la Police Nationale.

On imagine aisément que cette requête de la Police ne vise pas à congratuler ses fonctionnaires.

Que risquent-ils ? L’initiative vient-elle du Commissariat ou de plus haut ?

Ce billet sera mise à jour en fonction d’éventuelles informations à venir…

Sur le Web

De l’humanitaire dans la sauce Barilla

Il est toujours positif pour une grande marque de s’associer à une association humanitaire lors d’une campagne promotionnelle.
Le deal est le suivant : le caritatif « humanise » l’image de la marque et confère à la campagne en question un sens moral qui va au-delà du simple fait commercial. La marque communique sur son partenariat et, en échange, elle collecte des fonds qui seront reversés à l’organisme humanitaire.
Bref, du coeur contre de l’argent. Ce n’est pas nouveau.

Dans le cas de Barilla et de son opération promotionnel « Casa Barilla » qui vient de passer trois jours à Besançon, les choses étaient clairement annoncées :

Pour accéder gratuitement à Casa Barilla et participer à ses activités, il suffit de réserver sur le site : www.barilla.fr (rubrique « Casa Barilla – La tournée »)
Pour ceux qui n’auraient pas réservé, une participation de 1 euro par personne sera demandée et 3 euros par famille. L’intégralité des fonds sera reversée à une oeuvre caritative: la Fondation Mouvement Village d’Enfants.

On peut trouver ces précisions sur le site bisontin Macommune.info mais également sur tous les sites web qui ont repris la dépêche de presse de Casa Barilla lors de son passage dans d’autres villes françaises : Bordeaux, Paris, Dunkerque.

Voici d’ailleurs la dépêche de presse que Barilla a adressé aux organes de la Presse locale :

La règle est posée : l’entrée est gratuite si et seulement si la réservation a été faite à l’avance. Sinon c’est payant.
Surprenant pour une opération de marketing comme celle-ci qui cherche à toucher le maximum de consommateurs de visiteurs. Mais bon : c’est pour la bonne cause puisque l’argent va à la Fondation Mouvement pour les Villages d’Enfants (reconnue d’utilité publique).

Tout à fait le genre d’argument qui peut achever de convaincre une municipalité qui hésite à mettre gratuitement à disposition ses espaces publics afin d’accueillir ce genre d’événement. C’est pour la bonne cause quoi !
Enfin… on imagine.

En arrivant samedi après-midi devant l’entrée de la Casa Barilla à Besançon, je me préparais donc à devoir débourser un euro. Du tout ! Deux jeunes hôtesses distribuaient à tour de bras des Invitations gratuites. D’autres hôtesses faisaient d’ailleurs de même dans d’autres rues proches.

Tiens donc ! On entre gratos finalement ! Bien bien… ça ne se refuse pas. J’entre, je visite, je n’aime pas – surtout les petits que leurs parents gavent de pâtes dans l’espace « Piccolini« . Question de goût.
Pas trop aimé non plus la caisse enregistreuse à la sortie. Faut dire qu’on vend des pâtes ici. Contrairement à ce qu’affirmait il y a quelques jours le compte Facebook officiel « Ville de Besançon ».

Mais voyez-vous le plus ironique c’est ça. Regardez les petites lignes en bas de « l’Invitation »


Ces petites lignes nous rappellent le tarif d’entrée : 1 euro par personne, 3 euros par famille. Et tout ça pour les Villages d’Enfants.
Sauf que ces petites lignes sont imprimées sur une invitation gratuite qui ne rapportera donc rien à l’association en question… Et comme chacun l’aura remarqué, il en fut ainsi durant les 3 jours de présence de la Casa Barilla à Besançon. Personnes n’eut à payer son entrée puisque les hôtesses restèrent près de l’entrée à distribuer leurs invitations durant tout le week-end.

Et comble d’ironie, cet écran qui rappelle la bonne action que les visiteurs gratuits auraient pu faire… si les entrées avaient effectivement été payantes :

[quote]A l’occasion de l’événement Casa Barilla s’associe à la Fondation Mouvement pour les Villages d’Enfants et reverse l’intégralité des droits d’entrée à l’association.[/quote]
Ironique non ?

Alors je suis allé poser la question à une hôtesse et à un responsable qui était près de l’entrée (les voix sont modifiées).
Une retranscription de l’échange se trouve sous la vidéo.

– Excusez-moi je voulais poser une question.
– Oui bien-sûr.
– J’avais lu qu’il fallait s’inscrire sur le site Internet pour rentrer gratuitement.
– Pour les cours ou concours de cuisine.
– Mais avec ça vous rentrez gratuitement.
– On rentre toujours gratuitement ?
– Oui
– Parce que’ils disaient que c’était 1 euro ou 2 euros l’entrée…
– Non c’était soit c’est entrée gratuite avec ça (ndlr : le prospectus), mais vu que la société Barilla est partenaire d’une fondation pour les enfants, si vous pouvez donner (…) de l’argent si vous le souhaitez, à l’urne qui est à votre droite.
– D’accord parce qu’il y avait marqué sinon que… une participation donc on n’est pas obligés en fait ?
– Voilà, vous n’êtes pas obligé.
– Ce qui veut dire qu’en fait vous dites que vous êtes partenaires du Village des Enfants et qu’on fait payer l’entrée si les gens ne s’incrivent pas mais qu’au final, on n’est pas obligés de donner donc…
– C’est si les personnes veulent parce demander 1 euro à quelqu’un…
– Je comprends mais quand on voit ça sur le site, on pourrait dire : c’est super parce que Barilla donne des entrées gratuites pour les gens qui s’inscrivent et les autres vont payer l’entrée et ça va aller au « Village des Enfants ».
– Ca c’est l’invitation. C’est ce qui permet d’entrer.
– On en a tout le temps en fait ?
– Comment ?
– On en a tout le temps.
– Forcément (…) Par rapport à la densité de population et le contexte actuel, même demander 1 euro à quelqu’un c’est compliqué.
– Ce que je voulais dire c’est seulement que ça vous fait de la publicité de dire que vous vous associez à une association caritative et qu’au final elle aura moins de sous que ce qu’on annonçait.

Le responsable s’éloigne et va s’occuper des entrées : problème de canette à l’entrée. La conversation s’arrête là.

Finalement, les entrées ne rapporteront rien à l’association partenaire de la Casa Barilla. Puisque aucune ne rapportera le moindre euro – « forcément ».
Par contre, il est possible de déposer quelques pièces mais on n’est pas obligé. L’urne est effectivement à l’entrée mais il faut le savoir et personne ne vous dit rien.

A la sortie, juste à côté de la caisse enregistreuse de la boutique « la Bottega », une autre urne. Dessus on trouve le logo de l’association. Il était 16h00 ce dimanche après-midi. L’urne était totalement vide.

Croisons les doigts pour que la recette de la boutique bénéficie aussi à la Fondation Mouvement pour les Villages d’Enfants – ce qui n’est précisé nulle part.
Loin de moi l’intention de prétendre que Barilla profiterait de l’aura de son association avec une fondation humanitaire sans contrepartie. Juste une interrogation sur ces contradictions qui sautent aux yeux du visiteur un peu curieux.