Archives de catégorie : Éclairage

Propos racistes lors d’une réunion UMP à Besançon : Jeannette Bougrab donne une version différente

Ce mercredi 1er juin, Jeannette Bougrab était l’invitée de Pascale Clark dans le 7/9 de France Inter.

Jeannette Bougrab est Secrétaire d’État à la Jeunesse et à la Vie associative dans l’actuel Gouvernement.

Le 14 mai 2011, Mme Bougrab était présente à une formation de cadres et de militants UMP qui se déroulait à Besançon.
Cette réunion entre UMP aurait pu passer inaperçue sans le dérapage verbal à teneur raciste d’un militant présent.

Rappel des faits

Ce dernier avait lancé : « Y’en a marre des bougnoules ! » entraînant la départ précipité de la ministre.

Les détails à lire ici avec les premiers témoignages collectés quelques heures après la réunion.
Voilà en tout cas l’information qui avait « fuité » quelques heures après cette réunion.

Il s’en était suivi un début de buzz qui aurait sans doute été bien plus amplifié si dans la nuit suivante, l’affaire DSK n’avait éclaté…

Les suites ont donc été essentiellement locales. Pourtant des contradictions sont apparues dès le début entre les versions présentées :

  • Dans l’article originel de Macommune.info qui révéla l’affaire, nous apprenions que « Un bon tiers des quelque 150 participants à la formation aurait alors pris position en faveur du militant, ce qui a entrainé le départ précipité de la secrétaire d’Etat (…)« 
  • Très vite, la thèse du soutien d’une partie de la salle en faveur du militant fut contestée par des personnes présentes à la réunion et notamment par Jean-Marie Binetruy – député du Jura – qui affirmait au Figaro le soir-même avoir condamné ces propos « inacceptables » et « odieux » et que la salle où étaient rassemblées environ 150 personnes, « a tout de suite soutenu la ministre ».
    Les témoignages de deux conseillers municipaux UMP de Besançon, recueillis sur Facebook, allaient d’ailleurs dans ce sens.
  • D’après Jean-Marie Binétruy, député UMP du Doubs, les propos de ce militant «très âgé» avaient été tenus après la remarque d’un autre participant déplorant la «construction d’une mosquée à Strasbourg alors qu’il n’y a pas de crédits pour rénover la cathédrale».
    Cela m’a été confirmé par des militants présents. La remarque sur la cathédrale et la mosquée venait d’un jeune populaire du Doubs.
  • Le 20 mai était diffusée dans la presse la lettre dans laquelle le militant présentait ses excuses à Mme Bougrab.
    Notons qu’au passage, les propos racistes avaient glissé de « Y’en a marre des bougnoules ! » à « De l’argent, y’en a que pour les bougnoules ».
    Nuance…

Jeannette Bougrab ne s’était pas encore exprimée publiquement sur cette affaire.
C’est désormais chose faite et voici ce qu’elle en a dit au micro de Pascale Clark sur France Inter :

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Retranscription de cet échange

J.Bougrab – Généralement, je dis toujours ce que je pense (…) mais je conçois les limites de dire ce que l’on pense.

P.Clark – Pourquoi les limites ?

J.Bougrab – Parce que quand vous avez en face de vous des gens qui sont pas très intelligents. Parce que pour dire de tels propos, il faut fondamentalement pas être très fins. C’est quand même très difficile de leur faire comprendre quand vous entendez des mots d’une violence sans nom, c’est à dire quand on vous dit…

P.Clark – Par exemple dans une réunion UMP à Besançon ?

J.Bougrab – Bah oui, c’est à dire que « Y’en a marre des bougnoules », c’est sûr que… j’ai pas… Le fait de m’être levée, d’avoir demandé à plusieurs reprises que… ce n’était pas acceptable. Moi je me suis levée… C’était naturel ! C’est à dire qu’à un moment vous vous levez. Vous n’acceptez plus voilà.

P.Clark – Et vous partez ?
J.Bougrab – Oui parce que si vous sentez que… bon… que vous avez peu de possibilités de…
P.Clark – On ne peut pas affronter ça ? Faut partir ?
J.Bougrab – La manière dont était conçue la salle, je ne vois ce que… un moment… C’était une samedi matin. J’étais venue de Paris à Besançon pour faire une formation. D’entendre à plusieurs reprises « Y’en a marre des bougnoules », j’ai mes limites aussi.

Qu’apprenons-nous de nouveau sur « l’affaire Bougrab » ?

La version de la ministre ne coïncide pas avec celle développée aussitôt après les faits par les responsables de l’UMP locale et selon laquelle les propos du militant avait été uniques et isolés.
Notons en effet que Mme Bougrab affirme avoir entendu lors de cette réunion « à plusieurs reprises « Y’en a marre des bougnoules » « .

Après cette intervention, les responsables de l’UMP locale devront sans doute apporter des explications.

Deux éléments qui titillent :

  • la thèse originelle développée par Macommune sur le soutien apporté par une bonne partie de la salle au militant, n’a jamais été « attaquée » par les responsables de l’UMP. D’autant que, si elle est fausse, elle pourrait être qualifiée de diffamatoire.
    Il faut savoir que cette version a été reprise telle quelle par d’autres titres de presse, le Pays et l’Alsace, le Parisien et citée sur de très nombreuses pages Internet.
  • je tiens de plusieurs personnes présentes à cette réunion que la consigne avait été donnée par des responsables UMP, après le départ de Mme Bougrab, de ne rien laisser sortir de la salle. Que cet incident ne devait pas fuiter.
    En vain visiblement…

Quant à Mme Bougrab, qui fut rappelons-le Présidente de la HALDE en 2010, elle garde à l’évidence un souvenir très amer de sa visite auprès des militants de l’UMP de Besançon.


Première réaction de l’UMP locale : celle de Baptiste Serena, responsable des Jeunes Populaires du Doubs, qui a commenté cette intervention de Jeannette Bougrab.

Voici sa réaction sur Twitter.

Incroyable réaction !

Ce serait donc Mme Bougrab qui aurait « oublié » l’incident. A moins qu’elle ne soit en pleine victimisation… comme le suggère le responsable des Jeunes Populaires du Doubs qui au passage souhaite la suppression de la HALDE…

Votes roses automatiques pour le tram de Besançon : comment le problème a-t-il été résolu ?

D’abord pour ceux qui ont manqué le premier épisode : « le bidouilleur fan de rose et le tramway de Besançon » , c’est ici.
Afin que cette « affaire » ne vienne pas entacher la légitimité du résultat de la consultation, il est devenu nécessaire que des explications soient apportées par les personnes en charge de l‘aspect technique de ce vote.

Répondre aux Bisontins que les votes automatiques ont été détectés et qu’ils ont été invalidés ne suffira pas.

Il est indispensable d’apporter des explications techniques qui seront peut-être absconses pour le néophyte mais que les « experts » informaticiens présents sur la Toile ne manqueront pas de nous traduire.
Quant à la solution consistant à laisser de côté les votes effectués sur Internet, elle reviendrait tout simplement à exclure du champ de la consultation les nombreuses personnes s’étant exprimées par ce biais. Mais personne ne l’envisage, bien entendu…

Rappelons cette extrait de la lettre du tram n°2 qui nous rappelle bien que c’est aux Grands Bisontins et à personne d’autre de choisir la couleur de leur futur tramway :

Bref, merci d’éclairer notre lanterne sur la manière dont les votes bidouillés ont été éliminés et sur les mesures prises pour que ça ne se reproduise plus.

Un tram rose, blanc ou bleu d’accord… mais en toute transparence.

J’envoie l’adresse de ce billet aux personnes qui semblent pouvoir y répondre (Service Communication de la CAGB et BigBang).

Il est possible de m’écrire à : besacontin@gmail.com

Ce billet évoluera donc en fonction des réponses et commentaires reçus.

Et puis une petite précision pour terminer : bien sûr que ce blog n’est qu’un blog. Il n’a pas l’audience ni la légitimité d’un organe de presse.

