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Arbres, arbustes, bonsaïs… que verrons-nous verdir sur le Quai Veil Picard ?

Le mercredi 30 juin 2010, les élus de la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon réunis en Conseil communautaire ont débattu et se sont prononcés majoritairement en faveur du projet de réalisation du futur tramway bisontin : 104 voix pour, 26 contre et 1 abstention sur 131 votants.

Excellente initiative démocratique : cette (interminable) séance a été filmée et diffusée en direct et en streaming sur Internet. Il est désormais possible de la visionner sur le site du Grand Besançon. (durée : environ 5 heures). Le compte-rendu des délibérations est consultable ici (PDF).

La petite histoire

Les Bisontins connaissent la petite histoire de ce projet : l’opposition du Préfet au premier tracé qui traversait la boucle ; les prémices d’un autre tracé empruntant le quai Veil Picard ; l’émotion provoquée chez de nombreux Bisontins par l’abattage annoncé d’une partie des platanes longeant le Doubs (un groupe Facebook opposé à l’abattage compte à ce jour environ 4 500 membres) ; les Verts annonçant qu’ils voteraient contre…

Dès le 25 juin, le projet définitif est présenté avant d’être soumis au vote. Il intègre une nouvelle structure : un encorbellement jouxtant le quai Veil Picard et permettant l’aménagement d’une promenade d’environ 300 mètres de longueur en surplomb au dessus du Doubs.

Une image de synthèse illustre ce nouvel aménagement. L’alignement d’arbres de taille moyenne que l’on y voit laisse à penser que l’on a pris en compte l’émotion suscitée par la disparition annoncée des platanes.

De nouveaux arbres devraient donc s’élever le long de cet encorbellement.

Lors du Conseil communautaire du 30 juin, le Président de la C.A.G.B. ((Communauté d Agglomération du Grand Besançon)), Jean-Louis Fousseret, présente cet aménagement et garantit sa faisabilité technique :

© CAGB

Il confirme l’impression donnée par l’image : les arbres plantés le long de l’encorbellement mesureront six mètres de haut.
J.L. Fousseret laisse entendre que ce choix est une réponse à l’émoi suscité dans la population :

© CAGB

« Cette vue avec ces arbres est un leurre pour faire vendre mieux un tracé et techniquement je dis que ceci ne passera pas car les arbres ne pourront pas vivre. »

Lors de sa prise de parole, Françoise Presse, élue appartenant au groupe « Verts », vient mettre en cause la faisabilité technique d’une plantation d’arbres aussi hauts en bordure de l’encorbellement.
Mme Presse est conseillère municipale à Besançon et adjointe au Maire chargée notamment des espaces naturels, des espaces verts, de la biodiversité, de la prévention des risques urbains et du parc botanique.
Voici son intervention ((extrait commençant à 3h 54min 30 s)) :

© CAGB

Le moins que l’on puisse dire est que la réaction de J.L. Fousseret est à la hauteur du doute instillé par l’élue Vert(e).
Se basant sur des éléments techniques obtenus « des services », Françoise Presse affirme que les arbres ne pourraient pas survivre dans la structure telle qu’elle est présentée sur ce plan en coupe (pas d’image en meilleure résolution, désolé) :

« Techniquement, je dis que ceci ne passera pas parce que les arbres ne pourront pas vivre (…)
Regardez très bien ce système racinaire avec des racines qui devront partir d’un seul côté sous la chaussée et qui, de l’autre côté, tombent dans la construction. Ce genre de végétal n’existe pas. »

« C’est la même photo mais elle est simplement réduite pour entrer dans le cadre imparti. »

Quelques jours plus tard, le 8 juillet, se tenait un Conseil municipal au cours duquel les élus bisontins étaient appelés à se pencher sur un avis concernant le projet de révision du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du Quartier Battant. Révision qui doit permettre à terme la suppression de l’Espace Boisé Classé des quais Veil Picard et de Strasbourg. Étape obligatoire avant l’abattage d’une partie des arbres concernés.

