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Pétain et le vrai travail : quand Mélenchon et la presse mettent les pieds dans le fake…

« Le vrai travail »

Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy pond cette formule. Enfin disons qu’il utilise ce nouvel élément de langage que ces conseillers lui ont suggéré.

Dans la ligne de mire : le 1er mai et la Fête du Travail dont Nicolas Sarkozy ne veut pas laisser le monopole à ceux qu’il cite du bout des lèvres tellement ces mots l’écœurent : les syndicats, la gauche… beurk !

Non non tous ces gens ne sont pas les VRAIS travailleurs. Que les non syndiqués, les non gauchisant manifestent aussi ce jour-là ! Qu’ils disent haut et fort à quel point le travail les rend libres, épanouis et heureux. Car ce sont eux les vrais travailleurs. Bien sûr bien sûr.
Et Henri Guaino de défendre dès le lendemain sur France Inter, l’idée présidentielle en évoquant que le 1er mai ce sont les permanents syndicaux qui manifestent traditionnellement. Pas les VRAIS travailleurs… sous-entendu : pas les VRAIS Français. hein Henri ? Pendant qu’on y est…

Bref, encore une fois, c’est la France que l’on cherche à diviser. C’est parfois habile de « diviser pour mieux régner » mais voilà, tout le monde n’arrive pas à la cheville de Jules Cesar…

Et paf !

Voilà que mercredi une image fait le tour du Net en quelques heures. Reprise, partagée, retweetée. Le Web français adore. Enfin disons plutôt le Web français de gauche adore car voici l’affiche en question :

ÉNORME ! Une affiche de propagande pétainiste. Elle daterait de 1941. Le gouvernement de Vichy avait lui-aussi voulu récupérer le 1er mai qui était alors la Fête des Travailleurs et une date symbolique pour la gauche française. Et Pétain n’avait rien trouvé de mieux à l’époque que d’utiliser la formule « Fête du vrai travail« … Han !
La sang du twitto ou du facebookien de gauche ne fait alors qu’un tour : « Dingue ! Sarko reprend un slogan de Pétain » et zou… il partage et l’affiche buzze en quelques heures.

Et moi ? J’avais le doigt sur le retweet, pas plus malin que les autres. Mais peut-être un peu plus méfiant et plus joueur aussi. J’ai juste voulu vérifier avant de partager à mon tour et j’ai alors utilisé la fonction de recherche inversée d’images de Google (cliquez donc sur le petit appareil photo pour voir). Cet outil m’avait déjà permis une sacrée découverte il y a quelques mois 🙂

Donc « clic » et pffff…. déception ! Cette affiche est bidonnée. C’est juste un fake… on a ajouté le mot « vrai » au bon endroit, à la place de la francisque vichyste.
L’image qui buzze est à gauche, l’originale est à droite :

L’original sur le site « Anne FranK – graine de mémoire

Je fais une rapide recherche sur Twitter et je vois que d’autres personnes ont repéré le fake. Mais l’affiche est retweetée à tout va. Les twittos ne vérifient pas. J’en avertis certains.
Je vais alors voir sur Facebook et là j’hallucine : les militants PS et les gens de gauche s’en donnent à coeur-joie. Des élus de ma connaissance aussi…Tous partagent et en rajoutent dans les commentaires sur la droitisation de Sarkozy.

Alors, tel le roquet, je pousse mon coup de gueule sur Facebook sur le registre : « et si on faisait preuve d’esprit critique hein les gens ? Et pas seulement avec ce qui nous arrange ! »
C’est vrai quoi : il y a des tonnes de raisons de dénoncer la dérive droitière de l’entre-deux tours… et le premier fake qui sort, on tombe dedans à pieds joints au risque de décrédibiliser tout le reste. Dommage non ?

