voilà bientôt neuf années que je suis boulonné là, devant la mairie de ta ville.
Neuf années que je partage mon temps entre la consultation de ma montre et la contemplation de tes concitoyens qui passent et s’arrêtent parfois devant moi.
Durant ces neuf années — vois-tu — j’ai eu le temps de vous observer et de discerner deux choses qui vous rendent particulièrement fiers et dont tout Besançon s’enorgueillit : votre passé horloger et ma naissance en vos murs.
Seulement voilà l’ami, la fierté ça se mérite et la réputation ça s’entretient.
Alors s’il-te-plaît, dis leur de m’envoyer un horloger et qu’il me répare enfin cette p*** de montre qui affiche SIX HEURES MOINS DIX depuis neuf ans !
Sinon, je pourrais bien raconter aux touristes qu’en vérité je suis né… à Dijon.
C’est une vidéo complètement folle qui a été postée ce jour sur Dailymotion. On y voit la maquette du tramway de Besançon (très mal) filmée sous tous les angles depuis l’extérieur de son aquarium. Mais c’est surtout le commentaire qui vaut des points : il est en anglais et le vidéaste (un homme) exprime une admiration extrême pour ce « blue streetcar »( tramway bleu)…
Certains d’entre vous auront certainement reconnu une parodie. Celle de l’un des plus fameux vidéo-buzz de ces dernières années. Une vidéo délirante sur laquelle on entendait un homme hurler de joie alors qu’il filmait un double arc-en-ciel dans le parc de Yosemite aux États-Unis.
Alors montage ? Vrai jeu de comédien ? Moquerie ou bonheur sincère ? Mystère…
Mais voilà sans doute le plus vibrant hommage rendu à ce jour au tramway de Besançon.
On a tous déjà vu cette scène au cinéma. C’est un grand classique des films de guerre.
Le général passe en revue ses troupes. Les soldats sont alignés, au garde à vous. Leurs visages sont graves. L’heure est grave. La voix du général est grave :
« – J’ai besoin de volontaires pour mener une mission particulièrement périlleuse. Cependant, ceux qui accepteront doivent savoir qu’ils n’en reviendront peut-être pas vivants. Mais ce sacrifice ne sera pas vain. C’est le prix que nous devons payer pour gagner cette guerre ( trémolos virils dans la voix).
Maintenant c’est à vous et à vous seuls de décider. »
Généralement, la caméra nous offre alors un plan large. Le silence se fait. Pas un soldat ne bouge. Les regards sont fixes.
C’est alors que l’un des hommes fait un pas en avant (nappe de violoncelles). Puis un autre (altos), suivi d’un troisième, d’un quatrième (cors, hautbois). C’est ensuite toute la troupe qui avance d’un pas (la musique s’emballe, les violons tonitruent et la lèvre inférieure de notre général tremblote d’émotion).
C’est beau. On en a les larmes aux yeux. Les héros ça fait toujours ça. Mais ce n’était que du cinéma.
Toutefois, amis Bisontins, les héros ça existe aussi au quotidien. Ils sont parfois tout près de vous. Figurez-vous que cette scène émouvante que je viens de vous décrire se joue en ce moment dans votre ville, sans que vous en ayez conscience.
Ici, point de généralissime discourant devant ses troupes au garde à vous. Il faut vivre avec son temps.
Tout se passe désormais par le biais d’un email collectif envoyé ce matin par Patrick Ayache (Directeur Général des Services de la mairie) à tous les services de la ville de Besançon. En voici la teneur (j’ai pris la liberté de mettre en gras les passages les plus émouvants, libre à vous d’imaginer violons, hautbois…) :
Chers collègues,
Le Tram a besoin de vous.
Avec la fin des vacances, le trafic automobile va retrouver son volume normal et comme les travaux du TRAM ont bien avancé cet été, les problèmes de circulation risquent d’être très aigus.
Un certain nombre de dispositions vont être mises en œuvre dont la mise en place d’itinéraires conseillés. Pour informer efficacement les automobilistes, des documents d’information vont être distribués aux conducteurs.
Nous recherchons donc des volontaires pour cette importante mission de contact avec les usagers et de diffusion efficace de l’information.
La mission: par équipe de 3, distribuer des « flyers » aux automobilistes à certains endroits stratégiques.
Les dates :
· vendredi 31 août de 7 H 30 à 9 H 00
· lundi 3 et mardi 4 septembre de 7 H 30 à 9 H 00 et de 17 H 00 à 18 H 30
Prolongement de l’opération si nécessaire.
Possibilité d’assurer un ou plusieurs créneaux au choix.
Formation : jeudi 30 août à 11 H 30 – salle Mégevand (Direction Voirie et Déplacements – 1er étage – 6 rue Mégevand)
Inscriptions : avant mercredi 29 août midi et avec l’accord de votre chef de service auprès de xxxx
xxx@grandbesancon.fr poste 6414.
Merci d’avance pour votre mobilisation et bonne rentrée à tous.
Voilà. Imaginez maintenant nos fonctionnaires municipaux recevant ce vibrant appel et répondant tout de go et comme un seul homme (et les dames aussi) :
« – J’EN SUIS !!! »
Bien sûr, vous l’aurez remarqué, notre généralissime municipal a oublié un passage important dans son vibrant appel. Celui où il annonce clairement les risques à ses troupes. C’est pourtant ce passage qui confère à la mission sa portée sacrificielle.
