Il y a 100 ans : des commerçants bisontins en colère contre le tram

Je ne résiste pas au plaisir de partager cette petite découverte que je viens de faire dans les archives du Petit Comtois, « Journal Républicain démocratique quotidien » qui parut de 1883 à 1944.

C’était il y a cent ans, le samedi 26 avril 1913. Le quotidien publiait ce jour-là une « tribune publique » écrite par un commerçant anonyme signant « Un commerçant qui demain sera lésé aussi« . La voici :

 

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Quelques jours plus tard, dans le Petit Comtois du 29 avril 1913, un épicier visiblement « soupçonné » d’être l’auteur de la chronique dont il est question, demande au quotidien de le « disculper » :

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Ainsi les années passent mais les conséquences d’un chantier de l’ampleur de celui d’une ligne de tramway restent les mêmes : des rues défoncées et des commerçants qui se plaignent des répercussions sur leur activité.

Voilà d’ailleurs la version 2012 si vous y aviez échappé :

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Pavé dans la Mare : le rapport de la commission transparence

 

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La Commission transparence sur le Pavé dans la Mare a rendu son rapport. Ses conclusions doivent être rendues publiques lors du conseil municipal de ce mardi 26 mars.

Mais voilà, le rapport a fuité une semaine plus tôt dans la presse. L‘Est Républicain nous a appris que le Pavé serait sorti « de la Mare », que tout irait bien, que les doutes levés quelques mois plus tôt aurait été balayés par le travail de cette commission indépendante. Youpi !

Certains élus d’opposition se sont pourtant offusqués de cette diffusion prématurée – alors qu’eux-mêmes n’avaient pas encore reçu le rapport définitif et que les membres de la commission étaient astreints au secret jusqu’à la diffusion officielle. Conclave à la sauce bisontine mais visiblement sans excommunication à la clé…
Au passage, on peut s’interroger : l’opposition se serait-elle retenue de diffuser « en douce » le rapport à la presse si les conclusions avaient été inverses ? Sans doute pas.

Bref, nous voici dans la situation d’un rapport TOP SECRET qui ne l’est plus vraiment. Alors autant que vous vous en fassiez votre propre idée avant le conseil municipal de ce soir.
Rappelons au passage que la séance sera retransmise en direct sur Internet à cette adresse dès 17h00 : http://www.sunsey.com/streaming/ville-de-besancon/2013-03-26_17h/

Voici donc le rapport de la Commission de transparence sur le Pavé dans la Mare (à télécharger PDF – 2,7 Mo)

PDF-download-icon1

rapport-commission-transparence.pdf


Pour ma part, je n’ai pas eu le temps de l’éplucher en détail et vos observations (commentaires) seront les bienvenues.

Toutefois, j’ai relevé un passage étonnant. Il provient du compte-rendu d’une réunion du 17 janvier dernier, au cours de laquelle la commission a auditionné des membres du Pavé dans la Mare, et notamment M.Hugel, le président de l’association.

Alors qu’il est question de « la production d’œuvres » (p.19 du rapport) et de la vente d’œuvres par l’association Sauf’Art – Pavé dans la Mare , le président de la structure affirme :

« Le Pavé dans la Mare n’exerce aucunement les activités de galerie d’art. »

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Tiens donc. Et c’est pourtant bien dans cette catégorie que le Pavé dans la Mare (association Sauf’Art – Pavé dans la Mare) s’est référencé sur les Pages Jaunes.
C’est aussi dans la catégorie « Galerie d’art » que l’on trouve l’association sur le site de l’Office du Tourisme de Besançon…

Et puis, mais là c’est carrément ballot : voici les mots clés que le webmaster du site du Pavé dans la Mare a offert en pâture aux moteurs de recherche… Ils apparaissent dans le code HTML de la page d’accueil :

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Mais puisqu’on vous dit que ce n’est pas une galerie d’art…

Moins anecdotique mais non sans lien : le compte-rendu de l’audition du directeur de la DRAC.
Ce dernier relève un manque de lisibilité des actions du Pavé dans la Mare, situé « entre la galerie et le centre d’art ».
cap 2013-03-26 à 15.13.52

Et de souligner des anomalies dans le montage financier de la vente du fameux « Dédale » à la ville par la Pavé dans la Mare alors que les bonnes pratiques exigent que la vente soit opérée par l’artiste.