Deux jours passent

Ce matin Jean-Luc Mélenchon est l’invité du 7/9 de Patrick Cohen sur France Inter. Il dit des choses fortes et justes sur la droitisation en cours. Et voilà que P.Cohen l’interroge sur la une de l’Humanité renvoyant dos à dos Sarkozy et Pétain. Mélenchon répond que cette une était appropriée et il ajoute (écoutez bien) :

[iframe http://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F44531495&auto_play=false&show_artwork=false&color=ff7700 570 166]

[quote](…) de la même manière que parler de Fête du travail et dire que c’est le ‘vrai travail’, c’est mot pour mot le texte de l’affiche du Maréchal Pétain en 1941
[/quote]

Voilà. Pour Mélenchon comme pour de nombreux Internautes sympathisants de gauche, cette image a été vue sur le Net, elle a été diffusée par un grand nombre de personnes et DONC, elle est véridique. Forcément. Ballot non ?
Non. Disons plutôt que c’est effrayant de constater qu’un candidat à la Présidence de la République soit si mal informé et conseillé. Attristant au final de voir qu’un discours juste perde une bonne part de sa crédibilité en s’appuyant sur un simple fake.

Heureusement qu’il y a les journalistes alors ?

Eh bien non ! Même pas figurez-vous. Patrick Cohen n’a pas fait remarquer sa bourde à Mélenchon et le meilleur reste à venir : l’agence REUTERS a pondu une dépêche contenant la citation de Mélenchon au sujet de cette affiche et de nombreux journaux en ligne ont repris ce contenu sans même l’avoir vérifié : NouvelObs, Libération, le Parisien, le Point et même le Figaro !

On en est là, les fakes s’invitent désormais dans l’élection présidentielle. Et ça passe.

Pour aller plus loin

Jean-Luc Mélenchon au 7/9 de Patrick Cohen ce 27 avril 2012 :
[iframe http://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F44532182&auto_play=false&show_artwork=false&color=ff7700 570 166]

Cet embouteillage vous est offert par Nicolas Sarkozy

C’était, il y a deux semaines (presque). Un vendredi noir que les Bisontins ne sont pas prêts d’oublier. C’était le vendredi du Grand Bouchon.

Soudain, aux alentours de 17 heures, tout s’est bloqué. Rues, boulevards, avenues… constipation circulatoire généralisée. Les Bisontins – couillons – sont restés là dans leurs boîtes à quatre roues parfois contraints de patienter pendant une ou deux heures à quelques centaines de mètres de chez eux.
Patienter. En voilà un doux euphémisme, car dans ce genre de situation on trépigne plus qu’on ne patiente. On hurle contre le connard-de-70 qui vient de la droite et tente de se faufiler à la Cosaque. On grogne contre le bus qui pue là, juste à côté. Et on injurie la donzelle qui feint de ne pas voir les autres véhicules – histoire de ne pas se sentir obligée d’en laisser passer quelques-uns.
Au milieu de cette occlusion routière, on oublie vite les bonnes manières. Courtoisie et gentlemanie à quoi bon ? En trois mots : ça rend con.

Pouët ! Tuuut ! Bordeeeeeeeeeeeeel !!!! Connaaaaaaaaasse !!!

Au final, les Bisontins en sont sortis sains et saufs de ce grand embouteillage. De très mauvais poil, ils ont reintégré leur petit nid douillet et ont immédiatement oublié la donzelle, le bus et le connard-de-70. Par contre, il ont pointé du doigt LE VRAI RESPONSABLE.
Un responsable tout désigné qui n’avait pas besoin de ça pour être malaimé, le pauvre. Le tramway ! Le Grand Méchant Tram ! L’enfoiré ! Salopard va !
Ce satané tramway et son chantier qui vous retourne la ville façon Beyrouth-sur-le-Doubs… Bien sûr que c’est à cause de lui. Et ça ne fait que commencer. Paraitrait même qu’il faudrait trouver autre chose que la voiture pendant deux ans. Pour plus de tranquillité qu’ils disent. Vélo, trottinette, cheval, pieds… Non mais dingue quoi !