Corrigeons donc ce petit oubli :
Nous recherchons donc des volontaires pour cette importante mission de contact avec les usagers et de diffusion efficace de l’information.
La mission: par équipe de 3, distribuer des « flyers » aux automobilistes à certains endroits stratégiques. Vous devez toutefois savoir que vous vous ferez parfois copieusement injurier par les automobilistes.
Certains parmi vous n’en reviendront peut-être pas…
Mais c’est le prix à payer pour gagner cette guerre et espérer une réélection en 2014.
Glups !
Au passage, les élus de la ville ont également reçu cet émouvant message… sans avoir été consultés sur l’opportunité politique de cette mission à hauts risques.
Pas sûr qu’ils apprécient tous cet appel à l’héroïsme… les lâches !
J’ai reçu aujourd’hui ce message d’une prénommée Giliane. Cela concerne la venue du cirque Medrano à Besançon les 19 et 20 août derniers, pour six représentations.
Giliane aurait dû être ravie de sa soirée au cirque : elle avait obtenu une invitation pour deux personnes grâce à l’Office du Tourisme de Besançon qui avait fait part de cette opportunité sur sa page Facebook, le 9 août dernier.
Oui mais voilà : Giliane n’a pas trop apprécié ce que nous appellerons « la méthode Medrano ». Elle écrit :
Bonsoir Bison Teint,
Un petit signalement, qui vous intéressera ou pas.
Le 9 aout dernier, l’office de tourisme laisse un message sur Facebook, proposant de venir retirer des invitations pour le cirque Medrano, pour le 19 août à Besançon.
Sympa !
Je vais retirer des invitations, valables pour 2 personnes.
Le 19 août, on arrive au cirque Medrano quasiment 1 h avant le début du spectacle. On doit « valider » nos invitations à la caisse, où on nous annonce finalement qu’il n’y a plus de places gratuites disponibles et qu’on doit donc payer 6 euros par personne… Une dame derrière nous arrive, bien remontée, et dit « Je viens de téléphoner, on n’a pas à payer quoi que ce soit si on a des invitations, c’est une arnaque ! » Elle repart, refusant de payer, ses gamins l’air très déçus…
Moi, devant la caisse, je n’hésite pas une seconde, ça fait une semaine que ma fille de 3 ans attend impatiemment de venir au cirque et demande tous les jours si c’est « tout à l’heure le cirque ? »
L’impression de s’être bien fait avoir, je paye les 6 euros par personne. Comme la grande majorité des gens autour de nous.
Un ami qui avait la même invitation (récupérée au Mac Do), est arrivé 10 min après nous, et a payé, lui, 6 euros pour les enfants et 12 euros pour lui… (tarif à la tête du client sans doute ??)
La personne à la caisse, devant nos remarques, s’est défendue en disant qu’il était écrit en bas de l’invitation (en tout petit) « dans la limite des places disponibles ». Mais d’après cette même personne, « si on était venu le matin, il n’y avait déjà plus de places gratuites disponibles… »
Le soir-même, un reportage dans l’émission Capital abordait cette arnaque qui, légalement, n’en est pas une… (puisque « dans la limite des places disponibles »)
Ce sont des méthodes bien discutables, puisque la plupart des parents, une fois devant la caisse du cirque avec leurs enfants super excités, après leur avoir « promis » le cirque depuis parfois plusieurs jours, ne se verraient pas rentrer chez eux « bredouille »…. Et finalement, 6 euros, c’est pas si cher…. Donc, la plupart payent…….
Puisque c’est légal, on ne peut rien faire vis-à-vis du cirque lui-même. Et comme c’est dit dans le reportage de M6, puisque ce sont des petites sommes qu’il faut finalement payer, personne ne porte plainte.
En revanche, ce sont les mairies qui acceptent la venue ou non de cirques sur leurs communes. Sachant qu’il y a beaucoup plus de demandes de la part des cirques, que de places disponibles dans les communes chaque année. Il serait donc peut-être utile d’alerter notre cher maire, ou en tout cas les services compétents, sur les méthodes de ce cirque. Medrano procède ainsi dans toutes les villes où ils vont : ils distribuent beaucoup, beaucoup d’invitations chez les commerçants, dans les comités d’entreprise, etc… Mais au final, il n’y a jamais de places gratuites disponibles, et il faut payer pour rentrer sous le chapiteau. Des petites sommes. Donc, ça marche. Les gens payent. Ce n’est pas de la vente forcée, mais presque…
Je ne sais pas si ça pourra vous intéresser ou non.
Pour ma part, je vais signaler ces méthodes abusives à la mairie, des fois que…
Bonne soirée !
Gilliane
Voilà pour le message de Giliane. Visuellement ça aussi pourrait donner ça :
Plus sérieusement, voici un extrait d’un article paru sur le site de Que Choisir :
La technique est bien rodée. Quelques jours avant le passage dans une ville, les équipes de Medrano distribuent chez les commerçants et auprès des comités d’entreprise des bons donnant droit à une ou plusieurs entrées gratuites. Séduits par l’offre, les spectateurs sont, en général, nombreux à se presser devant le chapiteau avant le début du spectacle. Pourtant, rares sont ceux qui réussissent finalement à entrer dans le chapiteau sans rien payer. Parmi les raisons invoquées : le manque de places dans la tribune populaire, réservée aux places gratuites, ou bien l’impossibilité d’utiliser deux bons au sein d’une même famille. Pour ne pas décevoir leurs enfants, la plupart se résignent alors, à contrecœur, à acheter l’affiche-programme officielle du spectacle (5 € par personne) ou bien à payer une ou plusieurs places à plein tarif (23 ou 28 € pièce), indispensables pour pénétrer sous le chapiteau.