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Lire le compte-rendu de l’audition des représentants de la DRAC :

rapport-commission-transparence.pdf by BisonTeint

Rythmes scolaires : voilà pourquoi Besançon n’ira qu’en 2014


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Alors cette réforme des rythmes scolaires ? 2013 ou 2014 ? 

Voilà la question que l’on se pose encore à Besançon alors que de nombreuses autres villes ont déjà fait connaitre leur choix.
Mais les Bisontins n’auront plus à attendre longtemps puisque la question est à l’ordre du jour du conseil municipal de ce mardi 26 mars. C’est même précisément sur ce sujet que s’ouvrira la séance.

cap 2013-03-24 à 15.30.22Le suspense est donc à son comble. Les parents d’élèves, les enseignants et les acteurs privés et publics en lien avec l’enfance attendent tous de savoir quand aura lieu le grand chambardement : en septembre prochain ou un an plus tard ?

Allez, je m’avance : si la ville avait fait le choix de 2013, elle n’aurait pas attendu la fin du mois de mars pour faire part de sa décision.
Besançon n’appliquera donc la réforme qu’à la rentrée scolaire 2014 et ceci pour un certain nombre de raisons…

Devoir d’allégeance

Cette réforme est instituée par le décret d’un gouvernement de gauche. Elle est portée par un socialiste, Vincent Peillon – ministre de l’Education nationale.
Pour les villes de droite, le choix est clair : ce sera 2014, tout en contestant bien sûr le bien fondé de la réforme.
Ainsi en est-il de la bonne vieille manière de faire de la politique (celle qui plait tant aux abstentionnistes) : voici une mesure de gauche ; nous sommes de droite ; nous sommes contre. Évidemment.
Et la droite de tenter au passage de récupérer la grogne enseignante. Un électorat pourtant traditionnellement acquis à la gauche. On ne perd rien à essayer.

Mais qu’en est-il des communes de gauche et plus particulièrement de celles qui sont dirigées par une majorité PS, comme Besançon ? En toute logique, celles-ci devraient appliquer la réforme dès la rentrée 2013, sans sourciller.
Inversons l’adage : voici une mesure socialiste ; nous sommes socialistes ; faisons allégeance au gouvernement et appliquons fissa cette réforme bénie. Forcément. Pour certains ces arguments sont suffisants. Ambitions ministérielles obligent.

Mais pour d’autres, certains aspects ne peuvent être occultés : la réforme est coûteuse et des échéances électorales pourraient souffrir de sa mise en œuvre prématurée…

Très chère réforme

Rappelons que le temps périscolaire supplémentaire institué par cette réforme est à la charge des communes. À elles le financement et la responsabilité d’organiser les activités qui compléteront les journées de classe, à elles également les charges liées à la demi-journée de classe supplémentaire (ce sera le mercredi matin à Besançon).

Selon l’Association des Maires de Grandes Villes de France, le coût de la mise en place de cette réforme se montera à environ 150 euros par enfant.

 « soit environ 600 millions d’euros par an à la charge de l’ensemble des communes.« 

[La Gazette des Communs : Rythmes scolaires : combien va coûter la réforme aux collectivités locales ?]

Dans le cas de Besançon, le calcul est simple : environ 8.700 enfants sont concernés (source : lemonde.fr) : 8.700 x 150 = 1,3 millions d’euros par an.

On imagine aisément le tollé qu’aurait provoqué cette mesure dans la majorité municipale, si elle était venue d’un gouvernement de droite. Un édito du BVV aurait sans doute été consacré à ce honteux et irresponsable défaussement de l’Etat sur les finances des collectivités qui n’ont franchement pas besoin de ça en pleine crise.
Mais là, rien. Pas de critique. Pas de plainte. Allégeance.

Il faut reconnaître que le gouvernement sait s’y prendre pour faire du chantage aux inciter les communes et les pousser à adopter la réforme dès la rentrée 2013. On leur promet une jolie carotte :

« Toutes les communes ayant décidé de mettre en œuvre les nouveaux rythmes scolaires à la rentrée 2013 se verront allouer une dotation forfaitaire de 50 euros par élève. » (source)

La carotte pour les bons élèves… et pour les autres qui attendront 2014, il n’y aura rien.
Et puis il y a le bâton. Pour les maires PS, il prend la forme de pressions intenses qu’exercent plus ou moins directement sur eux ceux pour qui la mise en place massive de la réforme dès 2013 est politiquement nécessaire.
Mais non, mais non, là j’exagère. Ce genre de pratique ne peut pas exister…

Mais alors ? Pourquoi Besançon ne choisirait pas 2013 ?

