Victor, il faut qu’on parle

« Victor, il faut qu’on parle. »

Voilà une entrée en matière qui devrait lui couper la chique à l’écrivain.
Faut dire que les formules pompeuses et les courbettes, notre illustrissime n’en a que trop soupé de son vivant.
Une désaccoutumance s’impose. Donc : privé de “Monsieur Hugo”. Voilà.
Lui donner du “Victor” est une bien meilleure idée. Juste ce qu’il faut de familiarité pour le prendre par surprise et attirer son attention.
Une tactique, une ruse. Un coup à lui déboulonner le piédestal.
À lui faire prendre l’humilité.

« Victor, il faut qu’on parle. De Bisontin à Bisontin. Tu dois savoir ce qui se passe ici et qui risque d’empirer bientôt. »

À Besançon, Victor Hugo c’est un peu notre mistral à nous.
Impossible d’arpenter la ville sans que son souffle légendaire vous attrape et s’incruste.

Victor est partout – représenté, emprunté, cité, vanté, détournée, jeudemotisé, revendiqué, commémoré, exposé, statufié, embusté, moulé, commercialisé.
Il est multiforme : restaurant, cinéma, chocolat, résidence, agence immobilière, montre de luxe, gâteau, collège, lycée et bientôt rame de tramway.

C’est au pied de la Porte Noire – à l’endroit où la ville devient haute – que l’on trouve l’épicentre de ce culte hugolien.
On trouve là la maison natale du grand homme.

Héberger dans notre ville la maison natale d’un personnage de cette trempe – ne boudons pas notre plaisir – c’est épatant. Profitons-en.
Devenons petite souris et observons l’effet “Victor Hugo est né à Besançon. Victor Hugo was born in Besançon. Victor Hugo kam in Besançon zur Welt. Victor Hugo nació en Besançon. 维克多雨果出生在贝桑松 … ” :

Voici un touriste. Celui-ci fait étape devant le numéro 140 de la Grande rue. Il contemple l’illustre bâtisse, ému et l’œil humide. Notre homme questionne un autochtone :

[quote]

touriste (excité) — C’est donc là que Victor Hugo a écrit les Misérables ?

Bisontin (amusé) — Euh, non

touriste (naïf) — Et Notre-Dame de Paris ?

Bisontin (blasé) — Non plus

touriste (perplexe) La Légende des siècles alors ?

Bisontin (lassé) — Du tout non

touriste (perturbé) — Alors il a écrit quoi ici ?

Bisontin (cinglant) — Rien

touriste (désappointé) — Il y a fait quoi alors ?

Bisontin (agacé) — Il y est né

touriste (déçu) — C’est tout ?

Bisontin (goguenard) — Non, non. Il y a tété aussi.

touriste (dépité) — Ah.[/quote]

« Alors Victor ? Des souvenirs de cette maison ? Non, n’est-ce pas ? »

Comment lui en vouloir ?
Naissance, premier cri, premiers langes et déjà – à l’âge de six semaines – le départ définitif.

Alors quoi de bisontin chez Victor hormis son acte de naissance ? Des racines comtoises peut-être ?

Que nenni : maman Hugo était nantaise et papa, nancéien. Ce dernier – militaire de carrière – était en garnison à Besançon depuis six mois lorsque le petit Victor naquit le 26 février 1802.

Un rapide calcul nous laisse d’ailleurs entrevoir que les parents Hugo n’étaient pas encore installés à Besançon lorsqu’ils réservèrent une cigogne pour février 1902. Mais respectons l’intimité des familles illustres…

Victor Hugo aura donc traversé le ciel de Besançon comme une étoile filante… pffffffffuit !

Cela n’empêcha pas les édiles bisontins d’en faire des tonnes : Besançon, terreau du génie hugolien et bla bla bla.
En vérité, la ville fut l’humble berceau d’un enfant prodige qui ne revint jamais.
Le poète-romancier-politicien (etc) que l’on célèbre dans notre ville – cet homme-là s’est construit bien loin d’ici : à Paris, en Espagne et en diverses terres d’exils.

Le pompon d’or de l’hugolatrie locale revient sans conteste à cette statue qui trône Promenade Granvelle depuis 1902. Elle fut sculptée à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain.

L’œuvre aurait donc pu ressembler à quelque chose comme ça. ➜
Mais non. On demanda à Just Becquet – le sculpteur – quelque chose de grand, de majestueux afin de célébrer dignement la superbe de notre glorieux natif.

L’artiste ne fit pas dans la demi-mesure.
← Il commit cela.

Du second degré vous dites ? Si seulement.
L’humour est le grand absent de la relation crispée entre Victor Hugo et Besançon. Trop de sérieux dans cette affaire.

« Pourtant Victor, en voyant cette (hi hi hi) statue, on peut se demander si les Bisontins de 1902 – supposés reconnaissants – ne te vouaient pas plutôt une sourde rancune. Qu’en penses-tu ? »

A la vérité, ils auraient bien fait  – nos taquins ancêtres – de lui régler son compte au Totor avec cette statue grotesque. Car le passif était de taille.

Explication : en 1831, Victor Hugo publie Les Feuilles d’automne – un recueil de poèmes.
L’un d’eux en particulier restera célèbre. L’auteur y évoque sa naissance ainsi que sa ville natale.
Ce sera la seule et unique fois… et il aurait mieux fait de s’abstenir.

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi.

Ah ! Le coup de « Besançon vieille ville espagnole » ! C’était aussi petit qu’historiquement faux.

« ¿Todo está bien en tu cabeza Victor?
Qu’est-ce qui t’est passé par la tête pour pondre une énormité pareille ? »

Le pire c’est que ça reste ce genre de citation. Ça imprime la mémoire collective – et bien au-delà de la Boucle du Doubs.
Et tout ça à cause d’une rime en -ole.

« Alors ? Tous ces touristes qui sillonnent la rue d’Arènes en quête de corridas et de tapas, c’est toi qui leur explique Victor ? »

N’empêche : pas si rancuniers les Bisontins car l‘hugolatrie revient ! Une nouvelle crise semble même imminente et les premiers symptômes sont observables sur le site Web de la Fédération nationale des maisons d’écrivain & des patrimoines littéraires

« Figure-toi qu’en 2013, ta maison natale deviendra « Maison d’écrivain ». Un lieu entièrement consacré à ta mémoire. »

Et pourquoi pas plutôt une « crèche Victor Hugo » ? En plus d’être utile ce serait un hommage rafraîchissant rendu à notre illustre nouveau-né. Non ?

