Archives de catégorie : Mots d’humeur

Besançon : vive tension entre les deux tours

Rares sont les espèces animales françaises de souche présentées à la Citadelle de Besançon. La plupart se trouvent dans la partie appelée « Petite ferme » (dindons, poules, lapins…).
Or celles-ci se plaignent de la promiscuité avec des espèces d’origines étrangères qu’elles jugent trop nombreuses, trop bruyantes, trop différentes. À les entendre, les soigneurs leur consacreraient trop de temps et trop d’argent. On leur donnerait plus à manger qu’aux espèces « nationales »… De véritables assistés !

Et tout ça pour quoi ? Pour entendre les singes africains hurler à toute heure en effrayant les poussins et les lapereaux ? Pour voir les babouins (et leur trop nombreuse progéniture) grimper sur les fortifications de Vauban au risque de les dégrader ?

Quant aux lémuriens (des Malgaches), les avez-vous bien observés ? Ils prennent des airs supérieurs quand les visiteurs les observent mais mangent avec leurs doigts quand on ne les voit pas !

Bobos va !

Autant vous dire que l’ambiance entre les deux tours (celle de la Reine et celle du Roi) est pour le moins tendue… à suivre.

Petit billet bourgeois

Au début des années 90, il s’est passé quelque chose d’incroyable à Besançon.

Le centre-ville était jusque-là sombre et noir à cause de des façades encrassées de ses bâtiments anciens. C’est alors qu’une grande opération incitative de ravalement des façades a été lancée par la municipalité. En quelques années, les entreprises spécialisées ont fait fortune et le centre-ville s’est progressivement débarrassé de son manteau de suie et de crasse.

Pour les Bisontins, ce fut comme si l’on avait actionné l’interrupteur dans une pièce restée trop longtemps dans la pénombre. Besançon s’éclairait. La plupart ont alors redécouvert la couleur d’origine des bâtiments anciens.
Pour être exact, il faudrait écrire « les » couleurs car ce qui est alors réapparu, c’est la très particulière pierre bicolore dite « de Chailluz », beige-ocre et bleue-grise. Elle était partout, sur la plupart des façades. On la redécouvrait.

Je sais, je sais. Les plus jeunes qui me lisent n’ont pas connu ce passage de le Boucle du sombre vers le clair. Ils se demandent où je veux en venir avec mes souvenirs dinosauriens. Ils devient gâteux le bison…
Mais ne te moque pas trop vite – jeune, car toi aussi d’ici quelques jours, tu vas t’émerveiller en redécouvrant la grâce des tuyaux de zinc descendant des toits de ta ville.  À ton tour du verseras une larme émue devant la beauté de nos panneaux routiers immaculés, de nos bancs et de nos distributeurs de billets et de préservatifs rendus à leur état d’origine.

Oui, toi aussi tu vas bientôt redécouvrir ta ville et ta lèvre tremblera. Attends juste la semaine prochaine que les autocollants du Front de Gauche se décollent avec le temps et grâce à l’expertise karchérisante des agents municipaux.

Alors toi aussi tu pourras dire : j’y étais.

François Hollande à Besançon : enquête sur l’affaire des sandales scandaleuses

Avant de tenir meeting à Besançon ce mardi 10 avril en soirée, François Hollande à dédicacé son livre « Changer de destin » dans une célèbre librairie de la Grande rue : « les Sandales d’Empédocle ».
À Besançon, comme partout ailleurs, on abrège affectueusement les noms des institutions : pour la librairie Camponovo, on dit « Campo » et pour « les Sandales d’Empédocle », les initiés disent simplement « les Sandales ».

Voilà donc le candidat du Parti Socialiste, dédicaçant son ouvrage. L’occasion pour lui de s’offrir un bain populacier sous les objectifs convoqués pour immortaliser ce beau moment. François Hollande est au milieu des Bisontins, il offre un sourire, quelques mots et une signature à Julie, à Jean-Pierre ou à Amina qui n’ont pas fini de se la péter grave avec leur spéciale dédicace…

Bref, un instant de grâce, de beaux sourires, de chouettes photos mais…

PAF ! La bourde. Il est 16h21 précises lorsqu’un message pour le moins maladroit est publié sur la compte Twitter de François Hollande :

Oui vous avez bien lu : à la librairie des SCANDALES… ah non mais hé ! Pas de scandales chez nous hein François.
Y’a pas marqué « Carlton » ou « SOFITEL » sur la librairie ! Y’a marqué « les SANDALES d’Empédocle » !
Aller, chut… ça ne va pas être relevé, on fait comme si… Ah ah ! C’était compter sans la vigilance des Michel.

Bah oui ! C’est mon ami Michel23 qui repère la coquille en premier.

Bien vu Michel !
En fait, il faut toujours se méfier des Michel. Ce sont des gens, parfois un brin tordus, mais souvent futés et influents… Et s’il fallait encore le prouver : d’après vous que pouvait-on lire dans l’Est Républicain du lendemain ? Hmmm ? Eh bien un petit billet de Yves Andrikian. Pas de doute, le journaliste suit probablement en douce les tweets de mon copain Michel. À moins qu’Yves ne soit qu’un pseudo-prénom et qu’il se prénomme lui-même Michel. Auquel cas il aurait pu trouver ça tout seul, c’est vrai.