Il y en a pourtant que cette joyeuse pagaille pourrait bien servir à terme : je parle des ambitieux de l’opposition municipale (de droite). Pour eux, les nuisances dues au chantier du tram sont du pain béni. Eux n’en ont pas voulu de ce tramway. Ils le détestent et l’affublent de tous les maux : le tram est inutile, surdimensionné, il est espagnol, c’est une lubie du maire, un puits sans fond qui va plomber les impôts des Bisontins, etc. L’engin de malheur et les nuisances qui l’accompagnent offrent matière à taper, cogner, baffer la majorité municipale (de gauche) qui — elle — soutient son tramway corps et âme.
L’impopularité du tram disparaitra sans doute le jour où il sera réellement mis en circulation. Mais cet horizon est encore bien lointain et avant de l’atteindre, que de nuisances à venir !
Des nuisances et… des élections municipales, en 2014…

Les bouchons et le mécontentement qui va avec, voilà donc un sujet que l’on prend très au sérieux du côté de la Mairie de Besançon. Dès le lundi qui a suivi le Grand Bouchon, une réunion de crise s’y est d’ailleurs tenue. Branle-bas de combat, urgence, priorité absolue : il fallait trouver les raisons et les solutions. Pas possible que le Grand Bouchon devienne hebdomadaire, voire quotidien.

l’Est Républicain – 20/03/2012

Le vendredi suivant, les services municipaux ont donc pris quelques mesures de bon sens et surtout, la police municipale a joué le rôle de fluidifiant. Des agents à chaque carrefour à risque, un coup de sifflet par-ci, un regard autoritaire par-là et hop hop, tout s’est passé comme sur des roulettes. Mieux qu’un vendredi normal d’avant les travaux. Ouf !
On se croyait donc sorti d’affaire. Plus de vendredi noir à l’horizon.

Mais c’est dans ce contexte optimiste que la nouvelle est tombée : Nicolas Sarkozy sera en meeting à Micropolis ce vendredi 30 mars à 17 heures.

On ne pourrait pas trouver mieux pour générer un nouveau bouchon record :

  • Micropolis, un point noir hautement bouchonnable,
  • un vendredi soir à 17 heures : on ne pouvait choisir pire heure,
  • Nicolas Sarkozy : fourgons de CRS, sécurité partout, des cars de militants qu’on achemine de tout l’Est de la France afin de simuler l’immense popularité du Président-candidat…

Voilà voilà… Nicolas Sarkozy aurait voulu mettre le feu dans une ville gérée par la gauche, il ne s’y serait pas pris autrement.

Mais au fait, pourquoi Sarkozy à Besançon ?

Il parait que les militants UMP Francs-Comtois faisaient le forcing depuis quelques semaines pour obtenir un meeting à Besançon. Eh bien c’est fait. Mais cette fois, si un bouchon monumental se produit, la responsabilité devra être co-assumée : le tram, Sarko et l’opposition locale qui aura tout fait pour faire venir son héraut à Micropolis un vendredi soir à 17 heures. De là à dire qu’ils l’ont fait exprès… Merci d’avance.

Quant aux militants Hollandistes — s’ils veulent faire preuve d’humour et d’opportunisme politique — ils profiteront sans doute du grand embouteillage de Micropolis pour y distribuer des tracts avec un petit feuillet bonus précisant :

[quote]Cet embouteillage vous est offert par Nicolas Sarkozy et l’UMP locale. Patience. Plus que quelques semaines.[/quote]

Quand Hollande pique les jeunes de Sarkozy

Faut dire qu’il est drôlement chouette ce cliché.

Cette foule à perte de vue comme un fleuve qui avance. Ces visages, jeunes pour la plupart, aux expressions calmes et joyeuses à la fois . Ces regards dirigés à l’unisson vers le même point, la même personne, le même homme ; dans l’attente d’un instant heureux qui semble imminent.

Cette photo vous pouvez l’admirer sur le tout récent site Web Les Jeunes avec François Hollande. Plus simplement abrégé « JFH ».

L’homme vers lequel cette foule se tourne c’est donc lui : François Hollande – le candidat préféré des Français dans les sondages pour la Présidentielle de 2012. En tout cas pour le moment…
Le site web de ce mouvement, visible à l’adresse http://hollandeaveclesjeunes.fr est aussi représenté sur les réseau sociaux :

  • une page Facebook proclamée « page officielle des jeunes qui soutiennent François HOLLANDE dans le cadre des primaires du PS en vue de l’élection présidentielle » ;
  • un compte Twitter présenté comme « le compte officiel des jeunes avec François Hollande pour 2012 »

Ce mouvement se dit officiellement reconnu par François Hollande. Voir l’échange de tweets ci-dessous.