Un soupçon d’autodérision serait en outre salvateur. Il apporterait un peu d’air frais. Juste un souffle de vent pour chasser cette lourde poussière muséale qui a fini par recouvrir l’enfant curieux et le jeune homme ambitieux que Victor Hugo a été. Je parie qu’il souriait quand il était enfant.

« Aller Victor, on passe l’éponge. Je t’offre un vers ! C’est un certain Maxime qui l’a écrit. C’est de circonstance je crois : »


[quote]Être né quelque part. Pour celui qui est né. C’est toujours un hasard.[/quote]



Pour aller plus loin

Voici une authentique anecdote relatée dans le Gaulois du 15 janvier 1896 (n°5183) consultable sur Gallica.
Visiblement, on n’a pas attendu le 21ème siècle pour trouver des Bisontins grognons un poil iconoclastes.


Base jump : il saute en parachute du haut de la Citadelle de Besançon

Voilà plus de 50 ans que des générations d’élus Bisontins planchent sur l’épineux sujet du difficile accès à la Citadelle de Besançon.

Virages en lacets trop serrés pour les cars touristiques, petit train périlleux (et désormais tabou), téléphérique envisagé puis enterré, funiculaire peut-être un jour…

Mais voilà qu’une solution rapide, écologique et spectaculaire à laquelle personne n’avait encore pensé leur est apportée par le Web sous la forme d’une vidéo publiée sur Youtube ce dimanche 11 septembre 2011…

Cette solution ? Le base jump ! Activité extrême consistant à sauter dans le vide depuis un point fixe tout en ouvrant un parachute. Depuis la Citadelle, ça ressemble à une première.

Notez que cette solution n’est valable que pour la descente de la Citadelle.

Que voit-on sur la vidéo ? Un homme debout sur le rempart longeant la Tour du Roi et sautant dans le vide en ouvrant son parachute… il est filmé par un comparse depuis le quartier Rivotte.

Un exploit non dénué d’inconscience et fortement déconseillé au premier venu.

Cette vidéo a été publiée anonymement sur Youtube ce 11/09/2011, sous le pseudo film250ful. Elle a été effacée de Youtube par son auteur le mercredi 14/09. J’en avais fait une copie de sauvegarde que voici.

En savoir plus sur cette vidéo

  • l’Est Républicain publie l’interview de l’auteur du saut.
    Nous y apprenons que l’homme est un Bisontin d’une trentaine d’années. Il a effectué ce saut samedi 10 septembre 2011 vers 9h30 du matin après avoir effectué une reconnaissance la semaine précédente.
    Il précise : « (la Citadelle) … ce n’était ni un défi ni un pari, mais un vieux rêve que j’ai concrétisé. (…) Je ne recommande à personne de suivre mon exemple. »
  • Un autre billet sur un site spécialisé dans le parachutisme. Rappel des règles de sécurité.

Sarkozy et la LGV ou l’art d’inaugurer le futile en oubliant l’essentiel

5-4-3-2-1-go ! go ! go !

La portière s’ouvre puis se referme.
Le convoi démarre, motards de la Garde républicaine en tête.
La ville, les feux verts, orange, rouges peu importe. On passe.

Le tarmac. Les réacteurs qui sifflent. Quelques militaires au garde-à-vous.
A peine installé que déjà l’avion s’élance et décolle. Cap au sud. Vers la Côte d’Or. Pas de temps à perdre, tout est programmé, minuté, organisé.

Atterrissage, autres militaires, autre voiture blindée. Re-portière, re-convoi et les motards en tête.
Cette fois c’est la province, les gens ne sont pas blasés. Ils regardent passer cette caravane de voitures noires qui n’offre pas de casquettes et ne précède aucun peloton.

Le convoi s’arrête, portière qui s’ouvre, poignées de mains, sourires sincères – ou pas.
C’est la gare de Genlis qui n’est même pas encore sur la LGV ((Ligne à Grande Vitesse)).
Ne pas s’en rendre compte. Marcher vite sur le quai. Être disponible quelques instants pour les photographes, les caméras et les micros de la presse régionale. Puis monter dans ce TGV neuf et propre et s’installer à bord avec quelques ministres et un pool de journalistes autorisés. Patienter un quart d’heure.

Arriver à la gare de Besançon FrancheComté TGV qui n’est pas à Besançon mais à Auxon. Ne pas avoir le temps de s’en apercevoir.
Descendre, poignées de mains, sourires, accolades circonstanciées. Des élus, des hauts fonctionnaires, des entrepreneurs, quelques autochtones triés sur le volet ou invités en remerciement de « services rendus ».

La visite – chronométrée – présentation du matériel, des engins. Se dire impressionné par notre industrie nationale tellement performante.

Puis vite, l’heure qui tourne. Saisir la paire de ciseaux posée sur le coussin, couper le ruban, inaugurer.

Applaudissements.

Petits fours, champagne mais pas le temps. C’est l’heure de la photo.
Alors se placer au centre d’un groupes de techniciens et d’ouvriers avec casques et gilets fluo. Prendre un air paternaliste et fier. Laisser les photographes immortaliser la scène.
Une petite phrase improvisée peut-être.

C’est fait.

Remonter dans le TGV. A bord, discuter avec quelques cheminots. Sourires, poignées de mains, tapes amicales dans le dos et gratitude exprimée à cette « France qui travaille et innove ». Le tout sous les micros et objectifs de la presse conviée.

Descendre en gare de Belfort-Montbéliard TGV – qui se trouve en fait à Meroux, mais tout le monde s’en fout.
Poignées de mains, sourires, quelques accolades circonstanciées. Des élus, des hauts fonctionnaires, une poignée d’autochtones triés sur le volet ou invités en remerciement de « services rendus ».
Visite du petit musée du TGV installé pour l’occasion. S’intéresser, s’émerveiller. Photos, micros, caméras…

Écourter la visite. Le temps qui file. Se diriger à grandes enjambées vers le hall de cette gare où n’a encore retenti aucun

S’installer derrière le pupitre – toujours le même. Adresser une signe de tête doublé d’un sourire à une personne reconnue au premier rang. S’il n’y en a pas, faire semblant. Ça fait « convivial » et c’est parfait pour la télé. Car ça passe à la télé.
Maîtriser ses nerfs, son épaule gauche.