Nouvel échange entre Mme Presse et le Maire de Besançon (extrait du compte-rendu des délibérations) :

«Mme Françoise PRESSE : (…)D’autre part j’ai pu voir dans le BVV qui vient de sortir qu’il y avait à nouveau cette image que j’avais commentée la semaine dernière, mais cette fois-ci les arbres ne font plus 6 m mais 3 m, ce qui met bien en valeur…
M. LE MAIRE : C’est la même image !
Mme Françoise PRESSE : …la beauté des poteaux. Je serai assez vigilante sur ce dossier mais j’y travaillerai en concertation avec les services dans un esprit constructif…
M. LE MAIRE : Mais j’espère bien !
Mme Françoise PRESSE : … ce qui n’empêche que je vais voter contre.
M. LE MAIRE : C’est la même photo mais elle est simplement réduite pour entrer dans le cadre imparti.
Mme Françoise PRESSE : Sauf que les poteaux curieusement dépassent largement !
M. LE MAIRE : Il n’y a pas deux photos c’est la même. Quant à l’étude phytosanitaire je pense que c’est le service des Espaces Verts qui a dû la faire avec l’ONF. L’agglomération vous la donnera, c’est tout à fait normal. Il y a je crois une vingtaine d’arbres qui sont en mauvais état, peut-être moins mais ce n’est pas pour cela qu’on les coupe. Ils ont été tomographiés, passés au scanner.

Quelle est donc cette image mystérieuse aperçue par Françoise Presse dans le BVV et qui montrerait des arbres bien différents de ceux annoncés en Conseil communautaire ?

La voici (page 13 du BVV de juillet-aôut 2010) :

(page 13 du BVV de juillet-aôut 2010)

L’image n’est pas la même contrairement à ce qu’affirme Jean-Louis Fousseret et le cadre imparti n’y est pour rien.
Le Maire de Besançon semble ne pas s’en être aperçu en feuilletant le BVV.
Voici les deux images superposées.

Passez votre souris sur l’image pour passer de l’une à l’autre.

La première image est celle qui a été présentée à la presse dès le 25 juin (voir le dossier de France 3 Franche-Comté) puis aux délégués communautaires lors du vote du 30/06.
La seconde image (parue dans le BVV de juillet août) représente la même perspective vue du même point de vue mais la voie cyclable n’y apparaît pas. Les arbres quant à eux y sont remplacés par de petits arbustes loin de mesurer les 6 mètres annoncés. Je n’ai trouvé qu’une seule autre « trace » de cette seconde image : Macommune.info l’utilisait pour illustrer son article du 26/06 … avant d’employer l’autre dans son article du 1/07.

J’ai contacté le rédacteur en chef du BVV par e-mail pour lui demander si la publication de cette seconde image correspondait à une coquille ou à un choix délibéré. Il m’a répondu qu’il transmettait ma question à la Mission Tramway de la CAGB qui ne m’a à ce jour pas encore répondu. J’actualiserai en fonction de la réponse.

En attendant, voici une hypothèse très subjective : l’image la plus ancienne est celle présentant les arbustes. Elle a été légèrement modifiée en vue d’offrir aux délégués communautaires, à la presse et à la population une contrepartie aux craintes de « minéralisation » intensive du quai Veil Picard… De vrais arbres donc, aptes à remplacer feux les platanes. Et puis une voie cyclable bien intégrée sur l’encorbellement et qui ne saurait déplaire aux élus Verts hésitants.

Si l’on ne doute pas de la possibilité d’intégrer une voie cyclable sur le futur Quai Veil Picard, espérons que les craintes de Françoise Presse ne se confirmeront pas et que les arbres promis ne se transformeront pas en arbustes ornementaux. A suivre donc.

excellente initiative démocratique

Google s’invite à la manif ?

Des Google cars qui ont été signalées dès hier après-midi à Besançon. Elles sont dans notre ville afin d’en poursuivre la couverture pour Street View, service de navigation virtuelle de Google.

Rappelons que dès le mois d’août 2009, une Google car avait été signalée à Besançon.

Photo prise près d’un hôtel par un Bisontin

Il avait fallu attendre le mois de décembre 2009 pour que Google nous offre un beau cadeau de Noël : une première couverture de certaines rues de Besançon.

Agrandir le plan

La prochaine livraison d’images arrivera donc sans doute dans quelques mois.
On est toutefois en droit de s’interroger : les Google cars ont-elles travaillé ce mardi (pas de grève chez Google !) ?