Par contre Yves-Michel c’est déjà pris à Besançon… faut le savoir. Et c’est peut-être même déposé.

En somme, une simple faute de frappe d’après l’Est Républicain. On en sourit un coup dans un petit billet. Et puis ça s’arrête là.

Mouais. Vous êtes sympas les journaleux mais vous auriez pu gratter un peu. Une coquille de ce genre n’est sans doute pas si anodine que ça. Si elle avait été prononcée de vive voix par François Hollande, n’auriez-vous pas soupçonné un lapsus révélateur, freudiens que vous êtes ?

Soit, vous n’en avez rien fait. Mais moi j’ai décidé de comprendre… dussé-je y passer mes nuits (bien dit ça).

[Mode investigation ON]

D’abord une évidence : ce n’est pas François Hollande lui-même qui twitte. Le candidat a autre chose à faire et ses doigts sont pris ailleurs : serrer des mains, dédicacer, remonter ses lunettes de temps à autre… Yves Andrikian en est d’ailleurs conscient lui aussi :

Bon, ce n’est pas Hollande qui a directement tweeté mais un proche.

Un proche ? Pas un community manager resté à Paris donc. Un proche… tiens tiens… mais un proche au sens « géographique » ? au sens « politique » ? ou dans l’acception « familiale » du terme ?
Il me fallait savoir QUI avant de comprendre POURQUOI. C’était évident.

C’est là que mon enquête est devenue passionnante… J’ai très vite eu le sentiment que Yves Andrikian en savait plus. Qu’il n’avait pas tout écrit. Qu’il se taisait pour une bonne raison… Pour ne pas soulever un lièvre et sans doute pour ne pas se mettre lui-même en danger.
Cette affaire commençait à sentir le Watergate. Elle occupait toutes mes pensées.

De toute façon, je ne pouvais plus reculer. J’étais déjà allé trop loin. Autant avancer.

Bon sang mais oui ! Celui qui a publié ce message était forcément dans les parages ! En effet, seuls les Bisontins savent que l’on dit « les Sandales ». Le présumé coupable l’aura certainement entendu puis mal restitué sur Twitter…
Donc il suffisait de chercher des photos de cette séance de dédicace. Des clichés réalisés à l’intérieur de la librairie aux alentours de l’heure fatidique. On y verrait sans doute quelqu’un en train d’utiliser le smartphone de François Hollande. Une personne en qui le candidat avait toute confiance ; en tout cas, jusqu’à 16h21…

Alors j’ai cherché partout. Sur le Net, sur les sites d’actualité, dans les journaux papier. J’ai visionné le journal télévisé de France 3. J’ai même cherché sur les murs Facebook des élus qui accompagnaient le candidat. En vain. Rien de rien. Aucune photographie montrant « mon inconnu(e) » à proximité du potentiel prochain Président de la République.

J’en étais là, bredouille, déçu et fatigué. Ça commençait méchamment à sentir le cul-de-sac cette affaire. Encore un billet de blog qui ne verrait jamais le jour. Frustrant.
Et puis j’ai repensé à Twitter. C’est de là que cette histoire était partie. Il fallait y retourner ! Éplucher les messages et les photos twittées à l’heure du crime de la coquille.

Au bout d’une heure de recherches intensives : bingo ! LA découverte. Autant vous dire que je n’en ai d’abord pas cru mes yeux. Puis j’ai compris… J’ai compris le silence d’Yves Andrikian, j’ai compris l’importance de ce que je venais de mettre au jour, j’ai compris que je tenais là une énorme affaire.
Maintenant, c’est à vous de décider si vous souhaitez en savoir plus en cliquant sur l’image ci-dessous. Vous êtes prévenus… c’est à vos risques et périls.

Cliquez ou pas…

Mais comment est-ce possible !? Notre maire Jean-Louis Fousseret ! Mon maire ! Comment a-t-il pu commettre pareille erreur ? Pas par ignorance évidemment. Il connaît parfaitement les commerces de sa ville et… « les Sandales » — bon sang ! — c’est « les Sandales » quoi !

Alors ? La faute au correcteur orthographique de l’Iphone que l’on aperçoit sur la photo ? Non. J’ai essayé sur le mien. Il connait parfaitement le mot « sandales » et l’accepte sans broncher.

Il ne reste donc qu’une explication : LE lapsus. Et révélateur de surcroit… car le mot « sandales », s’il évoque une librairie dans notre ville, désigne avant tout un type de chaussures. Mais pas n’importe quel type de chaussures. Car d’après vous, à part les Allemands en shorts de nos campings estivaux, qui affectionne particulièrement le port de la sandale ? Hmmm ?
Je sens que vous brûlez… Ça y’est, vous les voyez ces êtres hirsutes et barbus dans leurs chemises à fleurs ? Au pied, ils ont des sandales n’est-ce pas ? Même en hiver d’ailleurs… avec les chaussettes qui vont bien… Oui oui ! Vous les avez reconnus ! Ce sont… ce sont….

Ce sont les « Écolos » bien sûr !