D’abord parce qu’une carotte seule ne suffit pas à faire une bonne soupe. Cette réforme sera douloureuse pour les finances de la ville, alors autant souffrir le plus tard possible.

Et puis, il y a cette fichue année 2014 qui s’annonce…

Une réforme malvenue en période électorale

2014, année électorale importante. Jean-Louis Fousseret sera sans doute candidat à sa propre (re)succession en mars et l’on sait que le tramway ne sera en fonctionnement qu’en décembre 2014.
Un tramway qui pèsera forcément sur l’élection. En négatif, pour une partie des électeurs qui ont l’impression de ne pas avoir fait le choix de ce mode de transport et qui n’en perçoivent encore que les désagréments causés par une ville en chantier. En mars 2014, nous serons encore bien loin du mois de décembre. L’effet positif du tram ne jouera pas encore. La ville sera certes sortie de la phase « chantier » mais pas encore de joli tramway pour reconquérir le cœur de ces tramosceptiques.

Avec ce boulet bleu-turquoise au pied, l’équipe sortante devra pouvoir compter sur une base électorale traditionnelle. Or, justement, on trouve parmi les encartés et sympathisants PS, de nombreux enseignants. Lesquels sont très majoritairement hostiles à la réforme des rythmes scolaires telle qu’elle est actuellement présentée et… soutenue par la municipalité PS bisontine.
Quant aux parents d’élèves, les réunions des récents conseils d’écoles ont montré que la plupart ne voient pas l’intérêt d’une réforme qui au final ne raccourcira par réellement la journée d’école. Par contre, beaucoup s’inquiètent de l’organisation future : les enfants auront-ils de vraies activités ou de la simple garderie comme c’est déjà le cas ? Et le mercredi, comment feront-ils  alors qu’ils seront pris entre leur travail et la nécessité de récupérer leur(s) enfant(s) à l’école en fin de matinée (car il n’y aura pas de cantine le mercredi midi à Besançon) ?

Il y a également l’épineuse question du coût du temps périscolaire. Il faut savoir qu’à Besançon, l’actuel temps de « garderie » du matin, ainsi que celui de la fin d’après-midi sont gratuits. Enfin… pour être exact, cette garderie (ou étude le soir pour les plus grands) est financée par les impôts locaux de l’ensemble des Bisontins mais elle ne fait pas l’objet d’une redevance dont devraient s’acquitter les parents des enfants qui en bénéficient. C’est loin d’être le cas dans toutes les communes. Besançon est même un cas à part.
Une expérience « pilote » (sic) de garderie payante avait bien été maladroitement menée en 2010, mais dans une seule école (celle d’Arènes). Ce qui avait provoqué le mécontentement des parents concernés et le non renouvellement de l’expérimentation.

L’habitude de cette gratuité apparente des temps périscolaires risque fort d’être contrariée par la mise en place de la réforme des rythmes. Le financement devra bien être trouvé quelque part. Il pourrait l’être en partie dans les poches des parents d’élèves usagers qui… sont aussi électeurs.
Alors autant leur faire cette chouette surprise à l’automne 2014, une fois les élections passées.

Pour toutes ces raison, mettre en place cette réforme dès la rentrée 2013, soit six mois avant les municipales, serait prendre un risque électoral difficilement mesurable mais réel.

Jouer sur des œufs

Alors ? Comment faire pour repousser à 2014 tout en restant une bonne mairie PS ?

Dans un premier temps, il convient de rappeler son adhésion à la réforme des rythmes scolaires et d’afficher l’ambition de l’appliquer au mieux dans l’intérêt « des petits Bisontins« . Comme ça par exemple :

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BVV (mars 2013)

Ensuite, il s’agit d’organiser des consultations auprès des parents d’élèves, des enseignants, de leurs syndicats… De dire à chacun que leur avis comptera dans le choix final.

Alors on pourra annoncer, après avoir pris le temps présenté comme celui de la réflexion que :

« Nous sommes totalement favorables à cette réforme mais nous tenons à bien faire les choses, sans précipitation. Et puis nous avons tenu à écouter les parents, les enseignants… qui sont majoritairement pour un report à 2014. »

Bien joué.
Par contre, il faudra prendre garde à ne pas laisser s’exprimer la vraie sensibilité de gauche de la majorité municipale. Celle qui sait bien que cette réformette n’est qu’une rustine, un nuage de fumée pour faire gagner du temps et… de l’argent (à l’Etat cette fois).