Prendre la parole. Un discours de plus :

[quote]Bla bla bla nouvelle Ligne à Grande Vitesse bla bla premier tronçon Rhin-Rhône bla bla bla Franche-Comté bla bla Belfort bla bla Alstom bla bla bla 30 ans du TGV bla bla 1981 (enfin une raison de célébrer cette année honnie) bla bla industrie de pointe bla bla bla technologie bla bla modernisme bla bla la France qui innove bla bla toujours plus vite bla bla record bla bla 574,8km/h bla bla rayonnement international bla bla exportations bla bla Chine bla bla avenir bla bla je je je je bla bla je vous remercie.[/quote]

Applaudissements

Écouter poliment – non sans impatience contenue – le prochain orateur. S’éclipser. Pas le temps de s’éterniser.
Portière qui s’ouvre, se ferme. Direction l’aérodrome militaire puis Paris.

Achever une demi-journée en province.

…et manquer l’essentiel Monsieur le Président. Le seul véritable événement de la semaine en Franche-Comté : l’arrivée du Mont d’Or nouveau prévue pour ce samedi.
Mais ce fromage – véritable fleuron de notre terroir – on ne le flatte pas avec des records de vitesse. Il ne fonce pas, il coule.
Il faut savoir prendre le temps de le mériter avant de le déguster.
Patienter durant quatre mois – de mai à septembre – pendant que le fromage prend goût.
Alors seulement on peut l’inaugurer – sans cordon ni ciseaux – avec juste un peu d’ail, un verre de vin blanc du Jura et quelques pommes de terre.
La vie quoi, Nicolas. La Grande Vie

Jouffroy d’Abbans en bonne voie pour éviter la geôle

Pré-générique : le regard d’un homme de bronze en plan serré.

Résumé succinct des deux précédents épisodes

Une statue de bronze très singulière, connue et appréciée des Bisontins.
Un tramway incompris à l’existence encore bien virtuelle.
Des travaux imminents qui feront entrer de plain-pied la réalité du tram dans notre quotidien.
Des platanes centenaires accusés d’avoir la rage rongés par de vils champignons et généreusement euthanasiés.
Un journal municipal qui avertit de l’imminence de tous ces bienfaits et signale – en bonus – le prochain déboulonnage de ladite statue.
Les réseaux sociaux qui s’en mêlent. Une page Facebook. Twitter. Maudit Web !
Le paternel sculpteur qui découvre le sort réservé à son oeuvre par ce biais et tombe des nues.
Un article dans la presse locale qui raconte tout ce que vous venez de lire…

Générique

Le lendemain…

France 3 Franche-Comté consacre un reportage à notre affaire. L’occasion de voir Pascal Coupot, le sculpteur, en personne et d’entendre sa réaction. Une discussion s’amorce en fin de reportage entre lui et le directeur du projet tram…

[iframe http://www.youtube.com/embed/nQggEueo1JY? 570 350]

France 3 Franche-Comté – JT 12/13 – 31 août 2011

La page Facebook – quant à elle – compte bientôt 200 aficionados du statuaire marquis. Ce n’est pas énorme mais ça a suffi à attirer l’attention de l’Est Républicain et de la municipalité …

Sur la méthode d’abord : un billet caustique mais plutôt bien vu…

Est Républicain du 31/08/20111

Sur le fond ensuite : un article écrit par Eric Barbier (comme celui de la veille) apporte des éléments en provenance de la Ville de Besançon et de son maire – Jean-Louis Fousseret.

Extraits :

[quote] Face à l’excitation de quelques internautes toujours prompts à chercher la petite bête, l’équipe municipale a revu sa copie. Jean-Louis Fousseret certifie dans un premier temps que le père du bronze, Pascal Coupot, « va bien être contacté.
(…) « on va appeler l’artiste pour indiquer notre démarche et le repositionnement de la statue. Et on le fera avec lui, c’est une évidence »[/quote]

Excités vous dites ? Ou peut-être juste « concernés » et sachant utiliser les outils du XXIe siècle pour se mobiliser et défendre une cause.
Une cause symbolique : de par son emplacement, cette statue est un peu le dernier arbre du quai et… le seul que l’on peut encore sauver. Elle en est assurément la plus vieille branche puisque Jouffroy aura 260 ans le 30 septembre prochain.
N’empêche. Chacun sera rassuré d’apprendre que la Ville n’a pas « oublié de consulter le sculpteur » – contrairement à ce que je titrais dans le billet précédent. La Ville a juste omis de le faire AVANT de sceller le sort de la statue dans le BVV…
En substance : « le BVV est parti tout seul »… mais il est encore temps de rattraper le coup. Et tant mieux.

[quote] Aucune certitude pour l’instant sur l’avenir à court terme du marquis. « Il a peut-être été envisagé à un moment de la mettre dans les caves mais c’est impossible. On va essayer de voir où on peut la mettre pendant les travaux », explique Jean-Louis Fousseret. « Peut-être de l’autre côté du pont, on va voir ». [/quote]

En voilà une bonne nouvelle ! Merci Monsieur le Maire d’avoir su écouter et de vous montrer attentif à l’attachement que les Bisontins portent à cette statue.

[quote]« Notre leitmotiv, c’est informer », martèle le premier édile de Besançon qui se refuse de répondre aux pages Facebook publiées par « des anonymes.[/quote]

Pan ! Pour le bison ! L’anonymat… ma pathétique facette « Superman mégalo ». Je sais, je sais c’est mal, c’est lâche, c’est couard… mais voyez-vous : qui irait voir Clark Kent au cinéma ? Mégalo je vous dis.
Mais revenons un peu aux « amoureux du marquis ». Ceux qui se sont inscrits sur la page Facebook. Ils ne sont pas anonymes – eux – et ils commencent à être nombreux. Espérons toutefois qu’ils sauront redevenir anonymes – en 2014 – dans le secret de l’isoloir.

[quote]Ce que ça montre aussi, c’est que cette œuvre est très prisée, autant que le Victor Hugo de l’esplanade de la mairie ».[/quote]

Question de goût mais oui, le marquis ne laisse personne indifférent.

En clair, les choses semblent évoluer dans le bon sens. Espérons que la Ville de Besançon et Pascal Coupot trouveront un lieu approprié à l’installation temporaire du marquis durant les travaux.

