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Victorizo

J’ai fait un rêve… un drôle de rêve, une drôle d’idée.

Je vous explique : comme tous les 10 ans, Besançon s’apprête à célébrer dignement l’anniversaire de l’enfant le plus célèbre de la ville : Victor Hugo… 1802/2012
Sans doute avez-vous aperçu des affiches dans la ville ; la colle est encore toute fraîche. Sinon voici une mise en bouche :

http://franche-comte.france3.fr/info/besancon–le-grand-retour-de-victor-hugo–72215616.html

On le sait, c’est un fait : ce cher Totor a passé sa vie entière en étant convaincu d’être né en Espagne…

Extrait :

(…)
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix
(…)

C’est un peu ridicule mais il en est ainsi : les grands écrivains ont parfois des lacunes géographiques. Certains géographes – de leur côté – ont d’ailleurs du mal avec l’accord du participe passé lorsqu’il est employé avec l’auxiliaire avoir placé avant ou après le complément d’objet direct. Chacun son truc donc. On ne peut pas être bon partout.

Totor étant né en Espagne donc (en nuestra ciudad), ne pourrions-nous pas rendre hommage à son (très court) passage chez nous en s’évadant du pompeux et du révérencieux trop souvent de mise à son égard et en intégrant une ch’tite pointe d’humour aux festivités ?

C’est là que mon rêve intervient et l’idée dont j’ai rêvée est simple :

et si on organisait une paella géante sur la place de la Révolution !? Hein ?

Je ferme les yeux et je vois déjà Esmeralda passant de table en table pour y servir la sangria, au passage elle fait les lignes de la main de quelques Bisontins, leur prédisant si oui ou non le tram leur coûtera les yeux de la tête… Rhaaa Esmeralda !

La paella géante pourrait éventuellement être suivie d’un lâcher de taureaux dans la Grande rue. Ou pas.

¿Está de acuerdo?

Plouf, pas plouf… le canular qui fait boire la tasse au site d’info locale

Il était environ 15h15, ce dimanche 8 janvier, lorsque un Bisontin a publié ce message sur Twitter

S’ensuit alors un échange de tweets

L’image est ensuite publiée sur Facebook et partagée par de nombreux Bisontins.
Beaucoup « aiment » – les fourbes ! … Bah oui, un véhicule de la fourrière tombé dans le Doubs… On peut les comprendre…

A 16h51, Macommune.info emporte le scoop en publiant un article comportant une autre photographie prise par « un internaute » ainsi que son témoignage. (capture d’écran de la page)

Pourtant dans cet article aucune précision sur les circonstances de cet accident. Pas non plus de nouvelles rassurantes du conducteur.
Le site Macommune.info n’aurait tout de même pas publié cette information sans la vérifier sur la seule foi d’un témoignage transmis par mail ? Juste pour faire du sensationnel ? Nan ???

Évidemment que non ! Nous avons affaire à des journalistes avec une exigence déontologique comme nous le confirmait ce reportage diffusé dans le JT de midi de France 3 Franche-Comté en date du 6 janvier dernier. Extrait (le site dijonnais dont il est question dans l’extrait est Dijonscope) :

C’est clair, la carte de presse ça change tout… Les journalistes vérifient les infos, mènent des investigations et tout ça. Respect.

Et pourtant…

Reculons d’une journée. Samedi soir, Macommune publiait un billet étrange intitulé  » Confrontation violente entre jeunes et policiers à Besançon » . Au menu, des heurts violents entre « jeunes » alcoolisés et forces de l’ordre, à la sortie de certains bars, dans la nuit de vendredi à samedi. Ce qui est étrange c’est la deuxième partie du billet. Ce sont des propos rapportés entre guillemets :

« Le centre de Besançon va de mal en pis. Quand les autorités municipales se rendront-elles compte de ce qui se passe dans les rues de leur ville… Arrêtons d’affirmer que tout va bien quand tout va mal plusieurs nuits par semaine.
Quand va-t-on imposer au bars de limiter et de contrôler les entrées, de respecter les règles de sécurité à l’intérieur de leurs établissements, de limiter la consommation d’alcool et d’arrêter, par mercantilisme pur et dur, d’enfreindre les lois sur la distribution d’alcool
», écrit un témoin des scènes de violence.

« écrit un témoin » ?? Est-ce à dire que la personne dont les dires ont été rapportés par Macommune n’a fait que transmettre son témoignage… par email ?

