Conseil municipal sur Internet : à Besançon tout est prêt, sauf la volonté du Maire

Une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne c’est qu’une nouvelle boulangerie a ouvert pas loin de chez moi. Ça m’évitera d’aller acheter ma baguette à Pétaouchnok et ça c’est bien.
La mauvaise maintenant : dans cette nouvelle boulangerie, il faut consommer le pain sur place. Oui c’est absurde je sais mais c’est comme ça. Il y a des chaises dans une petite salle à côté de la boutique. Les clients s’y assoient avec leur baguette et ils la grignotent. On se regarde du coin de l’oeil un peu honteux et on engouffre. C’est pas simple de s’enfiler une baguette entière comme ça. C’est juste du pain, y’a rien dedans. Alors on apporte notre Tupperware de sauce de la veille et vas-y que ça trempouille.
De toute façon, on le sait en rentrant. Il y a une affichette sur la porte qui dit :
« Consommation uniquement sur place« 
C’est une situation complètement ubuesque, mais c’est ça ou Pétaouchnok.

Bon aller. Je déconne. C’était pour rire. Pas de boulangerie de ce genre dans ma rue. On peut toujours ramener le pain à la maison. Ouf !

Mais maintenant que vous avez saisi l’absurdité de cette situation imaginaire, je vais vous présenter une autre situation tout aussi absurde mais bien réelle celle-là. Il n’est plus question de boulangerie mais du Conseil municipal de Besançon.

Le Conseil municipal est un lieu et un moment démocratique public. Malheureusement, pas de place pour tout le monde dans la salle du Conseil bisontin. Oh… vous me direz, qui ça intéresse ? Peut-être pas vous mais il y a toujours des Bisontins aux séances du Conseil. Et puis il y a aussi tous ceux qui souhaiteraient y assister mais ne peuvent pas. Les séances débutent à 17h, c’est tôt. Certaines personnes habitent dans des quartiers éloignés ou rencontrent des problèmes de mobilité.

Bref, à l’ère d’Internet — vous l’aurez compris — on se prend à espérer une diffusion en ligne de ces séances, en direct ou au moins en « podcast »… solution permettant de visionner quand bon nous semble les séances passées.

A Besançon ça fait un bail que le sujet a été lancé… J’en avais déjà fait un billet en novembre 2010 que je vous conseille de lire pour connaître « l’historique du sujet ».

La situation actuelle est la suivante :

La salle du Conseil municipal a été entièrement rénovée l’année dernière et depuis sa réouverture, en novembre 2011, un système vidéo a été installé. Désormais, les séances sont filmées et retransmises en direct dans la salle des pas perdus qui se trouve à quelques mètres. Ceci afin de permettre au public qui n’a pas pris place dans la salle du conseil de suivre la séance.

Mais pour l’instant, la municipalité tient bon : il n’est pas question de retransmettre le Conseil municipal sur Internet. Pas plus en direct qu’en « podcast ». C’est donc un investissement important qui a été fait pour équiper cette salle mais il ne profite à chaque séance qu’à… une dizaine de personnes.

Le public en question se rend donc au Conseil municipal pour assister aux séances sur un téléviseur. Ils doivent se coltiner la totale ou partir. Un peu comme ma boulangère avec son pain à consommer sur place vous comprenez ?

Une retransmission sur Internet permettrait à chacun de regarder ce qui l’intéresse : tel ou tel rapport. Mais non. La vidéo restera top secrète une fois le conseil terminé.
On se prive là d’un magnifique outil démocratique moderne qu’on a pourtant financé avec nos impôts.

Pourquoi cette volonté de la municipalité de ne pas diffuser le Conseil municipal sur Internet alors que c’est désormais techniquement possible ?

Emmanuel Dumont – adjoint à la Communication – avait justifié ce choix en ces termes lors d’un échange sur Facebook :

[quote]Les séances sont publiques, chacun peut y assister et nous évitons les shows démagogiques avec cette non retransmission.[/quote]

Bien sûr que les séances sont publiques mais tout le monde ne peut pas s’y rendre pour des raisons listées plus haut mais aussi parce qu’assister à l’intégralité d’un Conseil municipal quand on s’intéresse à un rapport particulier n’est pas forcément très « emballant ». Alors pourquoi ne pas justement tout faire pour que ces séances deviennent vraiment publiques, en permettant à chacun d’y assister à distance, depuis chez lui. Techniquement, tout est prêt.
Toute initiative visant à montrer l’action que mènent les élus dans le cadre de leur mandat est bonne pour la démocratie.