Sur Facebook j’ai lancé un appel afin d’avoir des retours d’expériences sur ces places offertes (ou pas). Il apparait que des personnes ont effectivement pu rentrer gratuitement grâce à leurs invitations.
Cependant, d’autres ont été refoulées ou plus exactement invitées à payer leurs places à prix d’ami ou à acheter un programme pour pouvoir rentrer.
(les avis sur la qualité du spectacle c’est autre chose. Je n’entrerai pas dans le sujet)
Concernant la Ville de Besançon et l’Office du Tourisme, je leur ai fait remonter cette situation et ils disent « tomber des nues« . On peut les comprendre : les cirques procèdent avec les commerces, entreprises et autres collectivités de la manière suivante : ils déposent des affiches et en échange laissent des invitations que ces « partenaires d’un jour » distribuent comme bon leur semble. Toutefois on se garde bien de préciser à ces partenaires qu’il conviendrait de lire les petites lignes avant d’affirmer « avoir des invitations gratuites à distribuer ou à faire gagner ». Vous savez, cette petite ligne qui dit :
« dans la limite des places disponibles »
Concernant le Cirque Medrano qui surfe aux frontières de la légalité avec ce genre de procédés (tout en restant du bon côté), disons que si légalement la méthode tient la route, moralement c’est tout petit. Les parents promettent aux enfants d’aller au cirque (ce que certains n’auraient pas eu les moyens de faire même à 6 euros la place) et ils se retrouvent acculés à devoir payer ou à faire pleurer les gosses.
« — Allez Maman, on y va quand mêmeuuu ! »
Sympa l’alternative, vraiment.
Commercialement le procédé est sans doute habile puisque cela permet de remplir les gradins et de rentabiliser au mieux les représentations. Cependant à terme, l’image du cirque Medrano ne peut qu’en être ternie. Effet boomerang : les déçus parlent, ils écrivent, ils commentent, se plaignent auprès de ceux qui leur ont fait gagner des « places gratuites »… certains bloguent, des articles de presse en font état… Et tout cela arrive en tête des résultats quand on recherche sur Google « Medrano invitation« – par exemple. C’est comme ça, les gens n’aiment pas être pris pour des cons.
Le quotidien dijonnais d’information en ligne Dijonscope a reçu l’an dernier des plaintes de ses lecteurs après avoir offert des places pour le Cirque de St.Petersbourg (qui n’a de russe que le nom puisque c’est en fait Medrano). Désormais, Dijonscope refuse d’être le Cheval de Troie de ce genre de procédé et n’offre plus de places de cirque « gratuites ». Chat échaudé…
Quant à moi j’ai posté ce commentaire sur la page Facebook du cirque Medrano ce mercredi après-midi aux alentours de 16h00. En une heure, il avait déjà attiré pas mal de « j’aime » et quelques commentaires, mais pas encore de réponse de la part de Medrano. Y en aura-t-il une ? Le commentaire sera-t-il effacé ? À suivre ici.
Bon allez ! On ne va pas se laisser abattre : j’invite tout le monde au restaurant !
Certes, l’abonnement aux transports scolaires dans le Grand Besançon augmentera à la rentrée d’une manière assez déraisonnable. Les parents que vous êtes sont d’ailleurs très très très mécontents, comme ce monsieur de la FCPE qui va jusqu’à parler de racket et a lancé une pétition.
Et cependant, les gens, vous devriez relativiser un peu.
Je m’explique. Nous quand on était gamins, on allait à l’école à pieds à cinq heures et demi du matin, été comme hiver. On y allait en sabots et on traversait des prés avec des taureaux peu affables dedans. On parcourait des kilomètres dans la campagne, les orties fouettaient nos mollets, les ronces griffaient nos bras. Dans la forêt, en novembre, on entendait des loups. Sur le chemin, on ramassait du bois que l’on mettait dans le poêle de la classe en arrivant. Et si on oubliait de se curer les ongles après ça, le maître nous gratifiait de grands coups de règle plate sur le bout des doigts.
Alors comprenez bien que vos gamins qui vont en bus au collège avec leur ipod dans les oreilles, confortablement assis à tapoter des SMS et infoutus de laisser leur place à la dame âgée qui – elle – quand elle était jeunette, allait à l’école à pieds à cinq heures et demi du matin, été comme hiver avec les taureaux, les loups et tout ça…
Bref, faites-les marcher vos gosses ! Faites-en des hommes ! Déjà qu’ils ne connaitront pas l’armée ces p’tits cons ! Marchoooons Marchooooons ! Et puis la marche justement, c’est excellent pour leur santé vous savez. Faites ça pour eux au moins…
Sinon, à la rigueur, il y a aussi le vélo. Mais avec l’ipod c’est très dangereux…
PS : Quoi les filles ? Elles vont au collège aussi ? Y’a pas de la couture à faire à la maison ?
