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Franche-Comté : faisons mousser notre vieille province !

— Mon pauvre vieux, me disait l’autre jour mon ami Chose, on ne connait pas assez notre vieille Franche-Comté.
Charles Nodier, qui, fichtre, n’était pas un imbécile, l’appelait la préface de la Suisse. Il avait raison et c’est une préface qu’on ne lit pas, on ne la parcourt même pas — sans jeu de mots. Et cependant quel admirable pays.
Oui, je sais, ça manque de glaciers ; mais est-il quelque chose de plus beau que ses gorges sauvages, ses bois touffus, ses collines verdoyantes qu’escaladent des vignes ou des sapins, ses torrents aux ondes mugissantes ? On ne connaît pas assez tout cela et on va chercher bien loin ce que l’on a tout près.
Cependant comme il serait facile de mettre en valeur toutes ces merveilles. Regarde un peu ce qui se passe autour de nous ; pourquoi ne l’imitons-nous pas ? Pourquoi ne faisons-nous pas comme les Suisses et les Allemands qui ont tout fait depuis quelques années pour favoriser le tourisme et attirer chez eux les étrangers ?
Ah ! le tourisme, mon ami ! Favorisons le tourisme ! Pour cela, ayons de bonnes routes, de bons hôtels partout, dans les coins les plus reculés. Faisons connaître par une savante réclame les coins pittoresques de notre région. Tiens, dans un patelin perdu de la montagne, il y a une cascade. Annonçons-le partout ; disons que c’est une merveille, une perle inconnue et insoupçonnée. Les uns iront voir et reviendront déçus, c’est possible ; mais d’autres y retourneront et y mèneront leurs amis. Je ne dis pas qu’on doit faire du battage et estamper ses semblables, non, mais une réclame bien comprise peut agir énormément.
Aussi, mon cher, je n’ai pas hésité à adhérer au Syndicat D’initiative qui vient de se former chez nous. Le comité est nommé ; j’en suis. Je t’inscris comme membre fondateur : c’est trois cents balles. Tu verras, on va fairemousser notre vieille province. Dans les Champs-Elysées — sa demeure dernière — cet excellent Nodier va en être baba.
Mais, sapristi, il faut que je te quitte. Je raterais mon train.
Quo Vadis ((Où vas-tu ?)) ?
— Rejoindre ma famille qui villégiature à Trou-les-Sapins, en Suisse. Au revoir.
Monsieur Troisixe.

Cette étonnante chronique régionale (sic) est parue il y a exactement un siècle dans le quotidien Le Petit Comtois du lundi 12 août 1912 (consultable ici). Ce qui faisait l’actualité d’alors était la tout récente création du Syndicat d’initiative de Besançon et de Franche-Comté. Tiens, au fait, les Offices du Tourisme du coin ont loupé leur centenaire…
N’empêche : il y a un siècle, on se souciait visiblement du manque de notoriété de la Franche-Comté. On avait bien conscience du potentiel touristique de la région. Il restait à la faire connaître. À forger l’image touristique de la Franche-Comté.

Et 100 ans plus tard ?

Un siècle est passé et la Franche-Comté se débat toujours pour se construire une image. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est l’agence lyonnaise Native Communications à qui notre région a confié la réalisation de sa campagne »Originale Franche-Comté » lancée fin 2011 :


« déficit de notoriété » « absence d’image »… Afin de remédier à ce constat accablant, la campagne fut menée sur tous les fronts : des affichages dans des lieux stratégiques (gares de grandes villes), des encarts dans des titres print nationaux, un spot télé (voir ci-dessous) et de manière moins reluisante : corruption rémunération de blogueurs voyage/tourisme/cuisine influents ainsi qu’une forte suspicion d’achat de fans (si si ça existe) afin d’épaissir un peu la page Facebook officielle qui compte à ce jour plus de 11.000 fans mais sur laquelle les interactions (likes, commentaires, partages) sont étrangement rares… fort peu nombreuses en tout cas pour une page supposée fédérer 11.000 vrais fans

Et sinon les Francs-Comtois, ça va ? Vos “aspérités intangibles” ne vous démangent pas trop ? Votre “absence d’image” vous pose-t-elle des problèmes au quotidien ?

Espérons que non car il se dit (il se murmure) que le bilan d’étape de la campagne Orig!nale Franche-Comté a montré que l’image de notre région avant/après est toujours aussi floue vue pour le reste du monde. Kif kif. Orig!nale ou pas. Ça fait cher le flou (deux millions d’euros sur 2 ans pour cette campagne).

Mais ne désespérons pas. Notre région est belle. Rendez-vous dans cent ans !


EN BONUS : les meilleurs billets de blogueurs adorant beaucoup beaucoup l’Orig!nale Franche-Comté

Euh… les meilleurs billets sponsorisés, devrais-je dire, car nos blogueurs se sont contentés — contre rémunération — de publier des textes pré-digérés pour eux. Ils l’ont d’ailleurs indiqué à la suite de leurs billets voire avant pour les blogueurs les plus respectueux de leurs lecteurs.

Quand on sait que ces billets « coups de coeur pour la Franche-Comté » sont totalement bidons, c’est un bonheur de les lire et d’observer avec quelle finesse les spécialistes de la communication digitale en charge de cette campagne se sont fait livrer des fleurs.

Extrait : Pour en savoir davantage sur tous ces événements, rien de plus simple : il vous suffit de vous rendre sur le site de L’originale Franche-Comté qui est, ma foi, super bien fait. Rares sont les sites où l’on peut naviguer d’infos en infos aussi facilement, et en obtenant des renseignements aussi clairs et complets. En plus, le design est assez sympa et ferait presque penser à un blog. (…)
Extrait : Alors si cette belle région vous tente je vous invite à vous rendre sur le site de L’originale Franche-Comté, où vous trouverez toutes les infos sur cette belle région en navigant simplement de sites en sites rapidement grâce à l’interface dynamique et claire (redirection de mots clés vers différents sites internet de marques, partage mail/facebook/twitter, chaîne Youtube etc.) au gré de vos envies culinaires, culturelles, historiques…. (…)
Extrait : Voilà un site très bien. La navigation y est simple et la rubrique Ambassadeurs est une vraie bonne idée. Elle donne la parole à des habitants amoureux de leur région. Ils donnent vraiment envie de visiter la Franche-Comté ! (…)
Extrait : (…) Je vous conseille alors d’aller faire un tour sur le nouveau site internet tourisme l‘originale Franche-Comté, dont accessibilité est le point fort. (…)
Extrait : Vous découvrirez d’abord le nouveau site internet « L’originale Franche-Comté ». Le site est très bien réalisé pour vous aider à visiter, s’implanter ou vivre en Franche-Comté. La navigation est simple et rapide, l’interface clair et dynamique. Vous y trouverez les liens facebook et twitter désormais indispensable pour les geeks que nous sommes :o) ! (..)