Naïf que je suis. Je pensais que tous les journalistes titulaires de cartes de presse rencontraient leurs sources ou tout du moins leur passaient un petit coup de fil, histoire de « jauger » leur crédibilité…

Testons

Pour en avoir le coeur net : montons un fake (un faux, un canular) et voyons ce qui se passera. Je sais c’est mal.

Scénario :

1. Sur Twitter, un Bisontin diffuse une photo en twittant en substance : « Ah ah la voiture de la fourrière nage sur le Doubs ! #besancon »

Coulisses du photomontage n°1

2. La communauté bisontine présente sur Twitter réagit et lui demande des précisions.

3. Le témoin précise alors que la photo a été prise il y a environ 40 minutes afin que quelqu’un qui se rendrait sur place pour vérifier ne trouve plus rien.
Il précise aussi avoir vu le conducteur sur le quai en train de courir pour remonter, téléphone à l’oreille.
Notre témoin n’a pas vu ce qui s’est passé avant. Il pense que la voiture ne coulait pas. Il a dû partir ensuite.

4. Quelques minutes plus tard, un autre témoin (bidon) envoie une autre photo à la rédaction de MaCommune…. avec son témoignage écrit que voici :

bonjour
je vous envoie cette photo. Je l’ai prise tout à l’heure vers 3 heures moins le quart en face de Bellevaux. Un véhicule était dans l’eau au niveau du parking puis ile courant l’a fait tourner et il s’est enfoncé dans l’eau. C’est la seule photo que j’ai fait. Il n’y avait personne dedans mais un employé (peeut être le conducteur) était sur le quai et téléphonait quand la voiture a commencé à couler. Si ça vous semble itnéressant faites-en bon usage.
René Bonnard (fidèle lecteur et habitant Velotte)

Coulisses du photomontage n°2

Le temps de trouver un ou deux complices et…

Et attendons…

Pas bien longtemps puisque moins d’une heure et demie plus tard, Macommune publie son article avec la photo et le témoignage écrit (et une faute en bonus).

Un coup de fil au commissariat ou à la fourrière aurait suffi pour en savoir plus et – en l’occurrence – cela aurait permis aux journalistes titulaires de cartes de presse de Macommune.info d’apprendre qu’il s’agissait d’un gros bobard.

Mais non, rien de tel n’a été fait. Point non plus de demande adressée au témoin afin de le contacter par téléphone et de jauger sa crédibilité. Le faux René Bonnard n’a reçu que ceci en réponse à son mail :

Et puis Twitter n’est-ce pas, n’est pas une source en soi… il s’y dit des vérités et des bêtises aussi. Trier le bon grain de l’ivraie est une étape obligée. Sans quoi…

Aller on se le refait juste pour le plaisir et n’oubliez pas : consommez de l’info c’est bien mais sans perdre son esprit critique, c’est mieux

[iframe http://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F32807742&show_artwork=true 575 166]

Mise à jour (lundi 9 janvier à 7h55)

L’article a été effacé du site Macommune.info quelques minutes après la publication de ce billet.

Il faut dire que l’Est Républicain – dans son édition du jour – a fait de cette affaire son billet d’humeur. Il semble qu’à l’Est Républicain ont ait passé les coups de fil indispensables à la vérification de l’information. CQFD

Dans la matinée, Macommune.info publie un « rectificatif », précisant qu’il s’agissait en fait d’un canulard canular et que la photo était « un montage transmis à la rédaction par un lecteur mal intentionné… ». Excès de confiance dites donc.

Mal intentionné le René Bonnard… quel sale type oui !  En même temps une bonne leçon c’est toujours positif non ?

C’était la première fois parait-il. Pas si sûr, rappelez-vous…

EXCLUSIF : le futur règlement intérieur du Tram de Besançon

Tel le Julien Assange des hauts-plateaux, LeGrugru a mis la main sur un important document encore confidentiel des Services Secrets Municipaux :
le futur Règlement intérieur du Tramway bisontin

logo_reglement

Préambule

Le Tramway bisontin est un espace convivial et doit à ce titre être utilisé par tous dans le respect de chacun. Merci de respecter ces quelques règles élémentaires de savoir-vivre.

Tenue vestimentaire

Le port de la casquette est toléré à l’endroit. Le port de la chaussette par dessus le jogging est strictement prohibé. Le caleçon et le string se portent sous le pantalon.Les rots, pets et autres odeurs corporelles seront limités à une ventilation par voyage et par voyageur. Merci d’utiliser le vaporisateur de Fébrèze disponible à l’avant du Tram.

Comportement et attitude des passagers

Malgré le fait que le tram se déplace sur un chemin de fer, il est bien entendu interdit de se « taper un rail » dans les wagons.