(le tweet a été effacé vers 23h25 par son auteur suite au buzz provoqué par ce billet)

Et la photo ?

La photo m’a intrigué. J’ai d’abord eu l’impression qu’elle avait été prise lors d’un concert. J’ai donc voulu savoir lequel avec à l’idée cette question : « les personnes visibles sur ce cliché – et par ailleurs parfaitement reconnaissables – sont-elles au courant que leur image est exploitée à des fins politiques ? »

Bref, je me suis mêlé de ce qui ne me regardait pas. Mode « cherchage de petite bête » ou « je vois le mal partout ». Au choix.
Pas besoin de chercher longtemps puisqu’en utilisant un outil bien pratique, j’ai rapidement pu retisser l’histoire de cette chouette photo.

Alors à votre avis ?
Un meeting de François Hollande ? Non.
Un concert de Muse ? Non plus.

C’est tellement plus drôle.

Le photographe se nomme Gueorgui Tcherednitchenko. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2007, il a réalisé une série de photos des candidats menant meetings.

Alors ?

Alors tenez-vous bien : cette photographie a été prise lors du meeting que Nicolas Sarkozy a tenu à Bercy, le 29 avril 2007. En attestent l’image et les détails présents sur le portefolio de l’auteur ou sur son compte Flickr.

Une foule attend l'apparition de Nicolas Sarkozy lors de son meeting de campagne de Bercy à Paris

Une foule attend l’apparition de Nicolas Sarkozy lors de son meeting de campagne de Bercy à Paris

Voici une situation plutôt cocasse non ?

En 2007, ces gens venaient soutenir Nicolas Sarkozy (UMP). A cette occasion leurs bobines et leurs expressions ont été immortalisées.
Quatre ans plus tard, tout cela se retrouve sur un site de soutien à François Hollande, candidat PS pressenti pour être le principal adversaire de Nicolas Sarkozy en 2012. Oups.
Ces gens se reconnaitront sans doute. Apprécieront-ils ce tour de passe-passe ? Les déçus du sarkozysme peut-être mais les autres ?

Une photo ne saurait se contenter d’être réussie techniquement et artistiquement. Elle a toujours une histoire. Vouloir lui en faire raconter une toute autre, c’est prendre le risque de la voir se retourner contre vous.

Pas sûr que François Hollande appréciera cette initiative.

Bonus

Mise à jour à 23h05 : après le gros buzz généré par ce billet sur Twitter, la photo a été mise hors ligne vers 23h00… heureusement que j’ai pensé à capturer le tout 😉

Oh ! Sourire… d’autres sites de gauche auraient emprunté cette photo…

Mise à jour à 23h30 : le compte Twitter @JeunesFHollande s’exprime et efface le tweet dans lequel il affirmait être reconnu par François Hollande (voir ci-dessus)

Une erreur ? Etonnant non ?

Ah ! Un peu d’humour. Bah voilà !

Donc si : ce site est bien reconnu par François Hollande… il va aimer tient 🙂

Sarkozy et la LGV ou l’art d’inaugurer le futile en oubliant l’essentiel

5-4-3-2-1-go ! go ! go !

La portière s’ouvre puis se referme.
Le convoi démarre, motards de la Garde républicaine en tête.
La ville, les feux verts, orange, rouges peu importe. On passe.

Le tarmac. Les réacteurs qui sifflent. Quelques militaires au garde-à-vous.
A peine installé que déjà l’avion s’élance et décolle. Cap au sud. Vers la Côte d’Or. Pas de temps à perdre, tout est programmé, minuté, organisé.

Atterrissage, autres militaires, autre voiture blindée. Re-portière, re-convoi et les motards en tête.
Cette fois c’est la province, les gens ne sont pas blasés. Ils regardent passer cette caravane de voitures noires qui n’offre pas de casquettes et ne précède aucun peloton.