Toutefois, trois aspects peuvent justifier qu’il soit le bon endroit pour apporter des réponses :

  • c’est le seul format qui permet de développer une argumentation et d’entrer dans les détails. D’engager des échanges avec les lecteurs… Ici point de limite en nombre de caractères.
  • quand les internautes effectuent des recherches sur des mots du type « couleur tramway Besançon… » ce blog arrive dans les premiers résultats. Dans les faits, beaucoup de visiteurs arrivent ici en effectuant des recherches sur le tramway bisontin.
  • les billets restent dans la durée. Ils ne sont pas payant à J+1…

(Vous l’avez compris, je défends ma boutique…)

D’avance merci pour la transparence que vous voudrez bien apporter à cette « affaire ». Je suis convaincu que c’est la meilleure façon d’y mettre fin.

L’espace ci-dessous attend vos réponses.

Mise à jour le mardi 31 mai à 12h30

Aucune réponse pour l’instant des personnes et services contactés.

Par contre, un article paru sur le site Dijonscope contient quelques éléments intéressants. Un journaliste de ce site d’actualités dijonnaises à contacté les services du Grand Besançon qui confirment :

« Quelqu’un a bien bourré les urnes électroniques ! », confirme Thomas Roussez, directeur de la communication, en charge du dossier du tramway. Alors que 3.000 ou 4.000 votes avaient été enregistrés depuis l’ouverture de la consultation le 18 avril 2011, « le nombre a explosé en l’espace de deux jours, passant à quasiment 15.000 votes avec une sur-représentation du rose avant le week-end du 07 mai 2011 ».

Du côté des services techniques, la seule réponse obtenue par Dijonscope est :

« Nous avons regardé ce qui expliquait toute cette série de votes et nous avons déterminé que des adresses étaient factices car liées à des domaines inexistants ».

Un information supplémentaire donnée par le responsable de la communication :

« A l’heure actuelle [ndlr lundi 30 mai 2011, à 11h17], nous avons précisément 4.852 votes : 1.960 pour le bleu, 1.588 pour le blanc et 1.304 pour le rose »

Appel aux experts : les explications données vous semblent-elles satisfaisantes ?

Mise à jour le jeudi 2 juin à 20h00

Nous n’obtiendrons aucune explication sur les procédures utilisées pour éliminer les fameux votes roses automatiques.

Consigne a été donnée de ne plus en parler. Tout est là…

Tramway rose, TramWeb… l’exemple du Havre

Sur le site du tramway de la ville du Havre, on trouve une petite perle : une vidéo dans laquelle sont exposées les raisons d’un relookage des rames du tramway de l’agglomération havraise en … rose.

Tiens ! Le même rose que celui qui pend au nez de notre tram à nous… les Bisontins. Un rose fuchsia bien pêtant !

Espérons que les arguments avancés au Havre ont su convaincre car ils pourraient bien être réchauffés et servir ici aussi. (Rappel de l’épisode précédent : le vote pour la couleur du tramway du Grand Besançon a été faussé)

Notons au passage que le site du tramway du Havre s’est auto-baptisé « Tramweb » … ce qui me fait sourire car j’ai plusieurs fois baptisé de cette manière le site du tram du Grand Besançon.

Remarquons aussi que ce site comporte des fonctionnalités intéressantes dont notre tram’web bisontin ferait bien de s’enrichir. De bonnes idées aussi pour établir le lien entre le projet et la population :

Et puis, et puis… j’ajouterai une dimension bienvenue : l’humour (voir la vidéo ci-dessus qui date du 1er avril dernier).

L’humour confère une dimension humaine à des projets dont les gens se sentent parfois éloignés.
L’humour peut contribuer à faire passer le goût amer des nuisances inhérentes à ce type de chantier.
L’humour c’est un clin d’œil que l’on accorde pour dire : « on le sait va que c’est dur mais tenez bon ! »

Sur le site du tramway bisontin, nous n’avons même pas eu droit à un petit jeu de mots pour notre 1er avril… Croisons les doigts pour l’année prochaine.

Le vote pour la couleur du tramway du Grand Besançon a été faussé !

Tous les habitants du Grand Besançon le savent : ils peuvent s’exprimer sur la couleur de leur futur tramway.
La France entière est même au courant depuis que Jean-Louis Fousseret ((Maire de la Ville et Président de la Communauté d’Agglomération)) a fait la publicité de cette consultation sur l’antenne d’Europe 1 le 27 avril dernier.

L’annonce de la couleur qui aura remporté le plus de suffrages sera faite le samedi 4 juin à 18h00 à la Foire Comtoise de Besançon.
Nous connaîtrons alors la livrée définitive du tramway du Grand Besançon.

Mais voilà qu’une annonce inattendue pourrait bien gâcher la fête : de nombreux votes effectués par Internet ne correspondraient pas aux choix des Grands Bisontins !

C’est en tout cas le message que délivre une étonnante vidéo postée ce vendredi 27 mai sur YouTube par un certain TramwayRose. Un pseudo très prometteur…

La vidéo a été signalée ce samedi 28 mai sur le site undernews.fr vraisemblablement par celui qui en est l’auteur. L’information est parue sur Twitter à 14h25 :

Voici la vidéo

Que voyons-nous sur cette vidéo ?

Nous y voyons un écran d’ordinateur sur lequel s’enchaînent automatiquement les actions générées par un script ((Un script est un programme écrit en langage informatique permettant d’exécuter automatiquement des tâches simples comme entrer des données dans un formulaire, valider, envoyer un email…)).

Ce script vote sur le site du tramway et il ne fait pas dans la demi-mesure !
Cette vidéo dure 1minute 10 mais elle est accélérée. N’empêche que l’on y voit 11 votes s’enchaîner sans aucune intervention humaine.

Un texte accompagne cette vidéo. Son auteur s’adresse aux Bisontins :

Message à l’attention des habitants de Besançon:

Fidèle auditeur d’Europe1 j’ai appris il y a quelques semaines que la mairie de Besançon souhaitait faire participer la France entière à un vote permettant de choisir la future couleur du Tramway de la ville!

J’en suis ravi car vous savez moi j’aime tout particulièrement la couleur rose, de ce fait je n’ai pu m’empêcher par amusement et par défi de créer un outil informatique se chargeant de voter de manière automatique…

Pour rappel, j’avais commis un billet sur cette interview de Jean-Louis Fousseret dans laquelle le Maire appelait l’ensemble des Français (!) à choisir la couleur du tramway bisontin.
Il semble que cet appel ait été entendu !

TramwayRose décrit ensuite le fonctionnement de son « outil informatique ».

C’est l’exécution de cet outil que vous pouvez voir sur cette vidéo. Comme vous pouvez le constater celui-ci prend soin d’utiliser des adresses IP ((l’adresse IP est le numéro d’identification d’un ordinateur sur Internet)) et des adresses email différentes à chaque vote en utilisant le réseau Tor et un dictionnaire d’adresses spécialement conçu.
Mon outil prend également soin d’insérer aléatoirement quelques votes blancs et bleus dans la liste, il ne faudrait évidemment pas que ce sondage paraisse truqué 🙂

Effectivement, en regardant attentivement cette vidéo, nous remarquons que les 11 votes sont répartis de la manière suivante :

  • 9 pour le choix rose
  • 1 pour le choix blanc
  • 1 pour le choix bleu

Nous observons donc une majorité de votes « roses » et quelques votes « blancs » et « bleus » s’intercalant entre les autres afin de ne pas trop attirer l’attention.

D’ailleurs je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer la tentative désespérée de renforcer ce système au dernier moment… ahhh si seulement cela avait été fait correctement !

Sachez qu’utiliser une chaine dérivée (empreinte MD5) de l’adresse mail utilisée pour voter comme jeton de validation n’est pas un mécanisme de protection efficace. Il est toujours possible d’utiliser des emails n’existant pas puisque le numéro aléatoire servant à la validation est prévisible.