Un compte Twitter vous dites ? On l’attend toujours. Dans cent ans peut-être…

Avant le Costa Rica, Franche-Comté Interactive avait fait un petit détour en Inde

Au détour d’un commentaire laissé par un lecteur sous le précédent billet titré ‟‟L’avenir du Web franc-comtois passerait-il par le Costa Rica ?”, les graphistes Web seront heureux  d’apprendre que leurs confrères développeurs sont aussi concernés par les missions de prospection de FC-I dans des pays à bas coûts.

Ainsi, dans un article du site spécialisé “Le Mag IT”, on apprend que le président de Franche-Comté Interactive – par ailleurs directeur d’une agence de création de sites Internet – s’est déplacé voila quelques mois en Inde pour “évaluer les sociétés indiennes dans une perspective de sous-traitance dans le domaine du développement Web, pour [ses] adhérents”. Dans cette optique, d’autres pays auraient également été “visités”.

Après la pénurie de graphistes, les entreprises adhérentes de FC-I ne sachant apparemment pas où trouver cette fois-ci des développeurs d’applications mobiles (pourtant nombreux en France et en Europe), notre homme est persuadé que “le recours à la sous-traitance [indienne, ndlr] pourrait les aider à accélérer leur développement”. On ne peut faire plus clair : il est bien question ici de sous-traitance et non de simple développement de business.

Le patron d’une agence de création de sites bisontine et éditeur d’un célèbre portail local [par ailleurs membre du Conseil d’Administration de FC-I, ndlr] indique pour sa part que “il souhaiterait pouvoir s’appuyer sur des partenaires indiens pour gérer avec plus souplesse et moins de risque les phases de croissance de son activité”.

En clair, selon les propos tenus dans l’article : ce gérant pourrait faire appel à des compétences indiennes plutôt qu’à des collaborateurs ou freelances franc-comtois. Les prix ne sont pas les mêmes, la marge finale non plus c’est évident.

Pourtant ce même prestataire est signataire de la charte qualité web de FC-I qui exige une totale transparence des prestataires vis-à-vis des clients. D’où la question légitime : ces derniers sont-ils informés que certaines compétences ayant pu participer au développement de leur sites sont potentiellement basés en Inde ? Voila une bien curieuse conception du soutien à la filière TIC comtoise qui patauge depuis dix ans.

En tout cas, si l’on en croit la réaction d’un vice-président du Conseil Régional cité dans un article de l’Est Républicain lié à cette affaire (voir ci-contre), le sujet est désormais brûlant et loin d’être clos (lire l’article intégral).

Si l’on regarde la taille des prestataires TIC de la Région, est-il nécessaire de les inviter à externaliser une partie de leur activité stratégique dans des pays à bas coûts ? Quelle est la perte économique induite pour la Région et les collectivités locales qui subventionnent les actions de FC-I ? Le rôle d’un syndicat n’est-il pas de défendre ses entreprises adhérentes et contribuer à faire éclore des entreprises sur son territoire ?

Autant de questions qui méritent d’être posées. Et force est de constater que ce n’est pas le piteux communiqué de presse publié ce jour par Franche-Comté Interactive qui apportera toutes ces réponses…

Pour terminer, voici le mail d’origine de cette opération de prospection en Inde : une invitation à une rencontre qui eut lieu en septembre 2011 avec le Directeur de la société Drish Infotech basée en Inde.

[Mise à jour (samedi 14 juillet 2012)] :

  • une nouvel article dans l’Est Républicain de ce jour

Un passage par le cache de Google nous apprend de quelle page il s’agissait. En l’occurrence de l’annonce du Forum « Costa Rica Technology Insight» à San José des 19 et 20 juin 2012.

En voici une capture :

Les médias, le corbeau et l’église hantée qui aurait pu servir de leçon


C’est sûr, les médias à buzz (Morandini & cie) vont faire un joyeux festin de l’affaire du corbeau agresseur de Froidefontaine (Territoire de Belfort). Le buzz semble d’ailleurs bien parti.

Il faut dire que tous les ingrédients sont réunis : une bonne dose de mystère (un corbeau agressant toujours la même personne), une victime innocente, des épisodes (quatre agressions déjà !), du suspense (l’autorisation de tuer le corbeau mais l’auront-ils ?)… et tout ça en pleine France rurale.
En somme, le fait divers parfait pour des médias parisiens toujours friands d’anecdotes insolites sur notre si exotique province.

Alors que cette insolite fait divers est relayé sans retenue par certains médias locaux, d’autres commencent à s’interroger et à laisser transpirer un certain scepticisme. Des doutes portant notamment sur ces supposées griffures de corbeaux si régulières et qui jamais ne se croisent, alors même qu’elles sont supposées avoir été infligées par un oiseau en vol sur un bras qui s’agite, forcément…

Capture d’un reportage de France 3 Franche-Comté

Toutefois à cette heure, dans la presse, point d’interrogation sur l’absence de témoins des faits. Aucun avis d’expert non plus sur l’origine des blessures (un médecin légiste par exemple). Non. L’affaire est trop bienvenue en pleine torpeur juillétiste. Et puis ce fait divers permet à chacun – alors que la crise frappe durement – de se dire qu’il y a plus poisseux que lui.

Attention, le propos n’est pas de dire ici : c’est vrai ou c’est bidon ; mais plutôt de souligner que certains aspects de cette affaire appellent le doute et que celle-ci mériterait d’être traitée avec des pincettes.
Imaginons un instant que tout soit bidonné… Dans quelle situation se retrouverait cette famille dans ce village après une telle exposition médiatique ? Acceptons maintenant que tout soit véridique, alors il serait fort judicieux de couper court aux rumeurs et méchancetés qui courent sur le Net. Alors docteur ? Ces griffures ? Elles sont plausibles ?

Mémoire courte
Et si l’on regardait un peu en arrière. Il n’y a pas très longtemps : en 1998. Et pas bien loin non plus : à Delain en Haute-Saône. Vous voyez cette église au cœur du village ? Figurez-vous qu’à l’automne 1998, elle attira l’attention des médias français, européens et internationaux. En quelques jours, les 213 habitant de Delain virent affluer des caméras et des micros du monde entier.
Ah ça y’est ! Ça vous revient ? C’est fou comme on oublie vite n’est-ce pas ?
Vous vous rappelez de cet histoire de Poltergeist ? Cet esprit malfaisant qui hantait l’église et faisait voler les cierges et décapitait les statues ? Même l’évêché s’en était ému et avait dépêché sur place un prêtre exorciste (!).
Le maire du village, quant à lui, s’exprimait volontiers devant des journalistes complaisants qui en redemandaient. Il faut dire que l’affaire plaisait, inquiétait, excitait…
Là aussi, tous les ingrédients étaient réunis et ce fut un méga-buzz… avant l’ère du Web. Notre corbeau n’était pas né.

