Oui oui OUI !!! Il était là, chez nous, dans notre ville à nous. Jean-François Copé était à Besançon aujourd’hui !
Le chef de l’UMP quand même ! Si si, enfin au moins « officiellement » puisqu’il semble qu’un gros grain se prépare entre lui et François Fillon.
Mais ne boudons pas notre plaisir : le Jean-François, avec sa bonne tête de premier de la classe, était chez nous aujourd’hui. Il est venu mobiliser les troupes de droite à l’approche des législatives et surtout il a montré son soutien aux députés du cru. Pauvres députés… Ils vivent très mal – comme la plupart des militants UMP – la menace des chars soviétiques que l’on annonce si proche… à Larnod et peut-être même à Beure déjà.
Et c’est parti pour le Jean-François Tour in Boucle 2012 : serrer la main du petit commerçant, le plaindre des souffrances que son chiffre d’affaire endure à cause de cette saloperie de tramway de gauchiste. Taper la bise à la vieille dame. Eviter habilement le patron de kebab et les zonards de la place Pasteur… ils ne votent pas ceux-là, à quoi bon ?
La photo ? Vous voulez une photo ? Je pourrais vous proposer celle-ci. C’est le député Jacques Grosperrin qui l’a twittée cet après-midi.
Jacques Grosperrin adore poser à côté des huiles de l’UMP. A chaque fois, il en a la crête qui se dresse comme vous pouvez le remarquer.
Puis se fut la réunion entre militant au pub Madigan… tapissé de drapeau irlandais. Ah ah…
Et paf ! Jean-François a disparu. Eclipsé. C’est son truc à Copé. Il est connu pour ça. Il aime se réserver son quart d’heure en solo afin de découvrir le lieu à sa façon… mais c’était sans compter sur mon gros zoom.
Trouverez-vous Jean-François Copé dans ce paysage bisontin ? Si si cherchez bien…
Pourtant on pouvait lire dans l’Est Républicain de ce 8 mai 2012 (jour férié) :
« (…) à noter que deux entreprises ont obtenu des dérogations pour travailler le 8 mai, sous réserve de commencer après 9 h. Bouygues sur le pont Battant et Eiffage au giratoire de Micropolis. »
Tiens tiens… des salariés qui travaillent sur le chantier du tramway de Besançon un jour férié. Une ville à majorité de socialiste, pourtant.
Y aurait-il des pressions sur les délais de livraison du tramway ? Bah oui… L’engin tant attendu devra être sur ses rails le plus tôt possible. Il ne faut perdre aucun jour, aucune heure car plus tôt les trous seront rebouchés, plus tôt le goût amer des travaux sera passé et les rancoeurs associées oubliées.
La date fatidique c’est sans doute mars 2014. Non, ne rêvez pas, le tram ne sera pas encore en fonction mais il serait bon il est impératif qu’à cette date, le plus difficile soit passé, que l’on aborde la phase « propre » : les essais et la cosmétique.
D’ailleurs il y aura également des élections municipales en mars 2014. Il y a peut-être un lien.
Préambule : ce billet est une mise à jour d’un précédent billet publié le 11 novembre 2011. Mais comme les mauvaises habitudes de nos députés ont la vie dure… en voici une version actualisée.
…
C’est une tradition. Un rite républicain. Chaque 11 novembre et chaque 8 mai – jours anniversaires de l’Armistice de 1918 et de la Victoire de 1945 – les officiels déposent une gerbe au pied des Monuments aux Morts de France.
À Besançon, comme ailleurs, ça se passe comme ça. Un petit bonus toutefois : nos députés se font symboliquement remettre la gerbe par un jeune avant de la déposer devant le Monument.
C’est un beau symbole n’est-ce pas ? À travers ce geste simple, c’est d’une certaine manière la jeunesse d’aujourd’hui qui confie aux représentants élus du Peuple français le soin de rendre hommage à ces hommes sacrifiés hier et que l’on dit « Morts pour la France ».