Et l’Est Républicain d’ajouter :

[quote]Les bonnes idées sont les bienvenues pour que les travaux du tram ne marchent pas sur les pieds du grand homme et que celui-ci continue à conserver son pouvoir d’attraction sur les citadins et les touristes.[/quote]
Alors ça, les internautes n’ont pas attendu qu’on leur suggère et certains (j’en fais d’ailleurs partie) s’en sont donnés à coeur joie. Donnant libre cours à leur imagination débridée pour imaginer le futur emplacement de la statue du marquis Jouffroy d’Abbans.

Petite sélection

Mise en garde : quelques images sont très légèrement retouchées et certaines contiennent même de l’humour

maître-nageur à la piscine La Fayette (par @Yvestan)

Fontainier (par @GeryH)

Bouliste (par JM.Blondeau)

Girouette

Homme-fontaine (par @GeryH)

Politiquement (in)correct (par Dreamin kate)

Aux manettes du tram ! (par @GeryH)

L'endroit idéal pour admirer le tram…(par JM.Blondeau)

Quelques « détournements » en bonus

Abbey road (par JM.Blondeau)

Il faut sauver le soldat Jouffroy

Sauvez marquis

Envie de proposer d’autres montage photo avec le marquis ? Vous pouvez télécharger le fichier contenant l’image de la statue détourée en cliquant ici (fichier PSD – format Photoshop)

Vous pourrez ensuite poster vos images en vous inscrivant sur la page Facebook ci-dessous.


Statue du marquis déplacée : la Ville de Besançon a « oublié » de consulter le sculpteur

Dans le billet précédent, il était question du début des travaux du tramway sur le quai Veil-Picard dès l’automne 2011, de la fin des platanes centenaires bientôt tronçonnés et d’un dommage collatéral inattendu : la disparition de la statue du marquis Jouffroy d’Abbans.

L’oeuvre sera en effet remisée dans un sous-sol durant les deux ans de travaux annoncés puis réinstallée sur le futur nouveau pont Battant.
L’annonce en a été faite dans le BVV du mois de septembre (voir ci contre).

Je me suis personnellement ému sur ce blog de « la mise au placard » du marquis et j’ai créé une page Facebook pour réunir tous ceux qui le souhaitent (Bisontins et non Bisontins) autour d’une idée simple : demander à la Ville de Besançon de faire son possible pour que la statue trouve temporairement place dans autre lieu de la ville… mais pas dans une cave.


L’avis du créateur de la statue du marquis

Il restait à recueillir la réaction de celui qui – à l’évidence – est le premier concerné : le « père » du marquis – le sculpteur Pascal Coupot.

C’est Fabrice Barbier, reporter-photo-vidéo-presse de profession, qui l’a contacté par téléphone. Qu’il en soit remercié. Voici la synthèse qu’il a fait de cet entretien.

Contacté hier soir (samedi 27 août), Pascal Coupot s’est étonné de cette annonce de «déboulonnage» de son oeuvre qui trône sur le Quai depuis 1998. C’est avant tout une question de principe, car ce dernier n’a pas été contacté par les services de la municipalité avant cette annonce dans le BVV.
Rappelons que l’artiste a un droit moral sur son oeuvre, de son vivant et après sa mort pour ses ayant-droits. Donc P. Coupot se devait d’être prévenu de ces projets municipaux.
Par ailleurs, ce dernier précise que cette oeuvre commandée fut conçue pour être placée à son emplacement actuel, donc pas question dans le futur de la fixer à n’importe quel lieu dans la boucle. Il y a un respect de l’oeuvre et de l’artiste à avoir.
Dans le projet final «tram» la statue devra reprendre sa place actuelle Quai Vieil Picard, et non pas aller se balader sur le futur pont Battant sans son aval.
Concernant le stockage de la statue dans le sous-sol de l’église de la Madeleine, Pascal Coupot regrette que cet emblème touristique disparaisse de la vue des visiteurs.
Lorsque nous lui suggérons d’implanter Jouffroy au milieu du quai de Strasbourg, il reste dans l’interrogation : Pourquoi pas, mais il faut que je réfléchisse, il y a des problèmes techniques à ne pas oublier. Pour toute décision l’artiste demande à la municipalité de Besançon de bien vouloir le contacter rapidement.

Grosse bourde donc : sceller le sort d’une statue et l’annoncer sans avoir préalablement consulter l’artiste…
Cette omission ne pose pas problème qu’au niveau « diplomatique » mais également dans le champ juridique puisque l’artiste a un droit moral sur son oeuvre, de son vivant et après sa mort pour ses ayant-droits… Aucun changement de destination ou de mise en scène de l’oeuvre ne peut être décidé sans son accord.

Il serait donc temps que la ville contacte Pascal Coupot pour discuter avec lui du sort de notre cher marquis.

Notons que le sculpteur n’est pas opposé par principe à l’installation temporaire de la statue dans un autre lieu de Besançon ; pour peu que cela se fasse avec son accord et que les contraintes techniques le permettent.

A suivre donc… et n’oubliez pas, vous avez aussi votre mot à dire. Pensez à « aimer » cette page Facebook et à la faire tourner.
Bisontins comme non Bisontins – ceci concerne tous ceux qui ont croisé un jour cette statue si singulière.


Battant : la statue du marquis bientôt déboulonnée pour cause de tram !

Voici un petit bout de Besançon que vous reconnaissez sans doute.
Le pont Battant, le quai Vauban, les premières maisons de la Grande rue – tout cela c’est du « par coeur » pour tous les Bisontins.

Pourtant ce paysage semble bien vide. Il manque un élément familier. Quelque chose ou plutôt quelqu’un.
Presque quelqu’un.

Vous y êtes ? Abracadabraaaaaa le revoilà !

Déjà 13 ans que le marquis Jouffroy d’Abbans tourne le dos à la place qui porte son nom.
Par modestie ? Du tout. Notre homme – ou plutôt sa statue – observe patiemment le Doubs depuis son coin de trottoir sur le quai, tout près du pont Battant.
Trop près sans doute… car cette proximité va lui coûter sa place.

deux années sabbatiques et un déménagement

Dans quelques semaines il quittera son emplacement pour ne plus jamais y revenir. Il sera déboulonné et disparaitra durant deux années dans le sous-sol de l’église toute proche. Il réaménagera ensuite un peu plus loin.

Explication : les travaux du tramway débuteront à l’automne sur le quai Veil-Picard. Le dévoiement nécessitera notamment d’enlever la statue que l’on a prévu de remiser durant deux ans.
A l’issue de cette période, elle ne pourra pas être réinstallée au même endroit car le nouveau pont sera plus large et une voie cyclable longera le quai.
Notre cher marquis trouvera donc refuge sur le nouveau pont Battant – troisième du nom – d’où il pourra à nouveau observer la rivière.
Toutes ces informations seront à lire dès lundi dans le BVV de septembre… petite exclusivité donc.
Extrait :

Mais pourquoi se priver du marquis durant deux années ?