Les Verts comme on dit aujourd’hui pour faire plus « moderne et urbain ». Certes ils ont changé, nos écolos…  la sandale comme la barbe tombent un peu en désuétude. Paraitrait même que certains auraient les cheveux courts. Y’a plus d’valeurs j’vous l’dis…. N’empêche : la sandale reste LE symbole vestimentaire écolo par excellence.

Et alors ? C’est quoi le rapport avec ce tweet malheureux ? Il est où le scandale de la sandale ?

Eh bien, si le mot sandale n’est pas passé sous les doigts de notre Maire, c’est sans doute parce qu’il n’a pas digéré quelque chose concernant les écolologistes locaux.

D’abord bien-sûr il y a cette 2e circonscription du Doubs que Jean-Louis Fousseret convoite fortement mais qui a été réservée à un candidat écologiste par l’accord PS-Europe-Écologie-les Verts…  Une affaire qui a déjà fait et fera encore beaucoup de bruit, de vagues et de fureur sur Besançon.

Mais ce n’est pas tout… il y a eu aussi la cerise sur le gâteau : cette scène immortalisée devant la Mairie de Besançon quelques minutes avant la fameuse séance de dédicace.

(source : mur Facebook de Eric Alauzet)

A droite de François Hollande, l’homme souriant avec des lunettes mais sans sandales ni barbe, c’est Eric Alauzet. C’est lui l’empêcheur de Palais-Bourboner en rond. Il est le candidat de la Gauche investi par le parti écologiste et par le PS sur la 2e circonscription. Il n’était vraisemblablement pas venu pour accueillir Eva Joly. Ou alors il a dû être déçu. Non non, plus sérieusement, il semble être délibérément venu se montrer aux côtés de François Hollande. Histoire de bien montrer qu’il n’a pas été investi seulement par son parti mais également par le PS.

De quoi vous rendre la sandale bien indigeste… et limite scandaleuse.

Sacré Freud va !

[Mode investigation OFF]


Après propos


Ceci n’était que de la politique fiction… bien que tout soit vrai à un petit détail près. Un détail qui vient totalement décrédibiliser les conclusions de ma belle enquête : la photo de Jean-Louis Fousseret tapotant sur son Iphone derrière François Hollande ne peut en rien l’incriminer dans la coquille puisqu’elle a été publiée sur Twitter en même temps que le fameux messages « des Scandales ». Notre Maire n’y est donc pour rien. Dommage pour Freud.

 

[VIDÉO] Visite guidée des voies cyclables du quartier Battant

D’abord cette vidéo « vélo embed » faite se samedi 7 avril 2012 dans le quartier Battant.
Après on causera un peu…

Depuis avril 2011, la Ville de Besançon a généralisé les doubles sens cyclables dans une grande partie du centre-ville.
Hein ? quoi ? Les doubles quoi ?
Pas d’affolement, voici quelques explications données dans cette plaquette éditée par la Ville de Besançon :

Qu’est ce qu’une rue à double sens cyclable ?
C’est une rue à sens unique pour les véhicules motorisés mais dans laquelle les vélos sont autorisés à circuler dans les deux sens.

L’instauration des doubles sens de circulation favorise l’utilisation du vélo, en rendant la ville plus accessible.

À Besançon, les doubles sens cyclables sont généralisés dans les zones 30 et les zones de rencontre (sauf dans certaines rues pour des raisons de sécurité).

Des avantages pour tous
Simples et efficaces, les rues à double sens cyclable offrent de
nombreux avantages pour tous les usagers de la route.
• Des trajets plus courts et plus directs pour les cyclistes.
• Une réduction des risques d’accident avec un meilleur contact visuel entre les cyclistes et les automobilistes ce qui permet de mieux anticiper et de ralentir.
• Des trottoirs rendus à l’usage des piétons.
• Un accès cyclable au quartier facilité pour les riverains, les commerçants et leurs clients pour une vie locale et économique
dynamisée.

Belle intention donc. Mais le cycliste bisontin, si téméraire soit-il, a vite compris que ce qui est valable sur le papier, ne l’est pas automatiquement sur la bicyclette.

Prenez l’argument du « meilleur contact visuel entre les cyclistes et les automobilistes »… En théorie, c’est imparable : cyclistes et automobilistes se font face, leurs trajectoires vont en sens inverses. Donc ils se voient et anticipent. Sauf que… sauf que le tracé des rues n’est pas toujours rectiligne et parfois ça monte méchamment.
Dans certaines rues, les automobilistes n’aperçoivent les cyclistes qu’au tout dernier moment, à la sortie d’un virage et là… l’avantage de circuler en sens inversés devient un inconvénient, voir un réel danger pouvant mener à la collision. Voir l’exemple de la rue du Petit Charmont que je conseille vivement à nos élus cyclistes (ou pas d’ailleurs) de tester sur un vélo (électrique si les mollets ne suivent pas).

Autre problème couramment rencontré : les rues trop étroites pour permettre que vélos et autres véhicules se croisent en toute sécurité (exemple de la rue Champrond). Et lorsque le trottoir longeant la chaussée est trop haut, les cyclistes n’ont même pas la possibilité de s’y réfugier lorsqu’ils croisent un véhicule large. C’est ballot.

