Archives de catégorie : Mots d’humeur

ovhgctptbahndsfc.com

En 2010, fort de nouveaux partenariats, l’Orchestre de Besançon était rebaptisé.
Il devenait l’« Orchestre de Besançon Montbéliard Franche-Comté ».

Il s’enrichissait d’un site Web tout beau à l’adresse http://obmfc.fr mais aussi d’une page Facebook, là : https://www.facebook.com/OBMFC

Moderne.

En 2012, on décide d’écourter un peu cette appellation. La récente gare de « Besançon Franche-Comté TGV » lui faisait sans doute un peu d’ombre dans la série noms à rallonge.
Au passage, on rajoute une couche de vernis historico-people. L’évocation d’un musicien illustre du cru sera parfaite. Et – abracadabra :

« Orchestre Victor Hugo Franche-Comté« .

Le changement c’est maintenant.
Une nouvelle adresse web : http://ovhfc.com mais aussi une nouvelle page Facebook parce que c’est ballot mais c’est comme ça : on ne peut pas modifier le nom d’une page sur Facebook.

Et ensuite ?

Ensuite il serait logique qu’un jour prochain les Montbéliardais réalisent l’entourloupe.
Forcément, « Victor Hugo » c’est l’enfant illustre de Besançon, pas de Montbéliard…
Injustice.
Il n’y aura alors plus qu’à re-re-re-baptiser l’orchestre pour ne pas faire de jaloux. Et vlan :

Orchestre Victor Hugo Georges Cuvier Franche-Comté

Nouveau site. Nouvelle page Facebook…

Et alors ?

Alors, les personnages illustres ça a du bon mais ça ne suffit pas à assurer le rayonnement d’un orchestre. Il faut aussi le mettre au diapason de l’économie traditionnelle locale, vous voyez ? Et zou :

 Orchestre Victor Hugo Georges Cuvier Temps Peugeot Franche-Comté

Nouveau site. Nouvelle page Facebook, etc.

C’est pas bientôt fini ?

Si si. Enfin presque. La musique ça vous transporte. On allait l’oublier. Et pan :

 Orchestre Victor Hugo Georges Cuvier Temps Peugeot Tramway Bus à Haut Niveau de Service Franche-Comté

Là c’est bon. Ça rayonne du feu de Dieu ! On ne touche plus à rien ! Et en plus, l’adresse web est parfaite :

http://ovhgctptbahndsfc.com 

Le vin, le fromage, le non-cumul des mandats

Le JT de France 3 Franche-Comté accueillait ce dimanche soir Claude Jeannerot.

Ce dernier s’y est expliqué sur le cumul entre ses mandats de Président du Conseil Général du Doubs et de sénateur :

En résumé :
– Claude Jeannerot n’a pas honte d’être à la fois sénateur ET Président du Conseil Général ;
– c’est précisément parce qu’il était Président du CG que les élus l’ont choisi pour être sénateur (en 2008)
– il pense qu’il est nécessaire de  réformer ce système (ouf)

Essayons d’aller plus loin en prolongeant ce raisonnement : pourquoi Claude Jeannerot a-t-il été réélu à la Présidence du Conseil Général en 2011 ? Sans doute parce qu’il était déjà sénateur. C’est rassurant pour les électeurs d’avoir un élu national à la tête du département.

Et si Claude Jeannerot venait à être réélu sénateur en 2014 ? Eh bien ce serait précisément parce qu’il est Président du Conseil Général…

etc

En substance : je me ressers un verre de vin pour terminer mon fromage puis je reprends un peu de fromage pour terminer mon vin. Mais je pense qu’il est mal de se resservir. J’attendrai donc qu’on m’interdise de le faire 🙂

Revoir le passage concerné du JT de France 3 Franche-Comté à partir de  11 minutes 30 s.

Le dernier ouvrier (conte bisontin)

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Cette nuit-là, le Doubs devint si gros qu’il emporta tous les ponts. Il monta si haut qu’il avala la Citadelle et rongea sa colline.
Au matin, la boucle était devenue une île entourée de flots infranchissables.