Les députés des deux circonscriptions de Besançon sont Françoise Branget (1e circonscription dite Besançon-Ouest) et Jacques Grosperrin (2e circonscription dite Besançon-Est).
Tous deux pointent à l’UMP. Mais le 11 novembre et le 8 mai, évidemment, ils représentent la Nation française dans son ensemble et sans considérations partisanes.
On conçoit aisément que nos députés ne confient pas l’honneur de « porter la gerbe » à n’importe qui. Ça doit sans doute se bousculer au portillon. Les honneurs attirent. Nos deux députés ont sans doute des critères exigeants pour désigner le plus méritant, l’élu.
Il pourrait s’agir par exemple :
– d’un jeune qui aurait effectué un acte remarquable tout à fait exceptionnel, genre qui aurait sauvé la vie d’une vieille dame tombée dans le Doubs ou rattrapé dans ses bras un bébé chutant d’un septième étage. Héroïsme.
– d’un jeune exemplaire qui aurait obtenu son bac scientifique à 15 ans avec une moyenne de 22/20 et tout ça en dépit d’une enfance difficile dans un « quartier défavorisé » (nappe de violons en fond sonore) ;
– d’un jeune écolier comme les autres, tout simplement. Il serait alors le représentant d’une génération encore insouciante mais déjà consciente de la nécessité de cet hommage rendu à nos ancêtres valeureux. Beau.
Alors, d’après-vous ? Pour quels critères nos deux députés bisontins ont-ils opté dans leur choix du porteur de gerbe de ce 8 mai 2012 ?
Et qui croyez-vous que nos deux députés avaient choisi le 11 novembre dernier et le 8 mai 2011, pour leur apporter la gerbe au pied du Monument aux Morts ?
Ne cherchez pas. La réponse est introuvable : Baptiste Serena, responsable départemental des Jeunes Pop du Doubs, qui est décidément friand de ce genre d’honneur.
Vous devez savoir qu’en mai 2011, Baptiste Serena s’était illustré par une bourde énorme commise dans un communiqué de presse mitterrandophobe qu’il avait publié sur le blog des Jeunes Pop du Doubs à l’occasion des 30 ans du 10 mai 1981. Une bourde qui concernait un autre armistice. Une bourde entrant douloureusement en résonance avec les commémorations de ce jour.
Voici pour mémoire la conclusion de ce communiqué mémorable :
(…) Aujourd’hui, nous ne souhaitons pas fêter l’échec de la France mais nous préférons en ce 10 mai 2011 célébrer les 240 ans du Traité de Francfort qui met fin à la guerre franco-allemande de 1871.
Hormis l’énorme faute de calcul (hé oui c’est 140 ans en fait), notre jeune Pop en chef ignorait visiblement que la guerre de 1871 s’était conclue par une défaite et par l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par l’Allemagne. Annexion qui constituera le terreau de Première Guerre Mondiale, rien que ça.
Autant d’éléments que le responsable des Jeunes Pop du Doubs préférait célébrer.
Une gaffe d’un bon goût tellement apprécié au sein de l’UMP locale qu’on lui aurait fait comprendre que l’effacement pur et simple de ce communiqué maladroit serait le bienvenu. Ce qui fut fait.
Si vous voulez en savoir plus sur cet épisode, tout est raconté dans ce billet très subjectif que j’ai commis en mai 2011 .
Espérons que le 11 novembre prochain, nos prochains députés (les élections sont en juin) auront la finesse d’esprit de laisser de côté les considérations partisanes lors du choix de « leur jeune », car il est question ici de moments symboliques à l’occasion desquelles les représentants de la Nation devraient savoir faire preuve d’un certain œcuménisme politique.
Nicolas Sarkozy et son successeur François Hollande ne l’ont-ils pas justement démontré en ce 8 mai 2012 ?
Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy pond cette formule. Enfin disons qu’il utilise ce nouvel élément de langage que ces conseillers lui ont suggéré.