La statue du marquis est fixée à même le sol, sans piédestal. C’est d’ailleurs la grande originalité de cette oeuvre que de se situer « au niveau des passants » et d’être à la fois réaliste et à taille humaine. Il s’agit également de la « marque de fabrique » de Pascal Coupot – le sculpteur qui l’a créée en 1998.
A priori donc pas de difficulté technique majeure pour déplacer notre marquis et le réinstaller temporairement un peu plus loin, dans une zone épargnée par les travaux du tramway.
A l’évidence, ce n’est pas la solution retenue par la Ville de Besançon… Dommage car cette statue, si populaire auprès des Bisontins, est aussi une « attraction » au succès toujours garanti auprès des touristes de passage.

double peine

Comble de l’ironie : le vrai marquis Jouffroy d’Abbans passa presque deux ans en cellule entre 1772 et 1773 pour de sombres raisons de rivalité amoureuse l’opposant au Comte d’Artois (sacré marquis !)
Il sut mettre à profit cette période d’enfermement pour étudier les mouvements des navires. Ce fût la genèse de l’idée du bateau à vapeur dont il fut l’inventeur et qu’il testa pour la première fois sur le Doubs.
Voilà pourquoi notre marquis regarde avec tant de mélancolie le fil de la rivière…

La science anecdotique : livre de lecture et d'étude - Félix Hément, 1889

une page Facebook pour le marquis

Alors ? Ne serait-il pas possible de lui trouver une petite place à notre marquis ?
Deux ans de placards quand on a déjà injustement purgé deux ans de prison : c’est une véritable double peine !

Voici une page Facebook spécialement créée pour demander à la municipalité que cette possibilité soit étudiée de près.
Plus nous serons nombreux et plus nous aurons de chance d’éviter deux ans de cave à notre cher marquis… Faites tourner s’il vous plaît !


Vous pouvez également donner votre avis dans les commentaires ci-dessous.

Et les arbres du quai Veil-Picard ?

On en a déjà tellement parlé qu’on finissait presque par croire que leur fin programmée n’était qu’un mauvais rêve, que ça n’arriverait pas. Pourtant cette fois, c’est annoncé, les platanes du quai vivent probablement leurs dernières semaines.

A l’automne – comme indiqué ci-dessus – les travaux commenceront sur le quai Veil-Picard. Sans doute que l’on attendra que les platanes soient naturellement allégés de leurs feuillages puis les tronçonneuses entreront en action…
Le quai semblera bien nu tant que les nouveaux arbres n’auront pas été replantés.

décryptage

Voici un article du BVV que vous trouverez dans votre boîte à lettres lundi matin.

Remarquez deux éléments qui illustrent la manière dont on s’y prend pour tenter de faire passer une pilule trop amère :

  1. « Eviter d’informer le patient sur l’amertume de la pilule mais mettre en avant les bienfaits de cette dernière » : la coupe des platanes n’est pas évoquée mais dans la légende de l’image, on n’oublie pas d’évoquer la « plantation de nouveaux arbres » .
    Pourtant l’un n’ira pas sans l’autre.
  2. « Donner de chouettes couleurs à notre pilule afin de la rendre plus appétissante (le bleu turquoise est parfait) » : ici, on ajoute systématiquement une majuscule au mot « Tramway »…

Vous voulez en savoir plus sur le marquis Claude François Jouffroy d’Abbans ? Voici le chapitre intégral qui lui est consacré dans un ouvrage de 1889 (La science anecdotique : livre de lecture et d’étude – Félix Hément) consultable sur Gallica.

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A voir sur le Net

Ségolène, Photoshop et la quête éperdue de la stature présidentielle

Non. Promis ! Je ne fais pas de fixette sur Ségolène Royal.

Si cette article lui est encore consacré c’est parce qu’en effectuant des recherches lors de la rédaction du précédent billet, je suis tombé sur une image qui m’a pour le moins intrigué.
A la vérité, c’est bien de deux images dont il est question ici ; et tout l’intérêt réside précisément dans leur confrontation.

La première image est reprise sur la plupart des blogs et pages Internet de soutien à Ségolène Royal.
On y voit une photographie de la candidate légendée d’un ambitieux : « Ségolène Royal 2012 » .
Le tout est disposé en orientation portrait et évoque – peut-être – une affiche (pré-)électorale. Les couleurs – bleu, blanc et rouge – n’ont rien d’anodin, vous l’aurez compris. Mais là n’est pas notre sujet.

On retrouve ladite image sur des affiches annonçant des réunions publiques avec Ségolène Royal. Comme à Montpellier par exemple en juin dernier.

La plupart des sites « ségolénistes » l’utilisent également comme image promotionnelle cliquable menant vers le blog officiel de la candidate aux primaires du Parti Socialiste. Voir ici par exemple ou encore .

Ceci nous amène à la seconde image qui est justement apparue il y a quelques jours lors du lancement du site officiel de campagne de Ségolène Royal à l’adressse : www.segoleneroyal2012.fr

L’image en question constitue le bandeau supérieur de toutes les pages du site.

A priori, ces deux photographies de Mme Royal se ressemblent beaucoup (mêmes habits, attitudes similaires, sourires semblables…), mais le sujet n’est pas orienté dans la même direction…

Cependant, en recadrant les deux images ; en les recentrant sur Ségolène Royal puis en les juxtaposant, surgit une impression étrange : celle d’être en présence d’une symétrie presque parfaite à quelques détails près…

Des détails qui font toute la différence. Les voyez-vous ?

Pour vous aider, j’ai retourné verticalement la première image afin que Ségolène Royal regarde dans la même direction sur les deux clichés.

Alors ? Il commence à vous sauter aux yeux le gros « photoshopage » ?

Car à l’évidence, ces deux images ne sont à l’origine qu’un seul et même cliché qui a été passé – dans le second cas – à la moulinette de la retouche numérique.
Nous pourrions écrire sous le premier « avant » et sous le second « après »…

Le jeu des 7 (?) erreurs

Passer d’une image à l’autre en faisant glisser latéralement la barre verticale qui se trouve au milieu de l’image ci-dessous… et observez attentivement…

[beforeafterpics id=’3′ image_before=’/wp-content/plugins/beforeafter-pictures/images/SRavant.jpg’ image_after=’/wp-content/plugins/beforeafter-pictures/images/SRapres.jpg’ /]

Si l’animation n’apparaît pas (c’est apparemment le cas parfois sur le navigateur Chrome), tentez de recharger la page ou… contentez-vous de la vidéo ci-dessous.