Mais voilà. Il y eut le jour de la grande déception. Celui où le soufflé fit pschiiiit et retomba mollement. Le maire était un farceux à tendance mythomane. On venait d’apprendre qu’il avait tout inventé, tout orchestré.
Les médias – vexés – lui réglèrent son compte à grands coups d’éditos, de reportages et de chroniques acerbes. Mais ils oublièrent au passage de faire amende honorable suite à ce déchaînement médiatique pour… rien.
À Delain, on a encore honte de cette histoire. Autant vous dire que pour l’ancien maire du village (puisqu’il dût bien vite démissionner) la suite fut amère (suivi psychologique, condamnation en correctionnel, exclusion de fait du village).
Bien fait ? Sans doute. Sauf que lui seul a payé pour cette grande excitation médiatique et pour sa finale en eau de boudin. Pas les médias qui l’ont encouragé à l’époque par leur voracité sensationnaliste doublée d’une crédulité consentie… dans l’intérêt de l’audience, de l’Audimat.

C’est fou comme on oublie vite. C’est bien dommage, car les excès d’hier pourrait amener la tempérance d’aujourd’hui.

Pour aller plus loin

Deux articles à lire sur l’affaire de Delain :


grigg

L’avenir du Web franc-comtois passerait-il par le Costa Rica ?

Attention : ce billet comporte désormais une suite : Avant le Costa Rica, Franche-Comté Interactive avait fait un petit détour en Inde


Le saviez-vous ?

Il parait qu’en Franche-Comté il y a tellement peu de graphistes Web (« webdesigners ») que les entreprises spécialisées ont des difficultés à en trouver.
À tel point qu’un groupe de professionnels (« Franche-Comté Interactive » en abrégé : FC-I) propose à ces dernières de faire appel aux services d’une société basée au Costa Rica.

C’est en substance le contenu d’un mail que certains professionnels du Web ont eu la surprise de lire ce matin à l’heure du petit déjeuner :

Avant d’aller plus loin, quelques mots sur « FC-I » : cette association de professionnels comtois du multimédia fondée à Montbéliard au début des années 2000 est devenue syndicat professionnel voila quelques années et peut donc à ce titre profiter de fonds indépendants.
L’association se donne « pour objet de favoriser la coordination, la coopération,  . » (art.4 des statuts de l’association – PDF). En somme, FCI est supposée représenter les intérêts des professionnels du secteur et accessoirement tenter de développer la filière (créer des emplois et trouver des débouchés économiques pour faire simple).

Ce syndicat est notamment soutenu par des collectivités locales de la Région (Ville de Besançon, Grand Besançon, Agglomérations de Montbéliard et de Belfort, Région Franche-Comté…)

Pour mener à bien sa mission, FC-I organise régulièrement des nano-évènements d’un intérêt plus que discutable auxquels assistent généralement les membres de ce syndicat eux-mêmes selon les témoignages de quelques fins connaisseurs du secteur.

Dernier évènement programmé et annoncé dans le mail dont il est question ici : le 16 juillet, un apéro à Besançon destiné à présenter une société étrangère rencontrée par des membres de FC-I lors d’un salon… au Costa Rica. Objectif de cette rencontre : faciliter la recherche de talents graphiques prétendument difficiles à trouver en Franche-Comté.

On pourrait en rire si la filière TIC comtoise n’était pas en état léthargique depuis dix ans avec des structures de petite taille (donc fragiles) et qui bien souvent, n’arrivent même pas à capter les budgets régionaux. Le meilleur exemple est peut être celui de la récente campagne « l’Originale Franche-Comté » initiée par notre cher Conseil Régional (lui même soutien financier de notre cher Syndicat) dont les budgets ont tous été attribués à des agences lyonnaises et parisiennes.

Pour étayer ces propos, jetez un œil à une étude du SGAR datée de 2009. Celle-ci résume que « la filière TIC, dont le poids en terme d’emploi est inférieur à la moyenne française, est constituée essentiellement d’entreprises de faible effectif ».

Expliqué autrement : Pour faire émerger le Google de demain en Franche-Comté, il y a encore du boulot.

Justement, les spécialistes vous le diront : les actions menées par FC-I depuis dix ans n’ont pas vraiment contribué à attirer de nouvelles compétences pour répondre aux besoins des entreprises que le groupement dit pourtant représenter. Ce syndicat se trouve donc « obligé » de faire venir de très loin, la société « InterGraphicDesigns » qui selon le mail reçu ce matin « propose ses services à de nombreux pays francophones dont le Canada ».
À titre d’information, le salaire minimum est d’environ 200$ par mois au Costa Rica. On imagine aisément les économies permises par l’externalisation de certaines compétences. Mais encourager ce type de concurrence, est-ce le rôle d’un syndicat supposé assurer « la promotion des Entreprises et le développement des compétences existantes dans le domaine des TIC en Franche-Comté« (art.4 encore…) ?

Redressement productif qu’ils disaient.

En clair, plutôt que d’encourager la promotion de talents régionaux ou l’arrivée de nouvelles compétences basées en d’autres points de notre territoire métropolitain (car oui, il y a des graphistes excellents qui galèrent pour trouver des contrats), ce syndicat soutenu par les collectivités de la région préfère donc encourager la délocalisation (externalisation pour être précis) de compétences. Après tout, c’est tellement plus facile et moins cher que de chercher à faire venir des graphistes chez nous.

La situation devient quasi-comique lorsqu’on lit en détail la « charte qualité web » qui invite oblige les prestataires-membres de FCI à « posséder toutes les compétences requises pour l’exécution de la prestation ou dans le cas contraire, notifier le recours à des compétences externes ».

Combien de prestataires oseront dire à leurs clients qu’ils font appel à des graphistes ou marketeurs web basés au Costa Rica ?

En cette période de crise, il serait temps que nos collectivités s’interrogent sur le bien-fondé de ces actions et plus généralement de ces organisations subventionnées dont les missions aux contours flous ne sont pas efficacement menées à bien.

Pour nous prouver le contraire, un bilan indépendant de l’impact positif (ou non) sur l’emploi local des actions de ce syndicat serait fort utile…

En attendant, l’émotion est vive parmi les professionnels du secteur. Certains invitent d’ailleurs via Facebook à se rendre à l’apéro organisé par FCI mais pas dans l’esprit envisagé par l’association :

« Confrères et consoeurs, retrouvons nous à l’occasion de cette excellente initiative pour faire de nous même le constat que nous sommes une denrée rare dans la région ! « 

Et puis tiens, au passage : sachez que L’Université de Franche-Comté propose, à l’IUT de Belfort-Montbéliard, une Licence professionnelle activités et techniques de communication spécialité webdesign


[Mise à jour (vendredi 13 juillet)] : L’Est Républicain publie dans sont édition du jour un article écrit par JP.Tenoux.

[Mise à jour (samedi 14 juillet)] :

  • Un second article de JP.Tenoux dans l’Est Républicain de ce jour.