Si oui, Google a-t-il choisi le meilleur jour pour photographier les rues bisontines ?
Imaginons…

Agrandir le plan

Vacherie

Voici un extrait du Conseil communautaire de la C.A.G.B. ((Communauté d’Agglomération du Grand Besançon)), du 30 juin 2010 au cours duquel les conseillers communautaires ont débattu du projet de tramway bisontin. Cette séance a été filmée et diffusée en streaming sur le site du Grand Besançon.

Elisabeth Péquignot, élue du Nouveau Centre (Groupe UMP) s’adresse à Jean-Louis Fousseret, Président de la C.A.G.B.

httpv://www.youtube.com/watch?v=7uzSxkwwyQM
© CAGB

Décodage au cas où quelque chose vous aurait échappé…

L’intervention de Mme Péquignot précède celle d’Édouard Sassard (UMP).
Édouard Sassard est une possible future tête de liste de l’opposition pour les élections municipales à Besançon. Il est également le gendre d’Alain Joyandet, alors Secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie du Gouvernement Fillon.

Jean-Louis Fousseret sait tout cela. On le voit donc tenter de « miner le terrain » avant la prise de parole de celui qui sera peut-être un jour son adversaire aux élections municipales :

Mme PEGUIGNOT : — Je vous pose une question : en tant que citoyen achèteriez-vous une Ferrari au prétexte que tous vos voisins en possèdent une ?

Jean-Louis Fousseret : — Non, Madame. Je ne voyage qu’en jet privé.

Allusion à l’affaire du jet privé loué 116.500 euros afin de permettre à Alain Joyandet d’effectuer un vol aller-retour entre Paris et la Martinique, en mars dernier.  (lire sur le Monde).

Mme PEGUIGNOT : — Sans avoir, sans avoir au préalable vérifié que vos moyens sont en adéquation ? Je vous remercie.

Jean-Louis Fousseret : — Mais j’envisage de rester à Saint-Ferjeux et je n’agrandirai pas ma maison. Ma famille s’y oppose.
Bien, Monsieur SASSARD.

M. SASSARD : — Je vous remercie de la transition. Je vous remercie de la transition classe ! (…)

Nouvelle allusion, cette fois à la seconde affaire qui précédera la démission d’Alain Joyandet, soupçonné d’avoir bénéficié d’un permis de construire illégal pour agrandir la maison qu’il possède à Grimaud près de Saint-Tropez (lire sur le Monde).

Les vacheries en politiques sont monnaie courante. Pour ma part, j’ai trouvé celle-ci un peu facile… et vous ?

Sources :

L’enregistrement vidéo complet de ce Conseil communautaire se trouve sur cette page.  L’extrait commence à 3h31minutes environ.

La Cédille vous connaissez ?

Cette formation date tout de même de 1997… il m’aura fallu 13 ans pour tomber dessus. C’est du rap avec un groove très soul.

httpv://www.youtube.com/watch?v=ZQQqflDESKg

Je copie le descriptif que l’on y trouve au cas où vous auriez autant de difficultés que moi à vous repérer sur une page MySpace.

La Cédille c’est une basse ronde, une batterie, une guitare, un trombone, un sax alto et 2 mc’s au service du hip hop depuis 1997. Bien que ses membres soient issus de différents horizons (jazz, funk, rap, salsa) ce groupe originaire de Besançon (France) propose une entière création qu’ils nomment «hip hop instantané». Riche de plus d’une centaine de compositions désespérément optimistes, La Cédille tient un discours à la fois bucolique et urbain. Sur scène La Cédille propose un spectacle dynamique et intimiste où chaque protagoniste prend à tour de rôle le devant de l’estrade(les cuivres nhésitent pas à semparer du micro pour y balancer leur lyrics !). Ce groupe est une formation «libre» dans une musique jusqu’ici souvent créée par des machines. Avec «Vu Du Large» enregistré au Royaume Uni le groupe traverse actuellement les 4 coins du globe (France,Québec, Royaume Uni, République tchèque etc). La Cédille occupe une scène musicale qui faisait encore défaut en France et qui compte chez les anglo-saxons des formations telles que The Roots ou Opus Akoben

DISTINCTIONS ET RECOMPENSES
Au fil des ans, La Cédille a reçu quelques distinctions tels que : lauréat au FAIR 2006 (France, http://www.lefair.org ), la nomination du Music Week Magazine  en tant que « French Talent » en 2004 (Anlgeterre) et « Découverte Franche Comté » du Printemps de Bourges 2001 (France).

