Archives par étiquette : Besançon

Alléluia ! Elle est là !

L’Est Républicain l’annonce dans son édition de ce jour : c’est aujourd’hui – enfin – que la maquette doit revenir parmi nous. LA bonne nouvelle !

Dehors, il pleut et pas qu’un peu. Tant pis : je veux être LE premier pèlerin.

Alors je m’encapuche et je sors. J’affronte ces gouttes glaciales et ce sol flaqueux. Hue ! fier destrier ! Mène moi à la Sainte-Maquette !

Je précise ici que le temps des pèlerinages à genoux dans les pierres coupantes est révolu : je pélerine en vélo électrique. Il faut vivre avec son temps.

Dans les rues, je zigzague autour des piétons aveuglés de pluie.

Tiens ! encore de nouveaux chantiers ouverts un peu partout.

Je dépasse le centre St-Pierre et là où hier encore il n’y avait qu’un emplacement vide aménagé pour l’accueillir : je LA vois.
Disons plutôt que je reconnais cette silhouette, cette grâce.
Elle est recouverte d’un drap blanc qui ne laisse rien paraître de ce bleu turquoise que les Bisontins ont appelé de leurs voeux. La Sainte-Maquette est là, blanche de pureté. Comme elle est belle !

Autour d’elle des hommes besogneux s’affairent à lui bâtir un abri de verre et de bois. L’espace d’un instant, je pense à arracher un petit bout du drap – une relique – mais je n’ose pas m’approcher. Trop intimidé. Je me contente donc d’un ou deux clichés dérobés entre les gouttes.

A bien y réfléchir, notre tramway vénéré c’est un peu Benjamin Button : il vit sa vie à l’envers. Le voici aujourd’hui immobile gisant sous son suaire. Demain il prendra place pour quelques années sous un sarcophage de verre.
Sous les regards patients des Bisontins, il attendra alors que tout soit prêt pour lui.

Alors il verra le jour. Alors il prendra vie.

SONDAGE : Que pensez-vous des compositions florales d’automne à Besançon

Vous pouvez voir des photos des compositions florales de cette année dans ces articles de presse : Macommune.info, l’Est Républicain.
D’autres photos dans ce billet.

N’hésitez pas ensuite à donner votre avis dans le sondage ci-dessous.


Burqa : des policiers de Besançon risquent-ils d’être sanctionnés pour ne pas avoir verbalisé ?

Au départ, il y a cet article publié dans le magazine mensuel gratuit « La Gazette de Besançon ». Son titre : « SE BALADER À BESANÇON EN BURQA : UN JEU D’ENFANT… »
En burqa… disons plutôt en « niqab » ou en « sitar » puisque – comme l’explique la journaliste auteur de l’article – la burqa n’existe qu’en Afghanistan.

La journaliste en question c’est Céline Garrigues qui a décidé de se vêtir le temps d’une promenade dans les rues du centre-ville de Besançon d’un voile noir intégral.
Pourquoi cette idée saugrenue ? Réponse dans l’introduction de l’article :

Depuis le 11 avril 2011, le port de la burqa dans la rue est une infraction. Le texte de loi, qui indique que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage » prévoit une amende pouvant aller jusqu’à 150 euros. Alors que les premières condamnations en justice pour port du voile intégral tombaient le 22 septembre dernier, nous avons voulu observer la réalité du terrain à Besançon. Notre journaliste s’est glissée le temps d’un après-midi sous le long voile noir opaque.

Balade en voile intégral dans les rues de Besançon

Voilà donc Céline Garrigues – le visage et le corps voilés de noir – s’aventurant dans les rues les plus fréquentées de Besançon. La foule est dense en ce samedi après-midi ensoleillé de septembre.
S’enchaînent sur son passage des regards souvent surpris et parfois réprobateurs, des réflexions, quelques moqueries. Sa présence ne passe pas inaperçue. C’est évident.

Je peux en témoigner car je suis l’une des deux personnes qui ont suivi Céline ce jour-là afin de prendre quelques clichés et d’observer et écouter les réactions sur son passage.