En quelques semaines, les Bisontins coupés du monde pêchèrent tous les poissons, capturèrent tous les pigeons, moineaux, canards et hérons. Et lorsque tout fut mangé, rongé, nettoyé, ils tirèrent à la courte paille pour savoir qui aurait l’honneur et l’affliction de nourrir la communauté.

Le sort tomba sur les commerçants. Ils dirent : « Si nous mourrons, nos boutiques fermeront. Et que deviendra la ville sans ses boutiques ? » On recommença.

Cette fois le hasard désigna les boulangers. Ils dirent : « Quand le Doubs baissera et que la farine sera à nouveau livrée, qui fera votre pain si nous ne sommes plus là ? » On recommença.

Ce sont les fonctionnaires qui furent alors choisis. Ils dirent : « Qui achètera le pain des boulangers ? Qui entrera dans les commerces si l’on mange les fonctionnaires de cette ville ? »

À nouveau, on recommença et la malchance tomba sur les ouvriers.
« Voilà belle lurette qu’ils ne font plus vivre cette ville. Mangeons-les ! » clamèrent les boutiquiers.
« Ils nous achètent moins de pains que les autres. Mangeons-les ! » ajoutèrent les boulangers.
« Des ouvriers ? Il y a des ouvriers ? Hé bien mangeons-les ! » reprirent en chœur les fonctionnaires.
Les ouvriers souhaitèrent s’exprimer mais on leur expliqua que toutes les solutions avaient été envisagées, que c’était comme ça, qu’il fallait être courageux et penser au bien de la communauté.

Ils furent mangés l’un après l’autre jusqu’au dernier qui demanda à parler : « Vous êtes des imbéciles, dit-il. Au lieu de nous manger, vous auriez dû nous écouter. »
On lui demanda de s’expliquer. Il répondit : « Nous seuls pouvions construire un pont. Nous vous aurions tous sauvés. Et ensuite, qui mangerez-vous après moi ? »

On dévora cet effronté.

Besançon 2030, la prospective, les vélos volants…

« L’agglomération et la ville de Besançon se sont engagées conjointement dans une démarche de prospective à l’Horizon 2030.
Il s‘agit, pour les deux collectivités, de s’interroger sur le devenir de leur territoire et de procéder à un exercice visant à dégager les lignes de force sur lesquelles leur projet va pouvoir reposer. »

Pas simple de tirer des plans sur la comète. Complexe et aléatoire d’émettre des hypothèses sur ce que le futur sera. C’est toute la science (pas exacte du tout) de la prospective.

Cela me rappelle cette image étonnante qui date du début du XXe siècle. À cette époque, de nombreux illustrateurs s’amusèrent à imaginer l’an 2000 — cette date si lointaine.
Ce fut un véritable exercice de style : on s’évertua à représenter le futur en imaginant les modes de vie, les progrès technologiques, les transports, l’urbanisme, etc.
Il est intéressant et instructif de revoir aujourd’hui ces images paléo-futuristes.

Un dessinateur représenta par exemple ce facteur sur une bicyclette volante. Pratique : grâce à son biclou ailé, il distribue le courrier aux balcons et fenêtres, sans même descendre de sa monture.

Ce que cette image nous apprend, c’est que l’on a inévitablement tendance à envisager le futur à la lumière des progrès technologiques de notre époque. Au début du XXe siècle, c’était justement les premières machines volantes qui avaient la cote. D’où le vélo volant, mais aussi…

les pompiers volants :

les machines volantes individuelles ou familiales (Allemagne) :

Alors certes, faire de la prospective à 18 ans (Besançon 2030) est plus réaliste qu’imaginer le monde dans un siècle. On ne joue pas forcément à Madame Irma et la démarche est sans doute nécessaire.
Mais qui parmi nous aurait envisagé, quinze années en arrière, le bouleversement qu’allait constituer dans notre quotidien le développement d’Internet et des nouvelles technologies (plus si nouvelles que ça d’ailleurs) ?  Rappelez-vous — pour voir — de ce qu’était votre vie avant… Les plus jeunes n’ont même pas connu. C’était pourtant hier.

