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Le sondage en carton

Sur son blog de campagne, Jacques Grosperrin a publié un billet supposé synthétiser les résultats du questionnaire qu’il faisait parvenir aux Bisontins il y a quelques semaines (et que vous pouvez consulter ici).

Comme on pouvait s’y attendre, c’est une synthèse à charge contre l’équipe sortante que nous livre le candidat de la droite.

 

Évidemment, ce type de questionnaire n’a aucune valeur représentative. On sait bien que ce sont majoritairement les personnes de sensibilité proche du candidat « questionneur » qui prennent le temps et se donnent la peine de répondre et de renvoyer le formulaire.

Nous savons également que les questionnaires ont ensuite été dépouillés par des militants de la sensibilité dudit candidat et que ce dernier nous livre au final les résultats qui l’arrangent, avec l’interprétation qu’il veut bien leur donner.
Bref, l’impartialité qui seule peut garantir la validité d’un tel sondage est absente du début à la fin du processus.

Le questionnaire Grosperrin est donc un chouette sondage en carton, formaté dès le début pour casser du bois sur le dos de l’équipe sortante.
Mais que dire ? Le candidat de l’opposition est dans son rôle. Il flingue, il dynamite, il disperse, il ventile.

Dans un style bisounours-tout-va-bien diamétralement opposé, on peut aussi conseiller la lecture du bulletin de campagne de Jean-Louis Fousseret.

ABRACADABRA

Par contre là où l’on commence à penser que M.Grosperrin nous prend quand même pour de sacrés gros naïfs, c’est quand on lit la remarque méthodologique qui précède les résultats de son enquête :

methode

La palme revenant à cette conclusion :

Le groupe répondant est donc représentatif de l’opinion des Bisontins.

Ben voyons. Une bonne répartition géographique pourquoi pas, même si on aimerait voir les chiffres par quartiers. Mais sinon, la représentativité des tranches d’âge et des catégories socio-professionnelles, elle est garantie aussi ?

Remarquez maintenant l’entourloupe dans la présentation des résultats : on n’écrit pas « 65% des sondés ne sont pas satisfaits de la propreté à Besançon. »
Non, non, on préfère largement :

65

Ou un peu plus loin :

90

Nous n’avons plus affaire à une enquête portant sur le ressenti de ceux qui ont bien voulu répondre aux questions de M.Grosperrin. Nous voilà face aux résultats d’un sondage mené sur… ABRACADABRA ! … un panel représentatif de la population bisontine !

Joli tour de passe-passe non ?

Bref, encore une fois et même si cela méritait un petit décryptage, tout cela est de bonne guerre dans une querelle électorale.
C’est juste que prendre ainsi les Bisontins pour des truffes peut finir par les vexer et être au final contreproductif.

Le malaise

Car il y a un vrai malaise qui s’immisce lorsque le site d’info local Macommune, consulté par beaucoup de Bisontins, publie des passages du communiqué de Jacques Grosperrin sans jamais prendre la précaution de préciser que ces extraits sont simplement copiés-collés depuis un communiqué de presse.
Le malaise arrive quand Macommune termine son billet en publiant la fameuse et risible « Remarque méthodologique » évoquée ci-dessus.

macommune
Que comprendront les lecteurs ? Probablement que c’est Macommune – le site qui les informe – qui apporte ces précisions après s’être penché de manière journalistique sur la méthodologie de ce questionnaire.
Il liront aussi que Macommune a conclu sur la bonne représentativité du groupe sur lequel a porté cette enquête. Ils en déduiront enfin que ce sondage est représentatif de l’opinion des Bisontins. Ce qu’il n’est pas.

On pleure.

L’abus de copier-coller est définitivement dangereux pour le journalisme.