Troublant non ? La même image et pourtant…

Il faut dire qu’ils n’y sont pas allés de main morte les « maquilleurs photoshopistes » avec Ségolène Royal.

Voici quelques-unes des interventions effectuées à coup de pinceau magique :

  • assombrissement de la chevelure et de la veste pour mieux faire ressortir, par contraste, la luminosité du visage et l’intensité du regard ;
  • effacement d’une mèche rebelle en haut à droite afin de ne pas perturber l’ovale du visage ;
  • rehaussment des commissures des lèvres, histoire de rendre le sourire plus ample et plus sincère (ça fait tout de même limite « Joker » à droite non ?) ;
  • déplacement de l’encolure du « petit haut rouge » ((il me manque le mot exact… Si vous l’avez, merci de commenter)) vers le bas et rehaussage de l’épaule droite. Cette simple retouche au niveau de l’épaule donne l’impression d’une attitude plus portée vers l’avant. La silhouette s’en trouve affinée. La stature semble plus droite et plus… euh… présidentielle ?
  • et évidemment, ce qui vous a sans doute le plus sauté aux yeux : un adoucissement des traits du visage très poussé – façon botox numérique injecté à des doses plus que raisonnables.
    Adieu fatigue, rides et traces du temps qui passe. Bonjour regard pétillant !

Alors « désir d’avenir » certes mais de préférence avec le visage d’hier. C’est tellement plus vendeur !

Et tant pis si pour cela il faut employer les bidouillages dont usent et abusent les unes des magazines people en nous présentant à longueur d’année des corps et des visages fantasmés mais impossibles car irréels.

Vue !

Ségolène Royal n’est certes pas la première personnalité politique à céder aux sirènes de Photoshop pour améliorer son apparence.

A cet égard, le portrait officiel du Président Nicolas Sarkozy est un must qui n’aura pas échappé à l’oeil averti des habitués de la retouche numérique et de l’emploi des logiciels « lifteurs de peau ».

Le photographe « élu » par le Président – Philippe Warrin était en l’occurrence un spécialiste de la photographie people  – ce qui fit d’ailleurs polémique (gentiment) en 2007.

Sur le Président, il utilisa ces techniques habituelles. Réussissant l’exploit de transformer Nicolas Sarkozy en un personnage encore moins expressif que sa statue de cire présentée au Musée Grévin…

Nous n’en sommes pas très loin avec cette photographie très retouchée de Ségolène Royale…


Pour aller plus loin sur le Net

Découvrons la « Franche-Comté-Atlantique » avec Ségolène Royal

Je vais vous parler d’un site Web récemment apparu et qui loge à l’adresse franchecomte2012.fr

L’endroit est tellement neuf que l’on y aperçoit encore quelques échafaudages.

Frétillements

En découvrant un lien vers ce site, ma première réaction (intériorisée) fut :

[quote]Franche-Comté + 2012 ? Chouette ! Un site franc-comtois qui se consacrera à la campagne pour la présidentielle et aux élections législatives qui suivront ![/quote]

Cette exaltation vous surprend  sans doute mais comprenez-moi : les blogs et sites locaux – voire hyperlocaux – traitant de politique sont rares… et les derniers nés furent pour le moins atterrants.

Voilà le pourquoi de ce frétillement de bon aloi devant un nouveau né au nom si prometteur.

Aller ! Je n’y tiens plus ! Je clique, je commence la visite et là – sous le titre – je lis ce descriptif qui refroidit déjà mes ardeurs :

Franche-Comté 2012  Tout savoir sur les primaires citoyennes en Franche-Comté, les 9 et 16 octobre 2011 :  Doubs (25), Haute-Saône (70), Jura (39) et Territoire de Belfort (90)

Fin du frétillement

Il ne s’agit donc que d’un site du Parti Socialiste consacré aux « primaires citoyennes » dans notre région.

Gonflés

Ils sont gonflés tout de même au PS d’appeler ça « Franche-Comté 2012 » !

Pas gênés de s’approprier ainsi le nom de notre région sans autre précision.

Culottés d’utiliser le nom de domaine « franchecomte2012.fr » au risque d’induire en erreur l’internaute à la recherche d’un portail politique non partisan.
C’est petit. Tout petit même.

Mouais…. pas rancunier, je poursuis ma visite…

Tiens ! là – juste en dessous – il y a cette image qui occupe toute la largeur de la page.

Au centre, se trouve Ségolène Royal accompagnée d’une douzaine de personnes.

La candidate à l’investiture du PS sourit. Elle rayonne même.

Les gens qui l’entourent sourient eux aussi. Ils sont jeunes, moins jeunes, voire plus du tout jeunes.

On distingue une majorité d’hommes mais aussi deux femmes qui se situent de part et d’autre de Ségolène Royal. A l’évidence, cette dernière semble très satisfaite de tenir tout ce petit monde dans son « champ gravitationnel ».

Et ces gens sont des Francs-Comtois ! Si si ! C’est écrit sur la photo !

Super ! C’est partisan mais au moins, c’est du local !

Patience

Ma curiosité est aiguisée. J’attends alors que les photos suivantes veuillent bien s’afficher. Curieux que je suis de voir les visages d’autres Francs-Comtois posant à leur tour derrière le candidat de leur choix. Je connais probablement certains d’entre eux. C’est petit chez nous vous savez. On finit tous par se croiser et par se reconnaître…

Je patiente donc.

Vais-je reconnaître des élus bisontins derrière Martine Aubry ou François Hollande ? Mon boulanger au côté de Manuel Valls ? Aldebert dans les bras d’Arnaud Montebourg ou peut-être même mes voisins de palier copinant avec Jean-Michel Baylet ? (Non non, ne vous excusez pas pour JM. Baylet. Moi non plus, je n’en avais jamais entendu parler mais je l’ai trouvé avec les autres surcette page que le PS consacre à ses primaires).

Ségolène, Ségolène, Ségolène…

Mon attente est vaine et je reste sur ma faim : rien ne bouge.

Ségolène Royal demeure là, statufiée, tout en naturel – sourire figé façon Musée Grévin – comme à son habitude.