Quant aux « Jean Navet » (1), il est évident que — dans certaines rues — la police municipale passe et ne voit rien ne veut rien voir ou a pour consigne de regarder ailleurs. Le bas de la rue Richebourg est un spot du genre. Chaque jour, des véhicules stationnent pendant plusieurs heures sur la voie cyclable, alors que l’endroit est particulièrement dangereux pour les cyclistes qui arrivent de la rue du Petit Charmont en contrebas : forte côte, virage à droite…

En somme, cette vidéo n’est qu’un premier pas. Un petit test sur le quartier Battant. L’idée serait d’établir une carte collaborative des « points noirs » relevés sur les voies cyclables bisontines mais aussi sur les axes qui en sont encore totalement dépourvus. Le but étant de lister précisément les problèmes afin de les faire remonter, comme on dit. Pour faire améliorer les choses…

C’est le moment n’est-ce pas ? Le vélo — qu’on le veuille ou pas — risque de devenir le meilleur ami de beaucoup de Bisontins dans les deux ans à venir. Le chantier du tramway va sans doute changer beaucoup d’habitudes dans nos modes de déplacement. Pas le choix.
Donc à suivre.

Pour me contacter : besacontin@gmail.com

(1) Les « Jean Navet » c’est quoi ? Une appellation « clin d’oeil » pour tous ceux qui n’ont que faire des voies cyclables et y garent leur véhicules sans état d’âme ». Pris sur le fait, ils disent en général : « Jean Navet pour 5 minutes… »

Cet embouteillage vous est offert par Nicolas Sarkozy

C’était, il y a deux semaines (presque). Un vendredi noir que les Bisontins ne sont pas prêts d’oublier. C’était le vendredi du Grand Bouchon.

Soudain, aux alentours de 17 heures, tout s’est bloqué. Rues, boulevards, avenues… constipation circulatoire généralisée. Les Bisontins – couillons – sont restés là dans leurs boîtes à quatre roues parfois contraints de patienter pendant une ou deux heures à quelques centaines de mètres de chez eux.
Patienter. En voilà un doux euphémisme, car dans ce genre de situation on trépigne plus qu’on ne patiente. On hurle contre le connard-de-70 qui vient de la droite et tente de se faufiler à la Cosaque. On grogne contre le bus qui pue là, juste à côté. Et on injurie la donzelle qui feint de ne pas voir les autres véhicules – histoire de ne pas se sentir obligée d’en laisser passer quelques-uns.
Au milieu de cette occlusion routière, on oublie vite les bonnes manières. Courtoisie et gentlemanie à quoi bon ? En trois mots : ça rend con.

Pouët ! Tuuut ! Bordeeeeeeeeeeeeel !!!! Connaaaaaaaaasse !!!

Au final, les Bisontins en sont sortis sains et saufs de ce grand embouteillage. De très mauvais poil, ils ont reintégré leur petit nid douillet et ont immédiatement oublié la donzelle, le bus et le connard-de-70. Par contre, il ont pointé du doigt LE VRAI RESPONSABLE.
Un responsable tout désigné qui n’avait pas besoin de ça pour être malaimé, le pauvre. Le tramway ! Le Grand Méchant Tram ! L’enfoiré ! Salopard va !
Ce satané tramway et son chantier qui vous retourne la ville façon Beyrouth-sur-le-Doubs… Bien sûr que c’est à cause de lui. Et ça ne fait que commencer. Paraitrait même qu’il faudrait trouver autre chose que la voiture pendant deux ans. Pour plus de tranquillité qu’ils disent. Vélo, trottinette, cheval, pieds… Non mais dingue quoi !

Il y en a pourtant que cette joyeuse pagaille pourrait bien servir à terme : je parle des ambitieux de l’opposition municipale (de droite). Pour eux, les nuisances dues au chantier du tram sont du pain béni. Eux n’en ont pas voulu de ce tramway. Ils le détestent et l’affublent de tous les maux : le tram est inutile, surdimensionné, il est espagnol, c’est une lubie du maire, un puits sans fond qui va plomber les impôts des Bisontins, etc. L’engin de malheur et les nuisances qui l’accompagnent offrent matière à taper, cogner, baffer la majorité municipale (de gauche) qui — elle — soutient son tramway corps et âme.
L’impopularité du tram disparaitra sans doute le jour où il sera réellement mis en circulation. Mais cet horizon est encore bien lointain et avant de l’atteindre, que de nuisances à venir !
Des nuisances et… des élections municipales, en 2014…

Les bouchons et le mécontentement qui va avec, voilà donc un sujet que l’on prend très au sérieux du côté de la Mairie de Besançon. Dès le lundi qui a suivi le Grand Bouchon, une réunion de crise s’y est d’ailleurs tenue. Branle-bas de combat, urgence, priorité absolue : il fallait trouver les raisons et les solutions. Pas possible que le Grand Bouchon devienne hebdomadaire, voire quotidien.

l’Est Républicain – 20/03/2012

Le vendredi suivant, les services municipaux ont donc pris quelques mesures de bon sens et surtout, la police municipale a joué le rôle de fluidifiant. Des agents à chaque carrefour à risque, un coup de sifflet par-ci, un regard autoritaire par-là et hop hop, tout s’est passé comme sur des roulettes. Mieux qu’un vendredi normal d’avant les travaux. Ouf !
On se croyait donc sorti d’affaire. Plus de vendredi noir à l’horizon.