 

Besançon : quand le BVV fait la promo d’une association anti-IVG

L’association SOS Futures Mamans est installée au 13 rue Pasteur, à Besançon, depuis le printemps 2012. Cette association met en avant sa vocation de  « venir en aide aux mères en difficulté, pendant et après leur grossesse. » […] « apporter un soutien moral, matériel et administratif. »  

Voilà ce que l’on peut lire sur la page Web de l’antenne bisontine. C’est également le discours auquel se tient la présidente de l’antenne bisontine lorsque la presse lui offre une tribune. Et d’ajouter : « Toute vie est un don, une source de joie, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas également source de peine. L’arrivée d’un bébé peut être un problème, en raison de l’âge des parents, d’une maladie, de l’absence d’un papa, d’un soutien familial ou de ressources financières. De par mon métier de médecin, j’ai toujours encouragé la vie. Parfois cela prend du temps d’éliminer un problème, mais on peut trouver des solutions à tout »

« Trouver des solutions à tout »... mais en évitant d’exposer aux femmes en détresse TOUTES les solutions. Et c’est bien là que réside l’embrouille. Car ce que SOS Futures Mamans omet d’exposer clairement à la presse et dans sa vitrine, c’est le fondement même de sa philosophie. Et cela vous le trouverez dans la charte de l’association. C’est ballot : aucun lien ne mène à ce document depuis la page web bisontine. Il faut pour cela se rendre sur le site international de SOS Futures Mamans, association créée en Suisse et essaimant depuis peu dans le Doubs (Pontarlier puis Besançon).
Extrait de la charte :

PRINCIPES D’ENGAGEMENT
Les membres s’engagent moralement à proposer l’accueil de la vie de l’enfant dès sa conception. Aucun membre ne pourra donc conseiller à une maman des moyens mécaniques ou chimiques ainsi qu’une intervention médicale pouvant détruire la vie de l’enfant.

Voilà c’est dit et en clair cela signifie que SOS Futures Mamans est opposée à toute interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle ne l’affiche pourtant pas de manière ostentatoire. Même si elle met en avant – comme d’autres mouvements appartenant à la mouvance pro-vie (anti-avortement) le font dans leur combat contre le droit à l’avortement – «  le caractère sacré de la vie humain« .

Les femmes enceintes et en détresse sont donc attirées à l’association par une promesse d’aide matérielle, morale et juridique sans que ne leur soit annoncé avant leur prise de contact avec SOS Futures Mamans son engagement anti-IVG.
Mais à l’intérieur, on offrira sans doute à ces femmes tous les habituels arguments des Pro-vie. Arguments judicieusement construits afin de les dissuader d’avorter.

Voyez à ce sujet cet article édifiant du journal suisse L’Hebdo : « Traumatisme de l’avortement : l’imposture »
Soyez notamment attentif au rôle de rabatteur que l’auteur du billet prête à SOS Futures Mamans dans le canton de Vaud.

Et alors ?

Alors, bien sûr, même en France où le droit à l’avortement a été obtenu de haute lutte depuis 1975 ; même dans notre pays donc, il est permis d’y être philosophiquement opposé. Vive la démocratie. Mais ce qui est particulièrement pervers, c’est l’hypocrisie de ce type de démarche consistant à mettre en avant de certaines intentions généreuses tout en dissimulant le fonds de l’affaire : un engagement anti-avortement. C’est un peu la bonne vieille technique du Cheval de Troie. Antique mais toujours aussi tordu et malheureusement efficace. Surtout lorsque des organes d’information supposés dignes de confiance coopèrent délibérément ou malgré eux.
Quand le site d’actualités en ligne bisontine Macommune.info traite de SOS Futures Mamans en avril dernier, c’est uniquement pour reprendre son beau discours de devanture. Aucune question un chouilla investigatrice n’est posée sur la position anti-IVG de l’association. Rien. Juste un passage de plats en règle. Une tribune gratuite et complaisante.
Mais au final, rien de répréhensible : Macommune est un site commercial privé. Il n’a perdu ce jour-là qu’une part de sa crédibilité et peut-être… un peu de son âme.
Beaucoup plus grave…

Vous pouvez lire, depuis début décembre et dans un publication locale, une nouvelle publicité pour SOS Futures Mamans. La voici :

 

Même discours. Rien sur la position anti-IVG. Et même un appel aux dons… Le gros problème c’est que cet encart a été publié dans le numéro de décembre du BVV (page 10) – le bulletin municipal mensuel de Besançon dont le maire de la Ville, Jean-Louis Fousseret, est le « Directeur gérant de la publication« .
Est-ce la vocation du BVV que de faire la promotion d’une association prétendument généreuse envers les femmes en souffrance – mais dont toutes les intentions ne sont pas clairement affichées ? Sans doute pas.