Les graffitis du type « 408 en FORCE » ou « Planoise cé lé méyeur » seront interdits. Les publicités seront par contre autorisées, notamment les publicités pour les Zoos municipaux avec d’affreuses têtes de singe.

Téléphonie, Multimédia et Appareils audios

L’utilisation des téléphones mobiles est autorisée à la condition que tout le wagon puisse entendre distinctement votre conversation. L’envoi de SMS est conditionné à l’utilisation d’un correcteur orthographique.

Les Ipods et autres accessoires de nerds qui aiment les trucs gras dans les oreilles sont tolérés à condition d’éviter le mauvais rap de caillera, la chanson française et le R&B. Nous invitons les passagers importunés à faire appliquer ce point précis du règlement par une bonne baffe sans sommation.
Les adolescentes hystériques avec un Q.I. de poule sont invitées à jouer silencieusement avec leurs smartphones.
Le Tramway sera bien évidemment sonorisé par une rediffusion permanente de la dernière des « Grosses Têtes » avec le regretté Jean Amadou.

Titre de Transport

Le voyageur doit dans tous les cas être muni d’un titre de transport valide. Les contrevenants seront ligotés et placés sur les rails en attente du prochain passage.
Merci de respecter le personnel de la compagnie de transport : ce

n’est pas une sinécure que de conduire sans avoir à tourner le volant, contrôler tous ces otages usagers des transports publics et coller des topics à des pauvres qui n’ont même pas les moyens de se payer une voiture avec chauffeur.

Transport des animaux et des enfants en bas âge.

Les animaux doivent être transporté dans un petit panier, porté sur les genoux par Mamie. Si Mamie voyage avec un doberman, le panier sera lourd, soyez sympathique et empêchez-là de monter dans le tram.

Les enfants en bas âge sont tenus en laisse, muselés et entravés.

Handicapés, femmes enceintes, seniors

Les personnes en fauteuil roulant ayant réussi à monter dans le tram font déjà bien assez chier avec leurs places handicapées dans les parkings. Pas de pitié, ils voyagent debout comme tout le monde.

Les femmes enceintes doivent prouver par une échographie en cours de validité qu’elles ne sont pas tout simplement obèses. On nous l’a déjà fait ce coup-là.

Les séniors sont traités avec le respect qui leur est dû, sauf aux heures de pointes, où de petits coups de pied dans les genoux sont tolérés.

Utilisation responsable du Tramway

Le tramway est un équipement permettant à des GENS de faire des VOYAGES. Ce n’est en aucun cas un moyen de transport pour les GENS DU VOYAGE. Il est donc interdit d’atteler une caravane double essieu au Tramway.

Nous rappelons également que le tramway circule sur des rails. Il est donc inutile de demander au conducteur de « prendre à gauche là dans cette rue, s’il vous plaît, ça fait un raccourci ». Le trajet du tramway a été étudié en détail pour desservir un maximum de zones inhabitées ou parfaitement desservies par d’autres moyens de transport. Nous vous rappelons que ce tramway ne vous permet pas d’aller à la Gare d’Auxon, à l’Université de la Boulo

ie, ou à la ZAC ChateauFarine. Inutile donc de menacer le conducteur avec cette tronçonneuse. Le transports de tronçonneuse est d’ailleurs interdit.

Respect des Horaires

Les horaires seront respectés à la lettre. Mr Luc P. sera personnellement mandaté pour le contrôle de la mise en œuvre de ce point précis du règlement intérieur.

Procédures d’urgence

En cas d’atterrissage forcé, enfilez les gilets de sauvetages placés sous les sièges, et attendez la mise en service des toboggans extérieurs. Les sièges éjectables sont réservés en priorité au séniors.

Droit de retrait

Le conducteur du tramway, en cas d’agression ayant entraîné une mort violente, a le droit inaliénable de faire le mort en attendant les services funéraires.
Le caillassage du tramway est strictement interdit, Carglass ça ne marche pas pour les trams.

Contraventions

En cas de non respect dudit règlement intérieur, les contrevenants seront soumis à une amende forfaitaire équivalente à quatorze fois le taux moyen d’augmentation de la taxe d’habitation. En cas de paiement différé, cette somme est portée à vingt-deux fois le montant annuel des intérêts d’emprunts nécessaire au financement du déficit de la Société de Transport.

Le Grugru

Pour suivre LeGrugru sur Twitter c’est ici.

Ségolène Royal, les sondages et la série télé culte

Ségolène Royal déteste les sondages.

Plouf plouf je reprends :

En 2011, Ségolène Royal déteste les sondages.