Un passage par le cache de Google nous apprend de quelle page il s’agissait. En l’occurrence de l’annonce du Forum « Costa Rica Technology Insight» à San José des 19 et 20 juin 2012.

En voici une capture :

Polémiquons un peu sur la sacro-sainte braderie de Besançon

Vendredi 6 et samedi 7 juillet 2012, le centre-ville de Besançon accueillera la traditionnelle Braderie d’été.

Cette année plus de 500 commerçants participants sont espérés (dont environ 200 sédentaires). Mais en ce mois de juillet 2012 – chantier du tram oblige – vendeurs, clients, tracto-pelles, grues et autres engins de chantiers devront cohabiter vaille que vaille sur un espace forcément restreint.

Cet événement bi-annuel (car la braderie a lieu également en octobre) est organisé par l’Union des Commerçants de Besançon (UCB).
Cette association récupère chaque année un joli pactole grâce aux redevances qu’elle collecte auprès des bradeurs. Ces derniers devant évidemment s’acquitter d’un droit de place en échange de l’emplacement qui leur est accordé.
La somme ainsi récupérée est d’environ 140.000 euros par an (pour les deux braderies). Occuper l’espace public ça rapporte. [Rentable]

Document : le dossier d’inscription à la braderie (juin 2010)
et la grille tarifaire.

Pour les tarifs de la braderie de juillet 2012, quelques précisions apportées dans l’Est Républicain du 4 juillet 2012 :

Toutefois cette manne annuelle ne suffit pas à assurer le bonheur de l’Union des Commerçants. On sait en effet que depuis quelques mois, le torchon brûle entre d’un côté la Ville, son maire, son adjoint au commerce (et plus généralement sa majorité de gauche) et de l’autre côté l’Union des Commerçants de Besançon, et son président, Jérôme Cart.
Au centre de cette tension, bien sûr : le chantier du Grand Méchant Tram et les travaux envahissants accusés de fragiliser nombre de commerces du centre-ville.

Dans ce contexte, la braderie peut être perçue comme un appel d’air vivifiant.
Schématiquement :

nombreux exposants -> beaucoup de monde attiré par la braderie -> des clients pour les commerces du centre-ville

Sauf qu’il suffit de se balader dans Besançon lors d’une braderie pour constater que certes, il y a du monde entre les stands, que ça grouille même ; mais que ce sont les pires journées de l’année pour accéder aux commerces du centre-ville : parkings blindés, vitrines cachées par les exposants, accès souvent difficiles, la foule qui rend les déplacements très lents. En somme, les commerçants sédentaires prenant part à la braderie (et payant d’ailleurs pour cela) en tirent probablement profit, mais pour les autres sédentaires et notamment ceux qui n’ont rien à brader, est-ce vraiment une si bonne affaire que cela ?

Et puis il y a cette question qui me turlupine depuis des années : n’y a-t-il par un paradoxe dans le fait qu’une association défendant l’intérêt du commerce local attire des commerçants bradant des produits habituellement vendus dans les commerces du centre-ville ?


Un exemple pour illustrer cela : imaginons que je veuille renouveler ma collection de poêles Tefal (oui je sais, le Teflon c’est mal). Croyez-vous que je vais me rendre rue Bersot et payer plein pot mes nouveaux ustensiles dans un commerce spécialisé ?
Bah non voyons. Je vais attendre la braderie qui a lieu dans quelques semaines et emmener mon portemonnaie faire un tour au croisement de la Grande rue et de la rue de la Préfecture. Là je devrais trouver – comme à chaque braderie – un bradeur vendant du Tefal à pas cher et en quantité (sorties d’usines et bla bla bla).
Est-ce du Tefal garanti Tefal™ ? En tout cas le monsieur le clame haut et fort. Et puis c’est écrit sur les casseroles, alors… Par contre il est vrai que les photographes ne sont pas les bienvenus à proximité de ce stand. On va jusqu’à demander au photographe ayant été vu en train de déclencher dans la mauvaise direction, de vider sa carte mémoire et fissa ! Allez savoir pourquoi.

Quoi qu’il en soit, le Tefal y est moins cher. Dommage pour le commerçant spécialisé de la rue Bersot qui au final souffre probablement de cette concurrence attirée par la braderie de l’Union des Commerçants…  Union des Commerçant dont il est d’ailleurs membre. [Logique]

Et l’enseigne de la rue Moncey qui commercialise la marque Levi’s. Elle aussi est adhérente de cette Union des Commerçants qui engrange les droits de place de bradeurs des 501 vraiment pas chers… tellement moins chers.

Alors oui je sais. C’est sans doute moi qui n’y connait rien. Les commerçants ne donneraient pas le bâton pour se faire battre. Si les ventes de 501 et de casseroles Tefal venaient à baisser en juillet et en octobre dans les commerces du centre-ville, ce serait la faute au tramway. [Forcément]

Plus grave

Et si on parlait des cas de tromperies sur les produits vendus par certains bradeurs non-sédentaires ? Les exemples les plus fameux concernent les parfums. Vous savez : le coup du bonimenteur qui laisse entendre à son auditoire – sous le sceau de la confidence – que le parfum qu’il lui propose à bas prix est en fait « du Chanel », « du Kenzo » ou « du Gaultier » dégriffé, que la bouteille et l’emballage sont différents bien sûr mais que si si c’est le même parfum. Sauf qu’il est beaucoup mais alors beaucoup moins cher :

« Et puis tiens ! Je vous aime bien alors je vous rajoute le « J’adore de Dior » et le tout – non pas 1 ni 2 ni 3 ni 4 mais 5 PARFUMS pour 20 euros. Mais faites vite hein ! Parce que ça va partir très vite ! »


[vidéo réalisée en juillet 2010 sur la braderie d’été de Besançon]

Sauf que ces propos sont mensongers. Ce ne sont pas des parfums dégriffés à bon prix. Juste des parfums bas de gamme chers payés pour 20 euros.
Et au-delà du mensonge, ce sont là des pratiques commerciales trompeuses qui tombent sous le coup de la loi. Et le tout sous les yeux d’organisateurs qui ne veulent rien voir voient rien, trop occupés à encaisser les droits de place.

Voyez cette autre vidéo tournée en octobre 2010. Le bradeur pousse le luxe jusqu’à décorer son stand d’une banderole « STOP À LA CONTREFAÇON » légendée ainsi :

« Toutes les senteurs présentées sur notre stand sont des créations et en aucun cas des copies de marques. »

Maintenant regardez et écoutez cette vidéo tournée devant ce même stand :


[vidéo réalisée le  23 octobre 2010 en caméra pas si bien cachée que ça, vous l’aurez compris… j’ai eu très chaud car s’en est suivie une altercation verbale. Le vendeur voulait que j’efface mes photos. Ce que j’ai refusé. Seule la menace de régler cela avec la Police municipale avait calmé le vendeur.]

