Si j’étais le maire sortant de Besançon, je ferais installer des caméras de vidéo-surveillance dans l’année précédant les élections municipales afin de couper “l’herbe sécuritaire” sous le pied de mes adversaires de droite.
Je suis malin.
Évidemment, cela m’obligerait à faire le grand écart avec des principes que j’avais longtemps défendus ; mais je ne le dirais pas comme cela.
Je saurais habilement opposer mon “sens pragmatique” de maire de terrain aux “grandes positions idéologiques” de ceux qui seraient tentés de protester — y compris dans mon propre camp.
Et puis je prendrais bien soin de ne pas parler de « vidéosurveillance » mais de « vidéoprotection« . Nuance.
J’ai tout prévu.
Pour un maire sortant, se montrer protecteur à l’approche des élections, c’est bon ça.
Les « vieux » adorent. Ça les rassure. Et les « vieux »… ils votent – eux.
Si j’étais maire de Besançon, j’annoncerais l’installation de caméras de vidéosurveillance quelques mois avant les élections législatives. Cette annonce me permettrait de couper « l’herbe sécuritaire » sous le pied de mes adversaires de droite. Elle constituerait également une efficace peau de banane jetée sur le chemin du candidat écologiste investi avec la bénédiction de mon propre parti. C’est bien connu, les écolos hurlent quand on leur parle vidéosurveillance. D’ailleurs moi je ne parlerais que « vidéo-protection ». Les éléments de langage ne doivent jamais être négligés.
Certes, cela m’obligerait à faire fi des principes que j’avais jusque là défendus, mais je ne le dirais pas comme cela. J’opposerais habilement mon « sens pragmatique » aux « grandes positions idéologiques » de ceux qui seraient tentés de protester — y compris dans mon propre camp. Habile non ?
Puis, quelques semaines plus tard, je dirais quelque chose comme : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour réduire le sentiment d’insécurité dans la ville mais vous savez, être seulement maire ne suffit plus de nos jours. Il faut désormais avoir les moyens de défendre les intérêts de sa ville au plus haut niveau — celui de l’État — afin d’obtenir par exemple plus de policiers… »
Alors je présenterais ma candidature aux législatives — envers et contre tous. Je le ferais avec abnégation, pour le bien de Besançon qui a vraiment besoin de retrouver un député-maire pour « rayonner ».
Et si on me parle de « cumul de mandats », j’opposerais encore une fois mon « sens pragmatique » aux « grandes positions idéologiques« … Le peuple contre les élites en quelque sorte. Ça plaît toujours ça.
Dans l’espace « Expressions politiques » du BVV de novembre dernier, Martine Jeannin – conseillère municipale (Gauche moderne, groupe Centre droit) nous parlait des dangers de l’eau polluée par les médicaments.
Dans le tout nouveau BVV de janvier 2012, Mme Jeannin reprend la plume pour nous alerter cette fois-ci contre les dangers de la vidéo surveillance et de « la navigation en ligne ».
Des sujets fort intéressants au demeurant mais très généraux et que Mme Jeannin ne prend pas la peine de rattacher aux « réalités locales ».
Mais non rien de cela. On reste dans le général voire même le consensuel : gare aux libertés individuelles (bah oui bien-sûr), pas bien les médicaments dans l’eau (et les chiffres de cette pollution dans notre eau du robinet bisontine où sont-ils ?), pas bien les méchants escrocs sur Internet (ah bon ?)…
Autre exemple extrait du billet de janvier :
[quote]Si la technologie peut avoir une réelle utilité, pour diffuser l’information, pour exemple : tout en restant chez soi, suivre les débats du conseil municipal (…)[/quote]
Quelle belle occasion manquée de sortir du général pour parler du cas de Besançon !
Le conseil municipal de Besançon dispose depuis peu d’une nouvelle salle équipée pour filmer les séances du Conseil municipal qui sont d’ailleurs retransmises en direct… dans la salle des pas perdus qui est juste à côté, pour le public présent sur place.
Or la municipalité a fait le choix de ne pas retransmettre les séances sur Internet. Pas de podcast du conseil municipal pour les Bisontins. Ils n’ont qu’à se déplacer ces paresseux et y assister sur place !
Un choix très contestable qu’Emmanuel Dumont – adjoint à la Communication – avait justifié en ces termes via Facebook :
[quote]Les séances sont publiques, chacun peut y assister et nous évitons les shows démagogiques avec cette non retransmission.[/quote]
Comme si les conseils municipaux ou communautaires actuels – sans vidéo – étaient épargnés par les shows démagos… ah la la…
Bref, sur ce point localement très sensible, Mme Jeannin aurait pu utiliser sa tribune dans le BVV afin d’exiger haut et fort la retransmission sur Internet du Conseil Municipal, en expliquant en quoi cela aurait apporté un progrès démocratique… Elle aurait sans doute rencontré une belle adhésion auprès des Internautes bisontins… Mais non. Rien. Juste des considérations d’ordre général.
Il faut dire que dire un peu trop de mal de la Majorité municipale de gauche – quand est estampillée Gauche moderne – c’est prendre le risque de ne pas pouvoir y retourner un jour, dans cette majorité, dans le cas où…
Et s’opposer un peu trop fermement à l’opposition de droite – lorsqu’on est rattaché au Centre droit – pourrait empêcher d’y faire à nouveau allégeance dans l’hypothèse où…
Mieux vaut donc faire plaisir à tout le monde en enfonçant des portes ouvertes… mais pas des portes trop bisontines hein…
Tiens au fait, que dit le réglement intérieur du Conseil municipal sur le contenu des pages d’expressions politiques ? Il dit ça :
Extrait :
[quote]Le contenu des tribunes libres est consacré à des questions d’intérêt local, communal et intercommunal, voire régional.[/quote]
Donc « pas beau les médicaments dans l’eau », « ouille ! dangereux la vidéo-surveillance » et « attention au méchant Internet » c’est bien, mais sans rattachement concret à l’intérêt « local » c’est limite out non ?
Sinon, chaque groupe pourrait utiliser cette tribune pour parler au final de tout et de n’importe quoi. Le BVV est un bulletin municipal non ?
Au passage, ce sont les élus MODEM qui doivent apprécier. Eux qui ont perdu une grande part de leur espace d’expression après que les deux élus de la « Gauche Moderne » se soient émancipés du groupe UMP et assimilés.
Je m’en étais « ému » auprès de Martine Jeannin en novembre dernier, en lui adressant un message sur Twitter (son compte est @centristesbesac)
Voici notre échange surréaliste :
Alors j’ai taquiné un peu :
Et de quoi nous parle Mme Jeannin dans le BVV de janvier ? Ah oui :
[quote]Alors oui à la technologie mais l’homme devra veiller à rester le maître de l’éthique des TICS.[/quote]
Hé oui logique… qu’Internet serve à interpeler un élu municipal c’est pas très éthique tout ça…
Ça nous emme…. ok ?
Sondage
Faites part à Martine Jeannin des prochains sujets auxquels vous souhaiteriez qu’elle consacre sa prochaine tribune libre dans le BVV. Vous pouvez voter pour plusieurs sujets et même en proposer. C’est beau les TICS hein les Bisontins ?