Vous savez, l’argent et la volonté nécessaires à une véritable réforme de fond de l’Education nationale. Et notamment en ce qui concerne les écoles, à une refonte véritable de la formation des enseignants et à la remise à flot des RASED (les Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté).
Ces RASED dont les enfants en échec scolaire ont tant besoin. Ces RASED qui disparaissent peu à peu et ne concernent déjà plus que quelques écoles. Ces RASED dont Jean-Louis Fousseret vilipendait la disparition dans un communiqué, il y a un peu plus d’un an déjà, alors qu’il soutenait les promesses du candidat Hollande. Ces RASED qui n’ont rien vu venir depuis et manquent toujours cruellement à de nombreuses écoles et à de nombreux enfants.

Ces RASED contre la fermeture desquels Jean-Louis Fousseret ne publie désormais plus aucun communiqué. Allégeance.

Et pourtant :

 

Mise à jour (lundi 25 septembre à 12h30)

Quelques heures après la publication du présent billet, Jean-Louis Fousseret a fait une déclaration à la presse qui confirme que les nouveaux rythmes scolaires ne seront appliqués à Besançon qu’en 2014.
Etrangement, nous retrouvons dans sa déclaration les mêmes éléments de langage que ceux qui j’avançais à la fin de mon billet.
Dingue…

 

Si j’étais maire sortant de Besançon

Si j’étais le maire sortant de Besançon, je ferais installer des caméras de vidéo-surveillance dans l’année précédant les élections municipales afin de couper “l’herbe sécuritaire” sous le pied de mes adversaires de droite.

Je suis malin.

Évidemment, cela m’obligerait à faire le grand écart avec des principes que j’avais longtemps défendus ; mais je ne le dirais pas comme cela.
Je saurais habilement opposer mon “sens pragmatique” de maire de terrain aux “grandes positions idéologiques” de ceux qui seraient tentés de protester — y compris dans mon propre camp.
Et puis je prendrais bien soin de ne pas parler de « vidéosurveillance » mais de « vidéoprotection« . Nuance.

J’ai tout prévu.

Pour un maire sortant, se montrer protecteur à l’approche des élections, c’est bon ça.
Les « vieux » adorent. Ça les rassure. Et les « vieux »… ils votent – eux.

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Précision : ce billet est une « mise à jour » de cet autre billet publié il y a environ un an, dans un contexte un peu différent.

Quand le site du tram fait dans l’humour noir

Le site Web du tramway du Grand Besançon est un grand mystère.

Cet outil de communication descendante (à destination de la population mais sans le moindre espace d’expression mis à disposition de cette dernière) semble parfois échapper à la raison et au « bon goût ».

Ainsi trouvons-nous à gauche de la page d’accueil un lien spécialement destiné aux commerçants. Une initiative fort pertinente quand on sait combien la cohabitation entre ces derniers et le chantier en cours est délicate (doux euphémisme).

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L’espace commerçant propose des liens utiles aux commerçants ainsi que des informations sur la Commission d’Indemnisation Amiable du Tramway supposée apporter une compensation financière aux commerces dont l’activité est directement impactée par le chantier.

Et puis il y a ce lien qui nous annonce des témoignages de commerçants :
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On clique dessus en se doutant bien que les témoignages sélectionnés sont forcément positifs… Logique.

Le premier l’est en effet. Voici une coiffeuse du quai Veil Picard qui se réjouit des futurs flux de clientèle que le tramway apportera au centre-ville :

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Et puis il y a ce second témoignage. Celui du gérant d’une sandwicherie de la rue des Boucheries :

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 « J’espère aussi que les indemnisations seront délivrées rapidement. On ne peut pas attendre des années si le chiffre d’affaire baisse.»

Dommage que le site du tram ne fasse pas état de la suite de l’histoire. Car l’inquiétude de ce commerçant était malheureusement prémonitoire et son témoignage demeurant en l’état sur le site du tramway confinerait presque à l’humour noir.

En effet, le 18 septembre dernier, quelqu’un postait sur Twitter ce message accompagné d’une photographie :

Détail :

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Il s’agit bien de la même sandwicherie.
Quelques jours plus tard, l’Est Républicain faisait état de sa fermeture :

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Est Républicain du 19/09/2012

On apprend notamment dans cet article que les indemnisations espérées ont bien été versées mais que cela n’a pas suffit – selon le commerçant – à compenser les pertes dues aux travaux. Celui-ci ne s’est d’ailleurs pas privé de l’afficher aux yeux de tous.