Mais c’est dans ce contexte optimiste que la nouvelle est tombée : Nicolas Sarkozy sera en meeting à Micropolis ce vendredi 30 mars à 17 heures.

On ne pourrait pas trouver mieux pour générer un nouveau bouchon record :

  • Micropolis, un point noir hautement bouchonnable,
  • un vendredi soir à 17 heures : on ne pouvait choisir pire heure,
  • Nicolas Sarkozy : fourgons de CRS, sécurité partout, des cars de militants qu’on achemine de tout l’Est de la France afin de simuler l’immense popularité du Président-candidat…

Voilà voilà… Nicolas Sarkozy aurait voulu mettre le feu dans une ville gérée par la gauche, il ne s’y serait pas pris autrement.

Mais au fait, pourquoi Sarkozy à Besançon ?

Il parait que les militants UMP Francs-Comtois faisaient le forcing depuis quelques semaines pour obtenir un meeting à Besançon. Eh bien c’est fait. Mais cette fois, si un bouchon monumental se produit, la responsabilité devra être co-assumée : le tram, Sarko et l’opposition locale qui aura tout fait pour faire venir son héraut à Micropolis un vendredi soir à 17 heures. De là à dire qu’ils l’ont fait exprès… Merci d’avance.

Quant aux militants Hollandistes — s’ils veulent faire preuve d’humour et d’opportunisme politique — ils profiteront sans doute du grand embouteillage de Micropolis pour y distribuer des tracts avec un petit feuillet bonus précisant :

[quote]Cet embouteillage vous est offert par Nicolas Sarkozy et l’UMP locale. Patience. Plus que quelques semaines.[/quote]

JacquesMan, super héros bisontin

Une fois n’est pas coutume, pas grand chose à lire ici… mais de l’audio à écouter.
Ceci est la chronique que j’ai faite sur Radio Bip pour « La Seule Émission qui n’a pas de Nom » de ce lundi 5 mars.
L’intégralité de l’émission se trouve ici. Je ne saurais trop vous conseiller de l’écouter sans modération. Ça gratouille, ça décape, ça ose et ça se lâche. Bref ça change du formaté et ça fait du bien un peu de délire radiophonique.

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Le montage de l’interview dont il est question durant la chronique :

Le député Grosperrin contre les archaïsmes… tout contre

Le choix d’une image n’est jamais tout à fait anodin…

Jacques Grosperrin c’est le député UMP sortant de la deuxième circonscription du Doubs. À l’Assemblée nationale, il est membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Le monsieur est également « Secrétaire national chargé des politiques éducatives » à l’UMP.

Il connaît bien le terrain M.Grosperrin. Enfin… il connaît bien le dojo (judoka émérite) et les bancs de la fac puisqu’il est professeur agrégé d’Education Physique et a enseigné à l’Université de Franche-Comté.
D’ailleurs Jacques Grosperrin aime à jouer sur le registre « je sais ce que c’est d’enseigner ». Ça lui confère une certaine légitimité pour faire la leçon sur l’éducation. Il diffère de l’archétype de l’homme de droite venant du secteur privé et tapant sur « le gros mammouth et les vilains enseignants fonctionnaires qui coûtent cher et sont toujours en vacances« .  Non, Jacques Grosperrin se présente comme quelqu’un qui connaît bien le système éducatif puisqu’il en est lui-même issu. Du pain béni pour l’UMP. Et tant pis si le métier d’instit ou de prof en collège est bien différent de celui de professeur de fac qu’a exercé M.Grosperrin. Ça il feint de ne pas s’en rendre compte. À moins qu’il y croie vraiment… ce qui serait très inquiétant.

En tout cas, Jacques Grosperrin aime parler d’éducation :

C’est donc M.Grosperrin qui est envoyé au charbon par l’UMP lorsqu’il s’agit de déposer des propositions de loi qui chatouillent les enseignants. Vous pensez bien, un enseignant…
Ce fut le cas en février dernier lorsqu’il a présenté un texte enterrant les IUFM (les instituts universitaires de formation des maîtres) et ouvrant habilement la voie au secteur privé pour former les enseignants. Tollé mais texte adopté.

Ce mardi 29 février, Jacques Grosperrin a publié sur son blog un billet dans lequel il salue avec enthousiasme le discours de Nicolas Sarkozy à Montpellier — discours dans lequel le Président de la République a interprété sa bonne vieille mélodie de campagne : l’air bien connu des « enseignants feignasses » . Ça plait toujours à un certain électorat ça.