Quant à l’argument des shows démagogiques auxquels on assisterait en cas de retransmission, il n’y a qu’à lire les délibérations des séances pour se rendre compte que les shows en conseil municipal existaient bien avant la vidéo.

Alors tiens… j’ai trouvé une petite parade. J’ai filmé un extrait du Conseil municipal de ce mercredi 22 février 2012. Un échange entre Jean Rosselot (UMP) et Jean-Louis Fousseret (PS). Pour réaliser cette vidéo, j’ai dû filmer… l’écran de la télé dans la salle des pas perdus. En bonus, les bruits annexes (cette salle est très bruyante) et les silhouettes qui passent dans le cadre.

Mais cela vous donnera l’occasion de constater que :

  • le dispositif vidéo mis en place fonctionne parfaitement et permettrait à chacun d’assister aux séances « comme en vrai » depuis son ordinateur ;
  • les protagonistes n’ont pas attendu la retransmission des Conseils sur Internet pour faire le spectacle. La diffusion en ligne n’y changerait donc rien.

Toutes les raisons données pour expliquer la non diffusion des Conseils municipaux sur Internet ne tiennent donc plus. La retransmission en direct n’est pas indispensable mais proposer au moins des podcasts des séances ne coûterait rien de plus puisqu’elles sont déjà « dans la boîte ». Exigeons cette retransmission !
Aller Monsieur le Maire, nous sommes dans une ville 5@ n’est-ce pas ? Alors montrons-leur qu’on les mérite nos arobases !

Tous les élus et citoyens désirant s’exprimer sur le sujet sont les bienvenus. Les commentaires leur sont ouverts. Il est également possible de m’écrire ici : besacontin@gmail.com

Si j’étais maire de Besançon

Si j’étais maire de Besançon, j’annoncerais l’installation de caméras de vidéosurveillance quelques mois avant les élections législatives. Cette annonce me permettrait de couper « l’herbe sécuritaire » sous le pied de mes adversaires de droite. Elle constituerait également une efficace peau de banane jetée sur le chemin du candidat écologiste investi avec la bénédiction de mon propre parti. C’est bien connu, les écolos hurlent quand on leur parle vidéosurveillance. D’ailleurs moi je ne parlerais que « vidéo-protection ». Les éléments de langage ne doivent jamais être négligés.

Certes, cela m’obligerait à faire fi des principes que j’avais jusque là défendus, mais je ne le dirais pas comme cela. J’opposerais habilement mon « sens pragmatique » aux « grandes positions idéologiques » de ceux qui seraient tentés de protester — y compris dans mon propre camp. Habile non ?

Puis, quelques semaines plus tard, je dirais quelque chose comme : « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour réduire le sentiment d’insécurité dans la ville mais vous savez, être seulement maire ne suffit plus de nos jours. Il faut désormais avoir les moyens de défendre les intérêts de sa ville au plus haut niveau — celui de l’État — afin d’obtenir par exemple plus de policiers… »

Alors je présenterais ma candidature aux législatives — envers et contre tous. Je le ferais avec abnégation, pour le bien de Besançon qui a vraiment besoin de retrouver un député-maire pour « rayonner ».

Et si on me parle de « cumul de mandats », j’opposerais encore une fois mon « sens pragmatique » aux « grandes positions idéologiques« … Le peuple contre les élites en quelque sorte. Ça plaît toujours ça.

Si j’étais maire de Besançon…

Le Maire de Besançon, son tram, les blogs et l’effet Streisand

Caribou Dagno, rédacteur invité, est l’auteur de ce billet.

On nous avait laissé entendre ces dernières années que le maire de Besançon était un adepte des nouvelles technologies.

En 2008, peu après un débat organisé par des blogs bisontins à l’occasion de l’élection municipale, le candidat-maire Jean-Louis Fousseret avait promis d’organiser un « festival international des blogs ». Non, vous ne rêvez pas et la mémoire du web est tellement grande qu’on peut remonter le temps pour le prouver :

Autre preuve de cet engagement en faveur de l’adoption des nouvelles technologies par tous les citoyens : Besançon a obtenu il y a quelques jours le label « villes internet 5 toiles ». Une distinction déjà obtenue à plusieurs reprises et qui, malgré le fait que le conseil municipal n’est toujours pas diffusé sur Internet, permet de faire bonne figure.

Nombreux sont donc les Bisontin(e)s qui pensaient réellement que leur maire était un ami de la libre pensée, de la liberté d’expression et des nouvelles technologies.

