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Quand la Région Franche-Comté invente le sondage d’autosatisfaction

Sur le site du Conseil régional de Franche-Comté, il y a un sondage mythique. Un parfait exemple de questionnaire orienté.

C’est mignon non ces questions de bisounours ? On appelle ça un « questionnaire fermé ». On prétend vous demander votre avis mais en définitive, les réponses sont préétablies et également très « guidées ».

Les cinq envies/attentes qui sont proposées à votre choix sont toutes très consensuelles, formulées précisément afin que rien ne dépasse dans le rang des sondés. Quoi que vous répondiez, cela reviendra à dire : « Avec le TGV ça va être trop d’la balle ! ». Pas même la possibilité de voter « blanc ».

La question posée est elle-même un petit chef d’œuvre puisqu’on ne vous demande pas :

« D’après vous, que doit prioritairement apporter le TGV Rhin-Rhône à la Franche-Comté ? »

Non. On vous questionne sur ce qui va se passer :

« D’après vous, que va-t-il apporter prioritairement à la Franche-Comté ? »

En fait ce sondage vous propose de faire un pari sur l’avenir. C’est un peu le PMU, un peu Elisabeth Tessier, un peu l’oracle de Delphes.

En définitive, on ne voit vraiment pas en quoi ces réponses pourront apporter un quelconque indicateur aux services du Conseil régional afin de cerner vos attentes et vos envies. Chacune correspond déjà à l’un des objectifs de l’action régionale et évidemment que – dans l’idéal – l’arrivée de la nouvelle ligne LGV est supposée contribuer à tous ces objectifs. C’est en tout cas ce que l’on nous a promis. Alors pourquoi faire un choix ? A quoi bon être sondé ?

Alors pour quoi faire ?

Pour commencer, ce sondage est là pour nous rappeler les bienfaits attendus du TGV Rhin-Rhône. Ils sont là – les cinq – présentés sous nos yeux ébahis et l’on se dit qu’on est des petits chanceux.

Ensuite si l’on avait réellement voulu connaître vos envies et vos attentes, sans doute auriez vous eu la possibilité de faire vos propres propositions. Nous n’aurions plus affaire à un sondage fermé mais à une enquête sérieuse mais là… Mais là ce serait risqué pour l’image du TGV Rhin-Rhône car tout ne va pas bien contrairement à ce que laissent entendre les rumeurs bisounours.
Laisser remonter les récriminations c’est prendre le risque de retrouver sur le Web régional des attentes du type :

  • Pas d’augmentation de tarif excessive notamment sur les liaisons qui existaient déjà et sur lesquelles au final le gain de temps est négligeable (Besançon-Paris notamment) ;
  • une navette Viotte-Auxon au fonctionnement et à la tarification lisible ;
  • des parkings qui ne pratiquent pas des tarifs évoquant plus le racket organisé qu’une mission de service public ;
  • des TGV qui ne soient pas les vieilles rames recyclées des lignes plus anciennes ;
  • … (à vous d’en proposer d’autres dans les commentaires)

Alors à quoi servira ce sondage ?

Regardons d’abord les votes déjà enregistrés :

Maintenant imaginons comment les résultats de ce sondage pourraient être évoqués dans le prochain Franche-Comté Mag – magazine du Conseil régional.

C’est imaginaire bien sûr…


Pour aller plus loin

TGV Rhin-Rhône : à lui de vous faire préférer l’autoroute

Par Caribou Dagno, rédacteur invité

Il est arrivé en grandes pompes et à grand renfort de communication. Ce « il », c’est le TGV Rhin-Rhône.

Mais face à cette révolution ferroviaire, il y a des victimes. On dénombre parmi elles le département du Jura et l’agglomération bisontine.

Si l’on prend le cas de la seconde, le constat est sans appel : il fallait auparavant 2h35 « maximum » pour se rendre à Paris depuis la gare Viotte (l’exemple est aussi valable pour Roissy, Mickey, et Lille). Il faut désormais pas moins de 2h40 depuis le cœur de Besançon pour poser le pied à Paris… et non 2h05 comme annoncé mensongèrement à tort par une coûteuse campagne de promotion.

Le gain de temps mystère

D’emblée, on se doutait que le gain de temps serait quasi-nul : Environ 25 minutes « si tout va bien » pour se rendre à la gare d’Auxon (Besançon TGV) avec la navette TER depuis la Gare Viotte puis quelques minutes d’attente « si tout va bien » (disons 10 pour être positif) pour monter dans le TGV et enfin 2h05 « si tout va bien » pour atteindre Paris.