Dans la ligne de mire : le 1er mai et la Fête du Travail dont Nicolas Sarkozy ne veut pas laisser le monopole à ceux qu’il cite du bout des lèvres tellement ces mots l’écœurent : les syndicats, la gauche… beurk !
Non non tous ces gens ne sont pas les VRAIS travailleurs. Que les non syndiqués, les non gauchisant manifestent aussi ce jour-là ! Qu’ils disent haut et fort à quel point le travail les rend libres, épanouis et heureux. Car ce sont eux les vrais travailleurs. Bien sûr bien sûr.
Et Henri Guaino de défendre dès le lendemain sur France Inter, l’idée présidentielle en évoquant que le 1er mai ce sont les permanents syndicaux qui manifestent traditionnellement. Pas les VRAIS travailleurs… sous-entendu : pas les VRAIS Français. hein Henri ? Pendant qu’on y est…
Bref, encore une fois, c’est la France que l’on cherche à diviser. C’est parfois habile de « diviser pour mieux régner » mais voilà, tout le monde n’arrive pas à la cheville de Jules Cesar…
Et paf !
Voilà que mercredi une image fait le tour du Net en quelques heures. Reprise, partagée, retweetée. Le Web français adore. Enfin disons plutôt le Web français de gauche adore car voici l’affiche en question :
ÉNORME ! Une affiche de propagande pétainiste. Elle daterait de 1941. Le gouvernement de Vichy avait lui-aussi voulu récupérer le 1er mai qui était alors la Fête des Travailleurs et une date symbolique pour la gauche française. Et Pétain n’avait rien trouvé de mieux à l’époque que d’utiliser la formule « Fête du vrai travail« … Han !
La sang du twitto ou du facebookien de gauche ne fait alors qu’un tour : « Dingue ! Sarko reprend un slogan de Pétain » et zou… il partage et l’affiche buzze en quelques heures.
Et moi ? J’avais le doigt sur le retweet, pas plus malin que les autres. Mais peut-être un peu plus méfiant et plus joueur aussi. J’ai juste voulu vérifier avant de partager à mon tour et j’ai alors utilisé la fonction de recherche inversée d’images de Google (cliquez donc sur le petit appareil photo pour voir). Cet outil m’avait déjà permis une sacrée découverte il y a quelques mois 🙂
Donc « clic » et pffff…. déception ! Cette affiche est bidonnée. C’est juste un fake… on a ajouté le mot « vrai » au bon endroit, à la place de la francisque vichyste.
L’image qui buzze est à gauche, l’originale est à droite :
Je fais une rapide recherche sur Twitter et je vois que d’autres personnes ont repéré le fake. Mais l’affiche est retweetée à tout va. Les twittos ne vérifient pas. J’en avertis certains.
Je vais alors voir sur Facebook et là j’hallucine : les militants PS et les gens de gauche s’en donnent à coeur-joie. Des élus de ma connaissance aussi…Tous partagent et en rajoutent dans les commentaires sur la droitisation de Sarkozy.
Alors, tel le roquet, je pousse mon coup de gueule sur Facebook sur le registre : « et si on faisait preuve d’esprit critique hein les gens ? Et pas seulement avec ce qui nous arrange ! »
C’est vrai quoi : il y a des tonnes de raisons de dénoncer la dérive droitière de l’entre-deux tours… et le premier fake qui sort, on tombe dedans à pieds joints au risque de décrédibiliser tout le reste. Dommage non ?
Deux jours passent
Ce matin Jean-Luc Mélenchon est l’invité du 7/9 de Patrick Cohen sur France Inter. Il dit des choses fortes et justes sur la droitisation en cours. Et voilà que P.Cohen l’interroge sur la une de l’Humanité renvoyant dos à dos Sarkozy et Pétain. Mélenchon répond que cette une était appropriée et il ajoute (écoutez bien) :
[quote](…) de la même manière que parler de Fête du travail et dire que c’est le ‘vrai travail’, c’est mot pour mot le texte de l’affiche du Maréchal Pétain en 1941
[/quote]
Voilà. Pour Mélenchon comme pour de nombreux Internautes sympathisants de gauche, cette image a été vue sur le Net, elle a été diffusée par un grand nombre de personnes et DONC, elle est véridique. Forcément. Ballot non ?