Hélas, le 19 février, notre bon maire a terni définitivement cette image d’Épinal.

Dans un article de l’Est Républicain, le premier magistrat de la ville menace les internautes bisontins qui relayeraient des commentaires « anti-tram » avec de faux chiffres à l’appui. En effet, selon certaines voix, le budget global du tram-le-moins-cher-de-France serait finalement revu à la hausse et le maire ne serait pas très à l’aise avec cela.

La menace est ferme :  » (…) Internet permet d’envoyer des informations fausses, de créer le malaise. Je vais demander au prochain conseil municipal une demande en référé afin de pouvoir obtenir l’identification des personnes (pseudonymes) qui diffusent sur Internet de fausses informations« .

Voila qui est dit.

Le message que notre élu fait passer est le suivant : Si vous avez récemment posté sur différents réseaux sociaux/forums/sites d’infos/blogs – dont celui-ci – un commentaire négatif et que vous avez glissé des propos « déplacés » envers le maire/son équipe/ses projets, un huissier a sans doute déjà constaté votre commentaire et les avocats de la collectivité vont se charger rapidement de votre cas.

Concrètement, une plainte sera déposée (par la CAGB?) envers un ou plusieurs éditeurs de sites qui n’auront pas d’autre choix que de coopérer. Car selon la LCEN, ces derniers feront valoir leur statut d’hébergeur de ces commentaires et transmettront à la justice les adresses IP (et éventuelles adresses email) liées aux commentaires visés par la procédure.

Ayant obtenu les adresses IP, la justice demandera ensuite aux fournisseurs d’accès titulaires de ces IP de communiquer toutes les coordonnées des internautes à qui ils ont attribué celles-ci.

Au terme de la procédure, des Bisontins se réveilleront avec une lettre recommandée leur demandant de se préparer à répondre aux questions des juges. Ils devront lors d’une audience se justifier quant aux chiffres avancés et propos tenus liés au tramway [ou à d’autres sujets, plus graves, comme cet accident de la circulation survenu en janvier dernier] sur différents sites internet.

Une méthode musclée qui a un petit air de ressemblance avec l’affaire « Cyber-Toto » évoquée par le site Arrêt sur image la semaine dernière.

Bien entendu, nous aurions pu entrer dans les détails et nous intéresser aux attaques du maire (UMP) d’Orléans contre un blogueur local. Même chose à Puteaux, autre ville dirigée par un maire UMP, en guerre depuis de nombreuses années contre un blogueur local qui ose dénoncer régulièrement des « dossiers » dont il trouve la gestion hasardeuse.

Connaissez-vous Barbra… Streisand ?

A Besançon, ville socialiste plutôt tranquille, tout n’est pas si rose. Et ce n’est pas la première fois que le maire voit rouge.

En 2009, Jean-Louis Fousseret avait menacé d’un procès l’élu d’opposition Philippe Gonon (Modem). Ce dernier avait agi de façon aussi subtile qu’inattendue pour demander la diffusion du conseil municipal par Internet.

Sauf que la menace s’était retournée contre Jean-Louis Fousseret. De nombreux spécialistes de l’internet mais aussi du droit avaient démontré que filmer un conseil municipal était parfaitement légal et qu’un procès se solderait par un effet boomerang pour le Maire.

Rappelons qu’en 2012, JLF tient toujours à ne pas montrer les débats de « son conseil » aux citoyens. La démocratie bisontine ne serait réservée qu’à un petit comité, une élite de citoyens ? Chacun jugera.

Cette nouvelle colère du maire de Besançon contre les « anti-tram » ne fait que mettre un peu plus en exergue l’échec total de la communication autour du tramway.

Les récents commentaires de certains élus de la majorité sur les réseaux sociaux, les données de GPS non-communiquées aux éditeurs de GPS, le vrai-faux vote pour la couleur du tram’ aboutissant à un vote en faveur du tramway rose, l’opposition massive (et silencieuse) d’une majeure partie de la population… appuient cette démonstration.

A qui la faute ? Certainement pas aux citoyens qui ont le droit légitime de s’interroger sur un projet d’envergure et tout ce qu’il peut représenter en terme d’impact (financier, environnemental…), ni au grand méchant web.

Lorsque l’on veut faire accepter un tel projet à la population, il convient de ne pas négliger cet élément fondamental qu’est la communication. En voulant tout optimiser, même le budget com, l’effet boomerang est encore une fois constaté.