Comme ça c’est plus précis. Parce qu’en 2006, Mme Royal n’a jamais reproché aux sondages de l’avoir désignée « candidate préférée des sympathisants socialistes ».

Il en va ainsi en politique. Lorsque les sondages vous font la courte-échelle : on dit qu’ils reflètent l’état de l’opinion et qu’ils sont des indicateurs essentiels dans une démocratie moderne.
Quand ils vous font un croche-patte : ils n’ont aucune valeur et doivent être passés sous silence.

Bref. L’éternel et insondable mauvaise foi des politiques lorsque les sondages leur sont défavorables.
On en viendrait presque à croire que les le Pen – père et fille – on refilé leur bonne vieille recette de grand-mère bretonne à Mme Royal : comment assaisonner sans finesse la ratatouille anti-sondagière d’une louche de victimisation et d’une casserole de paranoïa complotiste.

Voilà donc Ségolène Royal prenant la posture de martyre de l’establishment politico-médiatique, de celle qui se bat de l’intérieur contre un appareil verrouillé et monolithique (le PS), de l’individu libre que l’on veut faire taire et que l’on cherche à entraver…
La singularité contre l’uniformisation… la petite souris contre les éléphants.

C’est beau.

Tiens tiens. Ca me rappelle quelque chose. Mais quoi ?

C’est quelque part dans ma mémoire. Pas très loin mais ça reste insaisissable. Une réminiscence…

Si si ! C’est une histoire ! Que l’on m’a racontée ? non. Que j’ai lue ? non plus…

Ah oui j’y suis : une histoire « vue à la télé » ! Une série !

Mais laquelle ?

Plus belle la vie ? Euh non… la honte. Je n’ai jamais regardé jamais regardé jamais regardé jamais regardé… remarquez, la narration cucul et le côté petits meurtres entre anciens époux ça pourrait le faire. Mais non, c’est pas ça.

C’est plus vieux.

Derrick ? Non non le troisième âge c’est le cheptel de François Hollande.

C’est une série encore plus ancienne…

Kung Fu ? Non, pas assez Zen Mme Royal… pas gagné que Petite Scarabée attrape le caillou blanc en 2012.

Les Envahisseurs ? Mmmm… non. Remarquez : on s’en approche. Le côté parano, le complot…

Alors quoi ? le Fugitif ? Euh… faut pas abuser non plus…

Papa Schultz ? Pour l’encadrement éducatif militaire… ah ouais pas mal. Mais non. Toujours pas ça.

Attendez..

Ça y’est !

Je l’ai !

Dingue !

Incroyable !

J’y crois pas !

Cette parano !

Ce complot !

Ces méchants !

Cette gentille !

Cette rebelle !

Cette femme libre que l’on veut faire taire !

Cette veste !

Bon sang mais c’est bien sûr !

C’est @Sandiet qui signala le premier cette curieuse ressemblance en août dernier sur Twitter.

Alors ? hasard ? subconscient qui fait des siennes ? clin d’œil intentionnel ? série culte de Mme Royal ?
Un choix vestimentaire au final pas si anodin que ça.

Vous trouverez cette photo sur la page Facebook de Ségolène Royal . C’est aussi celle qu’elle utilise comme avatar de son compte Twitter.

Quant au Prisonnier... série culte des années 70. Voici une séance de rattrapage pour ceux qui y aurait échappé.

Alors quid du Numéro 1 dans notre transposition ?

Numéro 1 est ce personnage mystérieux qui tire les ficelles durant les 17 épisodes de la série télévisée. C’est lui qui décide du sort de notre courageux et rebelle Numéro 6. Lui qui le prive de sa liberté.

Numéro 1 est son pire ennemi…

Eh bien figurez-vous que dans le dernier épisode (très délirant), on découvre que Numéro 1 avait le visage de Numéro 6 himself.

On est parfois son pire ennemi…

Alors quel numéro pour Mme Royal ? On le saura dimanche 9 octobre. Si c’est le 1 ou le 2 ça passe. Si c’est au-delà… il faudra rester au Village (de Solférino) ou… le quitter pour en bâtir un nouveau. Qui sait ?

Mais surtout pas le numéro 6…

Victor, il faut qu’on parle

« Victor, il faut qu’on parle. »

Voilà une entrée en matière qui devrait lui couper la chique à l’écrivain.
Faut dire que les formules pompeuses et les courbettes, notre illustrissime n’en a que trop soupé de son vivant.
Une désaccoutumance s’impose. Donc : privé de “Monsieur Hugo”. Voilà.
Lui donner du “Victor” est une bien meilleure idée. Juste ce qu’il faut de familiarité pour le prendre par surprise et attirer son attention.
Une tactique, une ruse. Un coup à lui déboulonner le piédestal.
À lui faire prendre l’humilité.