Non. Disons plutôt que c’est effrayant de constater qu’un candidat à la Présidence de la République soit si mal informé et conseillé. Attristant au final de voir qu’un discours juste perde une bonne part de sa crédibilité en s’appuyant sur un simple fake.
Heureusement qu’il y a les journalistes alors ?
Eh bien non ! Même pas figurez-vous. Patrick Cohen n’a pas fait remarquer sa bourde à Mélenchon et le meilleur reste à venir : l’agence REUTERS a pondu une dépêche contenant la citation de Mélenchon au sujet de cette affiche et de nombreux journaux en ligne ont repris ce contenu sans même l’avoir vérifié : NouvelObs, Libération, le Parisien, le Point et même le Figaro !
On en est là, les fakes s’invitent désormais dans l’élection présidentielle. Et ça passe.
Pour aller plus loin
Jean-Luc Mélenchon au 7/9 de Patrick Cohen ce 27 avril 2012 :
[iframe http://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F44532182&auto_play=false&show_artwork=false&color=ff7700 570 166]
Rares sont les espèces animales françaises de souche présentées à la Citadelle de Besançon. La plupart se trouvent dans la partie appelée « Petite ferme » (dindons, poules, lapins…).
Or celles-ci se plaignent de la promiscuité avec des espèces d’origines étrangères qu’elles jugent trop nombreuses, trop bruyantes, trop différentes. À les entendre, les soigneurs leur consacreraient trop de temps et trop d’argent. On leur donnerait plus à manger qu’aux espèces « nationales »… De véritables assistés !
Et tout ça pour quoi ? Pour entendre les singes africains hurler à toute heure en effrayant les poussins et les lapereaux ? Pour voir les babouins (et leur trop nombreuse progéniture) grimper sur les fortifications de Vauban au risque de les dégrader ?
Quant aux lémuriens (des Malgaches), les avez-vous bien observés ? Ils prennent des airs supérieurs quand les visiteurs les observent mais mangent avec leurs doigts quand on ne les voit pas !
Bobos va !
Autant vous dire que l’ambiance entre les deux tours (celle de la Reine et celle du Roi) est pour le moins tendue… à suivre.
C’est ballot cette histoire. Dimanche soir, premier tour des élections présidentielles. Premières estimations officielles autorisées : 20 heures. C’est l’heure à laquelle les derniers bureaux de vote de métropole (ceux des grandes villes) fermeront. Avant cette heure-là, rien ne devra filtrer : radio, TV et Internet devront rester muets.
Donc pas d’estimations avant 20 heures. Que dalle ! Tout juste quelques allusions des journalistes en plateau. Vous savez, le genre :
[quote]Il y aura des surprises ce soir…[/quote]
Purée ! Ça me rappelle un certain 21 avril ça… Nous aurons aussi droit aux « atmosphères des QG de campagne » que l’on entre-apercevra furtivement à l’image histoire de nous faire attendre avec un nonosse à ronger.
Et pourtant… il y a Internet.
Et ça fait tout de même quelques années. Et sur le Web, les premières estimations seront publiées bien avant 20h. Mais voilà, ce ne sera pas sur l’Internet français, c’est interdit. Il faudra donc s’expatrier d’un clic et se rendre sur le Web belge ou suisse.
Ils s’en tamponnent le coquillard nos voisins européens de nos règlements et de notre CSA. Ils ont pour habitude de publier dès 18 heures les toutes premières estimations de nos élections nationales. Et les Français le savent bien.