Mais dans sa peine, cet homme conserve une chance inédite : alors même que son entreprise a été liquidée il y a bientôt six mois, le site du tramway – qui semble rarement « rafraîchi » –  conserve son témoignage. L’espoir de ce commerçant y demeure intact comme embaumé pour l’éternité.
Ironie du sort : cet homme contribue bien malgré lui à la com’ d’un tramway qu’il a considéré – à tort ou à raison – comme le principal fossoyeur de son commerce.

Le site Web du tramway est un grand mystère… non dénué d’humour noir.

Ce billet risquant de provoquer un effacement aussi rapide que discret du témoignage en question, voici une capture d’écran pour la postérité :

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[VIDÉO] Besançon : pris en flagrant délit d’abus de canettes sur la voie publique

Ces étranges et tintamarrifiants « hommes-canettes » qui déambulaient ce jeudi 7 mars dans les rues de Besançon, sont nés de l’imagination de Eddy Ekété, artiste de Kinghasa qui expose ses œuvres picturales à la Maison de quartier des Bains Douches (rue de la Madeleine) du 7 au 30 mars 2013.

Pour en savoir plus :

http://100pour100culture.com/

 

 

Besançon : un arrêté anti-crottes de chiens purement décoratif

Une fois n’est pas coutume : parlons caca.
Non… rassurez-vous, pas du vôtre mais de celui de vos chers toutous.
C’est un article de l’Est Républicain de ce jeudi 21 février 2013 qui m’a donné envie de « creuser un peu » le sujet.

Qu’apprend-on dans cet article ?

Que les quelques 14.000 chiens bisontins produisent environ 3 tonnes et demi de crottes par jour (!)
Or, comme vous le savez sans doute, ces déjections – contrairement aux vôtres – ne terminent pas ici :

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Mais plutôt là :

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Besançon, rue de la Madeleine

Alors certes, il y a ces fameux distributeurs de petits sacs-à-crottes (au nombre de 143 d’après l’Est Républicain) et il est vrai que l’on voit de plus en plus rarement des « maîtres à chien-chien » faisant mine de n’avoir rien vu et abandonnant derrière eux un étron canin offert à la semelle du malheureux passant. Beaucoup ramassent désormais et c’est tant mieux.

Mais voilà : il reste ceux-qui-n’en-n’ont-rien-à-foutre. Les égoïstes qui vous rétorquent méchamment quand vous leur faites remarquer qu’ils ont oublié quelque chose là, sur le trottoir. Au choix, ils vous suggéreront de vous « mêler de ce qui vous regarde » et vous feront remarquer que « vous n’avez qu’à marcher à côté ». Parfois, ils vous préciseront, au cas où vous ne l’auriez pas compris que « c’est pas moi, c’est mon chien ». Les plus culottés vous donneront même du « c’est naturel et biodégradable, vous savez… » .
Ils ne sont sans doute pas très nombreux ces « indécrottables », mais leurs chiens suffisent à vous pourrir un trottoir.

Heureusement, les piétons Bisontins ont depuis bien longtemps trouvé la parade en adoptant la fameuse démarche « tête basse » avec « regard qui balaie – façon radar – les 2 mètres de trottoir à venir« .
La faculté d’adaptation des Bisontins à leur environnement est absolument remarquable.

Rassurons-nous, le problème des déjections canines n’est pas typiquement bisontin et la ville de Belfort vient justement de taper du poing sur le trottoir sur la table. Une campagne façon fronçage de sourcils à destination des maîtres indélicats baptisée « Nom d’un chien, ramassez« .

En substance, Belfort a mis en place des distributeurs de sacs-à-crottes comme à Besançon mais les contrevenants rechignant à ramasser se verront désormais verbalisés d’une amende de 35 euros pour chaque abandon d’étron de toutou sur la chaussée. L’arrêté municipal belfortain fixant ces règles est récent ; il date du 13 septembre 2012.

Et qu’en est-il à Besançon ?