Extrait :

« Comme l’a souligné Nicolas Sarkozy, si le nombre d’enseignants était le problème, nous devrions avoir la meilleure école du monde… « 

Moi ça m’épate cette puissance d’analyse. Ça montre bien qu’il faut être sacrément finaud pour être député. C’est pas donné à tout le monde ça. Tout devient tellement clair sous la plume de notre député-enseignant :

nous n’avons pas pas la meilleure école du monde -> réduisons le nombre d’enseignants -> ça ira mieux après

Tiens, comme Monsieur Grosperrin est également un sportif reconnu, il serait tout à fait pertinent de lui confier des fonctions du côté du sport justement. Pour le cas où Nicolas Sarkozy serait réélu en mai prochain évidemment. Évidemment.
Non parce qu’avec un tel esprit d’analyse, on gagne la prochaine coupe du monde de foot, assurément. On demande à M.Grosperrin un diagnostic et une solution… et bingo :

notre équipe de France n’est pas la meilleure du monde (loin s’en faut) -> réduisons le nombre de joueurs -> à 5 ou 6 ils seront vachement plus efficaces

CQFD

Autre extrait du billet de M.Grosperrin sur le fait que Nicolas Sarkozy veut que les professeurs travaillent plus longtemps dans leurs établissements en échange d’une prime en euros :

« (…) De nombreux Français aimeraient qu’on leur fasse une telle suggestion. Cette application concrète du fameux ‘‘travailler plus pour gagner plus ’’ résulte d’un souci de progrès qui ne peut rebuter que les esprits étroits et sclérosés. »

(Claude Allègre, sors du corps de ce député !)

« Je partage entièrement l’opinion de Nicolas Sarkozy quand il s’élève contre ‘‘le corporatisme’’ et contre le ‘‘collège unique’’, prônant l’autorité du ‘‘maître’’. Il n’est pas inutile non plus de rappeler que l’autorité n’est pas un mot tabou ! »

Sous-entendu : vous comprenez, tous les profs sont des gauchistes soixante-huitards. Ils ne savent plus faire preuve d’autorité envers leurs élèves. Et pendant qu’on y est, les gosses sont des sauvageons de nos jours ma p’tite dame.

Et pour terminer :

« À l’heure où la concurrence mondiale est impitoyable, la qualité de l’enseignement doit être à la hauteur du défi et passe par l’apprentissage dans la discipline. Nicolas Sarkozy incarne la modernité et la lutte contre les archaïsmes. »

Pan ! Vlan ! Paf ! Ça c’est pour les syndicats et tous les vieux gauchos qui polluent l’Éducation nationale. Non mais !

Une p’tite photo ?

Bon. C’est pas tout ça, mais un billet de blog ça s’illustre. Et quoi de mieux que la photographie d’une salle de classe dans un billet sur l’éducation ?
Pour illustrer son soutien à Nicolas Sarkozy dans sa lutte pour la modernité et contre les archaïsmes, Jacques Grosperrin aurait pu choisir ceci :

Mais non. Ils ont l’air trop dissipés ces gamins.

Alors cela ?

Arf… non. On voit une marque. On est bien loin de l’uniforme là.

Ou bien ça ?

Non, non… trop d’élèves. Ne pas inquiéter nos électeurs.
Ils ont des petits-enfants tout de même…

Non ! Non ! Non ! Ces classes-là ce n’est pas ça l’école que l’UMP souhaite vendre à son électorat. Alors Jacques Grosperrin a trouvé LA classe parfaite. La mieux à même d’illustrer son combat pour « la modernité et contre les archaïsme » :


Ça c’est une vraie classe ! Une bonne vieille classe de l’école d’autrefois. Celle de la Guerre des Boutons et de la nostalgie de mamie Ginette.
Une classe avec des pupitres en bois, des petits encriers et des plumes Sergent Major. Une classe avec de vrais tableaux noirs parcourus des pleins et des déliés tracés à la craie par un véritable maître comme on n’en forme plus de nos jours (saleté d’IUFM). Un maître avec une baguette, une blouse grise et toute une collection de maximes.
Dans les pupitres, il y a sans doute d’anciens livres de géographie dans lesquels on apprenait les chefs-lieux et les numéros des départements par cœur. Ah ! on savait préparer les petits Français à la vraie vie à l’époque. Aujourd’hui les gosses apprennent peut-être à mettre en relation des documents (cartes, textes, chiffres) et à les analyser, mais sont-ils seulement capables de dire que la voiture immatriculée 62 qui est là — juste devant le véhicule parental — vient du Pas-de-Calais, chef-lieu Arras, production agricole de chicorée, orge, betteraves ?

Cette photographie choisie par M.Grosperrin pour illustrer son billet, n’a rien d’anodin. Au mieux c’est un lapsus révélateur. Au pire c’est un choix délibéré.
C’est le choix d’un fantasme. Le fantasme nostalgique d’une école qui n’existe plus parce que le monde lui aussi a changé.
Le fantasme de l’uniforme, des garçons d’un côté et des filles de l’autre. Le fantasme du maître assis derrière son bureau et de l’élève que l’on remplit d’un savoir transmis mécaniquement. Pas besoin de pédagogie pour ça. Pas besoin de formation non plus. Juste des connaissances disciplinaires.
Cette classe, c’est le fantasme de l’éducation du claquement de doigts, du « y’a qu’à faire comme ça », comme avant. C’était bien avant. C’est toujours bien dans les souvenirs de mamie Ginette.