En 2007, ça embouteillait grave devant les portails du quotidien belge le Soir et de son concurrent la Libre Belgique. Et cette année, il en sera de même. Les médias belges et suisses l’ont déjà annoncé.
Donc tout va bien ?
Non ! Ça ne va pas ! On connaitra les premières estimations dès 18 heures grâce aux Helvètes et aux Belges… mais nulle envie de garder ça pour pour soi et surtout : une ÉNORME envie de partager, d’en parler, de commenter… et pas seulement dans le cercle familial. Non bon sang ! Sur les réseaux sociaux ! Sur Facebook et surtout sur Twitter ! Oh oui ! oui ! oui ! Que ça va être excitant ! Mais…
Mais voilà, ils ont prévenu les bougres. Le Net sera sous surveillance. Limite, ils nous menacent…
Dimanche 22 avril et 6 mai, Twitter sera sous surveillance. Tout comme la blogosphère française, Facebook et d’une façon générale tous les médias en ligne, le site de micro-blogging sera sous l’oeil attentif d’une dizaine de personnes de la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle.
BON. On fait comment ? On planque le smartphone ? On suit Twitter qui fait semblant de ne rien savoir, de ne rien dire ? On guette le premier couillon qui twittera « Hollande est à … % et Sarkozy à … % etc »… ? On n’osera même pas retweeter, commenter… pfff ! C’est pas une vie de twittos un soir d’élection ça ! Alors ?
Alors on cherche dans ses cours d’Histoire. Celle avec un grand H. Et on ressort Radio Londres. Radio Londres et ses petits messages personnels codés à destination de la Résistance ! Quelques exemples :
L’infirme veut courir -> annonçait un parachutage d’armes
Le sapin est vert -> annonçait le bombardement d’une gare de triage
Véronèse était un peintre -> confirmait le bombardement de voies de chemins de fer
On applique ça à notre élection présidentielle et on balance des petits messages codés mais gentiment compréhensibles. Attention, on ne cite aucun candidat, pas de chiffres non plus… on reste allusif. Limite poète 🙂
Dimanche soir, entre 18 heures et 20 heures, Twitter pourrait devenir ça :
J’ai plus de mimolette que de fromage hongrois — je répète — j’ai plus de mimolette que de fromage hongrois
Au début des années 90, il s’est passé quelque chose d’incroyable à Besançon.
Le centre-ville était jusque-là sombre et noir à cause de des façades encrassées de ses bâtiments anciens. C’est alors qu’une grande opération incitative de ravalement des façades a été lancée par la municipalité. En quelques années, les entreprises spécialisées ont fait fortune et le centre-ville s’est progressivement débarrassé de son manteau de suie et de crasse.
Pour les Bisontins, ce fut comme si l’on avait actionné l’interrupteur dans une pièce restée trop longtemps dans la pénombre. Besançon s’éclairait. La plupart ont alors redécouvert la couleur d’origine des bâtiments anciens.
Pour être exact, il faudrait écrire « les » couleurs car ce qui est alors réapparu, c’est la très particulière pierre bicolore dite « de Chailluz », beige-ocre et bleue-grise. Elle était partout, sur la plupart des façades. On la redécouvrait.
Je sais, je sais. Les plus jeunes qui me lisent n’ont pas connu ce passage de le Boucle du sombre vers le clair. Ils se demandent où je veux en venir avec mes souvenirs dinosauriens. Ils devient gâteux le bison…
Mais ne te moque pas trop vite – jeune, car toi aussi d’ici quelques jours, tu vas t’émerveiller en redécouvrant la grâce des tuyaux de zinc descendant des toits de ta ville. À ton tour du verseras une larme émue devant la beauté de nos panneaux routiers immaculés, de nos bancs et de nos distributeurs de billets et de préservatifs rendus à leur état d’origine.
Oui, toi aussi tu vas bientôt redécouvrir ta ville et ta lèvre tremblera. Attends juste la semaine prochaine que les autocollants du Front de Gauche se décollent avec le temps et grâce à l’expertise karchérisante des agents municipaux.