A deux reprises, la journaliste croise un véhicule de la Police Nationale. Rien ne se passe :

[quote]Je passe devant eux en ralentissant le pas, mais rien… Pas d’amende, ni d’interpellation. Les forces de police semblent être davantage attentives aux vols à l’étalage en ce samedi noir de monde.[/quote]

J’ai pris la photographie ci-dessous lors de la deuxième rencontre avec les policiers.

Des policiers sanctionnés pour ne pas avoir verbalisé ?

Une semaine environ après la sortie de la Gazettte d’octobre et la publication de cet article, Céline Garrigues signale sur Twitter que les policiers qui ne l’ont pas verbalisée risquent de se faire remonter les bretelles :

C’est un gradé de la Police nationale chargé – au Commissariat des Besançon – des relations avec la Presse qui a appelé la journaliste ce mercredi matin 19 octobre. Non pas pour lui reprocher sa promenade en voile intégral mais pour en savoir plus sur la date et l’heure à laquelle le test s’était déroulé.
Le gradé en question souhaitant également obtenir les photographies prises à cette occasion.

Face à cette demande, la journaliste m’a précisé être restée très évasive, ne donnant ni la date ni l’heure de cette rencontre avec les policiers. Date qu’elle dit d’ailleurs ne pas avoir notée « sur son agenda comme un rendez-vous habituel. »
Le gradé a pour sa part insisté. Enchaînant sur le fait que la loi est la loi, et que les agents sont tenus de la faire respecter, foule ou pas foule, d’autant qu’à Besançon, il y a très peu de personnes  intégralement voilées.

En attendant, la jeune journaliste a immédiatement contacté le SNJ (Syndicat National des Journalistes) pour savoir précisément comment réagir face à ce genre de demande. A l’évidence, il n’est pas du rôle d’un journaliste de collaborer aux enquêtes interne de l’administration et a fortiori de la Police Nationale.

On imagine aisément que cette requête de la Police ne vise pas à congratuler ses fonctionnaires.

Que risquent-ils ? L’initiative vient-elle du Commissariat ou de plus haut ?

Ce billet sera mise à jour en fonction d’éventuelles informations à venir…

Sur le Web

Grand Besançon : Mireille Péquignot vide la salle… [vidéo]

Ce jeudi soir c’était Conseil communautaire au Grand Besançon.
138 élus sont présents puis un grand vide se fait dans la salle… Que s’est-il donc passé ?

Retour sur les événements de la semaine dernière

Mireille Péquignot, conseillère municipale Nouveau Centre (Groupe UMP) et déléguée communautaire, diffuse dimanche dernier un communiqué dans lequel elle accuse Jean-Louis Fousseret « de jouer les VRP de luxe de l’entreprise espagnole CAF, concurrente d’Alstom (…) » l’importante industrie et employeur régional que tout le monde connait.

En substance Mme Péquignot reproche au Président de l’Agglomération bisontine, d’avoir confié le marché des rames du futur tramway à une entreprise espagnole. Il s’agit d’après elle d’« un véritable non sens économique, industriel, écologique et social. »

C’est le voyage de presse organisée par la CAGB sur le site de production de CAF qui semble avoir provoqué l’ire de Mme Péquignot. Plusieurs articles sont en effet parus dans la presse. On y a beaucoup lu sur l’opportunité que le tramway bisontin constitue pour la société CAF dans sa stratégie de pénétration du marché des villes françaises moyennes.

Donc pour Mme Péquignot, la messe est dite : Jean-Louis Fousseret est un VRP de luxe à la solde du constructeur espagnol.
Et histoire de déposer une cerise sur le gâteau, elle ajoute : «Des commissions ont-elles été perçues ?»

Il n’en aura pas fallu plus pour provoquer une vive réaction de l’intéressé qui affirme dans un communiqué publié dès le lendemain : « Je ne suis le VRP de personne, si ce n’est de notre ville, et de notre région, et spécialement auprès du monde économique » …
Jean-Louis Fousseret ajoute : « dois-je vous rappeler que les marchés publics de ce type sont soumis à une procédure d’appels d’offres au niveau Européen, qui répond à un strict ordonnancement juridique soumis au contrôle du juge« …

Et comme il n’a pas du tout mais alors pas du tout apprécié les allégations de commissions perçues, il prévient : «Je vous demande désormais de mesurer vos propos. Si tel n’était pas le cas, je me verrais dans l’obligation de demander à la justice de notre pays de vous rappeler les règles qui protègent la probité et l’honneur de chacun».