(Zut ! Je crois bien que Josette Sahle déteint sur moi…)
— Mon pauvre vieux, me disait l’autre jour mon ami Chose, on ne connait pas assez notre vieille Franche-Comté.
Charles Nodier, qui, fichtre, n’était pas un imbécile, l’appelait la préface de la Suisse. Il avait raison et c’est une préface qu’on ne lit pas, on ne la parcourt même pas — sans jeu de mots. Et cependant quel admirable pays.
Oui, je sais, ça manque de glaciers ; mais est-il quelque chose de plus beau que ses gorges sauvages, ses bois touffus, ses collines verdoyantes qu’escaladent des vignes ou des sapins, ses torrents aux ondes mugissantes ? On ne connaît pas assez tout cela et on va chercher bien loin ce que l’on a tout près.
Cependant comme il serait facile de mettre en valeur toutes ces merveilles. Regarde un peu ce qui se passe autour de nous ; pourquoi ne l’imitons-nous pas ? Pourquoi ne faisons-nous pas comme les Suisses et les Allemands qui ont tout fait depuis quelques années pour favoriser le tourisme et attirer chez eux les étrangers ?
Ah ! le tourisme, mon ami ! Favorisons le tourisme ! Pour cela, ayons de bonnes routes, de bons hôtels partout, dans les coins les plus reculés. Faisons connaître par une savante réclame les coins pittoresques de notre région. Tiens, dans un patelin perdu de la montagne, il y a une cascade. Annonçons-le partout ; disons que c’est une merveille, une perle inconnue et insoupçonnée. Les uns iront voir et reviendront déçus, c’est possible ; mais d’autres y retourneront et y mèneront leurs amis. Je ne dis pas qu’on doit faire du battage et estamper ses semblables, non, mais une réclame bien comprise peut agir énormément.
Aussi, mon cher, je n’ai pas hésité à adhérer au Syndicat D’initiative qui vient de se former chez nous. Le comité est nommé ; j’en suis. Je t’inscris comme membre fondateur : c’est trois cents balles. Tu verras, on va fairemousser notre vieille province. Dans les Champs-Elysées — sa demeure dernière — cet excellent Nodier va en être baba.
Mais, sapristi, il faut que je te quitte. Je raterais mon train.
— Quo Vadis ((Où vas-tu ?)) ?
— Rejoindre ma famille qui villégiature à Trou-les-Sapins, en Suisse. Au revoir.
Monsieur Troisixe.
Cette étonnante chronique régionale (sic) est parue il y a exactement un siècle dans le quotidien Le Petit Comtois du lundi 12 août 1912 (consultable ici). Ce qui faisait l’actualité d’alors était la tout récente création du Syndicat d’initiative de Besançon et de Franche-Comté. Tiens, au fait, les Offices du Tourisme du coin ont loupé leur centenaire…
N’empêche : il y a un siècle, on se souciait visiblement du manque de notoriété de la Franche-Comté. On avait bien conscience du potentiel touristique de la région. Il restait à la faire connaître. À forger l’image touristique de la Franche-Comté.
Et 100 ans plus tard ?
Un siècle est passé et la Franche-Comté se débat toujours pour se construire une image. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est l’agence lyonnaise Native Communications à qui notre région a confié la réalisation de sa campagne »Originale Franche-Comté » lancée fin 2011 :
« déficit de notoriété » « absence d’image »… Afin de remédier à ce constat accablant, la campagne fut menée sur tous les fronts : des affichages dans des lieux stratégiques (gares de grandes villes), des encarts dans des titres print nationaux, un spot télé (voir ci-dessous) et de manière moins reluisante : corruptionrémunération de blogueurs voyage/tourisme/cuisine influents ainsi qu’une forte suspicion d’achat de fans (si si ça existe) afin d’épaissir un peu la page Facebook officielle qui compte à ce jour plus de 11.000 fans mais sur laquelle les interactions (likes, commentaires, partages) sont étrangement rares… fort peu nombreuses en tout cas pour une page supposée fédérer 11.000 vrais fans…
Et sinon les Francs-Comtois, ça va ? Vos “aspérités intangibles” ne vous démangent pas trop ? Votre “absence d’image” vous pose-t-elle des problèmes au quotidien ?
Espérons que non car il se dit (il se murmure) que le bilan d’étape de la campagne Orig!nale Franche-Comté a montré que l’image de notre région avant/après est toujours aussi floue vue pour le reste du monde. Kif kif. Orig!nale ou pas. Ça fait cher le flou (deux millions d’euros sur 2 ans pour cette campagne).
Mais ne désespérons pas. Notre région est belle. Rendez-vous dans cent ans !
EN BONUS : les meilleurs billets de blogueurs adorant beaucoup beaucoup l’Orig!nale Franche-Comté
Euh… les meilleurs billets sponsorisés, devrais-je dire, car nos blogueurs se sont contentés — contre rémunération — de publier des textes pré-digérés pour eux. Ils l’ont d’ailleurs indiqué à la suite de leurs billets voire avant pour les blogueurs les plus respectueux de leurs lecteurs.
Quand on sait que ces billets « coups de coeur pour la Franche-Comté » sont totalement bidons, c’est un bonheur de les lire et d’observer avec quelle finesse les spécialistes de la communication digitale en charge de cette campagne se sont fait livrer des fleurs.