Notre facteur de l’an 2000, tel qu’on le fantasmait en 1900, chevauchait une hyper hi-tech bicyclette volante. Mais il livrait toujours de bonnes vieilles enveloppes renfermant de classiques lettres… en papier.
La dématérialisation des échanges est passée par là et elle a fait mieux que les machines volantes. Poésie mise à part, le vélo qui vole aurait été moins efficace qu’un simple email.

Et pourtant nous sommes en 2012 et les facteurs font toujours du vélo « normal » (souvent électrifié c’est vrai). Ils livrent toujours des journaux en papier, des BVV en papier et des lettres en papier, même si elles se font de plus en plus rares.

Mais pour combien de temps encore ?

A voir sur le Web

Les cinq ans de Polo et le people que personne n’attendait

Dimanche dernier, j’étais invité chez ma sœur pour fêter les cinq ans de son fils Polo. Si vous maîtrisez les bases de la généalogie et du darwinisme, vous aurez certainement compris que Polo – le fils de ma soeur – est aussi mon neveu à moi.

Je l’aime bien le petit Polo. Il est marrant ce gosse. Lui c’est un passionné de mécanique et de bricolage. Tout moi à l’envers en somme. Parce que moi, avec la bricole et les outils, je suis plutôt du genre à avoir deux mains gauches dans une paire de gants de boxe.

Polo lui, il aime les bidules qui roulent, les trucs qui flottent et les machins qui volent, les poulies qui grincent, les engrenages qui tournent, les moteurs, les machines et véhicules en tous genres.

C’est clair que pour Polo, le chantier du tramway de Besançon c’est mieux qu’Europa Park. On le pose entre une foreuse et un camion-benne et le Polo, il bronche plus. Il observe, il fait le plein d’émotions. Le chantier du tram fait au moins un heureux à Besançon.

Dimanche donc, c’était son anniversaire à Polo et le brave tonton que je suis arrive un peu avant midi avec dans les bras un cadeau, comme il se doit.
Un gros paquet que mon Polo déballe sans traîner avec une excitation non feinte. Le papier vole dans toute la pièce et là… je vois son visage qui s’allume. Et l’ampoule qui éclaire son visage poupin, c’est son sourire d’enfant (violons). Un sourire qui va littéralement de son oreille gauche à son oreille droite. À moins que ce soit le contraire, je ne sais plus.

Le cadeau de Polo donc ; c’était un train électrique. Si si ça existe encore ces trucs-là. Un vrai hein ! Avec la locomotive (une BB 26000 orange et grise, un pure modèle des années 80), et puis quatre wagons, une petit gare et des rails à assembler pour faire une chouette voie ferrée dans la chambre de Polo.

Allez ! Ni une ni deux, on s’y colle avec mon neveu. Et pendant qu’il admire sa locomotive et repère le système de fixation des wagons, moi je tente de m’occuper des rails. Oui je sais, je suis un boulet en bricolage mais bon, je suis un bon tonton avant tout, alors au moins j’essaie.

J’allais donc commencer le montage de la voie ferrée quand…

DING DONG !

On sonne à l’entrée (vous l’aurez compris). Trente secondes plus tard, ma soeur déboule avec un air perplexe : « C’est quelqu’un pour vous les garçons ! ».

Elle s’écarte et une homme de stature pour le moins ventripotente entre alors dans la chambre. Il n’est pas très grand et il a sur la tête une sorte de brushing de cheveux gris blancs, plus blancs que gris d’ailleurs. Il porte un costume, une cravate rouge et il a le sourire courtois. Je le connais ce type, c’est évident. Je le vois souvent mais impossible de mettre un nom sur son visage.