Des explications complexes pour les néophytes mais en clair : notre « bidouilleur fan de rose » taquine les concepteurs du formulaire de vote qui, d’après lui, n’ont pas pris les mesures de sécurité suffisantes pour empêcher des votes multiples.

Il est vrai que dès les premiers jours du vote, certains internautes avaient remarqué et signalé sur Twitter qu’il était possible de s’exprimer autant de fois qu’on le souhaitait depuis le site du tram.

Dans le numéro du mois de mai 2011 de la Presse Bisontine, un article intitulé « Le Tram en voit de toutes les couleurs » se voulait rassurant mais son auteur n’avait visiblement pas saisi l’ampleur de la faille repérée :

Pas daltoniens les informaticiens. Une fausse polémique sur le vote de la couleur du Tram courait depuis que certains internaute affirmaient que l’on pouvait voter plusieurs fois avec la même adresse Internet pour désigner la couleur du futur tramway de Besançon. En clair, le résultat définitif aurait pu être biaisé. Il n’en est rien « car seul le dernier vote Internet est pris en compte » explique la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon (…)

Ce n’était évidemment pas le vote multiple avec la même adresse email qui était pointée du doigt mais la possibilité de voter avec des adresses librement inventées du type par exemple : jojo12321@gmail.com puisqu’AUCUN mail de validation n’y était envoyé.
Cela est resté possible pendant plusieurs semaines. Je l’avais d’ailleurs signalé dans ce billet.

Enfin, le 11 mai dernier, je remarquais qu’une mesure de protection avait été ajoutée : chaque vote était désormais suivi de l’envoi d’un email comportant un lien de validation.

Mais quid des votes multiples réalisés avant cette mesure ? Nous ne le saurons sans doute jamais.

Quoi qu’il en soit, cette mesure de protection était visiblement insuffisante.

Cet outil a donc été exécuté durant plusieurs jours, et a ainsi voté et validé un nombre considérable de voix « roses ».

Si notre bidouilleur a effectivement « laissé tourner » son script pendant plusieurs jours, nous pouvons aisément imaginer que le nombre de votes « fictifs » validés est très important. Ces votes fictifs (mais bien réels) peuvent sans doute modifier les résultats de la consultation !

Pensez vous que les services de la mairie pourront faire la chasse à ces votes fictifs ? Le tout sans effacer de votes légitimes ? Cette tâche me parait difficile et c’est pourquoi je pense que le futur tram de votre ville devrait être rose !

Bah voyons ! On espère vivement que les services techniques concernés parviendront à trier « le bon grain de l’ivraie »… vous pouvez hein les gars ???

Afin de ne pas laisser subsister de doute je mets à disposition ici http://pad.korben.info/kOg8Q6BmL6 le fameux script en tant que preuve.

La liste des emails utilisés pour le vote n’est évidemment pas fournie, je ne voudrais pas que l’identification des votes fictifs soit trop facile…

Vous trouverez en dessous de cet article l’avis d’une personne plus compétente que moi pour discuter de la fonctionnalité de ce script.

Et puis après tout, peut être que vous avez également voté en masse pour cette si belle couleur !

Vive le tramway rose ! Vive les consultations populaires !

On pourra effectivement toujours nous dire ça.
Que c’est le choix majoritaire qui s’est imposé.

Mais si la couleur définitive s’avère être le rose, le doute sera plus qu’installé.


Avis de spécialiste

Je n’ai pas voulu publier de billet sur cette vidéo sans avoir l’avis d’une personne compétente pour m’éclairer sur le contenu du script et sur la faisabilité technique de ce qu’avance son auteur.

J’ai ainsi interrogé Yves Tannier – développeur Web – et il m’a aimablement répondu :

Le script donné en lien est-il fonctionnel et est-il repérable ?

fonctionnel : OUI
repérable : NON. Lancé depuis le réseau TOR, il n’est pas détectable. La personne a ajouté une ligne pour faire passer son script pour un navigateur (Firefox).

Quelles mesures de protection auraient pu mettre en échec ce type de votes automatiques ?

Il aurait déjà fallu, parmi d’autres mesures pour éviter les fraudes, enregistrer un VRAI code non prévisible.
C’est celui-là qu’il fallait envoyer par mail à l’utilisateur. L’obligeant ainsi à interroger sa boîte mail pour le trouver.
Là, si le lien reçu par mail était http://www.letram-grandbesancon.fr/choisissez-la-couleur-de-votre-tram.html?id=toto@tata.com ça revenait au même que de la « hasher » en MD5 ((le codage utilisé dans le lien à cliquer pour valider n’est pas correctement crypté et très facile à trouver. Il n’est donc pas utile de consulter la boîte mail)).

Yves Tannier m’a également indiqué quelques exemples de mesures qui aurait pu être mises en place afin d’éviter ce type de déconvenue :

– utilisation de cookies sur le navigateur de la personne (même si l’adresse IP de l’ordinateur change, le cookie permet de détecter que l’on a déjà voté depuis l’ordinateur et refuse un nouveau vote).
Cette solution a toutefois ses limites puisque plusieurs personnes de la même famille ne pourraient pas voter depuis le même poste.

jeton (token) empêchant un peu plus de voter depuis un script en obligeant de se rendre sur la page web.
Ici, il n’est plus possible de voter automatiquement. Le clic du doigt humain sur la souris est nécessaire.

J’ajouterais pour ma part un système de protection qui a sans doute fait ses preuves puisqu’il est utilisé par de nombreux sites Web parmi les plus connus (notamment Facebook): le captcha.
Vous savez, cette image comportant des caractères parfois difficiles à lire qu’il convient de recopier pour valider une action.
On vote, on recopie le captcha (ce qu’une machine ne sait pas faire) puis on valide.

Toute personne s’estimant compétente pour apporter un avis technique sur cette « affaire » peut le faire dans les commentaires ci-dessous ou me contacter par mail :

besacontin@gmail.com

Mise à jour – dimanche 29 mai à 0h30

Avant d’aller me coucher, l’idée me prend de tenter de prendre contact avec TramwayRose.
Je l’ai fait depuis sa page de profil sur YouTube et voici les questions que je lui adressées :

Bonjour TramwayRose,

je suis le tenancier d’un blog bisontin et j’ai découvert votre vidéo cet après-midi.
J’en ai fait un billet : http://t.co/XjKuTpq
J’aimerais vous poser quelques questions pour le compléter et pour éclairer la lanterne des Bisontins…. avant qu’ils ne voient définitivement la vie en rose.

– Êtes-vous un habitant du Grand Besançon ?
– Est-ce le goût du défi qui vous a poussé à mettre en place ce vote automatique ? Avez-vous un autre « motif » ?
– Pourquoi le choix de la couleur « rose fuchsia » ? Est-ce vraiment par goût ou pour nous imposer un « tram de fille » ?
– Nana Mouskouri est-elle au courant que vous l’avez associée à votre forfanterie ?

Français ! Le lobby des avertisseurs de radars a besoin de vous !

Panique dans l’industrie des avertisseurs de radars. La poule aux œufs d’or pourrait arrêter de pondre.

Le Gouvernement a tapé du point sur la table : il suffit ! Stop à l’hypocrisie ! Bannissons ces panneaux qui signalent la présence des radars fixes et surtout interdisons l’usage des avertisseurs de radars !

La décision a été prise lors du Comité Interministériel de la Sécurité Routière du 11 mai 2011.

C’en est donc fini de cette étrange ambiguïté consistant à installer des radars pour contrôler la vitesse des automobilistes tout en leur permettant de savoir précisément où se trouvent ces empêcheurs de rouler en rond…

Le Coyote, cet ami qui vous veut du bien

Il n’en fallait pas plus pour déclencher un tollé chez les addicts des Coyote et autres snifeurs de radars. La peur du radar… la vraie… vous n’y pensez pas !?
Pourtant, personne pour avouer publiquement haut et fort :

« Je veux continuer à rouler vite tout en étant averti de l’endroit où se trouvent les radars afin de ralentir à leur proximité puis de rerouler vite après.« 

Non, non… ça on le garde pour soi.