L’argument du « Pas de contrefaçon ici » est carrément un sur-mensonge absolu. Le client naïf peut même comprendre : ce sont donc vraiment des marques dégriffées, on peut y aller les yeux fermés le nez fermé.

Au fait, devinez un peu à quel endroit ce stand était installé. Photo :


Ce stand se trouvait rue Moncey, juste à côté de la librairie Cart (qui depuis a fermé) et dont le dirigeant – Jérôme Cart – était, et est encore aujourd’hui le président de l’Union des Commerçants de Besançon. Les boutiques Sephora et Nocibé, adhérentes de l’association, apprécieront. [Carrément]

Allez, maintenant c’est à vous de raconter votre braderie. Tout ce que vous aimez ou détestez. Les commentaires sont là pour ça.

Besançon : deux agressions attribuées à des néo nazis publiées sur Youtube

Mise en garde : les scènes présentées sur les vidéos dont il est question dans ce billet montrent des scènes de violence.

Ce mercredi 27 juin 2012, deux vidéos ont été mises en ligne sur Youtube par un utilisateur dont le pseudo est « Multifouineur« .

Ces deux vidéos sont taggées « Besançon » mais elles ont un autre point commun beaucoup plus inquiétant : on voit sur chacune d’elle une scène d’agression courte mais néanmoins violente. Dans les deux cas, un groupe de 5 ou 6 d’individus s’en prend à un ou peut-être deux individus.

Les agresseurs sont identifiés par le posteur des vidéos comme des « néo-nazis » ou « nazillons » (dixit). Ils portent des vêtements noirs, leurs cheveux sont rasés ou cachés sous une capuche.

Les légendes des deux vidéos précisent que les agresseurs se seraient filmés eux-mêmes et que les scènes se dérouleraient au centre-ville de Besançon.

Première vidéo

Le groupe se déplace puis passent devant la terrasse d’un café. Il s’en prend à une personne qui y est assise.

http://www.youtube.com/watch?v=e9SSuNBB0Fg

Le bar en question est le « Pub de l’Étoile » qui se situe entre le pont Battant et la Grande rue. Voici une image de Google Street View et une capture de la vidéo pour s’en persuader (voir le auvent du kebab au fond).
On ne peut pas dater précisément la vidéo mais on y devine la route en chantier en arrière plan de la scène (à confirmer).

Sur l’image extraite de la vidéo, on peut également remarquer qu’au moins deux agresseurs portent des blousons décorés d’un sigle représentant le lion comtois. Mais ce sigle comporte également deux bandes rouges formant se croisant derrière le lion.
Ce logo ressemble très fortement à celui du Front Comtois, un groupuscule identitaire comtois clairement ancré à la droite la plus extrème et dont le responsable avait été avait été jugé puis condamné en décembre 2011 pour  « provocation à la haine ou à la discrimination raciale« .Deux initiales WS viennent compléter le logo. Elles correspondant à un groupe néo-nazi nommé « Werwolf Sequania » sur le site duquel on retrouve le logo en question.

Seconde vidéo

Un groupe d’agresseurs (mais rien ne permet d’affirmer que c’est le même groupe) s’en prend à un ou deux individus. L’un d’eux se retrouve à terre. On entend un bris de verre.

La scène, tout comme celle du bar d’ailleurs, se déroule de nuit. On peut la localiser sur le pont Denfert Rochereau côté Tour de la Pelotte.

D’où viennent ces vidéos ?

Toutes deux semblent à l’évidence avoir été tournées de l’intérieur par un membre du groupe. Sans doute à usage interne. Histoire peut-être pour les membres du groupe de s’auto-satisfaire de leurs expéditions courageuses (de nuit et à six contre un) en éructant de la bière sur fond de chants du bon vieux IIIe Reich.
Mais comment ces vidéos se retrouvent-elles sur le Web ? Vraisemblablement – et à lecture des légendes associées – par le fait de quelqu’un qui n’aime pas mais alors pas du tout les chemisettes brunes comtoises et qui a récupéré ces vidéos.

Quoi qu’il en soit, ce que montre ces vidéos est fort inquiétant. Qui sont ces gens qui ont été agressés ? Qu’ont-ils fait pour déclencher la violence de leurs agresseurs ? Avaient-ils l’air de communistes patentés ? Avaient-ils la peau trop sombre ou les yeux bridés ? Sommes-nous en 2012 ou dans les années 30 ?

La Police ferait bien de s’y intéresser et de croiser peut-être ces vidéos avec de récentes affaires d’agressions non élucidées.

Mise à jour (peu après la publication de ce billet) : je vous encourage à lire le premier commentaire ci-dessous qui apporte des informations sur l’origine de la première vidéo et l’intention de ses auteurs.

Quand la rumeur devient argument politique : petit exemple bisontin

Le Web va vite. L’info fuse. À peine un fait s’est-il déroulé qu’il est déjà relaté sur Twitter, retwitté ((un message Twitter est retwitté lorsqu’il est partagé par une personne abonné au compte de la personne qui l’a diffusé)) et encore retwitté…
Le hic, c’est que l’info de départ est généralement brute, elle n’est pas encore analysée, ni mise en perspective. Voire pire : elle n’a parfois même pas été vérifiée.

À l’échelle nationale cela peut mener par exemple à la fausse mort de Margareth Thatcher annoncée sur Twitter par un pseudo site d’actualité qui avait pris pour argent content une info diffusée sur le faux compte Twitter de Carla Bruni Sarkozy…

Au niveau local, voici une anecdote du jour…

Ce samedi 26 mai 2012, un conseiller municipal UMP de Besançon poste un statut sur son profil Facebook.

S’ensuit un échange avec d’autres conseillers municipaux… de droite et de gauche. Ils ne sont pas d’accord, on s’en doute. Le débat démocratique se passe aussi sur les réseaux sociaux.
Dans cet échange, intervient Martine Jeannin qui elle aussi est élue au Conseil municipal de Besançon. Mme Jeannin est étiquetée Gauche moderne… comprenez Centre droit — un jour il faudra d’ailleurs qu’on m’explique.
Mme Jeannin commente :

On l’aura compris, Martine Jeannin n’aime pas plus du tout le PS dont elle fut pourtant la candidate aux législatives de 2007 sur la 5e circonscription du Doubs. Aujourd’hui elle semble surtout obnubilée par les sujets de l’immigration et de la burqa.

Quant à ses propos sur Mme Taubira et cette histoire de drapeaux tricolores brûlés que la ministre aurait excusée…  il s’agit d’une rumeur totalement bidon, montée et relayée par une certaine droite qui a fait de Mme Taubira, la cible favorite de son racisme latent non assumé. Et même le chef de l’UMP s’en mêle.