Mais d’où vient cette photographie ?

Elle vient d’un site faisant la promotion du tourisme en Bretagne. Ce site nous suggère de visiter le musée de l’école Bothoa dans les Côtes d’Armor.
En voici le descriptif :

Dans l’ancienne école du bourg de Bothoa, dans les Côtes-d’Armor, retrouvez l’ambiance à la fois studieuse et nostalgique d’une salle de classe rurale des années 1930 : pupitres de bois ciré, odeur de craie et d’encre violette. Retrouvez la dictée, la morale, le calcul ou l’écriture à la plume. Dans une salle de classe, visitez l’exposition consacrée à l’école de Bothoa : photos de classe, film réalisé dans l’école en 1962, diplômes… La deuxième classe a été transformée en salle d’expositions temporaires. Au fond de la cour, se dresse la maison de fonction des maîtres : on y a recréé le cadre de vie de la première maîtresse qui habita les lieux de 1931 à 1947. Parmi ses objets et son mobilier, vous êtes plongé 80 ans en arrière.

80 ans en arrière, dans une classe vide donc. Les archaïsmes c’est mal n’est-ce pas Monsieur le député ? La modernité… vous disiez ?

Tiens au fait, Monsieur Grosperrin, pour visiter cette douce école-musée, le saviez-vous ? Il faut payer :

Pourtant c’était une école publique autrefois l’école de Bothoa. Tout se privatise de nos jours… Mais c’est pour le bien de l’éducation n’est-ce pas Monsieur Grosperrin ? C’est ça la « classe ».

Pour aller plus loin :

Un roi débonnaire

Le conte qui suit n’est pas de moi. Son auteur est la surnommée « Nisou » qui avait déjà écrit le texte « juste quelques mètres » que j’avais publié en janvier dernier.
Voici donc ce conte. Il s’agit d’un pamphlet et comme tous les pamphlets, il plaira à certains et déplaira à d’autres. Je le trouve pour ma part très joliment écrit.

Il était une fois un roi débonnaire qui vivait sur un royaume tout de vieilles pierres douces et polies à l’abri de grands arbres, la vie s’écoulait paisiblement des deux côtés de la rivière, sans aucun ennemi héréditaire, nul cataclysme naturel ou guerrier à craindre.

Le peuple parlait surtout des saisons pour se plaindre, trop chaud, trop froid et en accusait parfois les services du roi. C’était un peuple râleur mais pacifique qui, dans l’ensemble remettait sa confiance dans la chose publique qu’il avait choisie depuis un siècle. Attaché viscéralement à son royaume, il ne dédaigna jamais l’avenir, à sa façon un peu libertaire et frondeuse en préservant toujours farouchement son environnement unique et si précieux.

Son royaume était rond, environné de collines avec un cœur serti d’une rivière. Il était envié ailleurs, parfois moqué pour une certaine langueur.
Mais ce peuple chargé d’histoire et plein de bon sens savait prendre son temps. Il soupirait d’aise de rentrer dans son royaume quand il revenait d’ailleurs où la prétendue modernité avait rendu les cités grises et le peuple fatigué et essoufflé.

Un jour sinistre survint, que se passa t -il ? nul ne le sut, certains accusèrent une potion de fiel versée par un méchant conseiller, d’autres le sort jeté par une vouivre délestée de son diamant, ou peut-être les effets d’un vent d’automne pernicieux, bref le roi décida à la seconde qu’il fallait inscrire une œuvre pour sa postérité et imiter son cousin royal du royaume d’à côté.
Il décréta que les calèches ne menaient pas assez bon train bien qu’il ne les empruntait jamais, creusons une faille dit-il pour un long serpent sur rail qui fera ma fierté et qui amusera les sujets qui y seront transportés.
Le peuple intervint, le conseilla, voulut participer à ce projet d’envergure.
Que fichtre d’un peuple ignorant ! Je veux que l’on voit ce serpent, c’est ce qui est important et on le verra là au plus près du cœur serti du royaume.
Le peuple proposa, argumenta, le roi décida. Il se défit des sages conseillers qui lui barrait la route.
Il traça une longue cicatrice au milieu des vieilles pierres chargées de passé, fit arracher des arbres vénérables qui les avaient ornés et chasser hors des murs par des jets de pierre les oiseaux qui y nichaient. Voilà qui est mieux se félicita-t-il, table rase et boule de gomme, c’est pour le bien de mon peuple. Celui-ci gronda, mais le roi fit arrêter les manants, brûla leurs écrits et s’apprêta à rétablir en l’aménageant, l’ancien lieu des exécutions publiques. Il vida son coffre de pièces d’or, emprunta dans tous les autres royaumes, et leva de lourds impôts.
Son royaume si paisible fut mis sens dessus dessous par des travaux gigantesques dont il tenait informé jour après jour ses citoyens par le biais de jolis parchemins dorés. Le peuple murmurait et lui, répétait : tout cela est bon pour vous. Grand seigneur, il tenait des tribunes en personne pour expliquer, expliquer à ce peuple décidément rétif au progrès et ses conseillers au sourire figé approuvaient de la tête.