Les choses en étaient restées là et la passe d’armes semblait marquer le pas… jusqu’à ce jeudi soir, jour de Conseil communautaire au Grand Besançon.

Dès le début de la séance, Gabriel Beaulieu, 1er vice-président de l’Agglomération, prend la parole pour s’exprimer sur le communiqué de Mme Péquignot, le tout sur un ton de remontrance. Jean-Louis Fousseret intervient à son tour de manière indignée sur le même sujet.
S’ensuit la réaction de Pascal Bonnet (UMP) qui se désolidarise de la prise de position de Mireille Péquignot qui n’est pas encore là…

C’est à ce moment que cette dernière – en retard – entre enfin en séance. Elle prend la parole et commence à lire un long texte dans lequel elle reproche à nouveau au Président de la CAGB d’avoir opté pour un tramway espagnol…
Quelques sifflets fusent puis les élus se lèvent les uns après les autres et quittent la salle. Ne restent alors en séance que les membres du bureau et une dizaine de délégués communautaires sur 138.
Pendant ce temps, Mme Péquignot poursuit imperturbablement la lecture de son texte devant un Jean-Louis Fousseret qui ne dit plus un mot ; semblant subir le verbiage de l’élue.

Une situation totalement inédite au Grand Besançon.

Voici une courte vidéo filmée depuis les bancs réservés au public. On y entend Mireille Péquignot lisant son texte, bien seule, au milieu des rangs clairsemés.

La suite ?

On l’attend avec impatience bien-sûr.
Pour ma part je me suis permis de contacter Mme Péquignot pour connaître sa position sur la manière dont la CAGB aurait dû s’y prendre pour confier le marché des rames du tram à Alstom, tout en respectant les procédures imposées pour ce marché européen.

Il n’est en effet pas suffisant de monter au créneau avec des « y’avait qu’à ». Les Grands Bisontins attendent désormais d’entendre des arguments détaillés que Mme Péquignot ne manquera sans doute pas de leur fournir afin d’étayer son propos.

WEB : la ville de Besançon annexe la mairie de Belfort !?

La première fois que l’on découvre le portail Web de la Ville de Belfort, on a la sensation troublante d’effectuer un voyage dans le temps ; de revenir au début des années Internet.

Le site date de 2002 et depuis, son « design » et son ergonomie n’ont pas évolué d’un yota. Une rareté dans le monde d’Internet.
Voici à quoi il ressemblait en décembre 2002, il y a bientôt 9 ans.

19 décembre 2002

5 octobre 2011

A un an près donc, la Ville de Belfort aurait pu célébrer les 10 ans de son portail en même temps que les 130 de son emblématique lion de pierre. Immuables tous les deux. Le second n’ayant clairement pas à rugir rougir du premier.

Les Belfortains pourraient se targuer d’avoir le site municipal le plus « aïe ouille ça pique les yeux ! » de Franche-Comté si la ville de Lons-le-Saunier n’avait pas LE portail Internet le plus… le plus…. comment dire…

Et encore… je vous ai épargné la page d’accueil

Bref, encore cinq ans à tenir les amis et vos portails seront cultissimes, façon nostalgie des années 2000, kitsch et tout ça.

Et alors ? me direz-vous…

Et alors, libre à vous pouvez d’adhérer à ce côté « vintage », à vous régaler des GIFs animés qui glissent, tournent et clignotent. Et puis cette pointe d’excitation aventurière – quête du Graal sans cesse renouvelée – chaque fois qu’il s’agit de dégoter une information sur ce type de portails à l’ergonomie antédiluvienne. Question de goût.

Par contre ce qui est ballot, de la part d’une ville comme Belfort, c’est de ne pas avoir pris la précaution d’acquérir certains noms de domaines par mesure de précaution.