Il ne s’agit pas ici de classer Mme Jeannin dans cette triste catégorie mais d’observer que quiconque relaie ce genre de rumeur, fait preuve en — conscience ou non — de complaisance voire de complicité envers des méthodes pour le moins nauséabondes.
Côté judiciaire, relayer de telles rumeurs infondées revient à calomnier et à prendre le risque d’une plainte en diffamation. Venant d’une élue de la République, c’est ballot et pas exemplaire pour deux sous.

Décryptage : pour propager efficacement une rumeur de droite, liste des ingrédients :

  • une bonne dose de rancœur envers l’élection de François Hollande et l’arrivée de la gauche au pouvoir ;
  • un soupçon d’envie d’en découdre aux législatives ;
  • une grosse louche de propension à diffuser tout ce qui semble démontrer la vilenie et l’antipatriotisme de ladite gauche ;
  • une rumeur répondant à toutes ces attentes …

Un ingrédient suffirait pourtant à s’éviter une recette immangeable : une simple cuillère à soupe d’esprit critique. Dans le cas qui nous intéresse, celle-ci semble avoir clairement manqué à Mme Jeannin qui n’a pas pris la peine de douter et à accepté sans coup férir l’antipatriotisme dénoncé de Christine Taubira.
Une simple recherche sur Internet à l’aide des mots-clés « drapeau Taubira » lui aurait pourtant permis de démonter la rumeur puisque l’on trouve plusieurs articles sur le sujet et notamment le premier d’entre eux (publié le 20 mai dernier) :

Mais que Martine Jeannin se rassure. Elle n’est pas la première. Roselyne Bachelot elle-même s’était faite l’écho des drapeaux brûlés de Taubira (avant la publication de l’article d’Europe 1) :

Et puis, ce péché de « Web-crédulité » n’est pas l’apanage de la droite. Rappelons le cas de Jean-Luc Mélenchon qui — entre les deux tours de la Présidentielle — évoquait sur France Inter une affiche pétainiste titrée « Fête du vrai travail » et dénonçait à grands cris la reprise par Nicolas Sarkozy de ce slogan vichyste …. À ceci prêt que l’affiche en question n’était qu’un fake circulant sur le Net.
Je vous laisse donc transposer à gauche la recette précédente…

Mélenchon, Jeannin dans le même panier. Qui l’eût cru ?

Pour en finir avec notre anecdote locale, la discussion s’est poursuivie sur Facebook avec Mme Jeannin :

Voià voilà… pas de regret donc de la part de notre élue. Aucun sentiment de responsabilité individuelle dans le colportage de cette rumeur. Comprenez bien : c’est tellement facile de partager, de retwitter… que certains se sentent visiblement totalement déresponsabilisés des conséquences de leurs « clics » et de leurs commentaires.
En résumé : ce n’est pas de ma faute, « Y’a quelqu’un qui m’a dit… » comme chanterait l’autre…

Je ne sais pas vous, mais venant d’élus de la République, je trouve ce genre de comportement fort inquiétant.

En résumé : le sens de la critique n’est rien quand on le prive d’esprit critique.

Post scriptum : Mme Jeannin a rapidement effacé son dernier commentaire…

Besançon : le 8 mai, les deux députés et le porteur de gerbe

Préambule : ce billet est une mise à jour d’un précédent billet publié le 11 novembre 2011. Mais comme les mauvaises habitudes de nos députés ont la vie dure… en voici une version actualisée.

C’est une tradition. Un rite républicain. Chaque 11 novembre et chaque 8 mai – jours anniversaires de l’Armistice de 1918 et de la Victoire de 1945 – les officiels déposent une gerbe au pied des Monuments aux Morts de France.
À Besançon, comme ailleurs, ça se passe comme ça. Un petit bonus toutefois : nos députés se font symboliquement remettre la gerbe par un jeune avant de la déposer devant le Monument.

C’est un beau symbole n’est-ce pas ? À travers ce geste simple, c’est d’une certaine manière la jeunesse d’aujourd’hui qui confie aux représentants élus du Peuple français le soin de rendre hommage à ces hommes sacrifiés hier et que l’on dit « Morts pour la France ».

Les députés des deux circonscriptions de Besançon sont Françoise Branget (1e circonscription dite Besançon-Ouest) et Jacques Grosperrin (2e circonscription dite Besançon-Est).
Tous deux pointent à l’UMP. Mais le 11 novembre et le 8 mai, évidemment, ils représentent la Nation française dans son ensemble et sans considérations partisanes.

On conçoit aisément que nos députés ne confient pas l’honneur de « porter la gerbe » à n’importe qui. Ça doit sans doute se bousculer au portillon. Les honneurs attirent. Nos deux députés ont sans doute des critères exigeants pour désigner le plus méritant, l’élu.

Il pourrait s’agir par exemple :

– d’un jeune qui aurait effectué un acte remarquable tout à fait exceptionnel, genre qui aurait sauvé la vie d’une vieille dame tombée dans le Doubs ou rattrapé dans ses bras un bébé chutant d’un septième étage. Héroïsme.

– d’un jeune exemplaire qui aurait obtenu son bac scientifique à 15 ans avec une moyenne de 22/20 et tout ça en dépit d’une enfance difficile dans un « quartier défavorisé » (nappe de violons en fond sonore) ;

– d’un jeune écolier comme les autres, tout simplement. Il serait alors le représentant d’une génération encore insouciante mais déjà consciente de la nécessité de cet hommage rendu à nos ancêtres valeureux. Beau.

Alors, d’après-vous ? Pour quels critères nos deux députés bisontins ont-ils opté dans leur choix du porteur de gerbe de ce 8 mai 2012 ?

Françoise Branget et Jacques Grosperrin ont choisi Baptiste Serena, responsable départemental des Jeunes Pop du Doubs – le mouvement des jeunes (moins de 30 ans) de l’UMP.
Un jeune méritant donc, choisi pour services rendus à la Nation à l’UMP.

Et qui croyez-vous que nos deux députés avaient choisi le 11 novembre dernier et le 8 mai 2011, pour leur apporter la gerbe au pied du Monument aux Morts ?
Ne cherchez pas. La réponse est introuvable : Baptiste Serena, responsable départemental des Jeunes Pop du Doubs, qui est décidément friand de ce genre d’honneur.

Vous devez savoir qu’en mai 2011, Baptiste Serena s’était illustré par une bourde énorme commise dans un communiqué de presse mitterrandophobe qu’il avait publié sur le blog des Jeunes Pop du Doubs à l’occasion des 30 ans du 10 mai 1981. Une bourde qui concernait un autre armistice. Une bourde entrant douloureusement en résonance avec les commémorations de ce jour.

Voici pour mémoire la conclusion de ce communiqué mémorable :

(…) Aujourd’hui, nous ne souhaitons pas fêter l’échec de la France mais nous préférons en ce 10 mai 2011 célébrer les 240 ans du Traité de Francfort qui met fin à la guerre franco-allemande de 1871.