C’est la situation gênante par excellence ça. Et ça m’arrive régulièrement. Il suffit que je rencontre une connaissance dans un contexte autre que celui où je la fréquente habituellement et paf… impossible de me rappeler de qui il s’agit. Ça me l’a fait l’année dernière au salon de l’érotisme avec l’instit de mon gosse. C’était très gênant.

J’en reviens à l’intrus dans la chambre de Polo. Voilà qu’il me tend la main avec un grand sourire. C’est sûr on se connait, bon sang !
C’est alors que Polo se glisse entre nous, il lève les yeux vers l’homme, l’observe quelques instants et me dit : « C’est le monsieur des toilettes, tonton ! » Je lui fais les gros yeux : « Polo enfin quoi ! ».
Il insiste « C’est le monsieur qui est dans les journals des toilettes ! »

Ouais, l’orthographe n’est pas son fort à Polo. N’empêche, grâce à lui, j’ai compris brusquement qui était notre inconnu. Bon sang mais c’est bien sûr ! Nom d’un petit bonhomme ! Euréka ! Dans les toilettes des Bisontins, il y a toujours cette revue que personne ne lit à part aux toilettes justement : le BVV ! Notre journal municipal à nous les Bisontins ! Et cet homme, oui cet homme qui est là dans le chambre de mon neveu Polo. Cet homme, évidemment que je l’ai déjà vu. Cet homme c’est Jean-Louis FOUSSERET ! Non mais dingue ! Le Maire de Besançon dans la chambre de Polo !

« Mais qu’est-ce que vous faites là Jean-Louis Fousseret ?

Eh bien, je viens pour la pose du premier rail… Vous alliez bien poser le premier rail ?

– Fichtre ! C’est sérieux ? »

Alors tout s’est enchainé très vite. Deux autres hommes sont entrés dans la chambre. Eux aussi portaient des costards. Le premier des deux m’a lancé un regard complice accompagné d’une petite moue gênée et d’un haussement d’épaule discret. C’est fou comme certaines mimiques peuvent se suffire à elles-mêmes. En tout cas j’y ai lu clairement « Ne vous inquiétez pas allez, ça durera pas longtemps et ça lui fait tellement plaisir à Jean-Louis vous savez ».

Le deuxième homme lui, tenait un appareil photo. Il n’a d’ailleurs pas tardé à s’en servir puisqu’à côté de nous, Jean-Louis Fousseret s’était déjà agenouillé.

Je ne soupçonnais pas une telle souplesse municipale…

Il a alors assemblé les deux premiers rails d’un coup comme ça. Clic ! On aurait dit qu’il avait fait ça toute sa vie. C’était impressionnant. À cet instant, sur son visage, j’ai reconnu le sourire qu’arborait Polo tout à l’heure. D’une oreille à l’autre ; tout pareil.

Notre maire s’est alors relevé. Il m’a à nouveau serré la main et il a fait pareil avec Polo qui était trop fier. Et puis il a ajouté : « Surtout vous m’appelez quand c’est fini, hein ? Je viendrais l’inaugurer. Vous promettez ? »

J’ai dit :« Promis m’sieur l’maire… »

Et puis ils sont partis comme ils étaient venus. Et on s’est retrouvés tous les deux avec Polo. On s’est regardés, encore interloqués et Polo a dit :

« Dis Tonton, le monsieur il a fait ça parce qu’il en a pas de train à lui ?

– Oui Polo. En fait tu sais il aura un train à lui mais seulement dans trois ans. Un petit train tout bleu qui doit venir d’Espagne. Le monsieur est juste un peu impatient… »

Alors avec Polo, on a terminé le montage de la voie ferrée et on n’a pas rappelé Jean-Louis Fousseret. Je sais bien que j’avais promis mais faut quand même pas déconner.

Et puis le petit train de Polo c’est une affaire de famille.