Explication. Le portail de la Ville de Belfort se trouve à l’adresse www.mairie-belfort.com

Les responsables du site ont pris la peine d’acheter également le nom de domaine www.mairie-belfort.fr qui pointe automatiquement vers la première adresse en .com

Mais quid des autres adresses proches qu’ils ont laissées « dans la nature » à la merci du premier venu ?

Exemple édifiant. Cliquez pour voir : http://www.villebelfort.fr/

Etonnant non ? Mais rassurez-vous, la Ville de Besançon n’y est pour rien. Pas d’annexion du 90 par le 25. Juste un petit plaisantin (pas moi promis) qui a acquis le nom de domaine villebelfort.fr et l’a automatiquement redirigé vers le portail bisontin.

Cette plaisanterie a été découverte et diffusée aujourd’hui sur Twitter  par @blogbesancon

Rien de méchant donc.

Maintenant imaginez un peu que ce nom de domaine pointe vers un autre type de contenu : site pornographique, page web diffamante, site douteux se faisant passer pour le site officiel de la mairie de Belfort dans le but de récupérer des informations privées…

On appelle cela : « cybersquatting » (ou -tage si l’on préfère franciser). Wikipedia nous en donne cette définition :

Le cybersquattage, plus couramment désigné par l’anglicisme cybersquatting, est une pratique consistant à enregistrer un nom de domaine correspondant à une marque, avec l’intention de le revendre ensuite à l’ayant droit, ou d’altérer sa visibilité.

Bien évidemment, la législation et la jurisprudence ont évolué et permettent désormais aux personnes morales et entreprises victimes de cybersquatting de récupérer les noms de domaines abusivement détournés. Mais cela se fait au prix d’une procédure qui peut être longue.

Pour éviter cela, les sociétés privés et les collectivités ont vivement intérêt à acquérir les noms de domaines qui peuvent les identifier ; en commençant par réserver les extensions courantes : .com .fr .net .org .eu

Pour exemple, voici quelques noms de domaines acquis par la Ville de Besançon et la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon :

Notons que dans le cas de la Ville de Belfort, la plupart des noms de domaines « sensibles » attendent acquéreur : www.mairie-belfort.net mairiebelfort.fr .com .net mairiebelfort.fr .com .net villedebelfort.fr .com .net …

A moins de 10 euros par an le nom de domaine, la ville de Belfort fait de sacrées économies !

Oups… je file acheter bisonteint.fr .com …

PS : amis Belfortains… approchez… que je vous souffle ceci à l’oreille : en me moquant de votre site municipal il semblerait que je fasse une très mauvaise action… Je me moque d’un mourant. Ou plutôt d’un phénix mourant qui devrait renaître de ses cendres dans quelques heures. Même sans avoir vu ce futur nouveau portail belfortain, on peut affirmer sans risque qu’il sera bien mieux que l’actuel… et c’est peut-être bien celui de Besançon qui prendra un coup de vieux.

Bienvenue dans les années 2010. Hein les Lédoniens ((Les Lédoniens sont les habitants de Lons-le-Saunier)) ?


Pour aller plus loin : à propos du cybersquattage ou …ting

Découvrez Besançon depuis Chaudanne en très haute résolution

Voici un panorama très haute résolution du centre-ville de Besançon. Il est réalisé à partir d’un assemblage de 47 photographies de 10 mégapixels prises depuis le belvédère de Chaudanne.

L’assemblage a pris plusieurs heures et n’est pas parfait. Vous trouverez à certains endroits des raccords surprenants…

Zoomez à l’intérieur de l’image, laissez votre oeil se balader dans Besançon et cherchez les détails surprenants. N’hésitez pas à partager vos découvertes dans les commentaires.

Déplacement de la statue du marquis : le sculpteur Pascal Coupot s’exprime

J’ai déjà publié plusieurs billets sur le sujet du déplacement annoncé de la statue du Marquis de Jouffroy d’Abbans. Vous trouverez chronologiquement un résumé de cette « affaire » ici, et encore là.
J’ai eu aussi un contact par email avec Pascal Coupot – le créateur de la statue – à qui j’avais proposé de s’exprimer sur le blog.
A ce jour, Pascal Coupot est toujours dans l’attente que les services de la mairie de Besançon prennent contact avec lui afin de le consulter sur la destination future de son oeuvre.
Il me transmet aujourd’hui ce texte que je publie en intégralité.