Ce billet est l’oeuvre d’un « rédacteur invité » comme on dit…
« Vous écoutez France-Info, il est 7h48 … tout de suite une page de pub puis votre journal… »
Sans doute avez-vous entendu cela sur l’antenne radiophonique de service public. En temps normal, durant la pub, il vous arrive de zapper sur une autre station. Et parfois, vous restez pour ne pas rater le journal de 8 heures. Si tel est le cas, vous n’avez pu échapper à la publicité – très osée – initiée par le Comité départemental du Tourisme (voici un article détaillé consacré à cette campagne ).
Si vous n’avez pas entendu les spots diffusés, un petit retour en arrière s’impose.
Aguicheurs, osés, décalés…. Un peu trop au goût de certains. La polémique est déclenchée et le retrait de l’antenne demandé par les Chiennes de garde.
Le défaut de conseil et l’image de marque
Avec ces spots, le CDT du Jura a voulu créer un « buzz ». En langage pro, on parle de campagne de marketing viral.
Notons que selon LePoint, c’est la même agence de pub bisontine [Dartagnan, ndlr] qui est à l’origine d’une autre campagne remarquée sur la saucisse de Morteau et ses 20 centimètres de pur bonheur.
Sauf que le buzz à tout prix peut parfois devenir incontrôlable et se révéler préjudiciable pour une marque. Sur 10 opérations de marketing viral, en règle général, seules une ou deux arriveront à se démarquer du lot.
D’emblée, précisons que le marketing viral est une affaire de spécialistes et non de simples pubards désireux de diversifier leur activité historique. Car une opération de « buzz » n’est pas un simple coup de chance : c’est une mécanique subtilement orchestrée.
Vous n’avez par exemple pas pu rater le clip de Victoire Passage, mystérieuse blonde qui soutenait le candidat à la présidentielle du Front de Gauche… Devinez qui était derrière ? Voici la réponse étayée de quelques conseils de vrais pros.
Pour notre campagne jurassienne, le buzz tourne au fiasco et se retourne contre la marque. En l’occurrence, contre le territoire et son image jusqu’à ce jour considérée comme prestigieuse, calme, douce et réservée.
La faute à des spots trop courts intégrant une ambiance musicale proche d’un glauque service de Minitel rose, des textes limites incompréhensibles et pas assez décalés, et pour couronner le tout, une voix-off très mal choisie qui ne fait pas franchement envie. C’est à penser que le territoire est prêt à se prostituer pour accueillir les touristes.
Mais l’erreur est encore plus grave lorsque l’on sait qu’au terme de l’écoute, la finalité est de renvoyer les auditeurs vers le site du CDT jurassien. Ce site est accessible à l’adresse suivante : « jura-tourisme.com »
Maintenant, réécoutez bien les deux spots. L’adresse donnée littéralement par la voix-off à la fin du spot et interprétée par l’auditeur-internaute est « jura tiret tourisme point com ».
Faisons le pari qu’en rentrant chez vous après avoir entendu ces spots, vous chercherez logiquement à vous connecter sur ce dernier en tapant l’adresse dans votre navigateur. Vous vous souviendrez alors de trois mots clés : « Jura tourisme pointcom ».
Et la, ce fichu tiret toujours oublié va venir jouer les troubles fêtes. Car « juratourisme.com » n’appartient pas au CDT.
L’internaute se retrouvera sur une page dite de « parking » et qui est la propriété d’un squatteur. Grâce à cette publicité inespérée, notre anonyme a du voir le trafic de sa page augmenter et ainsi pu générer malgré lui quelques centaines de dollars supplémentaires pour ce qui semble être un service de réseau social. Sympa le Jura !
Avertissement (22 avril 2012) : depuis la publication de ce billet (et peut-être même un peu grâce à lui, hi hi), le nom de domaine a été réservé. On nous promet l’ouverture du site pour le 25 avril).