Cette chronique a été écrite pour l’épisode 2 de l’émission radiophonique bisontine « Vous reprendrez bien un peu de purée ? » diffusée en direct sur Radio Bip le samedi soir à 20h30. Comment ? Vous ne connaissez pas encore ?
L’émission est à écouter grâce au player ci-dessous ou à télécharger en mp3 :

Tatami contre Courtepaille

Dans le dernier numéro de la Presse Bisontine (sorti ce 21/09), Jacques Grosperrin s’exprime pour la première fois depuis sa défaite aux Législatives de juin.

On y apprend dans cette interview, concernant les prochaines élections municipales de 2014 que l’hypothèse que l’ancien député UMP prenne la tête d’une liste d’opposition à Besançon est « un scénario possible« .

Un peu plus loin, s’exprimant sur la limitation du cumul des mandats, Jacques Grosperrin estime qu’ « il faudrait imposer une limite d’âge au-delà de laquelle on ne pourrait plus se présenter à une élection. La limite devrait être 65 ans car ce sont des fonctions où il faut de l’énergie et être en prise avec la vie. »

Tiens au fait, quel âge a Jean-Louis Fousseret ?

Ah tiens, il a 65 ans…

On pressent donc cet angle d’attaque pour 2014 : le « jeune » sportif (57 ans tout de même) contre le « vieux » (pas moi qui le dis) pas sportif du tout.
Tatami contre Courtepaille en quelque sorte. Prometteur.

Originale spontanéité

Ce qu’il y a de bien avec les jeunes, c’est que quand ils sont spontanés ça se voit.

Ce qu’il y a de moins bien avec les jeunes, c’est que quand ils font semblant d’être spontanés – sur commande, ça se voit aussi…

Il ne s’agit pas de se moquer des jeunes artistes talentueux (et Grands Bisontins !) de Carbon Airways. Ils ont sans doute participé à ce spot gracieusement et ne sont pas comédiens de formation.
Mais j’ai l’impression que ce que pourrait apporter la jeunesse à cette campagne « Originale Franche-Comté« , c’est précisément la spontanéité, la fraicheur, le « lâcher prise » et une certaine liberté de ton.
Bref, tout le contraire de cette idée de leur faire réciter un texte écrit à l’avance par des communicants professionnels beaucoup moins spontanés, frais et libres qu’eux. D’ailleurs, ils auraient pu faire dire presque la même chose à Mamie Ginette… non ?

Pour mémoire, à ce petit jeu, les adultes peuvent faire parfois être bien mieux pire que les jeunes ; surtout quand ils font semblant de ne pas lire le texte qui est là « en bas à gauche ».

Sur le Net

Et si vous ne connaissez pas encore Carbon Airways : http://www.carbonairways.com/

Six heures moins le quart

Cher Bison Teint,
voilà bientôt neuf années que je suis boulonné là, devant la mairie de ta ville.
Neuf années que je partage mon temps entre la consultation de ma montre et la contemplation de tes concitoyens qui passent et s’arrêtent parfois devant moi.
Durant ces neuf années — vois-tu — j’ai eu le temps de vous observer et de discerner deux choses qui vous rendent particulièrement fiers et dont tout Besançon s’enorgueillit : votre passé horloger et ma naissance en vos murs.

Seulement voilà l’ami, la fierté ça se mérite et la réputation ça s’entretient.
Alors s’il-te-plaît, dis leur de m’envoyer un horloger et qu’il me répare enfin cette p*** de montre qui affiche SIX HEURES MOINS DIX depuis neuf ans !

Sinon, je pourrais bien raconter aux touristes qu’en vérité je suis né… à Dijon.

Bien à toi
Vic

Lève-toi et marche petit Bisontin

Certes, l’abonnement aux transports scolaires dans le Grand Besançon augmentera à la rentrée d’une manière assez déraisonnable. Les parents que vous êtes sont d’ailleurs très très très mécontents, comme ce monsieur de la FCPE qui va jusqu’à parler de racket et a lancé une pétition.

Et cependant, les gens, vous devriez relativiser un peu.