La vraie question du déplacement de la sculpture de JOUFFROY d’ ABBANS

L’important pour moi n’est pas la polémique avec la mairie dont je n’aurais que faire si je n’en étais l’otage.
L’important est que la sculpture continue de répondre à son concept. Je m’explique: cette oeuvre est l’aboutissement d’une réflexion et d’une démarche autour du personnage de JOUFFROY d’ ABBANS.

Au XIXe siècle, le lieu situé entre l’église de la Madeleine et le Pont Battant a été baptisé « Place Jouffroy d’ Abbans », en hommage à l’inventeur du bateau à vapeur. Une sculpture en bronze a été commandée à Charles GAUTHIER, installée sur un gros piédestal en pierre au centre de cette place.

En 1941, les Allemands ont déboulonné la sculpture puis l’ont refondue, ayant besoin d’alliage cuivreux pour leur armement. Disparue donc. La ville commanda à un autre sculpteur, Jean JEGOU, une nouvelle oeuvre, cette fois-ci en béton. Pour des raisons de traffic routier et rayon de braquage, etc..la place a disparu pour devenir un simple carrefour mais le lieu a gardé son nom et la seconde sculpture en béton sur le socle en pierre de la première a été installée au jardin des senteurs, quai de l’Helvétie, où elle se trouve toujours.

Les associations de quartier, riverains, commerçants, etc, désiraient la réimplantation de cette sculpture place Jouffroy, la ville avait presque donné son accord quand elle s’est rendue compte qu’il n’y avait pas la place pour l’y installer. C’est alors que j’ai proposé de réaliser une autre sculpture pour le prix estimé alors du seul déplacement de la sculpture en béton et de son socle.

Mon concept était le suivant: comme il n’y a pas de place sur la place, qui d’ailleurs n’existe plus, pour une sculpture, je la place sur le trottoir adjacent , c’est-à-dire quai Veil Picard. Il n’est bien sûr pas sur le trottoir pour faire le tapin, mais descendu volontairement de son piédestal pour devenir un piéton comme les autres parmi les Bisontins, le seul détail le différenciant étant le costume de son époque. Ainsi désacralisé, sur le même plan que ses semblables, les familiers du lieu se sont habitués à lui et comme vous l’ont adopté.

A cet endroit, il est devant sa plaque commémorative, plaque discrète qui en quelques mots nous le présente, mais pourtant son regard se perd au-delà du garde-corps, dans l’eau du Doubs, lieu de son invention où il laisse aller sa rêverie de visionnaire. De plus, placé comme il l’est, cet homme progressiste du siècle des Lumières tourne le dos à l’ église de la Madeleine, comme le faisait la première sculpture de sa représentation au centre de la place. Enfin, détail important: la sculpture a été conçue pour cet endroit précis et les pointes de ses souliers sont légèrement relevées afin de sembler se poser naturellement sur la pente du trottoir qui permet le ruissellement des eaux de pluie. Ailleurs, il aura les talons dans le vide ou le bout des pieds sous terre.

Une sculpture, c’est tout cela, ce n’est pas du mobilier urbain ! Un banc peut être mis à l’ombre s’il fait chaud puis déménagé au soleil si la saison se rafraîchit.

Une sculpture, c’est plutôt comme un suppositoire, si on se trompe d’endroit pour le mettre, on n’obtient pas du tout l’effet escompté et pourtant c’est toujours un suppositoire, mais il devient alors inutile voire indigeste …!

Par conséquent, cette sculpture, qui est parmi mes autres réalisations la plus connue, la plus reconnue, la plus publiée, photographiée et sans doute la plus aimée du public est ma carte de visite.
Elle m’a demandé pas moins de 1200 heures de travail pour un prix total qui ne couvrirait pas aujourd’hui le seul coût de fonderie. Je vous passe les détails de ce qu’un artiste peut s’entendre dire parfois, en conclusion je demande seulement à ce que ce Jouffroy ne ne soit pas baffoué, mais réinstallé après une vraie réflexion et recherche de ma part, en concertation avec la ville, comme d’ailleurs la loi l’impose.