Espérons que les responsables du bulletin municipal se sont fait berner et qu’ils ne savaient pas. Sinon nous avons un gros problème avec le BVV.

Pour aller plus loin

Voyez ce reportage de France 3 Franche-Comté (à partir de 36 minutes) sur l’association SOS Futures Mamans, ses actions généreuses incontestables mais aussi ses méthodes et ses cachotteries.

Le maire de Besançon veut saisir la justice au sujet d’un commentaire paru sur un site d’info locale

Ce mercredi 22 février, lors de la séance du conseil municipal, le maire de Besançon – Jean-Louis Fousseret – demandera aux élus de l’autoriser à ester en justice pour le compte de la Ville afin de déterminer l’identité d’un internaute anonyme ayant déposé un commentaire en dessous d’un article de Macommune.info.
Cet article relatait le dramatique accident entre une voiture et un bus ayant fait deux morts le samedi 14  janvier 2012 au matin.

Les commentaires s’étaient déchaînés sous le billet en question et un surnommé « riton » avait posté un message troublant :

Le message se trouve ici.

Voici le contenu du rapport soumis aux conseillers municipaux bisontins dans l’optique du prochain conseil municipal :

Résumé : Suite à certains propos injurieux parus sur le site ma commune.info, introduction d’action contentieuse aux fins de déterminer l’identité de l’internaute concerné et de défendre les intérêts de la Ville.

Un accident de la circulation est intervenu le samedi 14 janvier 2012 entre un bus et une voiture à proximité du Pont Charles de Gaulle.

Cet accident a fait deux victimes décédées dans des conditions dramatiques.

Cet accident a suscité énormément d’émotion et a donné lieu à de nombreux témoignages de sympathie envers la famille, notamment sur Internet.

Toutefois parallèlement, certains messages à la teneur agressive et injurieuse n’ont pas manqué également d’être diffusés.

Il en est surtout un parmi ceux-ci, dont la teneur a suscité certaines interrogations et réactions. Il émane en effet d’un internaute se prétendant, sous un pseudonyme, agent de la Direction Voirie et tenant des propos injurieux envers ses Collègues et la Collectivité.

Compte tenu de la gravité de ces agissements et de la suspicion créée au sein de la Direction, il est donc proposé d’engager toutes actions aux fins de déterminer l’identité de l’internaute et d’obtenir la réparation du préjudice causé à la Ville.

Proposition

Le Conseil Municipal est invité à autoriser M. le Maire à introduire pour le compte de la Ville toutes actions en justice, aussi bien de première instance qu’en appel ou en cassation, notamment contre les hébergeurs et fournisseurs d’accès à internet nécessaires, afin de déterminer l’identité de l’internaute concerné, et obtenir réparation du préjudice causé à la Ville.

Mise à jour : mardi 21 février 2012 à 12h15

Ce matin, le site Macommune.info a supprimé tous les commentaires de l’article incriminé. En voici une sauvegarde afin que chacun puisse se faire une idée de quoi il question ici.
Pour consulter, cliquez sur le lien (fichier PDF)
capture-macommune.info-article-besancon-deux-morts-dans-un-accident-entre-un-bus-et-une-voiture-65460


Parallèlement, le site d’information a publié un billet rappelant les règles à respecter lorsque les internautes postent un commentaire (respect de la charte, propos diffamatoires, racistes… interdits, etc).
On peut lire une modification importante concernant les commentaires :

Enfin, suite au changement de système de gestion des commentaires, la rédaction a également décidé de suspendre les commentaires liés aux faits divers, afin de respecter l’intimité des personnes.

Le site d’information locale attribue cette évolution à « un changement de système de gestion des commentaires » mais il ne serait pas surprenant que la menace judiciaire soit aussi à l’origine de ce revirement.

Quant au respect de l’intimité des familles, il est étonnant que Macommune.info n’y ait pas pensé dès le publication de son article sur ce dramatique accident. Certains commentaires terribles à lire pour les proches des victimes sont restés plus d’un mois en ligne.

Que peuvent apporter des commentaires suite à un drame de cette envergure ? Le problème d’Internet c’est que contrairement au café du commerce, les discussions restent et peuvent être « écoutées » de tous.

En tout cas, c’est un précédent qui fera réfléchir beaucoup de monde.