Extrait : Pour en savoir davantage sur tous ces événements, rien de plus simple : il vous suffit de vous rendre sur le site de L’originale Franche-Comté qui est, ma foi, super bien fait. Rares sont les sites où l’on peut naviguer d’infos en infos aussi facilement, et en obtenant des renseignements aussi clairs et complets. En plus, le design est assez sympa et ferait presque penser à un blog. (…)
Extrait : Alors si cette belle région vous tente je vous invite à vous rendre sur le site de L’originale Franche-Comté, où vous trouverez toutes les infos sur cette belle région en navigant simplement de sites en sites rapidement grâce à l’interface dynamique et claire (redirection de mots clés vers différents sites internet de marques, partage mail/facebook/twitter, chaîne Youtube etc.) au gré de vos envies culinaires, culturelles, historiques…. (…)
Extrait : Voilà un site très bien. La navigation y est simple et la rubrique Ambassadeurs est une vraie bonne idée. Elle donne la parole à des habitants amoureux de leur région. Ils donnent vraiment envie de visiter la Franche-Comté ! (…)
Extrait : (…) Je vous conseille alors d’aller faire un tour sur le nouveau site internet tourisme l‘originale Franche-Comté, dont accessibilité est le point fort. (…)
Extrait : Vous découvrirez d’abord le nouveau site internet « L’originale Franche-Comté ». Le site est très bien réalisé pour vous aider à visiter, s’implanter ou vivre en Franche-Comté. La navigation est simple et rapide, l’interface clair et dynamique. Vous y trouverez les liens facebook et twitter désormais indispensable pour les geeks que nous sommes :o) ! (..)
Un compte Twitter vous dites ? On l’attend toujours. Dans cent ans peut-être…
Tout va bien. Je suis à poil devant la télé et je regarde un écran noir.
Et tout ça parce que j’ai voulu jouer le jeu en regardant « les Jeux ». Que c’est pathétique tout ça…
Seule consolation : je ne suis pas tout à fait nu. J’ai gardé mes tongs. L’honneur est sauf.
Il faut vous dire que j’ai totalement squeezé la première semaine des Jeux Olympiques de Londres, la cérémonie d’ouverture et tout le tintouin.
Vacances obligent, j’étais loin et pour tout vous dire, ce n’était pas plus mal. Mais voilà, le retour à la réalité, les retrouvailles avec la télé et avec ma connexion Internet m’ont ouvert toute grande la lucarne olympique.
À moi nageurs bioniques, cent-mètriers supersoniques, lanceuses de marteau délicates et autres Amazones si joliment bombées du haut et équidées du bas !
Enfin ça, c’est ce que je croyais. C’était sans compter sur la bonne volonté du CIO.
De mon lieu de villégiature j’avais bien perçu des bribes de cette polémique grotesque en provenance de Londres. On y parlait de la marque Pepsi dont le simple fait d’arborer le logo sur un T-shirt vous expose à une expulsion immédiate des sites olympiques.
C’est ainsi. Parmi les marques de sodas diabétogènes, seul Coca Cola a droit de cité à Olympolis-sur-Tamise. Un monopole acheté à coup de millions de livres.
On appelle ça un « partenaire officiel » et visiblement le CIO a une vision très extensible de la notion de préférence partenariale. Mais rien de nouveau sous le soleil le brouillard de Londres.
J’avais personnellement fait l’expérience de la philosophie « gros sous » made in CIO l’année dernière, lors d’une visite de la très helvétique Lausanne. C’est dans cette ville proprette, au bord du lac Léman, que se trouve le siège du CIO et son Musée Olympique.
Dans ce temple consacré à la performance sportive, j’avais eu la surprise d’apercevoir ces charmantes affichettes disposées aux endroits stratégiques où l’on trouve quelque chose à acheter (accueil, restaurant, boutique du musée…).
Le coup du « On ne prend pas la carte bleue », on l’a tous vécu. Mais là c’est plus vicieux : « On ne prend QUE la carte VISA ».
Sans doute pourrions nous traduire le délicat :
« EN RECONNAISSANCE DU SOUTIEN DE VISA POUR LES JEUX OLYMPIQUES, NOUS N’ACCEPTONS QUE LES CARTES VISA »
… par un plus explicite :
« C’EST VISA QUI NOUS A DONNÉ LE PLUS DE PÉPETTES
VOTRE MASTERCARD PEUT TOUJOURS SERVIR DE RACLETTE À GIVRE »
Pour les couillons (comme moi) qui n’ont qu’une MASTERCARD dans la poche, il ne reste alors que deux solutions :
s’épargner la visite du Musée Olympique de Lausanne, son bar, son resto et sa boutique pourtant fort bien achalandée ;
payer en Francs suisses sonnants et trébuchants que l’on aura préalablement retirés au distributeur au fond à gauche. Lequel distributeur n’accepte bien évidemment… que les cartes VISA.
Franz Kafka partenaire officiel des Jeux Olympiques…
Bref, me voici donc de retour de vacances. Un fauteuil, une bière, quelques victuailles, ma télécommande… Promesses d’un bonheur simple. J’appuie sur le 2 et… rien. Ou plutôt si : un message qui s’affiche en lettres rouges sur fond blanc. C’est le CIO qui me parle :
Punaise ! Ça m’apprendra tiens ! Une « télé connectée » qu’ils disaient. À la pointe de la technologie, interactive, bardée de capteurs et tout ça… Et voilà que je dois lui causer maintenant à ma télé !