Je vous remercie de votre soutien, à vous, aux Bisontins, aux internautes qui se sont sentis concernés pour que cette sculpture ne soit pas abandonnée au fond d’une cave pendant deux ans, mais c’est sa réinstallation définitive qui me préoccupe le plus. Sur le futur pont Battant, comme je l’ai lu quelque part, je ne sais pas, il me semble un peu prématuré, là encore, de l’annoncer sans vérifier que le lieu se révélera judicieux, ce qui reste mon domaine de compétence. En attendant le contact constructif des services de la ville.

Bien à vous,

Pascal COUPOT

Laissez venir au tram les petits enfants

Toutes les écoles de Besançon ont reçu récemment un courrier de Jean-Louis Fousseret dans lequel ce dernier ne tarit pas d’éloges pour… LE TRAIN :

Extrait :

[quote]Le train a toujours fait rêver les petits et les grands, et le TGV n’a toujours pas détrôné la bonne vieille locomotive à vapeur dans l’imaginaire collectif.

C’est ainsi que le train et son environnement sont toujours très présents dans les dessins d’enfants, dans leurs jeux, et forcément dans votre enseignement [il s’adresse aux enseignants ndlr].

Empreint d’histoire et de modernité ; marquer de progrès techniques et de prouesses technologiques ; porteur d’avancées sociales et de voyages, le train est certainement l’un des moyens de transport d’avenir tant il est conforme aux nécessités de sécurité et de développement durable.[/quote]

Certes oui bien sûr c’est beau un train. On en a tous dessinés étant petits et on a tous joué à tchou tchoooou même si les locos à vapeurs c’était bien avant nous. Nos mouflets en font d’ailleurs autant.
Mais pourquoi notre maire expose-t-il ainsi et maintenant sur la place publique cet attrait, ce penchant, cet amour immodéré pour le chemin de fer ?

Suite :

[quote]Dans quelques jours se déroulera, à l’initiative de l’association Rail Miniature 25, une exposition de maquettes, y compris celle grandeur nature, du futur tramway de l’agglomération bisontine.[/quote]

Mmmmmm… tiens donc

Re-suite :

[quote]Afin de soutenir l’initiative des bénévoles exposants, j’ai souhaité permettre aux enfants d’effectuer une visite de ce salon sur le site de Micropolis les 24 et 25 septembre. Pour cela, j’ai décidé de leur offrir les entrées jointes à ce courrier, et j’ai pensé que vous accepteriez de vous associer à cette démarche en les distribuant à vos élèves.[/quote]

Et pour achever de convaincre l’enseignant :

[quote]Des invitations pour vous-même et vos collègues sont jointes à cet envoi.[/quote]

Résumons :

les fanas de train miniatures et autres maquettes ferroviaires tiendront salon ce week-end à Micropolis. Heureuse nouvelle car le train est LE moyen de transport merveilleux que les enfants adorent. Il est en outre sécurisé et parfaitement écologique. Le must.
DONC : le Maire de Besançon a décidé d’offrir généreusement l’entrée au salon des petits trains aux plus jeunes bisontins…
HASARD INCROYABLE : la maquette grandeur nature du futur tramway sera justement exposée pour la première fois à ce salon.
On l’a d’ailleurs (un peu) mentionné sur les entrées gratuites.

Scène 1 (au retour de l’école)

Léo : — Papa ! Maman ! J’ai une entrée gratuiiiiiiiiiite pour aller voir les petits trains !

Papa : — Fais voir ça. Euh… mouais… c’est gentil mais du coup nous on va devoir payer nos entrées adultes…

Léo : — Aller ! Aller ! En plus y’aura le tramway de Besançon !

Maman : — Ah non ! Pitié ! Pas le tram ! Les impôts !

Papa : — Les platanes !

Maman : — Les travaux ! Les commerces qui ferment !

Papa : — Les bouchons !

Maman et Papa : — On n’en veut pas !