Les arguments sont moins égoïstes, plus édulcorés et bien emballés dans du papier de soi, de toi, de nous : on invoque le bien commun…

On jure ses grands dieux que ces avertisseurs sont de merveilleux auxiliaires de sécurité pour son permis à points et qu’ils contribuent grandement à la prévention routière.
Bref, un concours de mauvaise foi totalement décomplexée qui atteint des sommets dans la pétition mise en ligne par l’AFFTACl’Association Française des Fournisseurs et utilisateurs de Technologies d’Aide à la Conduite.

Cette association, spécialement créée pour l’occasion, regroupe en son sein les principaux professionnels du secteur : Inforad, Avertinoo, Wikango, Eco&Logic (depuis peu) et le plus connu d’entre eux, Coyote.

Voici la lettre / pétition que l’AFFTAC suggère à chacun de signer avant de l’adresser au Premier ministre :

Car c’est l’AFFTAC, le grand instigateur de cette révolte, et le moins que l’on puisse dire est que les professionnels de l’anti-radar tiennent à leur beefsteak !

Depuis la décision gouvernementale d’en finir avec leurs jolis joujoux, l’AFFTAC fait tout son possible pour mobiliser les automobilistes : pétition (voir ci-dessus), page Facebook et incitation insistante à « aimer » ladite page dès votre arrivée sur les sites afftac.fr , moncoyote.com , wikango.com

Comment s’y prend le lobby des anti-radars
pour défendre son bout de gras ?

Pour faire « imagé », disons que l’AFFTAC endosse les uns sur les autres les costumes de quelques (super-)héros célèbres :

  • Robin des Bois : qui défend le brave paysan automobiliste contre l’Etat qui veut injustement lui soutirer son argent. Ici l’AFFNAC se veut le fer de lance de la désobéissance civile en appelant à des journées de protestation.
    Robin des Bois diffuse aussi la liste des parlementaires soutenant la cause des avertisseurs de radars, histoire de pointer du doigt en négatif tous ceux qui ne le font pas.
    Un parfait exemple de lobbying.
  • Superman : qui garantit la sécurité de la veuve et de l’orphelin et les protège de la présence des radars aléas de la route.
  • Hulk : discret et plutôt gentil à l’état normal mais qui peut s’énerver TRÈS FORT (et devenir tout vert) si l’on touche à ses petites affaires : « Vous allez voir ce que vous allez voir, les automobilistes ne se laisseront pas faire ! »

L’AFFTAC se drape dans des habits d’altruisme et de générosité. L’AFFTAC agit pour défendre votre liberté et votre sécurité.

Hé ! Ouvrez les yeux camarades automobilistes ! La réalité est toute autre : c’est l’AFFTAC qui a besoin de vous, de votre soutien, de vos signatures et de vos « j’aime ».
L’AFFTAC en a besoin pour défendre son fond de commerce.

A ce sujet avez vous remarqué qu’une lettre manque dans l’acronyme A.F.F.T.A.C. ?
Le U du mot « utilisateurs »… le seul mot qui est écrit sans majuscule d’ailleurs. Étonnant non ?

Et ça détecte les radars vous dites ?

Reprenons donc un par un les arguments employés dans cette « lettre au Premier ministre » afin de cerner ce qu’est l’avertisseur de radars idéal selon l’AFFTAC :

(les avertisseurs de radars) contribuent à assurer la sécurité sur les routes car ce sont de véritables assistants pour une conduite plus sûre.
Ces appareils permettent de maîtriser sa vitesse grâce à l’affichage permanent de la limitation à respecter, d’être prévenu des zones à risques et des aléas de la route en temps réel.

Pas faux et d’ailleurs mon GPS fait tout ça. C’est une fonction bien utile de connaître en permanence la vitesse maximale autorisée du tronçon routier sur lequel on circule. Il n’est pas rare qu’un panneau nous ait été caché par un autre véhicule lors d’un dépassement. Pas rare non plus que, par manque d’attention, nous ne sachions plus « si c’est 90 ou 110″…

Ils améliorent la vigilance de chaque conducteur en aidant à lutter contre les risques de somnolence grâce au signal sonore qu’ils émettent régulièrement.

Argument un peu tiré par les cheveux mais pourquoi pas. Si ça peut éviter à un automobiliste de s’endormir le pied au plancher tant mieux. Mon GPS fait ça.

Bilan : pour défendre la légalité de ses petites machines, l’AFFTAC met en avant l’utilité à des fins de sécurité, de fonctions déjà présentes sur tous les GPS. La fonction navigation en moins.

Donc quid des Coyote et consorts ? A quoi bon en posséder un si l’on dispose déjà d’un GPS ?
Pour être alerté en temps réel de la proximité des radars mobiles – vous dites ?
Non !!??? Mais… l’AFFTAC n’est pas au courant !?

En effet, il semble bien que dans sa défense des avertisseurs de radars, l’AFFTAC ait oublié de mettre en avant une fonctionnalité accessoire : la fonction « avertisseur de radars »…

Quelques arguments populaires entendus ici et là

  • Les radars c’est scandaleux ! Ça ne sert qu’à racketter les automobilistes.
    Ce qui est certain, c’est que l’amende financière touche là où ça fait mal : au porte-monnaie. En cela elle est dissuasive et c’est l’objectif.
    Mais l’on ne peut pas ignorer qu’il s’agit aussi d’une sanction profondément injuste. À amende égale, le fortuné et le modeste ne sont pas également impactés. Le permis à points ne corrige pas entièrement cette injustice puisque la perte des points et leur récupération sont assorties de sanctions financières (amendes, coût du stage de récupération de points).
    Il serait intelligent de réfléchir à des sanctions moins injustes et plus efficaces (travaux d’intérêt général ?)
  • .

  • Je suis un professionnel de la route. J’y passe du temps et j’ai donc plus de risques d’être « piégé » et de perdre des points.
    Juste une question : Si vous deviez être opéré, à qui confieriez-vous le scalpel ? À un boulanger ou à un chirurgien ? Au chirurgien je parie !
    Pourtant c’est lui qui s’en sert le plus souvent de ce scalpel. Il a donc statistiquement plus de chance de commettre des erreurs que le boulanger non ? Eh bien non ! Évidemment ! Car le chirurgien est aussi celui qui le manie le mieux puisque c’est pour lui un outil de travail.
    Alors pourquoi n’en serait-il pas de même avec les professionnels de la route ? Ils sont les plus expérimentés et les plus présents sur le bitume. Ils doivent être exemplaires dans leur conduite du fait que leur présence quotidienne sur la route, que leur comportement de conducteur s’imposent aux autres usagers.
    L’argument : « je bosse sur la route donc je roule vite » n’est admissible que pour les conducteurs du SAMU. Pour les autres, c’est au choix de la mauvaise foi ou de la beauferie (ou les deux).
    Par contre, il est évident que ce faire « radariser » à 51 km/h sur une portion limitée à 50km/h est proprement rageant. Sans doute serait-il souhaitable qu’en contre-partie de la disparition des pancartes et autres avertisseurs, une tolérance de quelques km/h soit instaurée.
  • .

  • Je suis un conducteur expérimenté et mon véhicule est au top. Je ne prends pas de risques en conduisant vite.
    Même en admettant l’infaillibilité du conducteur X, rien ne le protège de la réaction dangereuse du conducteur Y (priorité non respectée, véhicule qui se déporte…)
    Dans ces circonstances, la vitesse aggravera toujours les risques d’accident et les conséquences matérielles et physiques qui en découleront.

Interdits ? Pour de vrai ?

Mouais… Je ne serais pas étonné que le Gouvernement recule d’une manière ou d’une autre. Que le Président Sarkozy finisse, grand seigneur, par accorder une contrepartie comme cela a déjà été fait avec l’assouplissement de la procédure de récupération des points… à voir.

Dans le cas où le lobby des coyotes & cie venait à remporter son bras de fer, espérons qu’un bidouilleur de génie saura détourner l’usage premier de ces appareils pour permettre aux autres automobilistes de se préserver de ceux qui en abusent.