Je m’exécute, solennel :
« Je m’y engage »
Et là, je crois rêver :
Dans un premier temps j’ai bien failli éclater de rire. Puis comprenant que c’était le prix à payer pour assister aux JO peinard devant ma p**** de télé, je me résous à m’agenouiller devant l’écran et à le gratifier de mon haleine embiérée – non sans avoir fermé la porte d’entrée à clé. Pas trop envie d’être surpris dans cette position ridicule.
Mais voilà :
Non mais l’autre ! Dingue quoi ! Je me sirote une petite Leffe tranquille et je me fais pécho comme un gosse pris les doigts dans le pot de confiture… Et par une télé en plus !
J’hallucine là ! Et ce Cheese Burger engouffré chez Quick il y a une heure… comment elle peut savoir bon sang ?
N’empêche. Rien à faire d’autre que d’attendre. Je zappe sur Direct8 ; ça elle me laisse faire… mais franchement, Morandini et les Déménageurs de l’extrème qui tournent en boucle, pfff…
En attendant je me débarrasse de mes Leffe. Je les planque à la cave. Et tout ça je le fais au petit trot histoire d’accélérer la digestion. Zut quoi ! Je vais manquer les séries du 200m si ça continue…
J’y retourne. Fauteuil, télécommande, pression décidée sur la touche 2. Je patiente non sans appréhension. Une goute de sueur perle sur mon front. Je sens venir l’embrouille. Un point rouge s’allume au dessus de l’écran. Elle m’observe. Je suis maudit :
J’ai demandé :
« Un T-shirt Décathlon et un boxer Super U, je peux les garder, dites ?
Hein, je peux ? »
Voilà. C’est comme ça que je me suis retrouvé nu devant ma télé. Penaud.
Là où j’ai eu de la chance c’est que j’ai pu garder mes tongs. Les trois bandes imprimées, la marque Adidas… Tout y était. Ma télé et le CIO n’y ont vu que du feu. Et pourtant elles venaient de Vintimille mes tongs. De l’Adidas très très chinois à n’en pas douter…
J’en étais donc là. Nu (presque) et privé de bière. Mais réjoui : les JO allaient ENFIN commencer.
C’est à cet instant qu’est apparu ce tout dernier message :
Je crois que ce qui m’a redonné le sourire, c’est le bruit mat de mes tongs brisant l’écran de mon (ex)téléviseur hyper-connecté. Défoulant.
Pour les JO ? Je lirai le journal, tiens !
Rôôôo l’autre là – Usain Bolt. Il court sur cent petits mètres et c’est le monde entier qui en fait des tonnes…
Oui, je sais. Il les a courus super vite ses cent mètres. Il a même été le-plus-rapide-de tous-les-temps à ce qu’on dit. Mais le plus rapide SUR CENT MÈTRES bon sang ! Juste sur cent petits mètres et pis c’est tout !
Et puis quoi ? Qu’est-ce que ça prouve sur les capacités du bonhomme à affronter LA VRAIE VIE ? Je veux dire par là : à quoi ça peut bien lui servir au quotidien d’être le plus rapide au monde sur 100 mètres ? À quoi ?
J’ai bien quelques idées qui me viennent…
Tiens par exemple, on peut aisément envisager que le jour des soldes, lorsque le rideau de fer du Cora du coin se lève, Usain est le premier arrivé au rayon électroménager. Et bingo ! La centrale vapeur soldée à 50% c’est pour lui ! Sacré avantage. C’est indéniable. Mais encore ?
Au mariage de la cousine Jessica, lorsque cette dernière lance son bouquet par dessus son épaule de jeune baguée, qui c’est qui se précipite et qui grille toutes les célibataires de la noce ? À votre avis ? Bah oui c’est Usain évidemment ! Et tant pis si le bouquet était destiné à une donzelle et pas à un grand gaillard plein de muscles. Quand on a la compét’ dans la peau, on ne se domine pas… Et à part ça ?
Oh ! Il y a aussi toutes ces petites chausse-trapes du quotidien qui n’auront pas de prise sur notre centmètrier et qui nous, nous pourrissent la vie : le bus qui est déjà à la station et que nous n’atteindrons pas à temps, même en courant – Usain – lui – il peut tout en courant.
Le type de Chronopost qui sonne et qui n’attendra pas la fin du pissou, le remontage de la braguette et la course effrénée vers l’interphone. Avec Usain, le gars de Chronopost ne serait pas reparti avec le colis en laissant derrière lui un avis de re-passage pour lundi… Usain aurait pu profiter durant le week-end de sa commande chez Amazon (le dernier Marc Lévy). Veinard va.
Usain Bolt a donc un super pouvoir et celapeut parfois être utile au quotidien. Mais franchement, est-ce que ça justifie qu’on en fasse des montagnes ? Que l’on nous passe et repasse sa course de 9 »63 jusqu’à la nausée ; et au ralenti en plus, histoire d’en profiter un peu plus longtemps… et sous un autre angle, au cas où l’on aurait manqué quelque chose, je sais pas moi, un mouvement de chaussette peut-être…
Je dis non ! et même NON ! Ça ne mérite en rien ce déchainement médiatique. Il y a sur cette planète des comportements autrement plus incroyables et qui mériteraient qu’on s’y arrête un peu. Rassurez-vous va, je ne vais pas sortir le violon et vous faire larmoyer sur les actes héroïques de quelque médecin ou pompier sauveur de vies. Laissons le pathos de côté et restons dans le domaine de la performance physique pure.