Youtubalgique

Ça m’est arrivé sans signe annonciateur alors que j’avais délaissé mon ordinateur, Twitter et toute la bande depuis un long moment déjà.
Nous étions en fin de soirée et je m’étais affalé sur le canapé devant la télé pour y regarder Sagan, film que l’on diffusait sur Arte ce soir-là.

L’histoire était déjà bien avancée et la pauvre Françoise, magnifiquement interprétée par Sylvie Testud, déclinait à vue d’œil. La fin du film allait à l’évidence coïncider avec celle du personnage principal et ce dénouement semblait imminent.

Oui mais voilà. Je commençais à penser très affectueusement à mon lit, et Sagan, de son côté, s’accrochait égoïstement à la vie, sans se soucier de moi.
Je craignais aussi qu’un nouveau flash-back viennent perturber Chronos et nous redonne à voir de la jeunesse hyperactive de l’héroïne (private joke…).

Bref, tout cela aurait pu se terminer fort tard et j’avais besoin de savoir si je pourrais rester éveillé jusqu’au bout. Alors encore long ce film ?
Il faut vous dire que j’étais trop bien installé sur mon canapé pour trouver le courage de fureter dans mon magazine télé. Trop pépère pour atteindre l’ordinateur et chercher les horaires du film sur le Net. Je n’y ai même pas songé.

Et c’est à ce moment que cela m’est arrivé

Ce fut un réflexe, un geste absurde. J’ai honte.
Mon regard a furtivement quitté l’écran pour descendre et se poser là, entre le pied de ma télé et le meuble sur lequel elle est installée.

Et voilà ce que mes yeux y ont furtivement cherché :

Oh ! Ça n’a duré qu’un quart de seconde. Un laps de temps très court mais juste assez pour déclencher en moi de grosses inquiétudes. Et si je devenais fou ?

Confondre ma télé avec Youtube, voilà qui est un peu fort ! J’avais certes passé du temps à consulter des vidéos sur le Net depuis la veille,  notamment pour écrire le billet précédent mais bon… tout de même… hein ? quoi ? C’est grave ?

Premier réflexe : contacter le Doc

The Doc. Celui que tout le monde connaît pour le voir fréquemment à la télé. Un Doc barbu toujours jovial avec nœuds papillons et vestes colorés.
J’ai nommé Jean-Daniel Flaysakier.
Ça tombe bien, Jean-Noël est sur Twitter et vient précisément d’y gazouiller une boutade drôle et acerbe de son cru.
Je me lance et m’adresse tout de go au praticien cathodique :

@jdflaysakier J’ai regardé sous ma télé pour voir où en était la barre de défilement du film que je regardais. Grave Docteur ? Youtubalgie ? (ici)

Youtubalgie, ce mot m’était venu comme une évidence. Je ne suis pas médecin mais étant le découvreur de ce nouveau mal, c’est bien à moi de le baptiser non?
Donc Doc ?? Hein ? Hé ! Help !

Mais Doc Flaysakier n’a pas répondu.

Trop occupé à mitonner ses bons mots, il en avait oublié Hippocrate, le devoir d’assistance, l’abnégation et toutes ces choses qui sonnent tellement XXe siècle (Hippocrate c’est encore plus vieux vous dites ?)
J’aurais pu lui décocher un tweet vengeur afin de lui rappeler que MA redevance lui offrait ses nœuds pap’. Que s’il souriait tout le temps quand il passait dans MA télé, c’était sans doute parce qu’il s’y trouvait bien et qu’il ne tenait qu’à MOI qu’il y reste ! Un coup de zappette et pfff !

Je décidai alors de m’adresser à un praticien du terrain. Un vrai

Du genre qui se montre attentif à ses patients et qui n’a pas troqué sa blouse blanche contre des oripeaux plus télégéniques.
Vite ! Dans la poche de ma veste : le dépliant pris dans la salle d’attente de mon toubib, l’autre jour, avec le numéro unique des médecins de garde.  Mon téléphone. Je numérote.
Ça sonne…
Je vais dire quoi ? Que j’ai abusé d’Internet ? Que j’ai pris ma télé pour mon ordi et Sagan pour une vidéo de Youtube ?

Un message pré-enregistré pour me faire patienter...

J’attends ?…  je raccroche ?… j’attends ?… je raccroche ?… j’att… ÇA DÉCROCHE !