I had a dream…

J’ai rêvé d’un détecteur d’avertisseurs de radars… ça ressemblait à ça :

.


Afin d’avoir une multitude d’avis sur ce sujet de l’interdiction des avertisseurs de radars, j’ai posté cette question sur Twitter ce matin :

Voici la réponse que m’a adressé de manière spontanée et sincère le twittos bisontin GeryH (je partage totalement son point de vue) :

Moi je dis c’est le jeu ma pauv’Lucette.
Tu veux aller plus vite ? Arriver avant les autres ? Consommer plus ? Tu crois que tu as un temps de réaction beaucoup plus court que tout le monde ? Que ta voiture va freiner pour toi ? Tu crois que t’es aware ?
Bah tu acceptes les prunes si tu te fais prendre voilà. Certains voient ça comme une poule aux œufs d’or pour l’État, moi je vois ça comme un arbitre. Y’a des règles établies selon des stats de morts, de pollution, on les respecte et voilà.
Après on va me sortir un truc du genre : « et les règles de téléchargement ? tu respectes aussi ? » – oui oui biensur biensur 😀 comme tout le monde !
Sauf qu’il faut comparer ce qui est comparable, des règles sur la sécurité qui mettent en jeu la vie des gens, la santé, et les règles économiques…
Et là d’autres me diront : « et tu ne crois pas que c’est aussi une règle économique ces radars, trou de balle ? » – bah oui aussi, vu que les gens sont sensibles à leur porte-feuille, autant les titiller par là pour que cela soit percuté.
Attention à ne pas généraliser ces propos qui ne s’appliquent qu’à ce sujet 😀

Sur le Net

Besançon-Briançon, l’éternelle méprise ?

Le reportage « Zoom sur Besançon » diffusé sur TF1 le dimanche 1er mai a déjà fait beaucoup parler dans les foyers bisontins (au-delà, on ne sait pas).
Figurez-vous qu’il sera suivi d’une réplique annoncée pour cette fin de semaine.
Isabelle Morino-Bosc, chroniqueuse magazine, a aaaaaaaaaaaaaaadoré ce reportage. Elle en a contracté une bisontophilie carabinée et souhaite le faire savoir au reste du monde.

Pour partager son coup de cœur, Isabelle s’y est pris comme elle en a l’habitude : elle en a fait le sujet de son édito hebdomadaire – un billet publié sur la toute première page de TV Magazine.
Le « TV Mag », vous savez, ce bonus week-end inséré dans de nombreux quotidiens français dont l’Est Républicain et que le Bisontin compulse frénétiquement aux toilettes quand il a fini « Top annonces ».
Le billet en question est annoncé pour ce week-end.

Extraits :

Dans le doute abstiens-toi, mais dans le Doubs rends-toi ! J’ai eu cette révélation en regardant TF1 l’autre dimanche. (…)

(…) nous avons vu le reportage consacré par la Une à la ville « verte » de Besançon, que j’avais tort de ne connaître que de nom.

Alors et allez, non-Bisontins, deux jours au vert à Besançon !

Cet édito est d’ores et déjà consultable sur le site de tvmag. L’Est Républicain lui a d’ailleurs consacré un petit billet. Un billet qui parle d’un billet… pffff

Le nombril

C’est là que mon instinct de blogueur a pris le dessus. Et le blogueur, même hyper-local, est nombriliste.
Même pas honte.
Pour bien comprendre, voici deux types de réactions présentées en parallèle :

  • à gauche, la réaction d’un Bisontin « normal » un brin chauvin, fier de sa ville ;
  • à droite, celle d’un blogueur bisontin un poil égocentrique et carrément opportuniste.

Désillusion

Fort de ma conviction que de nombreuses personnes vont se précipiter directement de leur « TV Mag » à leur clavier, je décide de vérifier le positionnement sur Google de mon billet consacré au reportage de TF1. Le nombril je vous dis.

Dans le champ de recherche Google, je saisis donc : « reportage Besançon TF1 »

Je lance la recherche et… j’hallucine. Voilà que Google me suggère une correction !

En gros, l’hypothèse que TF1 ait consacré un reportage à notre ville lui semble totalement farfelue.
Google me suggère donc de corriger cette maladresse (forcément) en remplaçant Besançon par Briançon…

Et comme si je n’avais pas encore compris, les deux premiers résultats proposés par le moteur de recherche prennent en compte cette correction imposée suggérée.
Comble de l’ironie : ils me renvoient vers un « Zoom sur Briançon » en lieu et place de mon « Zoom sur Besançon » tant désiré !

Argglll ! Non là c’est trop !
Non mais hé ho !!! Et les couillons qui vont faire comme moi après avoir lu leur TV Magazine ? Ils vont se retrouver en vacances dans les Hautes-Alpes c’est ça ? Alors que tous s’y étaient mis pour les attirer dans le Doubs (TF1, Isabelle Morino-Bosc…) !
Certainement un sale coup de l’Office du Tourisme de Briançon ! Le nôtre doit réagir et vite !

Une vieille affaire

Il faut dire qu’entre Besançon et Briançon, la confusion n’est pas récente… Cette similitude phonétique, cette initiale commune et cette cédille en sont bien évidemment les principales explications.
Histoire d’en rajouter, ce boulet de Vauban n’a rien trouvé de mieux que de bâtir une citadelle sur chacune des deux villes.

Pour ma part, cela me ramène une quinzaine d’années en arrière, quand j’étais étudiant à la Fac de Besançon (émotion, nostalgie…).
L’un de mes professeurs s’appelait Jean-Michel Ligier. Il enseignait la communication « institutionnelle ». Ce monsieur avait été le premier Directeur de la Communication de la Ville de Besançon. Je l’entends encore nous confier que le tout premier objectif de la ville, dans sa stratégie de communication vis à vis du reste de la France, avait été de distinguer clairement son image de celle de Briançon.

Du chemin a été fait en 25 ans. N’empêche que les anecdotes fourmillent encore.
Emmanuel Dumont, actuel Adjoint à la Communication de la Ville, rapporte notamment celle de ce candidat à un poste au service communication qui se faisait attendre à son entretien d’embauche. Il appelle finalement pour s’excuser. Il s’était trompé de train et se trouvait dans celui de… Briançon (authentique).

Plus récemment, Samuel Goldschmidtreporter pour RTL dans l’Est de la France (et au-delà) roulait vers Besançon pour y couvrir une actualité supposée : des enfants d’une classe de Besançon se seraient trouvés dans une région d’Espagne venant de subir un tremblement de terre…
Il raconte la suite sur Twitter :

Mais l’anecdote la plus fameuse concerne l’Empereur Napoléon Ier himself. Suite à sa fuite de l’Île d’Elbe, Napoléon remontait vers Paris via les Alpes durant ce printemps 1815. C’était son fameux come-back des Cent-Jours.
A la tête d’hommes de plus en plus nombreux, l’Empereur fait halte à Gap le 5 mai. Consultant ses cartes, il remarque que Briançon n’est qu’à un jour de marche et s’adresse ainsi à son aide de camp :

Briançon est toute proche et l’on me dit qu’on y trouve les meilleurs horlogers. Allons-y sur le champ que j’y remplace cette montre que j’ai laissée sur l’Île d’Elbe.

La petite histoire rapporte que son aide de camp, Jurassien de naissance, lui aurait habilement expliqué sa méprise. Lui évitant in-extremis une regrettable erreur d’aiguillage.
Sans lui, l’aller-retour Gap-Briançon aurait inutilement retardé la troupe. On aurait parlé des « Cent-Un-Jours » – comme les dalmatiens – ça n’aurait pas fait très sérieux.

Vengeons-nous !

A la vérité, Briançon est une ville charmante mais minuscule : à peine 12 000 habitants.  C’est vraiment très peu, surtout au regard de la population bisontine qui lui est dix fois supérieure en nombre. Ceci devait être dit.