Seulement, le joli royaume perdait son âme jour après jour, à chaque coup de massue et à chaque mouvement de scie. C’est le cœur du peuple qui était assommé et découpé. Les indigents et impotents ne trouvaient bientôt plus de calèches, les oiseaux n’étaient jamais revenus et le vide s’installait, même le sieur Jouffroy avait été enlevé à l’amour du peuple, par jalousie sans aucun doute.

Le grand serpent fut enfin mis en route, drapeaux et oriflammes saluèrent son passage, entourés de curieux. Il fit vibrer rageusement les dernières vieilles pierres en les menaçant à son passage, transportant quelques goguenards partis se vider une pinte. Il passait et repassait inlassablement, rempli ou non d’un peuple pressé ou désœuvré à l’œil indifférent sur ce qui fut.
Les arbres replantés à la hâte pour consoler le peuple, avaient l’air alanguis de demoiselles maladives qui ne grandiraient jamais soutenus par de grandes béquilles et les passants baissaient la tête en pressant le pas sous les rafales d’un vent glacial ou d’un soleil de plomb. Dans la rivière mugissante, la vouivre attendait sa vengeance.
Les paroles d’un chantre esseulé qui rimait ses strophes avec beauté et progrès se perdirent à jamais dans le souffle du serpent.

Une indicible tristesse s’empara du royaume, un manque indéfini au-delà des yeux que seules les larmes peuvent combler. Le serpent transportait un peuple devenu aveugle des fantômes se reflétant dans le fleuve.

Un jour, le serpent s’immobilisa dans un dernier crissement comme par enchantement ou par panne de courant et de la sciure mêlée de sang de sève, des racines surgirent vengeresses et firent éclater les rails.

Dans sa retraite, le roi attristé par la mélancolie de son peuple retrouva sa bonté et leur demanda en toute humilité ce qui était bon pour eux.

Si j’étais maire de Besançon

Si j’étais maire de Besançon, j’annoncerais l’installation de caméras de vidéosurveillance quelques mois avant les élections législatives. Cette annonce me permettrait de couper « l’herbe sécuritaire » sous le pied de mes adversaires de droite. Elle constituerait également une efficace peau de banane jetée sur le chemin du candidat écologiste investi avec la bénédiction de mon propre parti. C’est bien connu, les écolos hurlent quand on leur parle vidéosurveillance. D’ailleurs moi je ne parlerais que « vidéo-protection ». Les éléments de langage ne doivent jamais être négligés.

Certes, cela m’obligerait à faire fi des principes que j’avais jusque là défendus, mais je ne le dirais pas comme cela. J’opposerais habilement mon « sens pragmatique » aux « grandes positions idéologiques » de ceux qui seraient tentés de protester — y compris dans mon propre camp. Habile non ?

Puis, quelques semaines plus tard, je dirais quelque chose comme : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour réduire le sentiment d’insécurité dans la ville mais vous savez, être seulement maire ne suffit plus de nos jours. Il faut désormais avoir les moyens de défendre les intérêts de sa ville au plus haut niveau — celui de l’État — afin d’obtenir par exemple plus de policiers… »

Alors je présenterais ma candidature aux législatives — envers et contre tous. Je le ferais avec abnégation, pour le bien de Besançon qui a vraiment besoin de retrouver un député-maire pour « rayonner ».

Et si on me parle de « cumul de mandats », j’opposerais encore une fois mon « sens pragmatique » aux « grandes positions idéologiques« … Le peuple contre les élites en quelque sorte. Ça plaît toujours ça.

Si j’étais maire de Besançon…

Dis-donc ducon, y’a plus grave non ?

— Dis ducon, t’en as pas un peu marre de nous gonfler avec tes arbres abattus ? Tu ferais mieux de gueuler contre l’élevage de visons qui se trouve pas loin d’ici ! C’est quand même plus grave que trois arbres pourris tu crois pas !?

— Dis blaireau, ça va ? Tu te sens pas un peu ridicule avec tes visons, alors que partout dans le pays y’a des gens au chômage ? Ils s’en cognent de tes rats à fourrure tu sais !

— Dis pétasse, t’as pas honte de nous faire chialer avec tes copains chômeurs alors qu’il y a des gens malades qui souffrent vraiment — eux !

— Dis enfoiré, y’a plus grave qu’être au chaud dans un hôpital tu penses pas ? Regarde tous ces gens qui dorment dans la rue !

— Dis trouduc, t’as pas l’impression d’en faire des tonnes avec tes SDF ? Y’a pire : t’as vu les Syriens qui n’ont même pas le droit d’y descendre — dans la rue — pour réclamer leur liberté !

— Dis nunuche, tu crois pas qu’on en fait des tonnes avec les Syriens ? D’autres peuples se battent contre des tyrannies encore plus cruelles et personne n’en parle !

— Dis dugland, t’as pas entendu parler des gosses qui meurent de faim ? Ils s’en balancent eux de la politique. Ils ont juste faim !

— Dis-donc connard, tes petits Somaliens là. Si t’en parles c’est qu’ils sont encore en vie non ? Y’a pas plus grave tu crois ? T’as même pas eu un mot pour Whitney Houston ! Sale con d’bobo va !