Léo : — Si ! Si ! Moi je VEUX y’aller !!!

Scène 2 (au retour du Micropolis)

Papa : — Alors ça t’a plu les petits trains ?

Léo : — Bah tu sais y’avait que les adultes qu’avaient le droit de jouer avec, alors…

Maman : — Moi je l’ai trouvé joli le tram.

Papa : — Oui pas mal c’est vrai. A part peut-être ce bleu chiasseux.

Maman : — Ça fait un peu salle de bain non ? J’aurais préféré le blanc c’est sûr. Le Maire aussi à c’qu’on dit.

Papa : — N’empêche que ça donne plus envie que le bus…

Maman (en aparté) : — Tu crois qu’il aura des entrées gratuites le gamin pour le salon de l’érotisme ?


Pour aller plus loin


Victor, il faut qu’on parle

« Victor, il faut qu’on parle. »

Voilà une entrée en matière qui devrait lui couper la chique à l’écrivain.
Faut dire que les formules pompeuses et les courbettes, notre illustrissime n’en a que trop soupé de son vivant.
Une désaccoutumance s’impose. Donc : privé de “Monsieur Hugo”. Voilà.
Lui donner du “Victor” est une bien meilleure idée. Juste ce qu’il faut de familiarité pour le prendre par surprise et attirer son attention.
Une tactique, une ruse. Un coup à lui déboulonner le piédestal.
À lui faire prendre l’humilité.

« Victor, il faut qu’on parle. De Bisontin à Bisontin. Tu dois savoir ce qui se passe ici et qui risque d’empirer bientôt. »

À Besançon, Victor Hugo c’est un peu notre mistral à nous.
Impossible d’arpenter la ville sans que son souffle légendaire vous attrape et s’incruste.

Victor est partout – représenté, emprunté, cité, vanté, détournée, jeudemotisé, revendiqué, commémoré, exposé, statufié, embusté, moulé, commercialisé.
Il est multiforme : restaurant, cinéma, chocolat, résidence, agence immobilière, montre de luxe, gâteau, collège, lycée et bientôt rame de tramway.

C’est au pied de la Porte Noire – à l’endroit où la ville devient haute – que l’on trouve l’épicentre de ce culte hugolien.
On trouve là la maison natale du grand homme.

Héberger dans notre ville la maison natale d’un personnage de cette trempe – ne boudons pas notre plaisir – c’est épatant. Profitons-en.
Devenons petite souris et observons l’effet “Victor Hugo est né à Besançon. Victor Hugo was born in Besançon. Victor Hugo kam in Besançon zur Welt. Victor Hugo nació en Besançon. 维克多雨果出生在贝桑松 … ” :

Voici un touriste. Celui-ci fait étape devant le numéro 140 de la Grande rue. Il contemple l’illustre bâtisse, ému et l’œil humide. Notre homme questionne un autochtone :

[quote]

touriste (excité) — C’est donc là que Victor Hugo a écrit les Misérables ?

Bisontin (amusé) — Euh, non

touriste (naïf) — Et Notre-Dame de Paris ?

Bisontin (blasé) — Non plus

touriste (perplexe) La Légende des siècles alors ?

Bisontin (lassé) — Du tout non

touriste (perturbé) — Alors il a écrit quoi ici ?

Bisontin (cinglant) — Rien

touriste (désappointé) — Il y a fait quoi alors ?

Bisontin (agacé) — Il y est né

touriste (déçu) — C’est tout ?

Bisontin (goguenard) — Non, non. Il y a tété aussi.

touriste (dépité) — Ah.[/quote]

« Alors Victor ? Des souvenirs de cette maison ? Non, n’est-ce pas ? »

Comment lui en vouloir ?
Naissance, premier cri, premiers langes et déjà – à l’âge de six semaines – le départ définitif.

Alors quoi de bisontin chez Victor hormis son acte de naissance ? Des racines comtoises peut-être ?

Que nenni : maman Hugo était nantaise et papa, nancéien. Ce dernier – militaire de carrière – était en garnison à Besançon depuis six mois lorsque le petit Victor naquit le 26 février 1802.