« Victor, il faut qu’on parle. De Bisontin à Bisontin. Tu dois savoir ce qui se passe ici et qui risque d’empirer bientôt. »

À Besançon, Victor Hugo c’est un peu notre mistral à nous.
Impossible d’arpenter la ville sans que son souffle légendaire vous attrape et s’incruste.

Victor est partout – représenté, emprunté, cité, vanté, détournée, jeudemotisé, revendiqué, commémoré, exposé, statufié, embusté, moulé, commercialisé.
Il est multiforme : restaurant, cinéma, chocolat, résidence, agence immobilière, montre de luxe, gâteau, collège, lycée et bientôt rame de tramway.

C’est au pied de la Porte Noire – à l’endroit où la ville devient haute – que l’on trouve l’épicentre de ce culte hugolien.
On trouve là la maison natale du grand homme.

Héberger dans notre ville la maison natale d’un personnage de cette trempe – ne boudons pas notre plaisir – c’est épatant. Profitons-en.
Devenons petite souris et observons l’effet “Victor Hugo est né à Besançon. Victor Hugo was born in Besançon. Victor Hugo kam in Besançon zur Welt. Victor Hugo nació en Besançon. 维克多雨果出生在贝桑松 … ” :

Voici un touriste. Celui-ci fait étape devant le numéro 140 de la Grande rue. Il contemple l’illustre bâtisse, ému et l’œil humide. Notre homme questionne un autochtone :

[quote]

touriste (excité) — C’est donc là que Victor Hugo a écrit les Misérables ?

Bisontin (amusé) — Euh, non

touriste (naïf) — Et Notre-Dame de Paris ?

Bisontin (blasé) — Non plus

touriste (perplexe) La Légende des siècles alors ?

Bisontin (lassé) — Du tout non

touriste (perturbé) — Alors il a écrit quoi ici ?

Bisontin (cinglant) — Rien

touriste (désappointé) — Il y a fait quoi alors ?

Bisontin (agacé) — Il y est né

touriste (déçu) — C’est tout ?

Bisontin (goguenard) — Non, non. Il y a tété aussi.

touriste (dépité) — Ah.[/quote]

« Alors Victor ? Des souvenirs de cette maison ? Non, n’est-ce pas ? »

Comment lui en vouloir ?
Naissance, premier cri, premiers langes et déjà – à l’âge de six semaines – le départ définitif.

Alors quoi de bisontin chez Victor hormis son acte de naissance ? Des racines comtoises peut-être ?

Que nenni : maman Hugo était nantaise et papa, nancéien. Ce dernier – militaire de carrière – était en garnison à Besançon depuis six mois lorsque le petit Victor naquit le 26 février 1802.

Un rapide calcul nous laisse d’ailleurs entrevoir que les parents Hugo n’étaient pas encore installés à Besançon lorsqu’ils réservèrent une cigogne pour février 1902. Mais respectons l’intimité des familles illustres…

Victor Hugo aura donc traversé le ciel de Besançon comme une étoile filante… pffffffffuit !

Cela n’empêcha pas les édiles bisontins d’en faire des tonnes : Besançon, terreau du génie hugolien et bla bla bla.
En vérité, la ville fut l’humble berceau d’un enfant prodige qui ne revint jamais.
Le poète-romancier-politicien (etc) que l’on célèbre dans notre ville – cet homme-là s’est construit bien loin d’ici : à Paris, en Espagne et en diverses terres d’exils.

Le pompon d’or de l’hugolatrie locale revient sans conteste à cette statue qui trône Promenade Granvelle depuis 1902. Elle fut sculptée à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain.

L’œuvre aurait donc pu ressembler à quelque chose comme ça. ➜
Mais non. On demanda à Just Becquet – le sculpteur – quelque chose de grand, de majestueux afin de célébrer dignement la superbe de notre glorieux natif.

L’artiste ne fit pas dans la demi-mesure.
← Il commit cela.

Du second degré vous dites ? Si seulement.
L’humour est le grand absent de la relation crispée entre Victor Hugo et Besançon. Trop de sérieux dans cette affaire.

« Pourtant Victor, en voyant cette (hi hi hi) statue, on peut se demander si les Bisontins de 1902 – supposés reconnaissants – ne te vouaient pas plutôt une sourde rancune. Qu’en penses-tu ? »

A la vérité, ils auraient bien fait  – nos taquins ancêtres – de lui régler son compte au Totor avec cette statue grotesque. Car le passif était de taille.