Utilisons maintenant « Google trends » pour remettre les choses à leur place. Ce service de Google, permet de comparer les volumes de recherches effectuées sur tels ou tels mots-clés.
Comparons donc les  recherches sur « Briançon » et « Besançon ».
Le mot-clé Besançon est clairement le plus saisi sur Google. Briançon fait pâle figure…
Besançon vainqueur par KO ! Na !

Pour terminer, voici une recherche vengeresse car nous aussi nous sommes « prioritaires » sur certains mots-clés. Briançon n’a qu’à bien se tenir !

Jeune UMP en chef échangerait volontiers 14 ans de Mitterrand contre l’Alsace et la Lorraine

Avant de lire la suite, sachez que le « communiqué de presse » auquel il est fait référence ici, a été effacé du site des Jeunes UMP du Doubs par son auteur, Baptiste Serena, quelques jours après la publication de ce billet.
Baptiste Serena n’a pas répondu aux erreurs manifestes pointées ci-dessous, il ne s’en est pas non plus excusé. La solution qu’il a choisi a été d’effacer en douce les traces de sa maladresse et de croiser les doigts pour que personne ne s’en rende compte.
Méthode dont ce responsable des Jeunes UMP du Doubs est coutumier. Il l’avait notamment employée avec « maestria » lors de la visite de Bernadette Chirac à Besançon le 25 janvier 2011 dans le cadre de l’Opération Pièces Jaunes. Pour mémoire c’est ici.
Rappelons juste à Baptiste Serena sa citation favorite et plaçons-le face à ses contradictions :

Citation à mettre en relation avec ceci :
Vous trouverez ci-dessous une capture d’écran de ce communiqué

« Tontonpartout »

Nous sommes le mardi 10 mai 2011 et le responsable des Jeunes UMP du Doubs – Baptiste Serena – doit publier un « communiqué de presse ». Trente ans pile-poil après que la France ait pris du rose aux joues, notre petit soldat se doit de couper, de trancher, de sabrer ; bref en un mot : de dégauchir.

Il faut dire, en toute bonne foi, que trop c’est trop, la coupe est pleine, la goutte d’eau et tout ça : depuis quelques jours, les médias développent une mitterrandophagie aiguë qui nous collerait presque la nausée.
Presse écrite, radio, télé, Internet. Tous s’y complaisent.

A Besançon, les Jeunes Socialistes du Doubs (l’équipe concurrente adverse ennemie) s’y collent eux aussi et fayottent à fond avec le grand François en lui consacrant une exposition photographique.

Remarquez, ils ont peut-être raison les rosissants, d’entretenir sa légende à Tonton et de lui tenir sa place au chaud. On ne sait jamais.
Rappelez-vous ce 31 décembre 1994. J’en tremble encore.

[audio:http://bisonteint.net/wp-content/uploads/2011/05/Je-crois-aux-forces-de-l-esprit.mp3|titles=Je crois aux forces de l esprit]

Ggauche (pouah !)

C’est donc dans ce contexte particulièrement favorable à la crise de nerfs que notre sniper gauchophobe dégaine son PPVOUCAg*.

*Petit Précis de Vocabulaire Outrancier à l’Usage des Chevalier de l’Anti-gauche

Vous l’aurez remarqué, pas de majuscule à « gauche ». Ce n’est pas un nom « propre »… Oh que non ! POUAAAAAH !

Et c’est parti pour un tontonicide en règle. Rafale de gentillesses à l’égard de l’ancien Président et de la gauche (pouah!) :

exemple à ne pas suivre, irresponsabilité, assistanat, descente aux enfers, égalitarisme et… le pire du pire, mais là… j’ai préféré cacher le mot et vous laisser le choix de le lire ou pas.
Si vous le sentez, cliquez sur « show » mais vous êtes prévenus.

[spoiler title= »En cliquant j’affirme être majeur et avoir été alerté que ce contenu peut choquer »]fonctionnaires (Oh ! le vilain gros moooot !)[/spoiler]

Argggllll… Tonton est à terre. Mort une seconde fois.
Baptiste David exulte, sa fronde sournoise tournoie encore…
gros plan / bruitage : vvvvvoooo vvvvvvoooo vvvvvvoooo

7 + 7 = 14

Reste à trouver un titre à ce chef d’œuvre.
Ce sera :

« Il y a 30 ans, la France partait pour 14 ans de déclin. »

Voilà voilà… 14 ans donc… de déclin.
14 ans ça nous mène donc de 1981 à 1995. Ça couvre exactement les deux septennats de François Mitterrand. 7+7 = 14 Chouette calcul.

En y regardant de plus près, ce sont 14 ans dont quatre ans de cohabitation (1986-1988 et 1993-1995) durant lesquels une politique de droite a été menée : privatisation de grandes entreprises nationales, suppression de l’impôt sur les grandes fortunes, politique libérale à tout crin… tout ça directement dans le paquet étiqueté « 14 ans de déclin », dixit les Jeunes UMP du Doubs

Tiens, sur cette photo, c’est le dernier Premier ministre de déclin du premier septennat de François Mitterrand…
Elle a été prise lors d’un meeting, au moment où il tentait de lui piquer son trône, en 1988.
Mais qui était ce jeune homme qui l’accompagnait pour l’aider à motiver ses troupes et à défendre son bilan de… deux ans de déclin ?

Oh ! Une autre photo ! Dessus vous pouvez voir le dernier Premier ministre de déclin du second septennat de François Mitterrand…
Elle a été prise en 1995 au moment où lui aussi essaya en vain de se glisser derrière le bureau élyséen. Mais qui est ce jeune homme qui fut son Ministre et qui par conséquent doit assumer cet autre bilan de… deux ans de déclin ?

Hé ! Pas moi qui le dit hein… ce sont les Jeunes UMP du Doubs !
Gonflés d’ailleurs les jeunots ! Non ? … ou peut-être tout simplement maladroits et médiocres en arithmétique.

Il est vrai que la formule 2 x (7-2) = 10 était hyper très beaucoup plus difficile à trouver.

Après cet effort cérébral intense, relaxons-nous en regardant Julie Pietri venue chanter pour Jacques Chirac en 1988, c’est là :

LA référence historique

Un communiqué ça doit claquer. Les mots doux, c’est fait. Les chiffres, euh… aussi même si…
Il est indispensable de clôturer l’objet en y ajoutant une touche historique. Cela légitimera le contenu et valorisera également son auteur en provoquant chez le lecteur des réactions d’admiration du type : « Wouuua ! L’autre hé ! C’t’érudit ! »

Imaginons notre jeune populaire en chef dans sa quête de la référence historique :

Donc 10 mai 1981 = Pouah !
Il faut trouver une autre raison de célébrer le 10 mai afin d’éclipser cette saleté de 10 mai-là.
Taper « 10 mai » dans Google -> journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition
Euh… non. Trop droitdelhommiste ça… ça sonne « gauche » (pouah !).
Retaper « 10 mai » dans Google -> Oh génial ! Sur Wikipedia, le 10 mai à sa page et on y trouve tous les événements importants qui se sont passés un 10 mai :
  • 10 mai 1497 : Le navigateur Amerigo Vespucci entreprend son premier voyage vers le Nouveau Monde.
    (non non… pas question d’encourager l’immigration !)
  • 10 mai 1774 : Mort de Louis XV. Avènement de Louis XVI
    (trop triste et ça pourrait donner des idées à Villepin…)
  • 10 mai 1963 : Premier 45 tours des Rolling Stones.
    (euh…)
OUI ! YES !
Exactement ce qu’il faut ! Parfait… On trouve tout sur Internet.

LA conclusion avec LA référence historique est là et c’est un chef d’œuvre :

Aujourd’hui, nous ne souhaitons pas fêter l’échec de la France mais nous préférons en ce 10 mai 2011 célébrer les 240 ans du Traité de Francfort qui met fin à la guerre franco-allemande de 1871.