Un rapide calcul nous laisse d’ailleurs entrevoir que les parents Hugo n’étaient pas encore installés à Besançon lorsqu’ils réservèrent une cigogne pour février 1902. Mais respectons l’intimité des familles illustres…

Victor Hugo aura donc traversé le ciel de Besançon comme une étoile filante… pffffffffuit !

Cela n’empêcha pas les édiles bisontins d’en faire des tonnes : Besançon, terreau du génie hugolien et bla bla bla.
En vérité, la ville fut l’humble berceau d’un enfant prodige qui ne revint jamais.
Le poète-romancier-politicien (etc) que l’on célèbre dans notre ville – cet homme-là s’est construit bien loin d’ici : à Paris, en Espagne et en diverses terres d’exils.

Le pompon d’or de l’hugolatrie locale revient sans conteste à cette statue qui trône Promenade Granvelle depuis 1902. Elle fut sculptée à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain.

L’œuvre aurait donc pu ressembler à quelque chose comme ça. ➜
Mais non. On demanda à Just Becquet – le sculpteur – quelque chose de grand, de majestueux afin de célébrer dignement la superbe de notre glorieux natif.

L’artiste ne fit pas dans la demi-mesure.
← Il commit cela.

Du second degré vous dites ? Si seulement.
L’humour est le grand absent de la relation crispée entre Victor Hugo et Besançon. Trop de sérieux dans cette affaire.

« Pourtant Victor, en voyant cette (hi hi hi) statue, on peut se demander si les Bisontins de 1902 – supposés reconnaissants – ne te vouaient pas plutôt une sourde rancune. Qu’en penses-tu ? »

A la vérité, ils auraient bien fait  – nos taquins ancêtres – de lui régler son compte au Totor avec cette statue grotesque. Car le passif était de taille.

Explication : en 1831, Victor Hugo publie Les Feuilles d’automne – un recueil de poèmes.
L’un d’eux en particulier restera célèbre. L’auteur y évoque sa naissance ainsi que sa ville natale.
Ce sera la seule et unique fois… et il aurait mieux fait de s’abstenir.

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi.

Ah ! Le coup de « Besançon vieille ville espagnole » ! C’était aussi petit qu’historiquement faux.

« ¿Todo está bien en tu cabeza Victor?
Qu’est-ce qui t’est passé par la tête pour pondre une énormité pareille ? »

Le pire c’est que ça reste ce genre de citation. Ça imprime la mémoire collective – et bien au-delà de la Boucle du Doubs.
Et tout ça à cause d’une rime en -ole.

« Alors ? Tous ces touristes qui sillonnent la rue d’Arènes en quête de corridas et de tapas, c’est toi qui leur explique Victor ? »

N’empêche : pas si rancuniers les Bisontins car l‘hugolatrie revient ! Une nouvelle crise semble même imminente et les premiers symptômes sont observables sur le site Web de la Fédération nationale des maisons d’écrivain & des patrimoines littéraires

« Figure-toi qu’en 2013, ta maison natale deviendra « Maison d’écrivain ». Un lieu entièrement consacré à ta mémoire. »

Et pourquoi pas plutôt une « crèche Victor Hugo » ? En plus d’être utile ce serait un hommage rafraîchissant rendu à notre illustre nouveau-né. Non ?

Un soupçon d’autodérision serait en outre salvateur. Il apporterait un peu d’air frais. Juste un souffle de vent pour chasser cette lourde poussière muséale qui a fini par recouvrir l’enfant curieux et le jeune homme ambitieux que Victor Hugo a été. Je parie qu’il souriait quand il était enfant.

« Aller Victor, on passe l’éponge. Je t’offre un vers ! C’est un certain Maxime qui l’a écrit. C’est de circonstance je crois : »


[quote]Être né quelque part. Pour celui qui est né. C’est toujours un hasard.[/quote]



Pour aller plus loin

Voici une authentique anecdote relatée dans le Gaulois du 15 janvier 1896 (n°5183) consultable sur Gallica.
Visiblement, on n’a pas attendu le 21ème siècle pour trouver des Bisontins grognons un poil iconoclastes.