Le convoi s’arrête, portière qui s’ouvre, poignées de mains, sourires sincères – ou pas.
C’est la gare de Genlis qui n’est même pas encore sur la LGV ((Ligne à Grande Vitesse)).
Ne pas s’en rendre compte. Marcher vite sur le quai. Être disponible quelques instants pour les photographes, les caméras et les micros de la presse régionale. Puis monter dans ce TGV neuf et propre et s’installer à bord avec quelques ministres et un pool de journalistes autorisés. Patienter un quart d’heure.

Arriver à la gare de Besançon FrancheComté TGV qui n’est pas à Besançon mais à Auxon. Ne pas avoir le temps de s’en apercevoir.
Descendre, poignées de mains, sourires, accolades circonstanciées. Des élus, des hauts fonctionnaires, des entrepreneurs, quelques autochtones triés sur le volet ou invités en remerciement de « services rendus ».

La visite – chronométrée – présentation du matériel, des engins. Se dire impressionné par notre industrie nationale tellement performante.

Puis vite, l’heure qui tourne. Saisir la paire de ciseaux posée sur le coussin, couper le ruban, inaugurer.

Applaudissements.

Petits fours, champagne mais pas le temps. C’est l’heure de la photo.
Alors se placer au centre d’un groupes de techniciens et d’ouvriers avec casques et gilets fluo. Prendre un air paternaliste et fier. Laisser les photographes immortaliser la scène.
Une petite phrase improvisée peut-être.

C’est fait.

Remonter dans le TGV. A bord, discuter avec quelques cheminots. Sourires, poignées de mains, tapes amicales dans le dos et gratitude exprimée à cette « France qui travaille et innove ». Le tout sous les micros et objectifs de la presse conviée.

Descendre en gare de Belfort-Montbéliard TGV – qui se trouve en fait à Meroux, mais tout le monde s’en fout.
Poignées de mains, sourires, quelques accolades circonstanciées. Des élus, des hauts fonctionnaires, une poignée d’autochtones triés sur le volet ou invités en remerciement de « services rendus ».
Visite du petit musée du TGV installé pour l’occasion. S’intéresser, s’émerveiller. Photos, micros, caméras…

Écourter la visite. Le temps qui file. Se diriger à grandes enjambées vers le hall de cette gare où n’a encore retenti aucun

S’installer derrière le pupitre – toujours le même. Adresser une signe de tête doublé d’un sourire à une personne reconnue au premier rang. S’il n’y en a pas, faire semblant. Ça fait « convivial » et c’est parfait pour la télé. Car ça passe à la télé.
Maîtriser ses nerfs, son épaule gauche.

Prendre la parole. Un discours de plus :

[quote]Bla bla bla nouvelle Ligne à Grande Vitesse bla bla premier tronçon Rhin-Rhône bla bla bla Franche-Comté bla bla Belfort bla bla Alstom bla bla bla 30 ans du TGV bla bla 1981 (enfin une raison de célébrer cette année honnie) bla bla industrie de pointe bla bla bla technologie bla bla modernisme bla bla la France qui innove bla bla toujours plus vite bla bla record bla bla 574,8km/h bla bla rayonnement international bla bla exportations bla bla Chine bla bla avenir bla bla je je je je bla bla je vous remercie.[/quote]

Applaudissements

Écouter poliment – non sans impatience contenue – le prochain orateur. S’éclipser. Pas le temps de s’éterniser.
Portière qui s’ouvre, se ferme. Direction l’aérodrome militaire puis Paris.

Achever une demi-journée en province.

…et manquer l’essentiel Monsieur le Président. Le seul véritable événement de la semaine en Franche-Comté : l’arrivée du Mont d’Or nouveau prévue pour ce samedi.
Mais ce fromage – véritable fleuron de notre terroir – on ne le flatte pas avec des records de vitesse. Il ne fonce pas, il coule.
Il faut savoir prendre le temps de le mériter avant de le déguster.
Patienter durant quatre mois – de mai à septembre – pendant que le fromage prend goût.
Alors seulement on peut l’inaugurer – sans cordon ni ciseaux – avec juste un peu d’ail, un verre de vin blanc du Jura et quelques pommes de terre.
La vie quoi, Nicolas. La Grande Vie