Hormis l’énorme faute de calcul (hé oui c’est 140 ans en fait), notre jeune Pop en chef ignorait visiblement que la guerre de 1871 s’était conclue par une défaite et par l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par l’Allemagne. Annexion qui constituera le terreau de Première Guerre Mondiale, rien que ça.
Autant d’éléments que le responsable des Jeunes Pop du Doubs préférait célébrer.

Une gaffe d’un bon goût tellement apprécié au sein de l’UMP locale qu’on lui aurait fait comprendre que l’effacement pur et simple de ce communiqué maladroit serait le bienvenu. Ce qui fut fait.
Si vous voulez en savoir plus sur cet épisode, tout est raconté dans ce billet très subjectif que j’ai commis en mai 2011 .

Espérons que le 11 novembre prochain, nos prochains députés (les élections sont en juin) auront la finesse d’esprit de laisser de côté les considérations partisanes lors du choix de « leur jeune », car il est question ici de moments symboliques à l’occasion desquelles les représentants de la Nation devraient savoir faire preuve d’un certain œcuménisme politique.

Nicolas Sarkozy et son successeur François Hollande ne l’ont-ils pas justement démontré en ce 8 mai 2012 ?

source : europe1.fr

source : europe1.fr

Pétain et le vrai travail : quand Mélenchon et la presse mettent les pieds dans le fake…

« Le vrai travail »

Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy pond cette formule. Enfin disons qu’il utilise ce nouvel élément de langage que ces conseillers lui ont suggéré.

Dans la ligne de mire : le 1er mai et la Fête du Travail dont Nicolas Sarkozy ne veut pas laisser le monopole à ceux qu’il cite du bout des lèvres tellement ces mots l’écœurent : les syndicats, la gauche… beurk !

Non non tous ces gens ne sont pas les VRAIS travailleurs. Que les non syndiqués, les non gauchisant manifestent aussi ce jour-là ! Qu’ils disent haut et fort à quel point le travail les rend libres, épanouis et heureux. Car ce sont eux les vrais travailleurs. Bien sûr bien sûr.
Et Henri Guaino de défendre dès le lendemain sur France Inter, l’idée présidentielle en évoquant que le 1er mai ce sont les permanents syndicaux qui manifestent traditionnellement. Pas les VRAIS travailleurs… sous-entendu : pas les VRAIS Français. hein Henri ? Pendant qu’on y est…

Bref, encore une fois, c’est la France que l’on cherche à diviser. C’est parfois habile de « diviser pour mieux régner » mais voilà, tout le monde n’arrive pas à la cheville de Jules Cesar…

Et paf !

Voilà que mercredi une image fait le tour du Net en quelques heures. Reprise, partagée, retweetée. Le Web français adore. Enfin disons plutôt le Web français de gauche adore car voici l’affiche en question :

ÉNORME ! Une affiche de propagande pétainiste. Elle daterait de 1941. Le gouvernement de Vichy avait lui-aussi voulu récupérer le 1er mai qui était alors la Fête des Travailleurs et une date symbolique pour la gauche française. Et Pétain n’avait rien trouvé de mieux à l’époque que d’utiliser la formule « Fête du vrai travail« … Han !
La sang du twitto ou du facebookien de gauche ne fait alors qu’un tour : « Dingue ! Sarko reprend un slogan de Pétain » et zou… il partage et l’affiche buzze en quelques heures.

Et moi ? J’avais le doigt sur le retweet, pas plus malin que les autres. Mais peut-être un peu plus méfiant et plus joueur aussi. J’ai juste voulu vérifier avant de partager à mon tour et j’ai alors utilisé la fonction de recherche inversée d’images de Google (cliquez donc sur le petit appareil photo pour voir). Cet outil m’avait déjà permis une sacrée découverte il y a quelques mois 🙂

Donc « clic » et pffff…. déception ! Cette affiche est bidonnée. C’est juste un fake… on a ajouté le mot « vrai » au bon endroit, à la place de la francisque vichyste.
L’image qui buzze est à gauche, l’originale est à droite :

L’original sur le site « Anne FranK – graine de mémoire

Je fais une rapide recherche sur Twitter et je vois que d’autres personnes ont repéré le fake. Mais l’affiche est retweetée à tout va. Les twittos ne vérifient pas. J’en avertis certains.
Je vais alors voir sur Facebook et là j’hallucine : les militants PS et les gens de gauche s’en donnent à coeur-joie. Des élus de ma connaissance aussi…Tous partagent et en rajoutent dans les commentaires sur la droitisation de Sarkozy.

Alors, tel le roquet, je pousse mon coup de gueule sur Facebook sur le registre : « et si on faisait preuve d’esprit critique hein les gens ? Et pas seulement avec ce qui nous arrange ! »
C’est vrai quoi : il y a des tonnes de raisons de dénoncer la dérive droitière de l’entre-deux tours… et le premier fake qui sort, on tombe dedans à pieds joints au risque de décrédibiliser tout le reste. Dommage non ?

Deux jours passent

Ce matin Jean-Luc Mélenchon est l’invité du 7/9 de Patrick Cohen sur France Inter. Il dit des choses fortes et justes sur la droitisation en cours. Et voilà que P.Cohen l’interroge sur la une de l’Humanité renvoyant dos à dos Sarkozy et Pétain. Mélenchon répond que cette une était appropriée et il ajoute (écoutez bien) :

[iframe http://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F44531495&auto_play=false&show_artwork=false&color=ff7700 570 166]

[quote](…) de la même manière que parler de Fête du travail et dire que c’est le ‘vrai travail’, c’est mot pour mot le texte de l’affiche du Maréchal Pétain en 1941
[/quote]

Voilà. Pour Mélenchon comme pour de nombreux Internautes sympathisants de gauche, cette image a été vue sur le Net, elle a été diffusée par un grand nombre de personnes et DONC, elle est véridique. Forcément. Ballot non ?
Non. Disons plutôt que c’est effrayant de constater qu’un candidat à la Présidence de la République soit si mal informé et conseillé. Attristant au final de voir qu’un discours juste perde une bonne part de sa crédibilité en s’appuyant sur un simple fake.

Heureusement qu’il y a les journalistes alors ?

Eh bien non ! Même pas figurez-vous. Patrick Cohen n’a pas fait remarquer sa bourde à Mélenchon et le meilleur reste à venir : l’agence REUTERS a pondu une dépêche contenant la citation de Mélenchon au sujet de cette affiche et de nombreux journaux en ligne ont repris ce contenu sans même l’avoir vérifié : NouvelObs, Libération, le Parisien, le Point et même le Figaro !

On en est là, les fakes s’invitent désormais dans l’élection présidentielle. Et ça passe.