Et ce n’est pas en voulant imiter les dictateurs tristement célèbres en différents points du globe (1) pour leur contrôle d’internet (et donc l’oppression du peuple en anéantissant la notion de liberté d’expression) que cela s’arrangera.

Beaucoup de bisontins vont d’ailleurs se demander si l’expression de leur avis sur le tram au travers d’un commentaire posté sur un site internet ne sera pas risqué pour eux. Ces voix vont donc préférer se taire.

Museler la parole des citoyens (trolls et haters inclus) ne présage jamais de bonnes choses. Cela peut même laisser à penser que l’on cherche à leur cacher quelque chose.

Accessoirement, c’est aussi oublier que des gens se sont battus pour défendre une certaine idée de la liberté incluant la liberté de penser et de s’exprimer au risque de déplaire et de créer la polémique.

Assigner des internautes en désaccord avec un projet car ils cherchent de façon légitime la « faille » pour le remettre en question, est un aveu de faiblesse et d’impuissance. En un mot, c’est un aveu d’échec.

Tous les spécialistes vous le diront : à l’ère d’internet, lorsque l’on cherche à s’engager dans une action de censure, il ne faut pas s’attendre à calmer les esprits.

Au contraire, cela risque de démultiplier – et d’amplifier – les critiques puisqu’il est toujours possible d’utiliser des services VPN (2) et adresses emails jetables pour garder un certain anonymat et continuer de s’exprimer librement (sauf si l’éditeur du site filtre/sélectionne les commentaires et accepte de porter la responsabilité lorsqu’il laisse passer un commentaire litigieux me dit-on).

En tout cas, la menace de JLF et le retour de bâton associé auront permis aux bisontins d’en apprendre un peu plus sur Internet et de découvrir un nouvel effet : l’effet Streisand.

(1) Naturellement, toute ressemblance avec de récentes révolutions de peuples opprimés n’est que fortuite. Espérons d’ailleurs que cette comparaison ne va pas nous valoir une assignation.

(2) L’usage de services VPN est parfaitement légal. Ces services peuvent prendre la forme de serveurs proxy anonymes gratuits comme les proxy web ou de services payants tels que PureVPN ou Internet Anonym de Steganos parmi beaucoup d’autres.

Le maire de Besançon veut saisir la justice au sujet d’un commentaire paru sur un site d’info locale

Ce mercredi 22 février, lors de la séance du conseil municipal, le maire de Besançon – Jean-Louis Fousseret – demandera aux élus de l’autoriser à ester en justice pour le compte de la Ville afin de déterminer l’identité d’un internaute anonyme ayant déposé un commentaire en dessous d’un article de Macommune.info.
Cet article relatait le dramatique accident entre une voiture et un bus ayant fait deux morts le samedi 14  janvier 2012 au matin.

Les commentaires s’étaient déchaînés sous le billet en question et un surnommé « riton » avait posté un message troublant :

Le message se trouve ici.

Voici le contenu du rapport soumis aux conseillers municipaux bisontins dans l’optique du prochain conseil municipal :

Résumé : Suite à certains propos injurieux parus sur le site ma commune.info, introduction d’action contentieuse aux fins de déterminer l’identité de l’internaute concerné et de défendre les intérêts de la Ville.

Un accident de la circulation est intervenu le samedi 14 janvier 2012 entre un bus et une voiture à proximité du Pont Charles de Gaulle.

Cet accident a fait deux victimes décédées dans des conditions dramatiques.

Cet accident a suscité énormément d’émotion et a donné lieu à de nombreux témoignages de sympathie envers la famille, notamment sur Internet.

Toutefois parallèlement, certains messages à la teneur agressive et injurieuse n’ont pas manqué également d’être diffusés.

Il en est surtout un parmi ceux-ci, dont la teneur a suscité certaines interrogations et réactions. Il émane en effet d’un internaute se prétendant, sous un pseudonyme, agent de la Direction Voirie et tenant des propos injurieux envers ses Collègues et la Collectivité.

Compte tenu de la gravité de ces agissements et de la suspicion créée au sein de la Direction, il est donc proposé d’engager toutes actions aux fins de déterminer l’identité de l’internaute et d’obtenir la réparation du préjudice causé à la Ville.

Proposition

Le Conseil Municipal est invité à autoriser M. le Maire à introduire pour le compte de la Ville toutes actions en justice, aussi bien de première instance qu’en appel ou en cassation, notamment contre les hébergeurs et fournisseurs d’accès à internet nécessaires, afin de déterminer l’identité de l’internaute concerné, et obtenir réparation du préjudice causé à la Ville.