Tiens ! MOI par exemple ! Je sais faire un truc exceptionnel, rarissime, UNIQUE : je suis capable de bouger mes oreilles. Non non, ne souriez pas. Je ne bouge pas les oreilles comme vous. Moi je sais les mouvoir indépendamment du reste de mon visage. Je veux dire : sans froncer les sourcils, ni rider le front. Je bouge mes oreilles et rien que mes oreilles : de haut en bas et de l’avant vers l’arrière ! Oui môssieur ! Oui madame !
Là je vous sens interloqués. Faut dire qu’il m’en a en fallu des heures de concentration et de souffrance pour y parvenir. Toute une enfance passée devant le miroir à espérer le moindre mouvement des lobes, le plus petit tressaillement du pavillon. Beaucoup d’efforts en somme. Énormément de sacrifices et une discipline de chaque instant. Tout comme Hussein sur la piste en quelque sorte. Oui c’est ça. C’est exactement ça ! Usain et moi nous avons cette expérience en commun !
Malgré tout, je suis parfaitement conscient que cette extraordinaire capacité m’est sans doute aussi inutile au quotidien que de savoir courir le 100 mètres super vite. Cependant, qui parmi vous peut bouger ses oreilles comme je le fais ? Et qui peut se vanter de courir le 100 mètres en 9 »63 comme Usain Bolt ? Hmmm ?
Ouais. Mais voilà : le 100 mètres d’Usain, on en a fait un événement mondial, alors que mes oreilles tout le monde s’en cogne. Et pourquoi d’après vous ? Pour quelle obscure raison, Nelson Monfort ne minaude-t-il jamais pour moi dans son micro en érection ?
» Bison. Ô Bison ! Quelle in-cro-yable performance vous nous avez offert là ! What a fucking perf ! Vous nous avez im-pres-sion-nés ! ensorcelés ! que dis-je : é-blou-is ! C’est toute la France que vous venez de toucher en plein cœur avec cette hal-lu-ci-nan-te chorégraphie ! Ce ne sont pas deux oreilles que vous avez là ! Ce sont des danseuses du Bolchoï !
Je peux vous dire Bison que le public de France Télévisions qui nous regarde en ce moment se joint à moi pour vous dire combien il vous aime ! We love you Teinted Buffalo ! Et nous aimons aussi beaucoup votre générosité. Nous savons bien sûr que l’hiver dernier vous avez été profondément touché par l’abattage de votre ami Léon le platane. C’est bien sûr à lui que vous pensez aujourd’hui en bougeant les oreilles, n’est-ce pas Bison ? »
Finalement c’est pas plus mal. Je m’en passerai bien du Nelson. Et puis je préfère la jouer grand seigneur finalement et rester discret et humble avec mon super pouvoir.
Je tiens toutefois à avoir une pensée amicale pour mon confrère Usain Bolt qui n’est pas fichu de bouger les siennes, d’oreilles. Pauvre vieux va.
Au détour d’un commentaire laissé par un lecteur sous le précédent billet titré ‟‟L’avenir du Web franc-comtois passerait-il par le Costa Rica ?”, les graphistes Web seront heureux d’apprendre que leurs confrères développeurs sont aussi concernés par les missions de prospection de FC-I dans des pays à bas coûts.
Ainsi, dans un article du site spécialisé “Le Mag IT”, on apprend que le président de Franche-Comté Interactive – par ailleurs directeur d’une agence de création de sites Internet – s’est déplacé voila quelques mois en Inde pour “évaluer les sociétés indiennes dans une perspective de sous-traitance dans le domaine du développement Web, pour [ses] adhérents”. Dans cette optique, d’autres pays auraient également été “visités”.
Après la pénurie de graphistes, les entreprises adhérentes de FC-I ne sachant apparemment pas où trouver cette fois-ci des développeurs d’applications mobiles (pourtant nombreux en France et en Europe), notre homme est persuadé que “le recours à la sous-traitance [indienne, ndlr] pourrait les aider à accélérer leur développement”. On ne peut faire plus clair : il est bien question ici de sous-traitance et non de simple développement de business.
Le patron d’une agence de création de sites bisontine et éditeur d’un célèbre portail local [par ailleurs membre du Conseil d’Administration de FC-I, ndlr] indique pour sa part que “il souhaiterait pouvoir s’appuyer sur des partenaires indiens pour gérer avec plus souplesse et moins de risque les phases de croissance de son activité”.
En clair, selon les propos tenus dans l’article : ce gérant pourrait faire appel à des compétences indiennes plutôt qu’à des collaborateurs ou freelances franc-comtois. Les prix ne sont pas les mêmes, la marge finale non plus c’est évident.
Pourtant ce même prestataire est signataire de la charte qualité web de FC-I qui exige une totale transparence des prestataires vis-à-vis des clients. D’où la question légitime : ces derniers sont-ils informés que certaines compétences ayant pu participer au développement de leur sites sont potentiellement basés en Inde ? Voila une bien curieuse conception du soutien à la filière TIC comtoise qui patauge depuis dix ans.