Bonsoir. Permanence des médecins de garde de Besançon, Dr Jeannin. Je vous écoute.

– Oui euh… bonsoir madame (c’est une madame).

– Oui, monsieur, en quoi puis-je vous aider ?

Je suis mal. Comment lui dire ? En fait je n’ai mal nulle part. J’ai seulement très peur de devenir cinglé. J’ai trop abusé du Net et tout ça. Je me virtualise ! J’ai besoin d’en parler. D’être rassuré. Un médecin ça ne se moque pas. J’y vais.

– Voilà Docteur, j’ai vu  le film sur Françoise Sagan à la télé toute à l’heure avec Sylvie Testud et comme ça durait longtemps parce qu’il y avait des retours comme ça dans sa vie et bien ça n’en finissait pas alors que moi j’avais sommeil j’ai voulu savoir combien de temps ça durerait encore et au lieu d’ouvrir Télérama hé bah j’ai regardé sous ma télé oh ! pas longtemps mais tout de même un tout petit instant et vous allez peut être rire mais quand j’ai regardé sous ma télé bah… je m’attendais à y voir la barre de défilement de Youtube quoi. Voilà. Je pense à une youtubalgie. Et vous ?

Silence.
Pas longtemps mais assez pour me sentir ridicule. Et puis, assez vite, le frottement d’une main contre le micro du téléphone et quelques mots inaudibles échangés entre deux personnes.
Et à nouveau la voix :

– Monsieur, les symptômes que vous décrivez-là sont assez inquiétants.

– Ah ? Mais je n’ai pas mal c’est juste que…

– Oui oui j’ai bien compris mais vous allez être rapidement pris en charge afin…

– Me prendre en charge ? Mais…

– Une ambulance va venir vous chercher. Comment vous appelez-vous monsieur et où vous trouvez-vous ?

Panique

– Mais une ambulance pour quoi faire ?

– Pour vous transporter jusqu’au bloc opératoire afin d’y pratiquer au plus vite une youtubectomie.

– Hein ? Quoi ?

Le fou rire qui me parvint alors était à peine masqué, tout comme les éclats de voix qui s’ensuivirent. Je venais de passer pour un parfait abrutis.
Rouge de honte, je raccrochai illico.

Et c’est à ce moment précis que j’ai eu cette idée ridicule


É

Don Quichotte devant un moulin à vent

Don Quichotte et Sancho Panza vs Peugeot 206…

J’ai une marotte. Je recherche quasi quotidiennement les nouvelles vidéos parues sur le Web et concernant Besançon.
Mais mon petit tour sur Google Vidéos me laisse souvent sur ma faim car les agences immobilières inondent littéralement Youtube et consorts de leurs visites virtuelles de biens immobiliers. Rasoir.
Heureusement, il y a des jours comme aujourd’hui avec leur lot de perles et celle du jour nous est offerte par le pseudo-nommé « xxxxdu25 » ((ce n’est pas le pseudo originel).

Que voit-on sur cette vidéo ?

Un jeune garçon défonçant à coup de pieds (c’est mal) le pare-brise d’une 206 grise garée sur une place pour handicapé (c’est mal) puis s’enfuyant avec son comparse « vidéaste ».
Le parking semble situé à proximité de la rue Blaise Pascal à Besançon.
Le titre de la vidéo et son commentaire ne laissent pas de doute possible, c’est bien à un Don Quichotte des temps modernes que nous avons affaire.

« il ou elle a du péter un cable en voyan sa voiture »
« sa lui aprandra a garer sa voiture sur une place handicaper. »

http://www.youtube.com/watch?v=1EKrTqAHSdU

Au temps de Cervantes, Don Quichotte, persuadé d’être un justicier chevaleresque, s’attaquait à des moulins à vent qu’il prenait pour des géants. Son écuyer Sancho Panza, monté comme sur un âne, tentait de le raisonner. En vain.


Extrait

Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu’il y a en cette plaine, et, dès que Don Quichotte les vit, il dit à son écuyer :

La fortune conduit nos affaires mieux que nous n’eussions su désirer, car voilà, ami Sancho Panza, où se découvrent trente ou quelques peu plus démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur ôter la vie à tous, et de leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir : car c’est ici une bonne guerre, et c’est faire grand service à Dieu d’ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre.

– Quels géants ? dit Sancho.

– Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d’aucuns les ont quelquefois de deux lieues.

– Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin.