Clap clap clap clap…
Vérifions tout de même. Calculatrice : tap tap tap… 1871 + 240 = 2 111 euh…
TRY AGAIN : tap tap tap… 1871 + 240 = 2 111 euh…
Ah bah zut alors ! En encore un problème de calcul on dirait. Pas facile non plus de compter juste quand on s’interdit les doigts de la main gauche (pouah !),
C’était il y a 140 ans le Traité de Francfort !

Sur le fond maintenant : voilà donc nos Jeunes Populaires célébrant avec fierté une guerre perdue par la France.
Au passage c’est aussi l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par l’Allemagne qu’ils célèbrent. Annexion qui constituera le terreau de Première Guerre Mondiale, rien que ça.
Champagne et toasts avec « oeufs de l’UMP » svp !

[iframe http://www.youtube.com/embed/TN3a4kOl4Yo?rel=0 565 454]

Oui, oui je sais. Je fais encore mon rabat-joie. Tout cela n’est évidemment qu’un détail de l’histoire de la Guerre de 1870-1871… détail tellement insignifiant au regard de 14 ans de gauche (pouah !)
Mais tout de même, il y a vraiment des cours d’Histoire qui se perdent ! A moins que….

A moins qu’à travers le Traité de Francfort notre jeune Popenchef souhaite célébrer les jours meilleurs qui ont suivi : ceux qui ont vu l’écrasement des insurgés de la Commune de Paris. par les troupes d’Adolphe Thiers (alias « Père Duchêne »)
En effet, rappelons qu’une fois la paix signée avec l’Allemagne, Adolphe Thiers et ses Versaillais avaient enfin les mains libres pour s’occuper des « affaires intérieures » et régler définitivement leur compte aux Communards. Ils ne s’en sont pas privés.

Les Communards. Ces premiers « gauchistes » (pouah !) de l’Histoire contemporaine.

Post Scriptum

Les Jeunes UMP du Doubs ne sont pas tous solidaires de cet article et de cette référence historique maladroite. L’article a été publié par Baptiste Serena, responsable des Jeunes UMP départementaux et selon certains militants, son contenu n’engage que son auteur.

Notons toutefois qu’il est publié sur le blog des Jeunes UMP du Doubs et qu’il est signé collectivement.

Sur le Web

Jeannette Bougrab, Secrétaire d’Etat à la Jeunesse, quitte une réunion de l’UMP à Besançon après une insulte raciste

Ce samedi 14 mai se tenait à Besançon une réunion de formation pour cadres, élus et militants UMP.
Jeannette Bougrab, Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et ancienne Présidente de la HALDE était présente.


Jeannette Bougrab (assise à droite du pupitre) – Photographie prise lors de la réunion de ce samedi 14 mai 2011 à Besançon – via Twitter.

Mme Bougrab a toutefois quitté précipitemment cette réunion après qu’un militant ait lancé « Y’en a marre des bougnoules ! ».
D’après le site Macommune.info qui a diffusé l’information en premier : « Un bon tiers des quelques 150 participants à la formation aurait alors pris position en faveur du militant, ce qui a entrainé le départ précipité de la secrétaire d’Etat. Selon des témoins, elle est partie furieuse, tandis que deux secrétaires nationaux du parti ont poursuivi la réunion sous le mode « panique à bord « 

Sur le Figaro.fr, Jean-Marie Binetruy, député du Doubs, affirme que le militant lui aurait présenté ses excuses. Il conteste cependant la version donnée par Macommune.info en affirmant que « la salle, où étaient rassemblés environ 150 personnes, « a tout de suite soutenu la ministre ».

Mais Mme Bougrab était déjà loin et avait pris le premier train pour Paris.
nom
Voici quelques témoignages d’élus et militants présents à cette formation et ayant assisté à l’incident. Tous confirment que les propos était le fait d’un militant âgé qui a ensuite été exclu de cette réunion.
Voici les ce qu’en disent deux conseillers municipaux UMP de Besançon présents au moment de l’incident.

D’après Pascal Bonnet, « les propos inacceptables » du militant « répondaient à un débat sur la nécessité de lieux de culte fermés pour interdire les prières en public. »
Mais Mme Bougrab n’était peut-être pas personnellement visée.

Témoignages de Baptiste Serena, responsable des Jeunes UMP du Doubs :

J’ai également questionné Michel Omouri sur l’attitude des militants présents dans la salle :

– Est-il vrai que des gens ont hué dans la salle ?
– Non les personnes ont été choquées par les propos d’un militant. Ils ont demandés aussi des excuses publiques. Ce qu’il a fait et ensuite il a été exclu de la réunion.

Reste à savoir qui a raison car on se doute que des consignes ont été données à l’UMP afin que cette affaire ne ternisse pas l’image d’une UMP déjà écornée dans d’autres affaires de propos racistes.
Tout le monde garde notamment en mémoire la condamnation de Brice Hortefeux et les propos choquants de la députée François Brunel en mars dernier.



Dans le module ci-dessous apparaissent les informations collectées durant la soirée, les liens vers les articles en ligne ainsi que les messages publiés sur Twitter et concernant l’événement.

Camille et Claude, un amour platanique

Le premier jour

Camille : – Je n’oublierai jamais ce matin-là – sans doute le pire moment de mon existence. Ils m’ont glissée de force dans ce sol inconnu – la terre était froide…
Tout autour, ce n’étaient que coups de pioches, voix rigolardes d’hommes indélicats et heurts des sabots des chevaux contre le pavé poussiéreux.
Ça m’a semblé une éternité.
Lorsque tout s’est enfin arrêté, j’ai perçu un tumulte assourdissant : l’eau de la rivière.
C’était au printemps et le Doubs était bien haut. Il charriait des branches et des troncs – nos frères. J’étais terrorisée, pensant que l’eau viendrait sans doute me prendre moi aussi.
Si jeune et tellement craintive, j’en souris aujourd’hui. Comprenez bien que tout était nouveau pour moi et la nouveauté m’effrayait. Et puis cette implacable solitude qui s’annonçait : mon destin d’arbre…
Heureusement, Claude était là.
Je l’apercevais pour la première fois, tout près de moi ; il venait aussi « d’emménager ».
Il était jeune, le tronc lisse et son feuillage demeurait encore rare. Sa présence m’a tout de suite rassurée. Dès cet instant, j’ai éprouvé l’envie – ou devrais-je dire le besoin – d’être au plus près de lui.
Je crois que c’était le plus beau jour de ma vie.

Claude : – Quelques feuilles – une dizaine tout au plus – sur le sol devant moi. C’est la première chose que j’ai vue après avoir été « enterré » là par ces types brutaux chargés de nous « installer ». C’était de petites feuilles d’un vert si tendre, d’une découpe si délicate… J’ai su immédiatement que ce n’étaient pas les miennes.
J’ai alors cherché leur propriétaire et c’est là que j’ai découvert Camille ; elle était à quelques pas de moi. Fraîchement enracinée, elle aussi. Elle paraissait perdue et totalement vulnérable.
Ma sève n’a fait qu’un tour. J’ai pensé ramasser ses feuilles et les lui rapporter – « Mademoiselle, vous avez égaré… »
C’est là que j’ai compris ce qu’être un arbre veut dire. On demeure là où l’on nous plante. Bouger…
Les feuilles sont restées sur le sol et avec Camille, nous ne nous sommes plus jamais éloignés l’un de l’autre, ni rapprochés d’ailleurs.
Ces quelques pas entre elle et moi sont devenus notre océan à nous. Un océan infranchissable.

BisonTeint : – Vous utilisez « elle » et « lui » quand vous parlez l’un de l’autre.
Pardonnez-moi mais, les platanes comme tous les arbres et comme l’ensemble des végétaux d’ailleurs, n’ont pourtant pas de sexe…

Claude : – « Le » caillou et « la » pierre n’en ont pas non plus…

Camille : – Pas de sexe donc pas de sentiments, c’est cela que vous pensez ? Pourtant l’attirance, la connivence était là dès le début entre nous. Comment vous expliquer…

Le complice

BisonTeint : – Peut-on parler d’amour entre deux platanes ?