En tout cas, si l’on en croit la réaction d’un vice-président du Conseil Régional cité dans un article de l’Est Républicain lié à cette affaire (voir ci-contre), le sujet est désormais brûlant et loin d’être clos (lire l’article intégral).
Si l’on regarde la taille des prestataires TIC de la Région, est-il nécessaire de les inviter à externaliser une partie de leur activité stratégique dans des pays à bas coûts ?Quelle est la perte économique induite pour la Région et les collectivités locales qui subventionnent les actions de FC-I ?Le rôle d’un syndicat n’est-il pas de défendre ses entreprises adhérentes et contribuer à faire éclore des entreprises sur son territoire ?
Autant de questions qui méritent d’être posées. Et force est de constater que ce n’est pas le piteux communiqué de presse publié ce jour par Franche-Comté Interactive qui apportera toutes ces réponses…
Pour terminer, voici le mail d’origine de cette opération de prospection en Inde : une invitation à une rencontre qui eut lieu en septembre 2011 avec le Directeur de la société Drish Infotech basée en Inde.
[Mise à jour (samedi 14 juillet 2012)] :
une nouvel article dans l’Est Républicain de ce jour
Un passage par le cache de Google nous apprend de quelle page il s’agissait. En l’occurrence de l’annonce du Forum « Costa Rica Technology Insight» à San José des 19 et 20 juin 2012.
Il faut dire que tous les ingrédients sont réunis : une bonne dose de mystère (un corbeau agressant toujours la même personne), une victime innocente, des épisodes (quatre agressions déjà !), du suspense (l’autorisation de tuer le corbeau mais l’auront-ils ?)… et tout ça en pleine France rurale.
En somme, le fait divers parfait pour des médias parisiens toujours friands d’anecdotes insolites sur notre si exotique province.
Alors que cette insolite fait divers est relayé sans retenue par certains médias locaux, d’autres commencent à s’interroger et à laisser transpirer un certain scepticisme. Des doutes portant notamment sur ces supposées griffures de corbeaux si régulières et qui jamais ne se croisent, alors même qu’elles sont supposées avoir été infligées par un oiseau en vol sur un bras qui s’agite, forcément…
Toutefois à cette heure, dans la presse, point d’interrogation sur l’absence de témoins des faits. Aucun avis d’expert non plus sur l’origine des blessures (un médecin légiste par exemple). Non. L’affaire est trop bienvenue en pleine torpeur juillétiste. Et puis ce fait divers permet à chacun – alors que la crise frappe durement – de se dire qu’il y a plus poisseux que lui.
Attention, le propos n’est pas de dire ici : c’est vrai ou c’est bidon ; mais plutôt de souligner que certains aspects de cette affaire appellent le doute et que celle-ci mériterait d’être traitée avec des pincettes.
Imaginons un instant que tout soit bidonné… Dans quelle situation se retrouverait cette famille dans ce village après une telle exposition médiatique ? Acceptons maintenant que tout soit véridique, alors il serait fort judicieux de couper court aux rumeurs et méchancetés qui courent sur le Net. Alors docteur ? Ces griffures ? Elles sont plausibles ?
Mémoire courte
Et si l’on regardait un peu en arrière. Il n’y a pas très longtemps : en 1998. Et pas bien loin non plus : à Delain en Haute-Saône. Vous voyez cette église au cœur du village ? Figurez-vous qu’à l’automne 1998, elle attira l’attention des médias français, européens et internationaux. En quelques jours, les 213 habitant de Delain virent affluer des caméras et des micros du monde entier.
Ah ça y’est ! Ça vous revient ? C’est fou comme on oublie vite n’est-ce pas ?
Vous vous rappelez de cet histoire de Poltergeist ? Cet esprit malfaisant qui hantait l’église et faisait voler les cierges et décapitait les statues ? Même l’évêché s’en était ému et avait dépêché sur place un prêtre exorciste (!).
Le maire du village, quant à lui, s’exprimait volontiers devant des journalistes complaisants qui en redemandaient. Il faut dire que l’affaire plaisait, inquiétait, excitait…
Là aussi, tous les ingrédients étaient réunis et ce fut un méga-buzz… avant l’ère du Web. Notre corbeau n’était pas né.
Mais voilà. Il y eut le jour de la grande déception. Celui où le soufflé fit pschiiiit et retomba mollement. Le maire était un farceux à tendance mythomane. On venait d’apprendre qu’il avait tout inventé, tout orchestré.
Les médias – vexés – lui réglèrent son compte à grands coups d’éditos, de reportages et de chroniques acerbes. Mais ils oublièrent au passage de faire amende honorable suite à ce déchaînement médiatique pour… rien.
À Delain, on a encore honte de cette histoire. Autant vous dire que pour l’ancien maire du village (puisqu’il dût bien vite démissionner) la suite fut amère (suivi psychologique, condamnation en correctionnel, exclusion de fait du village).
Bien fait ? Sans doute. Sauf que lui seul a payé pour cette grande excitation médiatique et pour sa finale en eau de boudin. Pas les médias qui l’ont encouragé à l’époque par leur voracité sensationnaliste doublée d’une crédulité consentie… dans l’intérêt de l’audience, de l’Audimat.
C’est fou comme on oublie vite. C’est bien dommage, car les excès d’hier pourrait amener la tempérance d’aujourd’hui.