Dans son article, l’Est Républicain rapporte les propos de David Mourot – directeur des espaces publics de la Ville de Besançon. Et là nous découvrons qu' »à Besançon c’est quand même vachement plus cool ! » :

« On a toujours privilégié le dialogue, avec un certain succès. »

Et de nous resservir les médiateurs qui rappellent aux distraits de la crotte qu’ils doivent ramasser… Et de nous citer quelques spots particulièrement sillonnés par ces médiateurs : le parc Micaud et les berges de la Gare d’eau.
Bah oui, sauf que voilà : les espaces verts c’est sympathique mais des crottes on en voit aussi beaucoup « en ville » sur les crottoirs trottoirs. Pour emprunter souvent le quai de Strasbourg, je peux vous dire que chaque fois, c’est « slalom géant » entre les petits cadeaux de toutou.
[Je vous laisse d’ailleurs le plaisir de nous rapporter vos meilleurs « spots à crottes » dans les commentaires.]

Un arrêté municipal qui n’est pas appliqué

Et puis nous trouvons dans cet article cette autre phrase :

« Nous n’avons jamais verbalisé le propriétaire d’un chien, et aucun élu n’a donné de consigne en ce sens. »

Quel dommage que l’Est Républicain ait laissé passer cette phrase du directeur des espaces publics sans gratter un peu sous la surface. Car il y a là quelque chose de totalement aberrant.
Effectivement, aucun élu n’a à donner la consigne de verbaliser puisqu’il existe pour cela un arrêté municipal qui se suffit à lui-même. Et contrairement à celui que vient de prendre la ville de Belfort – l’arrêté municipal bisontin n’est pas récent. Il a déjà 8 ans.
Il date du 19 janvier 2005 et il stipule notamment (source : Ville de Besançon) :

Article 4
Il est interdit de promener son chien, même tenu en laisse sur les aires de jeux pour enfants, les terrains voués à la pratique sportive ainsi que sur les trois sites suivants : Clos Barbizier, Espaces verts de l’Esplanade des Droits de l’homme, Square Castan
Article 5
Il est fait obligation aux personnes accompagnées d’un chien de procéder immédiatement, par tout moyen approprié, au ramassage des déjections de leur animal sur l’ensemble des espaces publics (voirie, espaces verts, jardins…)
Article 6
Les infractions aux dispositions du présent arrêté sont passibles des amendes allant de 38 à 450 €

Donc l’arrêté municipal existe depuis pas mal d’années et il y a toujours des crottes sur les trottoirs. Et pourtant, nous découvrons ébahis que jamais un propriétaire de chien n’a été verbalisé depuis toutes ces années à Besançon. L’abandon de crotte reste un « crime » impuni.

Qu’en déduire ? Que non seulement aucun élu n’a jamais donné l’ordre de verbaliser mais qu’a fortiori, la consigne inverse a sans doute été donnée à la Police municipale dont la mission est précisément de faire respecter les arrêtés municipaux : n’appliquez pas cet arrêté et ne verbalisez pas les maîtres indélicats.

Et pourtant, que lisions-nous dans le BVV en mai 2004 ? (il était question du précédent arrêté municipal comparable à celui de 2005).

Ayant pour priorité de responsabiliser les propriétaires au même titre que la récente campagne de sensibilisation pour le ramassage des déjections canines, cet arrêté s’est traduit à ce jour de la part des policiers municipaux par de simples rappels à la loi en direction des propriétaires négligents. Une mansuétude qui, à terme, ne manquera pas de laisser place à une attitude plus répressive si les comportements ne changent pas.

En résumé : le service des espaces publics – et plus largement la ville de Besançon – a beau jeu de vouloir opposer le « sens du dialogue bisontin » à la « rigueur belfortaine ».
La médiation et la pédagogie sont certes indispensables et elles produisent des résultats. Mais refuser d’appliquer l’arrêté municipal existant – amendes à l’appui – au dernier îlot d’indécrottables égoïstes, c’est au-delà de la mansuétude et ça commence à ressembler à du laxisme…

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En passant, l’article de l’Est Républicain s’achève sur cette remarque du directeur des espaces publics :

Un problème qui est tout de même bien mois impor­tant que celui des dépôts sauvages d’ordures ou d’encombrants dans la ville.

Il y aurait donc un problème de dépôts d’ordures sauvages à Besançon depuis quelques temps ? Un rapport avec la récente mise en place de la redevance incitative peut-être ? À suivre…

 

 

Ginko, les pneus neige et les bus cabriolets

Il neige ! Les bus Ginko rentrent au dépôt.
– Et nous on fait comment ?
– Eh bien comme d’hab : râlez et marchez !

À Besançon, ville de l’Est de la France où il neige tout de même quelques jours par an, c’est comme ça. Les raisons de cette incapacité de nos bus à affronter une couche de neige même modeste ? L’Est Républicain nous apporte quelques éléments de réponse dans un article du 6 février dernier.