Tiens, voilà une affiche pour les élections législatives. Cette affiche c’est celle de Mireille Péquignot. Cette dernière l’a elle-même diffusée sur son nouveau profil Facebook spécial législatives.
Mme Péquignot est actuellement conseillère régionale (région Franche-Comté) et conseillère municipale étiquetée « Nouveau Centre » à Besançon. Dans ces deux assemblées, elle siège au sein des groupes d’opposition auprès des élus de l’UMP.
Toutefois, à l’occasion des élections législatives des 10 et 17 juin prochain, elle se présentera sur la 1e circonscription du Doubs (Planoise). Elle y sera opposée à Barbara Romagnan (PS) mais aussi à Françoise Branget, la députée UMP sortante.
Ce qui peut surprendre sur cette affiche c’est qu’aucune mention n’est faite du Nouveau Centre. En lieu et place, on trouve un gentillet « candidate indépendante »… tiens tiens… Ça fait un peu genre : « anticipons un rejet de la droite à la présidentielle et ne mettons pas en avant l’appartenance à un mouvement politique ayant soutenu Nicolas Sarkozy. »
Maintenant rions un peu (ou affligeons-nous, c’est au choix)
Vous avez sans doute repéré l’adresse du site de campagne de Mireille Péquignot en bas de l’affiche. Allez donc y jeter un oeil : www.mireille-pequignot.fr Oups !
M’enfin ! Internet serait-il en panne ? Euh, non… il semblerait que… que… c’est bizarre ça : le site n’existe tout simplement pas !
Sans doute n’a-t-il pas encore été créé. C’est vrai quoi, les législatives ça n’urge pas. Il y a la Présidentielle avant.
Mais Mme Péquignot a sans doute réservé son nom de domaine puisqu’elle le mentionne sur son affiche de campagne…
Allons faire un tour sur le site de l’AFNIC (organisme chargé de l’attribution des noms de domaine en .fr) et vérifions :
Le nom de domaine est disponible. Qu’est-ce à dire ?
Qu’en substance Mme Péquignot met en avant un nom de domaine qu’elle n’a même pas réservé. Grossière erreur qui pourrait permettre à une âme blagueuse ou tordue de s’empresser de le faire à sa place. Ce farceur pourrait alors lier ce nom de domaine à une page Web sur laquelle il pourrait raconter et publier ce que bon lui semble, y compris des contenus nuisant à la campagne de Mme Péquignot. Les affiches de campagne de Mme Péquignot lui assureront alors une publicité gratuite.
Évidemment, Mme Péquignot pour alors ester en justice, dénoncer cette situation de cybersquattage et récupérer son nom de domaine. Mais le temps que la justice passe — n’est-ce pas — les élections seront elles aussi passées depuis longtemps.
Une erreur de débutante ?
À l’évidence oui, sauf que voyez-vous, l’UMP franc-comtoise consacre une page d’information à Mireille Péquignot sur son site Internet. Ce qui en soit est surprenant étant donné la confrontation électorale à venir avec Mme Branget (UMP)… enfin bref.
Qu’apprend-on sur cette page ? Nous découvrons dans le paragraphe « Parcours » que :
[quote]Depuis 2007, (Mireille Péquignot) est consultante Commerciale en communication web à l’international et conseille les entreprises souhaitant se développer à l’international.[/quote]
C’est ballot ça. Et pas très rassurant sur les compétences réelles de nos élus et candidats…
Il reste à souhaiter à Mme Péquignot que son affiche de campagne n’est pas définitive… D’ailleurs sa candidature est-elle vraiment définitive ?
Ne faut-il pas plutôt y voir une manoeuvre du Nouveau Centre de Hervé Morin ? Un Nouveau Centre qui par exemple présenterait des candidats face à ceux de l’UMP dans divers circonscriptions puis qui les retirerait après avoir obtenu quelques avantages.
Le cas échéant, à quoi bon dépenser 5 euros pour déposer un nom de domaine n’est-ce pas ?