Pour aller plus loin

Jean-Luc Mélenchon au 7/9 de Patrick Cohen ce 27 avril 2012 :
[iframe http://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F44532182&auto_play=false&show_artwork=false&color=ff7700 570 166]

Les rares filles des rues de Besançon…

Impossible de manquer l’information : ce 8 mars, comme tous les 8 mars, c’est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Débauche d’actions symboliques, de grandes déclarations d’intention. Les candidats à l’élection présidentielle ne sont évidemment pas les derniers à se la jouer « féministes d’un jour« . Bonne conscience.

À Besançon, un programme spécial a été concocté sur plusieurs jours. On a même eu droit à une affiche un peu bizarre.

En me baladant dans Besançon aujourd’hui, j’ai eu une idée rigolote, intéressante ou stupide, c’est au choix. L’idée de faire l’inventaire des noms des rues, avenues, places, squares… de Besançon. De trier ceux qui rendent hommage à une personnalité. Puis de faire le tri entre les hommes et les femmes.

La liste des noms des rues et voies bisontines, je l’ai trouvée facilement sur un plan. Il a fallu ensuite repérer les personnages et faire quelques recherches pour ceux dont le sexe n’est pas induit pas un prénom. Certains noms m’ont échappé mais la plupart ont pu être « sexués ».

Le bilan est absolument édifiant. Est-ce surprenant ?
Vous pouvez le visualiser dans le fichier PDF ci-dessous. J’ai fait au plus simple. J’ai surligné en bleu : les hommes et en rose : les femmes.

Bilan : 27 femmes pour 399 hommes

À peine plus de 6 % des rues, places, squares bisontins… baptisés du nom d’un personnage célèbre, portent celui d’une femme.

Et encore, deux femmes partagent cet honneur avec un homme (rue Pierre et Marie Curie, espace Georges et Adèle Besson).

Faut-il en déduire que la ville de Besançon est particulièrement machiste dans le choix de ses noms de rues ?

Évidemment non. Le constat aurait été sensiblement le même pour la plupart des villes françaises. C’est juste que voyez-vous, l’histoire enseignée a pendant longtemps fait peu de cas du rôle des femmes. Hormis Jeanne d’Arc, vous trouverez bien dans les manuels d’Histoire quelques courtisanes célèbres mais sinon… rien.

Il faut dire que l’Histoire a longtemps fait la part belle à la chose militaire qui était le métier de mecs par excellence. À Besançon, beaucoup de voies publiques portent des noms de généraux et autres capitaines.

Sur ce sujet, on peut lire ce rapport du Conseil Économique et Social de 2004 baptisée « Quelle place pour les femmes dans l’Histoire enseignée ? ».

Son introduction en dit déjà beaucoup :

[quote]Il subsiste pourtant bien des zones muettes et, en ce qui concerne le passé, un océan de silence, lié au partage inégal des traces, de la mémoire et, plus encore, de l’Histoire, ce récit qui a si longtemps oublié les femmes comme si, vouées à l’obscurité de la reproduction, inénarrables, elles étaient hors du temps, du moins hors évènements.[/quote]

A noter que sur les 19 rames du futur tramway de Besançon, 5 porteront le nom du femme. Y’a du mieux !

On ne fera pas la révolution en un billet… donc je me contenterai pour aujourd’hui — après ce constat — de vous donner quelques informations recueillies sur les 27 veinardes qui ont donné leur nom à des lieux bisontins. L’essentiel des informations vient de Wikipedia. N’hésitez pas à compléter (utilisez les commentaires).

  • Madeleine Brès (1842 – 1921) : elle fut la première femme à obtenir le diplome de docteur en médecine.
  • Camille Charvet (Besançon, 1881 – 1944) : scientifique, membre de la Ligue des Droits de l’Homme, résistante. Elle meurt en déportation à Auschwitz.
  • Colette (1873 – 1954) : romancière. Elle posséda une maison aux Montboucons à Besançon.
  • Marie-Lucie Cornillot : elle fut conservatrice du Musée des Beaux Arts et d’Archéologie de Besançon. Je n’ai pas d’autres informations.
  • Marie Curie (1867 – 1934) : physicienne française d’origine polonaise. Elle reçut deux prix Nobel.
  • Marcelle de Lacour (Besançon, 1896 – 1997) : musicienne claveciniste.
  • Sonia Delaunay (1885 – 1979) : artiste peintre.
  • Françoise Dolto (1908 – 1988) : pédiatre et psychanaliste. Elle se consacra à la psychanalyse de l’enfance.
  • Angélique Marguerite du Coudray Le Boursier (1712 – 1792) : première professeur de la discipline des sage-femmes.
  • Anne Franck (1929 – 1945) :  adolescente allemande juive, elle écrivit un journal intime, rapporté dans le livre « Journal d’Anne Frank », alors qu’elle se cachait avec sa famille et quatre amis à Amsterdam pendant l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale dans le but d’éviter la Shoah. Après deux ans passés dans ce refuge, le groupe est trahi et déporté vers les camps d’extermination nazis. Sept mois après son arrestation, Anne meurt du typhus dans le camp de Bergen-Belsen.
  • Sophie Germain (1776 – 1831) : mathématicienne française
  • Olympe de Gouges (1748 – 1793) : femme de lettres française, devenue femme politique et polémiste. Auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs.
    Elle est devenue emblématique des mouvements pour la libération des femmes, pour l’humanisme en général, et l’importance du rôle qu’elle a joué dans l’histoire des idées a été considérablement estimée et prise en compte dans les milieux universitaires.
  • Marguerite Marchand : aucune information. Si vous en avez, je suis preneur.
  • Louise Michel (1830 – 1905) : militante anarchiste et figure majeure de la Commune de Paris. Première à arborer le drapeau noir, elle popularise celui-ci au sein du mouvement anarchiste.
  • Maria Montessori (1870 – 1952) : Elle est internationalement connue pour la méthode pédagogique qui porte son nom, la pédagogie Montessori.
  • Berthe Morisot (1841 – 1895) : artiste-peintre française liée au mouvement impressionniste.
  • Anne de Pardieu (1869 – 1926) : artiste sculpteur française. Née Anne de Chardonnet, elle était la fille de Hilaire de Chardonnet, ingénieur bisontin inventeur de la soie artificielle.
  • George Sand (1804 – 1876) : romancière et femme de lettres
  • Simone Signoret (1921 – 1985) : actrice française
  • Marguerite Syamour (1857 – 1945) : née Marguerite Gagneur. Sculpteur engagée dans la défense de la République (laïcité, féminisme et pacifisme).
  • Jeanne-Antide Thouret (1765 – 1826) : une religieuse française, fondatrice de l’ordre des « Sœurs de la Charité de Besançon ».
  • Sophie Trébuchet (1772 – 1821) : mère de Victor Hugo.
  • Elsa Triolet (1896 – 1970) : femme de lettres et résistante.
  • Suzanne Valadon (1865 – 1938) : peintre française. Elle est la mère du peintre Maurice Utrillo.

Et le lendemain dans l’Est Républicain (9/03/2012) :