– Il paraît bien, répondit Don Quichotte, que tu n’es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et, si tu as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer avec eux en une furieuse et inégale bataille.

Mais voilà, à l’époque de xxxxdu25 les choses ont quelque peu changé.
Sancho Panza ne cherche plus à réfréner les ardeurs de son compagnon.
Mieux ; il l’encourage, filme ses exploits bien à l’abri derrière son téléphone et publie le tout sur Youtube offrant en prime le visage de son camarade parfaitement visible et reconnaissable.
Mise à jour du vendredi 27 août 11h00 : xxxxdu25 vient de mettre sa vidéo hors ligne. J’ai donc repris la vidéo que le Post a utilisée dans son article paru jeudi soir en supprimant le passage où le visage du garçon apparaissait. Toutefois je laisse cette image floutée pour confirmer mes dires. La vidéo originelle laissait parfaitement voir son visage.

Extrait

Sancho Panza :
– Là on va faire un truc de ouf là. Lui c’est l’gosse de Paname, lui. Là mon pôte. (…)
Mais y’ un vieux. Y’a un vieux qui va passer. Fils de pute.
Regardez-moi ça, sa mère ! On va faire un malheur là !
Aller; commence, commence, commence !
Moi j’te suis moi derrière.

C’est clair, Sancho Panza est descendu de son âne pour en devenir un… mais extrapolons un peu…

N’est-ce pas un concept révolutionnaire que xxxxdu25 vient de nous inventer là ?

L’auto-vidéosurveillance ! (« auto » sans jeu de mots)

Voilà une solution qui satisferait les appétits sécuritaires de tout sarko-hortefeuphile qui se respecte, tout en associant de manière motivante celui qui commet le délit et ses complices.
Un concept à la fois  économe, efficace et participatif (tiens voilà qui plaira aussi à la gauche royaliste)…

MISE A JOUR (26/08 à  17h30)

Le camarade twittos @blogbesancon à trouvé le parking concerné sur Google Maps.

MISE A JOUR (26/08 à  19h00)

Aude Baron, journaliste au Post a mené l’enquête et a retrouvé le propriétaire du véhicule, fort surpris qu’on lui rappelle cette affaire qui datait du mois de mai ou juin de cette année.
Le Post publie un billet dans lequel une coupe a été opérée pour ne pas laisser apparaitre le visage de « Don Quichotte ».

Lire l’article d’Aude Baron sur le Post.

MISE A JOUR (27/08 à  11h00)

Poursuivant son enquête, Aude Baron est parvenu à retrouver xxxxdu25 … qui a justifié son geste :

« J’ai fait cela pour que le conducteur ou la conductrice comprenne que les places pour handicapés restent des places pour handicapés, même s’il n’y a pas d’handicapé résidant dans le bâtiment », se justifie-t-il. « Imaginons qu’une personne handicapée rende visite à un ou une habitant(e). Où se gare-t-elle ? »
« J’ai dans mon entourage des personnes handicapées », poursuit le jeune homme. « Quand elles ne trouvent pas de place, cela me met en colère alors qu’il y a des place libres sur le parking d’à côté. »

Le garçon a ensuite supprimé sa vidéo de Youtube.
Don Quichotte, c’est plus ce que c’était…

De son côté, Pascal Lainé, journaliste au Pays, a publié un article ce matin afin de raconter cette étonnante enquête mené grâce aux réseaux sociaux et notamment à Twitter…
Lire cet article sur le Pays.

MISE A JOUR (27/08 à  12h00)


Le garçon qui a posté le vidéo s’étant sérieusement déballonné suite à la diffusion de cette histoire sur le Post, j’ai décidé de modifié son pseudo car ce n’est pas à moi de faire le travail de la police non plus…

MISE A JOUR (18/09)

Le samedi 11 septembre, l’émission Zappez plus Net sur France 3 Bourgogne Franche-Comté interroge Aude Baron sur cette enquête singulière… j’y suis présenté comme celui qui consulte quotidiennement toutes les vidéos sur Besançon. On va croire que je n’ai rien d’autre à faire !

MISE A JOUR (3/12/2013)

Je découvre par hasard que la vidéo a été supprimé de Youtube suite à « une réclamation pour atteinte aux droits d’auteur ». On rigole 🙂

cap 2013-12-04 à 20.58.48

MISE A JOUR (26/08 à  17h30)