Claude : – En fait, ce mot et cette idée nous étaient complétement étrangers jusqu’à ce jour d’été. C’était quelques temps avant la guerre – la Grande comme ils disent. Celle qui a vidé les rues de Besançon de tous les hommes jeunes durant de nombreuses saisons. Tu t’en souviens Camille ?

Camille : – Je me le rappelle. C’était un jour pluvieux. Ils l’ont amené dans une charrette tirée par un cheval. Ils l’ont posé là, juste entre Claude et moi, ils l’ont fixé au sol et il n’a plus bougé. Comme nous.

Claude : – C’était un banc. Il était vert. Avec Camille, nous l’avons d’abord haï. Rendez-vous compte : à cette distance entre nous s’ajoutait désormais cet obstacle, cet intrus, ce corps étranger inerte fait de bois mort et de ferraille…

Camille : – Les premières années, il n’a pas beaucoup servi. Quelques vieux s’y reposaient parfois. La plupart semblaient attendre la fin de la guerre – le retour de leurs fils. Beaucoup ont espéré en vain.
Quand la guerre s’est enfin achevée, nous avons vu venir sur le banc des couples. Nous les avons regardés s’enlacer, se prendre la main, se caresser et s’embrasser. Nous avons ressenti leurs souffles, perçu leurs murmures et leurs confidences.
Certains nous ont même associés à des serments que nous conservons gravés ici et là.

Claude : – Dès lors, le banc a cessé d’être un obstacle pour devenir notre complice. Nous vivions par procuration les histoires d’amour qui y naissaient, y murissaient et s’y éteignaient parfois…

Camille : – Pour moi, les ruptures… après toutes ces années, c’est toujours aussi triste. Je ne m’y habituerai jamais. A chaque fois, j’y laisse des feuilles. On pleure ce qu’on peut.

Claude : – Camille… mon écorcée vive.

Camille : – Je sais… une incorrigible romantique. Claude me taquine souvent avec ça…

Le désir

BisonTeint : – Donc l’exemple de ces amoureux vous a en quelque sorte « inspirés » ?

Claude : – Oui. Et nous y avons pris goût et avons commencé à ressentir des émotions a priori peu banales chez nous les arbres.
En automne, par exemple. Le grand effeuillage annuel nous a rendu, au fil des années, de plus en plus pudiques (…)

Camille : – Et le printemps. J’adore le printemps ! Nos premières feuilles, nos branches qui s’étirent, s’allongent pour s’effleurer enfin ! Toute l’année nous attendons ce moment.

Claude : – Vous semblez surpris ? Vous ne levez pas souvent les yeux n’est-ce pas ? Les arbres se frôlent au printemps ; soyez attentifs. Leurs feuillages s’entremêlent. C’est réconfortant après un hiver long de se sentir moins seul.

Camille : – Mais cet ersatz ne nous satisfaisait plus. Nous voulions être comme ces amoureux sur le banc. Nous aimer sans distance…

BisonTeint : – L’amour donc ? Mais un amour trop platanique platonique à votre goût…

Camille : – Oui. Cette époque était terriblement frustrante.

Claude : – Mais c’est oublié aujourd’hui…

La maturité

BisonTeint : – Dois-je comprendre que votre grand âge a eu raison de l’attirance physique ?

Claude : – Nullement, bien au contraire. La maturité l’a même exacerbée. Nous ne nous sommes jamais résignés et nous avons fini par trouver comment nous y prendre… tout en protégeant au mieux notre intimité.

BisonTeint : – Vous m’intriguez énormément. Comment vous y êtes-vous pris ?

Camille : – Ça me gêne d’en parler…

Claude : – Je veux bien vous révéler une part invisible de notre histoire.
Voyez-vous, n’ayant pas notre place sur le banc, nous nous sommes rejoints…

Camille : – …en dessous.

BisonTeint : – Incroyable ! Jamais je n’aurais imaginé…

Claude : – Nous profiterons jusqu’au bout de cette chance d’être ensemble.

Camille : – D’autant que nous savons que ce printemps sera le dernier. Les gens en parlent sur le banc…

BisonTeint : – Je n’osais pas vous en parler…

Claude : – Mais nous n’avons pas peur. Nous serons abattus ensemble. Nos troncs et nos branches formeront enfin le même bois.

BisonTeint : – Et les 85 autres platanes du quai, prennent-ils cela avec la même philosophie ?

Camille : – Les autres ?

Claude : – Quels autres ?

J’ai quitté Camille et Claude en pensant que s’assoir sur un banc entre deux platanes n’a décidément rien d’anodin.
Je les ai laissés entre eux sur ce quai Veil Picard ou tant d’histoires petites et grandes restent à raconter, pour peu que l’on s’arrête, observe et écoute.

Camille est Claude ont été abattus le lundi 23 janvier 2012.

Quelques photographies de Camille et de Claude.

Camille et Claude ont accepté de laisser leur pudeur de côté pour se livrer à mon objectif. Vous l’aurez compris, entre ces deux platanes rien n’est innocent. Innocentes, ces images ne le sont pas non plus. Certaines sont pour le moins érotiques. Soyez prévenus et faites-en bon usage…

Léon

Léon, c’est le dernier. A moins que ce soit le premier.
Lui préfère d’ailleurs voir les choses comme ça : être en tête de cortège plutôt qu’en queue de peloton. Par amour-propre sans doute…
D’autant que Léon n’a pas toujours tenu la pôle position

En prenant des cernes, Léon est devenu un peu snob : il aime à se considérer comme le seul arbre de la place plutôt que comme le quatre-vingt-septième du quai.

C’est lui que l’on croise en premier quand on longe le Doubs depuis Battant. Il est aussi le premier à nous offrir son ombre généreuse quand le soleil plombe en été.

Sa situation lui offre une vue bien dégagée sur la place Jouffroy et sur le pont. Alors depuis toujours, Léon observe et il regarde la ville changer.

[iframe http://maps.google.fr/maps/ms?hl=fr&ie=UTF8&t=k&msa=0&msid=206867941943393743688.00049eb5271ef62afa695&ll=47.239785,6.019912&spn=0.001275,0.00228&z=18&output=embed 570 450]
Et puis il y eut ces moments décoiffants qui rythmèrent son existence de souvenirs inoubliables…

1910. Le Doubs est monté si haut que le Pont Battant en fut presque submergé. Léon était encore si jeune. Il en conserva une crainte de l’eau et des caprices de cette rivière…
Dès lors, ses branches poussèrent plus volontiers dans la direction opposée.

Juin 1940, le Pont Battant : Boum !

Ce jour-là, il se souvient, ce fut comme un automne précoce. De nombreuses feuilles arrachées par le souffle. Les rescapées furent recouvertes d’une poussière jaune ; celle des pierres du vieux Pont presque deux fois millénaire.
Rien n’est éternel. Léon le comprit alors pour la première fois.

Et ce fut le début d’un hiver très long.


Quand le printemps revint, les Bisontins bâtirent un nouveau pont. Quelques arbres trop proches furent abattus. Pas éternels eux non-plus.
Et c’est ainsi que Léon devint le premier.

Quelques années plus tard, ce furent l’espoir et la colère de ce flot d’hommes et de femmes : les LIP.
Il les vit venir vers lui depuis la rue Battant, puis ils le dépassèrent.
A cet instant, Léon aurait voulu les suivre. Mais les racines ça vous retient.


Plus récemment est arrivé ce nouveau voisin avec ses drôles de racines.
Plus jeune, Léon l’aurait certainement considéré comme un rival sur ses terres. Mais aujourd’hui, il prend plaisir à observer la valse des passantes qui lui lancent des œillades complices, les enfants qui le touchent et lui parlent, les fêtards qui lui griment la face et le coiffent d’objets de toutes sortes.

Léon, ça lui fait des vacances…


Léon a été abattu le lundi 23 janvier 2012.
Les témoins présents sur place m’ont rapporté qu’il fut le premier du quai à tomber.

Léon en quelques clichés