Extrait :

Mais pourquoi diantre les bus sont-­ils à ce point frileux ?
« Par mesure de sécurité : les contraintes sont énormes, les bus peuvent glisser et renver­ser un piéton par essence plus nombreux en ville qu’en périphérie  Ils peuvent aussi occasionner des embouteillages supplémentaires, s’ils se met­tent en travers », note le servi­ce communication de Ginko. »

Voici l’argument n°1 : l’ouverture de parapluie.

Cette habitude se généralise un peu partout dans notre société frileuse. En résumé : si le maintien d’un service public est susceptible d’entraîner un risque – même minime – pouvant engager la responsabilité d’un donneur d’ordres, ce dernier suspend le service. Il ouvre le parapluie et tant pis pour la continuité du service public. Ceci passe au second plan.
L’exemple des transports scolaires de plus en plus souvent interrompus dès l’annonce d’une averse neigeuse en est une parfaite illustration.

Autre extrait de l’article de l’Est Républicain :

Reste qu’en dehors de la ville, les bus savent qu’il peut nei­ger en hiver en Franche-­Com­té, et chaussent des pneus adaptés. « En ville, ils n’en ont pas. C’est inutile pour 5 ou 6 épisodes neigeux dans l’an­née, c’est un problème de coût », confirme en marchant sur des œufs la com’de Ginko.

Voilà l’argument n°2 : les pneus hiver c’est trop cher ma p’tite dame…

Alors certes, il y a sans doute du vrai là-dedans. Équiper tous les bus de pneus hiver aurait un coût non négligeable qui serait forcément répercuté sur les tarifs.
Mais Besançon se trouve tout de même dans l’Est de la France, dans une région où la neige n’est pas un phénomène climatique exceptionnel. Dire que l’équipement serait « inutile » c’est un peu léger. Je pense que la/le responsable de de la communication de Ginko ne doit pas prendre souvent le bus en hiver.

Équiper certaines lignes particulièrement fréquentées semblerait pourtant logique. Et quand un bus est équipé d’un train de pneus hiver, use-t-il les pneus qu’il chausse durant le reste de l’année ?
Quant aux bénéfices que Transdev tire de l’exploitation de notre réseau de transport urbain, a-t-on aussi le droit d’y voir « un problème de coût » ou un élément « inutile » dont on pourrait tout à fait se passer ?  Hein ? On peut ?
Ah non en fait… On me souffle dans l’oreillette que ça ne marche pas comme ça… Mon raisonnement serait un tantinet naïf voire un brin anticapitaliste. Les bus c’est vachement plus compliqué.

ginko

Suggestion

Franchement Ginko. C’est pas un peu ballot de couvrir tes bus juste pour quelques jours de pluie par an ?
C’est pourtant évident : tu pourrais faire de sacrées économies en investissant dans des modèles cabriolets.

D’autant que si l’on y réfléchit bien, les avantages pour l’usager seraient loin d’être négligeables : fin des problèmes de buée sur les vitres, terminées les mauvaises odeurs du voisinage, une climatisation naturelle et écologique (un nouveau label pour Besançon ?) et enfin : une vue imprenable sur notre cher site UNESCO.

Vive le progrès !

 ginko

 

À Besançon, une ex-député UMP usurpe l’écharpe tricolore pour manifester contre le mariage gay

Ce samedi 2 février 2013, les opposants au projet de « mariage pour tous », manifestaient à Besançon.
Parmi eux, une délégation d’élus et cadres UMP locaux. Et puis aussi l’ancienne député UMP de la 2e circonscription du Doubs – Françoise Branget – battue en juin dernier par Barbara Romagnan (PS).

Aujourd’hui Mme Branget ne conserve qu’un seul mandat électif : elle est conseillère régionale de la région Franche-Comté.

Françoise Branget à la "manif pour tous" du 2 février 2013 à Besançon

Françoise Branget à la « manif pour tous » du 2 février 2013 à Besançon (photo : Loïc Ponce)

Voici une photographie prise sur le parcours de la manifestation. On y aperçoit des élus de droite Bisontins (Michel Omouri notamment) et de la région.
France 3 Franche-Comté donne une liste non exhaustive des élus présents. Parmi eux se trouve Françoise Branget (béret rouge).