Explication : en 1831, Victor Hugo publie Les Feuilles d’automne – un recueil de poèmes.
L’un d’eux en particulier restera célèbre. L’auteur y évoque sa naissance ainsi que sa ville natale.
Ce sera la seule et unique fois… et il aurait mieux fait de s’abstenir.

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi.

Ah ! Le coup de « Besançon vieille ville espagnole » ! C’était aussi petit qu’historiquement faux.

« ¿Todo está bien en tu cabeza Victor?
Qu’est-ce qui t’est passé par la tête pour pondre une énormité pareille ? »

Le pire c’est que ça reste ce genre de citation. Ça imprime la mémoire collective – et bien au-delà de la Boucle du Doubs.
Et tout ça à cause d’une rime en -ole.

« Alors ? Tous ces touristes qui sillonnent la rue d’Arènes en quête de corridas et de tapas, c’est toi qui leur explique Victor ? »

N’empêche : pas si rancuniers les Bisontins car l‘hugolatrie revient ! Une nouvelle crise semble même imminente et les premiers symptômes sont observables sur le site Web de la Fédération nationale des maisons d’écrivain & des patrimoines littéraires

« Figure-toi qu’en 2013, ta maison natale deviendra « Maison d’écrivain ». Un lieu entièrement consacré à ta mémoire. »

Et pourquoi pas plutôt une « crèche Victor Hugo » ? En plus d’être utile ce serait un hommage rafraîchissant rendu à notre illustre nouveau-né. Non ?

Un soupçon d’autodérision serait en outre salvateur. Il apporterait un peu d’air frais. Juste un souffle de vent pour chasser cette lourde poussière muséale qui a fini par recouvrir l’enfant curieux et le jeune homme ambitieux que Victor Hugo a été. Je parie qu’il souriait quand il était enfant.

« Aller Victor, on passe l’éponge. Je t’offre un vers ! C’est un certain Maxime qui l’a écrit. C’est de circonstance je crois : »


[quote]Être né quelque part. Pour celui qui est né. C’est toujours un hasard.[/quote]



Pour aller plus loin

Voici une authentique anecdote relatée dans le Gaulois du 15 janvier 1896 (n°5183) consultable sur Gallica.
Visiblement, on n’a pas attendu le 21ème siècle pour trouver des Bisontins grognons un poil iconoclastes.


Sarkozy et la LGV ou l’art d’inaugurer le futile en oubliant l’essentiel

5-4-3-2-1-go ! go ! go !

La portière s’ouvre puis se referme.
Le convoi démarre, motards de la Garde républicaine en tête.
La ville, les feux verts, orange, rouges peu importe. On passe.

Le tarmac. Les réacteurs qui sifflent. Quelques militaires au garde-à-vous.
A peine installé que déjà l’avion s’élance et décolle. Cap au sud. Vers la Côte d’Or. Pas de temps à perdre, tout est programmé, minuté, organisé.

Atterrissage, autres militaires, autre voiture blindée. Re-portière, re-convoi et les motards en tête.
Cette fois c’est la province, les gens ne sont pas blasés. Ils regardent passer cette caravane de voitures noires qui n’offre pas de casquettes et ne précède aucun peloton.

Le convoi s’arrête, portière qui s’ouvre, poignées de mains, sourires sincères – ou pas.
C’est la gare de Genlis qui n’est même pas encore sur la LGV ((Ligne à Grande Vitesse)).
Ne pas s’en rendre compte. Marcher vite sur le quai. Être disponible quelques instants pour les photographes, les caméras et les micros de la presse régionale. Puis monter dans ce TGV neuf et propre et s’installer à bord avec quelques ministres et un pool de journalistes autorisés. Patienter un quart d’heure.

Arriver à la gare de Besançon FrancheComté TGV qui n’est pas à Besançon mais à Auxon. Ne pas avoir le temps de s’en apercevoir.
Descendre, poignées de mains, sourires, accolades circonstanciées. Des élus, des hauts fonctionnaires, des entrepreneurs, quelques autochtones triés sur le volet ou invités en remerciement de « services rendus ».

La visite – chronométrée – présentation du matériel, des engins. Se dire impressionné par notre industrie nationale tellement performante.

Puis vite, l’heure qui tourne. Saisir la paire de ciseaux posée sur le coussin, couper le ruban, inaugurer.

Applaudissements.