Sa photo n’est remplacée par aucune autre. Point de Martine ni de François. Aucun Arnaud. Zéro Manuel. Quant à Jean-Michel – ce ne sera pas encore cette fois que nous découvrirons son visage…

Pour tout vous dire, je pensais avoir affaire à un « slide show ». Vous savez, ce genre de diaporama qui défile automatiquement sur une page Web et affiche une succession d’images.

Mais non. Rien de tout cela. Cette page consacrée aux primaires du PS en Franche-Comté coince sur Ségolène, encore Ségolène, toujours Ségolène.

Je décide donc de rechercher un peu plus avant l’explication de ce pluralisme malmené….

Tiens ! Un petit encadré discret et tout mignon juste à droite sous l’image principale. Il nous rappelle d’abord ce que l’on sait déjà :

[quote]Votre site d’information sur les primaires citoyennes en Franche-Comté, … [/quote]

puis nous apporte l’éclairage manquant :

[quote]… sur l’action et les propositions de Ségolène Royal pour la France de demain.[/quote]

– Non !?

– Si !

– NAN !??

– Mais si, on vous le dit !! Les billets publiés sur ce blog ne sont consacrés QU’à Ségolène Royal – sa vie, son oeuvre, son auréole :

Ah la la ! On se fait de ces coups bas au Parti Socialiste à l’approche des « éliminatoires » !

Voici donc un site « pro-Ségo » costumé en site d’information sur les primaires du PS et qui de surcroit se nomme « Franche-Comté 2012 » .

Roublard

Mais pourquoi tant de roublardise ?

Décryptage :

  • pour chercher à positionner le site aux premières places des résultats affichés par les moteurs de recherche en réponse aux requêtes du type : « primaires citoyennes Franche-Comté ».
    D’ailleurs ça marche ! Regardez : démonstration en un clic ->>
  • afin d’attirer le plus d’internautes sympathisants possible en utilisant la bonne vieille méthode du… chalut.
    Oui vous avez bien lu : le chalut. Vous savez ce filet à la forme caractéristique en entonnoir et à l’ouverture la plus large possible permettant d’y attraper un grand nombre de poissons – qu’ils soient consommables ou non d’ailleurs… le tri se faisant a posteriori.

Ici les poissons sont les internautes intéressés par les primaires socialistes en Franche-Comté et appâtés par les résultats donnés par Google & cie.
Dans le cul du chalut (c’est le terme technique) ils ne trouveront que du ségoblabla et la plupart quitteront le site avec le sentiment d’avoir été trompés sur la marchandise. Notons que dans un vrai chalut, ils ne pourraient pas ressortir. Ouf !

Mais la vocation de ce site est bien évidemment de retenir quelques « poissons » le temps pour eux de parcourir quelques billets et – qui sait ? – de rencontrer la grâce.  Alors éblouis par tant d’ordre juste, ils deviendront consommables ségocompatibles

Voilà voilà… quelques votes engrangés pour les primaires et tant pis pour le ridicule.

L’annexion

Francs-Comtois, préparez-vous : après Charles Quint, Louis XIII et Louis XIV, voici Ségolène Royal ! Et l’annexion est déjà effective ! C’est écrit là, lisez bien :

Non pas « DES Francs-Comtois avec Ségolène Royal » mais « LES Francs-Comtois avec Ségolène Royal » … c’est exhaustif voyez-vous.

Et au passage, une jolie faute d’orthographe avec cette majuscule oubliée à Comtois (si si il en faut une). Nous serions donc plus Francs que Comtois ? Nenni ma foi !

Je m’énerve, je m’énerve… je sais. Je suis parfois trop sanguin. Mais je n’aime pas être ainsi mis dans un sac sans avoir préalablement donné mon accord.

D’autant qu’avec Mme Royal, j’ai déjà eu cette impression en 2007…

Les Francs-Comtois avec Ségolène Royal ?

Et ces Francs-Comtois photographiés avec la candidate ? Je parle bien-sûr de ces gens que l’on voit sur la photo…

Sont-ils d’accord avec ce qu’on dit d’eux ?

Sont-ils « avec Ségolène Royal » au sens qu’ils soutiennent sa candidature ou seulement « avec elle sur la photo » parce qu’ils étaient au bon (ou au mauvais) endroit lorsque le cliché a été réalisé ?

Qui sont-ils ? Où et quand cette photographie a-t-elle été prise ?

Si Ségolène Royal s’était récemment rendue dans notre région, nous en aurions inévitablement été informés. La présidente de Poitou-Charentes n’étant pas du genre à se déplacer en oubliant sa couverture… médiatique. Surtout en ces temps très « primaires ».

Une fouille attentive dans la galerie photos de Ségoléne Royal sur Flickr nous apporte la réponse.

On y trouve le cliché original avant recadrage :

Photo © Razak

Alors où est-ce ? D’où sont ces Francs-Comtois ? Sont-ils jurassiens ? doubistes ? terrifortains ou haut-saônois ?

Au risque de vous décevoir, rien de tout cela. Ces gens vivent dans le Marais poitevin.

Cette photographie a été prise à Arçais, dans les Deux-Sèvres – région Poitou-Charentes. Sur les terres de Ségolène Royal.

C’était le 27 juin dernier. La présidente de la région avait choisi Arçais pour se déclarer candidate à la candidature PS. L’image originale est sur cette page.

Les Francs-Comtois… poitevins avec Ségolène Royal

Bah oui, c’est ballot quoi… une photo même pas prise en Franche-Comté et pourtant légendée « Les Francs-Comtois avec…. ». Mais comment se fait-ce ?

Bingo ! Bon sang mais c’est bien sûr ! Ils ont fait le déplacement !

De vraies groupies nos Comtois ! Le 27 juin, 3 heures du mat’, ils se donnent rendez-vous à Besançon devant leur boutique préférée.

Par superstition sans doute.

Un bus est affrété dans lequel ils voyagent pendant 8 heures, entonnant quelques champs ségolénistes ((Ségo Ségo tralalalalèreu Ségo Ségo tralalalala)) entre la Morteau et le Comté pour se mettre un peu de baume au coeur.

Epuisés mais heureux, ils parviennent à destination juste à temps pour le grand moment et entourent immédiatement leur idole.

Avoir fait tout ce voyage et ne pas être sur LA photo ? Vous n’y pensez pas !

Ah ah ah… trêve de plaisanterie. Sur cette photo, vous ne trouverez que des élus locaux d’Arçais et de la région et des soutiens politiques de Ségolène Royal. Point de Francs-Comtois.