Des élus et anciens élus de droite à la manif pour tous (2 février 2013)

Des élus et anciens élus de droite à la manif pour tous (2 février 2013)

Zoomons un peu sur Mme Branget car il y a comme un détail qui cloche. Tiens tiens…

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Comment ? Vous ne remarquez rien ? Alors voyons cette autre photographie :

Françoise Branget à la "manif pour tous" du 2 février 2013 à Besançon

Des élus de droite à la « manif pour tous » du 2 février 2013 à Besançon

Nous sommes ici place du 8 septembre (place Saint-Pierre si vous préférez). Derrière cette banderole, nous retrouvons Françoise Branget auprès d’autres élus. Sans doute des maires car la plupart portent l’écharpe tricolore.

Et voilà donc Mme Branget. Elle arbore un sourire radieux et… l’écharpe tricolore, elle aussi.
Serait-elle maire ? Non. Adjointe au maire ? Non plus.
Elle n’est plus conseillère municipale de Besançon depuis qu’elle a été élue conseillère régionale de Franche-Comté en mars 2010.

Est-ce au titre d’élue régionale qu’elle porte l’écharpe tricolore ? Certainement pas puisque le port de l’écharpe tricolore par les conseillers généraux et régionaux n’est tout simplement pas autorisé.
Voyez à ce sujet, la réponse que le ministre de l’Intérieur apporta à une question que le député Lionnel Luca (alors UMP) lui adressa en 2010 à l’Assemblée.

Extrait :

Aucun texte législatif ou réglementaire n’autorise le port d’écharpes tricolores (bleu, blanc, rouge) par les conseillers régionaux et les conseillers généraux à l’occasion des cérémonies officielles. Le port de telles écharpes par des élus n’en ayant pas le droit constitue une usurpation de signes, et est passible des sanctions prévues par l’article L.433-14 du code pénal […]

Mystère mystère… observons une photographie plus lisible prise à quelques minutes de la précédente :

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Et approchons-nous un peu :

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Françoise Branget porte l’écharpe tricolore avec la bande rouge près du col. Seuls les parlementaires (députés et sénateurs) portent l’écharpe comme cela. Les maires la portent avec la bande bleue en haut.
Problème de taille : Madame Branget n’est plus député depuis le mois de juin dernier.

Alors ? Un privilège d’ancien parlementaire peut-être ? À la manière de cette coutume un peu ridicule consistant à donner ad vitam æternam du « Monsieur le Président » ou « Monsieur le Premier ministre » aux anciennes gloires de notre République ?
Que nenni : l’écharpe tricolore est l’un des insignes officiels de la fonction de député (ou de sénateur). L’écharpe lui est remise avec « son kit d’accueil » lors de son arrivée à l’Assemblée Nationale. Lorsqu’un député perd son mandat, il rend son écharpe tricolore. Il n’a alors plus le droit de porter cet insigne. Ni plus ni moins que le quidam lambda. Aucune coutume républicaine ne l’y autorise.

Que risque Françoise Branget ?

Premièrement, notre ancienne député risque le rouge de la honte. Celui qui vient aux joues du gamin qui se fait prendre la main dans le pot de confiture. En l’occurrence, la situation est nettement plus pathétique que celle de notre garnement :  voilà une ancienne député continuant à s’y croire et allant jusqu’à usurper un insigne républicain rattaché à une fonction pour laquelle elle n’est plus mandatée.
Un cas de « déni d’élection perdue » qui devrait passionner plus d’un psychologue.

Deuxième risque et pas des moindres puisque c’est l’article 433-14 du Code pénal qui régit ce type de situation. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère :

Est puni d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende le fait, par toute personne, publiquement et sans droit :
  1.  De porter un costume, un uniforme ou une décoration réglementés par l’autorité publique ;
  2. D’user d’un document justificatif d’une qualité professionnelle ou d’un insigne réglementés par l’autorité publique ;
  3. D’utiliser un véhicule dont les signes extérieurs sont identiques à ceux utilisés par les fonctionnaires de la police nationale ou les militaires.

Évidente ironie d’une situation dans laquelle on se proclame « gardiens du Code civil » tout en foulant au pied le Code pénal.

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On attend maintenant les réactions courroucées des Jeunes UMP du Doubs toujours prompts à réagir lorsqu’un symbole républicain est ainsi bafoué…

Pour aller plus loin :

  • Voici un courrier que le Préfet du Gard adressait en 2011 aux maires de son département afin de leur rappeler les conditions strictes de port de l’écharpe tricolore ;
  • Qui peut porter l’écharpe tricolore et dans quelles circonstances ? sur Wikipedia.

écharpe d'ancien député