Calculons : 25 min + 10 min + 2h05 min = 2h40 « minimum si tout va bien » contre 2h35 dans l’ancienne version.

Sauf que dans la pratique, si l’on en croit les médias [exemple ici] et les expériences de voyageurs glanées au détour de commentaires sur les réseaux sociaux, les problèmes s’enchainent depuis le 11 décembre.

La navette (gratuite avec un billet TGV) est tout le temps bondée ou souvent en retard ce qui a eu pour conséquence de faire rater leur train à de nombreux usagers. La Présidente de Région – Marie-Guite Dufays’en est émue récemment en s’adressant au Président de la SNCF.

Espérons que la Présidente de Région ne sera pas la seule à monter au créneau rapidement et avec force car c’est en partie avec l’argent des collectivités (et donc par extension des impôts des contribuables que nous sommes) que cette nouvelle ligne formidable a pu voir le jour.

Un petit détail supplémentaire qui fait tache : la navette risque de finir par coûter cher puisqu’elle fonctionne au kérosène sur une ligne toute neuve et qui plus est électrifiée.

Très cher parking

Si la navette ne fonctionne pas (ou mal), il conviendrait d’envisager de prendre sa voiture pour se rendre à la gare patate d’Auxon. Bien mal en prendrait à ceux qui voudraient opter pour cette option en espérant réaliser un quelconque gain.

Outre l’accès qui n’est toujours pas finalisé, le parking de cette gare est payant et hors de prix. En moyenne, comptez 10 euros par jour pour laisser votre voiture dormir sous les arbres et la retrouver le lendemain redécorée par les corbeaux – désagrément bien connu des habitués du parking Chamars, à Besançon.

Ajoutez à cela le coût d’un petit-pipi dans la Gare (oui, les toilettes sont payantes), celui d’un sandwich beurk et d’un magazine ou journal pour agrémenter votre déplacement et le prix du billet qui a très largement gonflé depuis la mise en service de la nouvelle ligne à grande vitesse.

« Les infrastructures, ça ne se finance pas tout seul (…) les usagers demandent toujours plus de services » nous rétorquera-t-on. Bah voyons.

Les seuls rescapés de l’histoire sont peut-être les habitants du nord de l’agglomération bisontine qui pourront se rendre à la gare d’Auxon à pied ou en voiture en évitant les bouchons et les 25 minutes de navette. Mais peut-être pas le coût du parking de luxe.

L’heure du premier bilan

En clair, le premier bilan de l’effet TGV Rhin-Rhône pour les Grands-Bisontins est négatif contrairement à celui du Nord Franche-Comté qui profite pleinement de cette nouvelle ligne et des retombées qui vont avec comme la création d’une toute nouvelle zone d’activité à proximité de la Gare locale (Meroux TGV). Ce n’est pas pour rien que le TGV Rhin-Rhône est surnommé dans certaines sphères le « TGV Chevènement » ou « la piste d’essai d’Alstom« .

Hélas, à Besançon, le logo – inversé – du TGV en ferait plutôt le TGV « escargot » pour symboliser la perte de temps et « L’Orient Express » pour ses tarifs démesurés. L’on en vient presque à se demander si l’on veut vraiment aider les populations à se déplacer ou si l’on cherche au contraire à éviter que trop de monde ne vienne chez nous.

L’afflux de touristes n’est de toute manière pas au programme. Il n’y a même pas une succursale de l‘Office du Tourisme dans cette gare planquée en rase campagne… c’est dire si la stratégie « effet TGV » a été bien pensée par nos décideurs.

Bref, on vous a gardé le meilleur pour la fin.

Comme si cette myriade de problèmes n’était pas suffisante, on apprend aujourd’hui que les tarifs SNCF vont encore augmenter de 3,2% en 2012 grâce à un décret récent qui laisse plus de liberté à la compagnie ferroviaire publique.

Vous l’aurez compris : pour rejoindre Paris et d’autres territoires, le meilleur moyen reste peut-être de prendre son véhicule (achetez français de préférence, si possible Peugeot pour cela profite un peu plus au nord Franche-Comté) et de circuler pied-au-plancher (130 maxi) sur ce bon vieil A36.

La SNCF avait pourtant cherché à nous faire préférer le train. Visiblement, pour les grands-bisontins, c’est totalement raté.

Dernier coup de pub en date pour le TGV Rhin-Rhône : un Dijon-Strasbourg via Besançon en… 6h30 (soit un peu plus de 51 km/h de moyenne) et sans la moindre excuse de la part de la SNCF. Tout va bien vous dit-on.

Si vous avez emprunté le TGV Rhin-Rhône, faites-nous part de tous vos commentaires positifs/négatifs.