Je m’explique. Nous quand on était gamins, on allait à l’école à pieds à cinq heures et demi du matin, été comme hiver. On y allait en sabots et on traversait des prés avec des taureaux peu affables dedans. On parcourait des kilomètres dans la campagne, les orties fouettaient nos mollets, les ronces griffaient nos bras.  Dans la forêt, en novembre, on entendait des loups. Sur le chemin, on ramassait du bois que l’on mettait dans le poêle de la classe en arrivant. Et si on oubliait de se curer les ongles après ça, le maître nous gratifiait de grands coups de règle plate sur le bout des doigts.

Alors comprenez bien que vos gamins qui vont en bus au collège avec leur ipod dans les oreilles, confortablement assis à tapoter des SMS et infoutus de laisser leur place à la dame âgée qui – elle – quand elle était jeunette, allait à l’école à pieds à cinq heures et demi du matin, été comme hiver avec les taureaux, les loups et tout ça…

Bref, faites-les marcher vos gosses !  Faites-en des hommes ! Déjà qu’ils ne connaitront pas l’armée ces p’tits cons ! Marchoooons Marchooooons ! Et puis la marche justement, c’est excellent pour leur santé vous savez. Faites ça pour eux au moins…
Sinon, à la rigueur, il y a aussi le vélo. Mais avec l’ipod c’est très dangereux…

PS : Quoi les filles ? Elles vont au collège aussi ? Y’a pas de la couture à faire à la maison ?

(Zut ! Je crois bien que Josette Sahle déteint sur moi…)

Nu et en tongs devant un écran noir, ou comment j’ai loupé les JO

Tout va bien. Je suis à poil devant la télé et je regarde un écran noir.

Et tout ça parce que j’ai voulu jouer le jeu en regardant « les Jeux ». Que c’est pathétique tout ça…
Seule consolation : je ne suis pas tout à fait nu. J’ai gardé mes tongs. L’honneur est sauf.

Il faut vous dire que j’ai totalement squeezé la première semaine des Jeux Olympiques de Londres, la cérémonie d’ouverture et tout le tintouin.
Vacances obligent, j’étais loin et pour tout vous dire, ce n’était pas plus mal. Mais voilà, le retour à la réalité, les retrouvailles avec la télé et avec ma connexion Internet m’ont ouvert toute grande la lucarne olympique.
À moi nageurs bioniques, cent-mètriers supersoniques, lanceuses de marteau délicates et autres Amazones si joliment bombées du haut et équidées du bas !
Enfin ça, c’est ce que je croyais. C’était sans compter sur la bonne volonté du CIO.

De mon lieu de villégiature j’avais bien perçu des bribes de cette polémique grotesque en provenance de Londres. On y parlait de la marque Pepsi dont le simple fait d’arborer le logo sur un T-shirt vous expose à une expulsion immédiate des sites olympiques.
C’est ainsi. Parmi les marques de sodas diabétogènes, seul Coca Cola a droit de cité à Olympolis-sur-Tamise. Un monopole acheté à coup de millions de livres.
On appelle ça un « partenaire officiel » et visiblement le CIO a une vision très extensible de la notion de préférence partenariale. Mais rien de nouveau sous le soleil le brouillard de Londres.

J’avais personnellement fait l’expérience de la philosophie « gros sous » made in CIO l’année dernière, lors d’une visite de la très helvétique Lausanne. C’est dans cette ville proprette, au bord du lac Léman, que se trouve le siège du CIO et son Musée Olympique.
Dans ce temple consacré à la performance sportive, j’avais eu la surprise d’apercevoir ces charmantes affichettes disposées aux endroits stratégiques où l’on trouve quelque chose à acheter (accueil, restaurant, boutique du musée…).