Petits fours, champagne mais pas le temps. C’est l’heure de la photo.
Alors se placer au centre d’un groupes de techniciens et d’ouvriers avec casques et gilets fluo. Prendre un air paternaliste et fier. Laisser les photographes immortaliser la scène.
Une petite phrase improvisée peut-être.

C’est fait.

Remonter dans le TGV. A bord, discuter avec quelques cheminots. Sourires, poignées de mains, tapes amicales dans le dos et gratitude exprimée à cette « France qui travaille et innove ». Le tout sous les micros et objectifs de la presse conviée.

Descendre en gare de Belfort-Montbéliard TGV – qui se trouve en fait à Meroux, mais tout le monde s’en fout.
Poignées de mains, sourires, quelques accolades circonstanciées. Des élus, des hauts fonctionnaires, une poignée d’autochtones triés sur le volet ou invités en remerciement de « services rendus ».
Visite du petit musée du TGV installé pour l’occasion. S’intéresser, s’émerveiller. Photos, micros, caméras…

Écourter la visite. Le temps qui file. Se diriger à grandes enjambées vers le hall de cette gare où n’a encore retenti aucun

S’installer derrière le pupitre – toujours le même. Adresser une signe de tête doublé d’un sourire à une personne reconnue au premier rang. S’il n’y en a pas, faire semblant. Ça fait « convivial » et c’est parfait pour la télé. Car ça passe à la télé.
Maîtriser ses nerfs, son épaule gauche.

Prendre la parole. Un discours de plus :

[quote]Bla bla bla nouvelle Ligne à Grande Vitesse bla bla premier tronçon Rhin-Rhône bla bla bla Franche-Comté bla bla Belfort bla bla Alstom bla bla bla 30 ans du TGV bla bla 1981 (enfin une raison de célébrer cette année honnie) bla bla industrie de pointe bla bla bla technologie bla bla modernisme bla bla la France qui innove bla bla toujours plus vite bla bla record bla bla 574,8km/h bla bla rayonnement international bla bla exportations bla bla Chine bla bla avenir bla bla je je je je bla bla je vous remercie.[/quote]

Applaudissements

Écouter poliment – non sans impatience contenue – le prochain orateur. S’éclipser. Pas le temps de s’éterniser.
Portière qui s’ouvre, se ferme. Direction l’aérodrome militaire puis Paris.

Achever une demi-journée en province.

…et manquer l’essentiel Monsieur le Président. Le seul véritable événement de la semaine en Franche-Comté : l’arrivée du Mont d’Or nouveau prévue pour ce samedi.
Mais ce fromage – véritable fleuron de notre terroir – on ne le flatte pas avec des records de vitesse. Il ne fonce pas, il coule.
Il faut savoir prendre le temps de le mériter avant de le déguster.
Patienter durant quatre mois – de mai à septembre – pendant que le fromage prend goût.
Alors seulement on peut l’inaugurer – sans cordon ni ciseaux – avec juste un peu d’ail, un verre de vin blanc du Jura et quelques pommes de terre.
La vie quoi, Nicolas. La Grande Vie

Jouffroy d’Abbans en bonne voie pour éviter la geôle

Pré-générique : le regard d’un homme de bronze en plan serré.

Résumé succinct des deux précédents épisodes

Une statue de bronze très singulière, connue et appréciée des Bisontins.
Un tramway incompris à l’existence encore bien virtuelle.
Des travaux imminents qui feront entrer de plain-pied la réalité du tram dans notre quotidien.
Des platanes centenaires accusés d’avoir la rage rongés par de vils champignons et généreusement euthanasiés.
Un journal municipal qui avertit de l’imminence de tous ces bienfaits et signale – en bonus – le prochain déboulonnage de ladite statue.
Les réseaux sociaux qui s’en mêlent. Une page Facebook. Twitter. Maudit Web !
Le paternel sculpteur qui découvre le sort réservé à son oeuvre par ce biais et tombe des nues.
Un article dans la presse locale qui raconte tout ce que vous venez de lire…

Générique

Le lendemain…

France 3 Franche-Comté consacre un reportage à notre affaire. L’occasion de voir Pascal Coupot, le sculpteur, en personne et d’entendre sa réaction. Une discussion s’amorce en fin de reportage entre lui et le directeur du projet tram…

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France 3 Franche-Comté – JT 12/13 – 31 août 2011

La page Facebook – quant à elle – compte bientôt 200 aficionados du statuaire marquis. Ce n’est pas énorme mais ça a suffi à attirer l’attention de l’Est Républicain et de la municipalité …

Sur la méthode d’abord : un billet caustique mais plutôt bien vu…

Est Républicain du 31/08/20111

Sur le fond ensuite : un article écrit par Eric Barbier (comme celui de la veille) apporte des éléments en provenance de la Ville de Besançon et de son maire – Jean-Louis Fousseret.