Pas de Francs-Comtois vous dites ? A moins que… Arçais et le Marais poitevin soient des terres comtoises oubliées ? Tout s’expliquerait… et le site franchecomte2012.fr ne nous aurait pas menti !

Ségolène Présidente ! … de Poitou-Charentes ! mais sans Arçais hein…. C’est chez nous maintenant ! C’est en Franche-Comté !

Logo de la région Franche-Comté mis à jour en août 2011 pour prendre en compte « l’enclave d’Arçais »

LA recette d’été du Haut-Doubs : le « Melon d’Or chaud »

Préparation : 5 minutes
Cuisson : 25 minutes

Ingrédients (pour 2 personnes) :

  • un gros melon bien mûr
  • un demi verre de vin blanc du Jura
  • une gousse d’ail hachée (oui je sais, je n’avais que du congelé pour la photo…)
  • du papier aluminium

Préparation

Coupez le melon en deux dans le sens de la largeur puis évidez-le de ses pépins à l’aide d’une cuillère à soupe.

Entourez la partie arrondie de chaque moitié de melon avec du papier aluminium (voir photo) avant de la déposer dans un plat pouvant aller au four.

Dans le creux laissé par l’ablation des pépins, versez le vin blanc du Jura et déposez l’ail haché.

Glissez le plat au four et laissez cuire durant environ 20 minutes.

Durant les 5 dernières minutes de cuisson, vous pouvez mettre votre four en position grill afin d’obtenir un léger gratiné.

Dégustez chaud. Bon appétit !

Conseils

Vous pouvez ajouter du Comté râpé avant la cuisson (non, pas du gruyère… du Com-té !)
Ce plat se marie merveilleusement avec un jambon cru du Haut-Doubs.

Le bonheur ressenti à la dégustation de cette entrée est proportionnel au volume de Pontarlier (apéritif local) dégusté pendant le temps de cuisson.

L’origine de cette recette

Le Mont d’Or est un fromage traditionnel à pâte molle produit sur le Massif du Jura, dans le Haut-Doubs.

Les habitants du Haut-Doubs, comme leurs cousins du Bas-Doubs et leurs voisins sudistes du Jura, sont littéralement « accros » à ce fromage.

Une journée type pour illustrer cette addiction :

  • le matin, tout commence par des tartines au Mont d’Or ou – pour les plus argentés – par des croissants au Mont d’Or (inside) ;
  • pommes de terre au Mont d’Or à midi ;
  • double tartine Nutella / Mont d’Or au goûter pour les enfants (le Nutella occupant la face de dessous et le Mont d’Or celle du dessus).
  • « boîte chaude » accompagnée de pommes de terre et de saucisses pour finir la journée dans une ultime communion fromagère. Burp !

La « boîte chaude ® » est autrement appelée « Mont d’Or Chaud« . Vous en trouverez la recette ici. Disons que cette recette est le Graal culinaire pour tout Haut-Doubiste en exil loin de chez lui. En revenant au pays, le premier geste de notre expatrié sera toujours d’embrasser père et mère puis d’engouffrer le contenu d’une boîte chaude…

Parfois même l’ingrat ne saluera ses parents qu’après s’être sustenté. La tradition est tenace.

Mais voilà… le 10 mai arrive toujours trop vite dans le Haut-Doubs et cela n’a rien à voir avec une quelconque célébration de l’élection de François Mitterrand en 1981…

C’est juste que le 10 mai – voyez-vous – est LA date fatidique au-delà de laquelle le Mont d’Or ne peut plus être commercialisé… AOC oblige.

Jusqu’au 10 septembre, c’est donc régime imposé et cela dure quatre très longs mois !

Bien sûr, les autochtones ont développé des solutions pour survivre. Certains ont notamment appris à faire des réserves : le Mont d’Or se congèle parfaitement et il reste possible de se régaler d’une petit boîte chaude en plein milieu du mois de juillet. Mais bon, c’est autre chose que « le frais » comme on dit ici.

D’autres ont eu l’idée astucieuse de surfer sur ce manque à combler.

Ainsi, certains industriels ont créé des fromages alternatifs produits tout au long de l’année – ersatz plus ou moins réussis du Mont d’Or.

L’Edel de Cléron est l’un d’eux. On peut à juste titre le considérer comme une sorte de Méthadone pour Haut-Doubiste en période estivale.

Plus raisonnablement, les habitants du « Haut » ont dû adapter leurs habitudes alimentaires aux (fichus) produits de l’été et le Melon d’Or chaud est probablement la version estivale la plus répandue de la boîte chaude.

Une précaution toutefois : évitez les melons du Haut-Doubs. Les premières neiges arrivent souvent avant qu’ils mûrissent (début septembre en général). Ils gèlent donc couramment avant leur cueillette et font de délicieux sorbets.

Un peu d’Histoire

Le Mont d’Or possède la caractéristique appétissante mais néanmoins salissante de se montrer coulant à température ambiante.

La boîte Tupperware ® n’ayant été commercialisée dans nos contrées que fort tardivement, la sagesse comtoise à très tôt recherché LA solution optimale apte à endiguer les velléités coulatoires de ce fleuron de la gastronomie locale.

La légende rapporte que c’est un humble bûcheron de Villers-le-Lac qui aurait trouvé la solution, vers la fin du XVIIIe siècle.
Las d’assister à l’évasion quotidienne de son fromage sur la nappe familiale, notre homme regarda tour à tour sa femme puis sa hache et l’idée ultime lui vint.

Non, non, point d’homicide… Juste une illumination : ce qui fonctionnait sur son épouse pouvait sans doute être adapté au Mont d’Or !

Notre bûcheron eu alors l’idée de ceinturer le fromage d’une sangle en écorce d’épicéa et de ranger le tout dans une boîte du même bois !

Ce mec était génial ! Tellement génial que sa solution fut adoptée en quelques années par l’ensemble des fromagers « Mont d’Oristes« .

Aujourd’hui encore, c’est sous cette forme que l’on achète le Mont d’Or. Il s’agit d’ailleurs de l’une des caractéristiques de l’Appellation d’Origine Contrôlée qui garantie l’élaboration de ce fromage depuis 1981.

Je suis prêt à parier que vous regarderez désormais votre boîte de Mont d’Or d’un oeil différent… mais pour cela il faudra attendre le 10 septembre.

Pour patienter, régalons-nous d’un bon « melon d’Or Chaud » !