Le coup du « On ne prend pas la carte bleue », on l’a tous vécu. Mais là c’est plus vicieux : « On ne prend QUE la carte VISA ».
Sans doute pourrions nous traduire le délicat :

« EN RECONNAISSANCE DU SOUTIEN DE VISA POUR LES JEUX OLYMPIQUES, NOUS N’ACCEPTONS QUE LES CARTES VISA »

… par un plus explicite :

« C’EST VISA QUI NOUS A DONNÉ LE PLUS DE PÉPETTES
VOTRE MASTERCARD PEUT TOUJOURS SERVIR DE RACLETTE À GIVRE »

Pour les couillons (comme moi) qui n’ont qu’une MASTERCARD dans la poche, il ne reste alors que deux solutions :

  • s’épargner la visite du Musée Olympique de Lausanne, son bar, son resto et sa boutique pourtant fort bien achalandée ;
  • payer en Francs suisses sonnants et trébuchants que l’on aura préalablement retirés au distributeur au fond à gauche. Lequel distributeur n’accepte bien évidemment… que les cartes VISA.
Franz Kafka partenaire officiel des Jeux Olympiques…

Bref, me voici donc de retour de vacances. Un fauteuil, une bière, quelques victuailles, ma télécommande… Promesses d’un bonheur simple. J’appuie sur le 2 et… rien. Ou plutôt si : un message qui s’affiche en lettres rouges sur fond blanc. C’est le CIO qui me parle :

Punaise ! Ça m’apprendra tiens ! Une « télé connectée » qu’ils disaient. À la pointe de la technologie, interactive, bardée de capteurs et tout ça… Et voilà que je dois lui causer maintenant à ma télé !
Je m’exécute, solennel :

« Je m’y engage »

Et là, je crois rêver :

Dans un premier temps j’ai bien failli éclater de rire. Puis comprenant que c’était le prix à payer pour assister aux JO peinard devant ma p**** de télé, je me résous à m’agenouiller devant l’écran et à le gratifier de mon haleine embiérée – non sans avoir fermé la porte d’entrée à clé. Pas trop envie d’être surpris dans cette position ridicule.

Mais voilà :

Non mais l’autre ! Dingue quoi ! Je me sirote une petite Leffe tranquille et je me fais pécho comme un gosse pris les doigts dans le pot de confiture… Et par une télé en plus !
J’hallucine là ! Et ce Cheese Burger engouffré chez Quick il y a une heure… comment elle peut savoir bon sang ?

N’empêche. Rien à faire d’autre que d’attendre. Je zappe sur Direct8 ; ça elle me laisse faire… mais franchement, Morandini et les Déménageurs de l’extrème qui tournent en boucle, pfff…
En attendant je me débarrasse de mes Leffe. Je les planque à la cave. Et tout ça je le fais au petit trot histoire d’accélérer la digestion. Zut quoi ! Je vais manquer les séries du 200m si ça continue…
J’y retourne. Fauteuil, télécommande, pression décidée sur la touche 2. Je patiente non sans appréhension. Une goute de sueur perle sur mon front. Je sens venir l’embrouille. Un point rouge s’allume au dessus de l’écran. Elle m’observe. Je suis maudit :

J’ai demandé :

« Un T-shirt Décathlon et un boxer Super U, je peux les garder, dites ?
Hein, je peux ? »

Voilà. C’est comme ça que je me suis retrouvé nu devant ma télé. Penaud.
Là où j’ai eu de la chance c’est que j’ai pu garder mes tongs. Les trois bandes imprimées, la marque Adidas… Tout y était. Ma télé et le CIO n’y ont vu que du feu. Et pourtant elles venaient de Vintimille mes tongs. De l’Adidas très très chinois à n’en pas douter…

J’en étais donc là. Nu (presque) et privé de bière. Mais réjoui : les JO allaient ENFIN commencer.

C’est à cet instant qu’est apparu ce tout dernier message :

Je crois que ce qui m’a redonné le sourire, c’est le bruit mat de mes tongs brisant l’écran de mon (ex)téléviseur hyper-connecté. Défoulant.
Pour les JO ? Je lirai le journal, tiens !