Extraits :

[quote] Face à l’excitation de quelques internautes toujours prompts à chercher la petite bête, l’équipe municipale a revu sa copie. Jean-Louis Fousseret certifie dans un premier temps que le père du bronze, Pascal Coupot, « va bien être contacté.
(…) « on va appeler l’artiste pour indiquer notre démarche et le repositionnement de la statue. Et on le fera avec lui, c’est une évidence »[/quote]

Excités vous dites ? Ou peut-être juste « concernés » et sachant utiliser les outils du XXIe siècle pour se mobiliser et défendre une cause.
Une cause symbolique : de par son emplacement, cette statue est un peu le dernier arbre du quai et… le seul que l’on peut encore sauver. Elle en est assurément la plus vieille branche puisque Jouffroy aura 260 ans le 30 septembre prochain.
N’empêche. Chacun sera rassuré d’apprendre que la Ville n’a pas « oublié de consulter le sculpteur » – contrairement à ce que je titrais dans le billet précédent. La Ville a juste omis de le faire AVANT de sceller le sort de la statue dans le BVV…
En substance : « le BVV est parti tout seul »… mais il est encore temps de rattraper le coup. Et tant mieux.

[quote] Aucune certitude pour l’instant sur l’avenir à court terme du marquis. « Il a peut-être été envisagé à un moment de la mettre dans les caves mais c’est impossible. On va essayer de voir où on peut la mettre pendant les travaux », explique Jean-Louis Fousseret. « Peut-être de l’autre côté du pont, on va voir ». [/quote]

En voilà une bonne nouvelle ! Merci Monsieur le Maire d’avoir su écouter et de vous montrer attentif à l’attachement que les Bisontins portent à cette statue.

[quote]« Notre leitmotiv, c’est informer », martèle le premier édile de Besançon qui se refuse de répondre aux pages Facebook publiées par « des anonymes.[/quote]

Pan ! Pour le bison ! L’anonymat… ma pathétique facette « Superman mégalo ». Je sais, je sais c’est mal, c’est lâche, c’est couard… mais voyez-vous : qui irait voir Clark Kent au cinéma ? Mégalo je vous dis.
Mais revenons un peu aux « amoureux du marquis ». Ceux qui se sont inscrits sur la page Facebook. Ils ne sont pas anonymes – eux – et ils commencent à être nombreux. Espérons toutefois qu’ils sauront redevenir anonymes – en 2014 – dans le secret de l’isoloir.

[quote]Ce que ça montre aussi, c’est que cette œuvre est très prisée, autant que le Victor Hugo de l’esplanade de la mairie ».[/quote]

Question de goût mais oui, le marquis ne laisse personne indifférent.

En clair, les choses semblent évoluer dans le bon sens. Espérons que la Ville de Besançon et Pascal Coupot trouveront un lieu approprié à l’installation temporaire du marquis durant les travaux.

Et l’Est Républicain d’ajouter :

[quote]Les bonnes idées sont les bienvenues pour que les travaux du tram ne marchent pas sur les pieds du grand homme et que celui-ci continue à conserver son pouvoir d’attraction sur les citadins et les touristes.[/quote]
Alors ça, les internautes n’ont pas attendu qu’on leur suggère et certains (j’en fais d’ailleurs partie) s’en sont donnés à coeur joie. Donnant libre cours à leur imagination débridée pour imaginer le futur emplacement de la statue du marquis Jouffroy d’Abbans.

Petite sélection

Mise en garde : quelques images sont très légèrement retouchées et certaines contiennent même de l’humour

maître-nageur à la piscine La Fayette (par @Yvestan)

Fontainier (par @GeryH)

Bouliste (par JM.Blondeau)

Girouette

Homme-fontaine (par @GeryH)

Politiquement (in)correct (par Dreamin kate)

Aux manettes du tram ! (par @GeryH)

L'endroit idéal pour admirer le tram…(par JM.Blondeau)

Quelques « détournements » en bonus

Abbey road (par JM.Blondeau)

Il faut sauver le soldat Jouffroy

Sauvez marquis

Envie de proposer d’autres montage photo avec le marquis ? Vous pouvez télécharger le fichier contenant l’image de la statue détourée en cliquant ici (fichier PSD – format Photoshop)

Vous pourrez ensuite poster vos images en vous inscrivant sur la page Facebook ci-dessous.