Mise à jour : mardi 21 février 2012 à 12h15

Ce matin, le site Macommune.info a supprimé tous les commentaires de l’article incriminé. En voici une sauvegarde afin que chacun puisse se faire une idée de quoi il question ici.
Pour consulter, cliquez sur le lien (fichier PDF)
capture-macommune.info-article-besancon-deux-morts-dans-un-accident-entre-un-bus-et-une-voiture-65460


Parallèlement, le site d’information a publié un billet rappelant les règles à respecter lorsque les internautes postent un commentaire (respect de la charte, propos diffamatoires, racistes… interdits, etc).
On peut lire une modification importante concernant les commentaires :

Enfin, suite au changement de système de gestion des commentaires, la rédaction a également décidé de suspendre les commentaires liés aux faits divers, afin de respecter l’intimité des personnes.

Le site d’information locale attribue cette évolution à « un changement de système de gestion des commentaires » mais il ne serait pas surprenant que la menace judiciaire soit aussi à l’origine de ce revirement.

Quant au respect de l’intimité des familles, il est étonnant que Macommune.info n’y ait pas pensé dès le publication de son article sur ce dramatique accident. Certains commentaires terribles à lire pour les proches des victimes sont restés plus d’un mois en ligne.

Que peuvent apporter des commentaires suite à un drame de cette envergure ? Le problème d’Internet c’est que contrairement au café du commerce, les discussions restent et peuvent être « écoutées » de tous.

En tout cas, c’est un précédent qui fera réfléchir beaucoup de monde.

Et si le tramway bisontin apprivoisait un peu le grand méchant Web ?

Dans l’Est Républicain du dimanche 19 février 2012, il y a un article d’Eric Barbier avec un titre très « rentre dedans » :

Jean-Louis Fousseret est excédé par les chiffres virtuels qui circulent sur le tram

« J’ATTAQUERAI EN DIFFAMATION… »

Le maire de Besançon, également président de la Communauté d’agglomération a décidé de ne plus laisser dire n’importe quoi sur le tramway. Visiblement, Jean-Louis Fousseret a été excédé par des commentaires anonymes laissés sur Internet et affirmant que le coût du projet de tram exploserait.

Il faut dire que ça cause comme au comptoir dans les commentaires de certains billets.

Donc ras-le-bol ! C’est dit : à l’avenir, la justice pourrait bien être mise dans le coup et s’il faut en arriver là, des plaintes en diffamation seront déposées.

Une suggestion en passant : la maison d’arrêt étant déjà bien pleine, peut-être pourrions-nous réclamer l’incarcération des coupables dans l’aquarium de la Sainte Maquette durant quelques jours. Le pire des châtiments pour ces vilains garnements !

Deux extraits de l’article paru dans l’Est Républicain ce 19/02/2012

Déjà dans le dernier BVV, on pouvait lire une charge du maire de Besançon contre « les calomnies » . Dans un éditorial baptisé « 2012, l’année de la vérité » , il visait clairement les accusations de l’opposition relatives au marché de construction des rames du tram confié à une entreprise espagnole et non au local de l’étape, Alstom.

Le coupable

Ce salopard, ce couard, ce félon pointé du doigt par M.Fousseret. Celui qu’il désigne vertement comme le grand saboteur de l’image du tramway auprès de la population bisontine. Le présumé coupable c’est lui :

« le grand méchant Web »

Ouf ! L’honneur est sauf… Ce n’était donc pas la faute de la communication calamiteuse autour de ce projet. Communication toujours prompte à nous noyer de chiffres démontrant l’impérieuse nécessité du tramway mais incapable de créer simplement « l’envie » pourtant nécessaire à l’adhésion de la population. Non non, la communication institutionnelle est blanchie, innocente. Le problème vient d’Internet.

D’ailleurs vous savez quoi ? L’article de l’Est Républicain est illustré d’une image capturée sur une page Internet. Oh ! Pas n’importe quelle page : la page Facebook « Tramway Grand Besançon » que vous trouverez ici si vous n’y êtes pas encore abonné.

En voilà de l’Internet fiable et institutionnel. C’est officiel ça Madame.
C’est LA page Facebook du tramway du Grand Besançon. Rassurante. On y retrouve le logo que les Bisontins commencent à bien connaître. Les infos qui y sont publiées sont pour l’essentiel reprises du portail officiel du tramway, comme les images d’ailleurs et même les infos générales qui sont copiées-collées depuis le site officiel.

C’est sûr qu’en venant là, on ne risque pas de tomber sur du Web de caniveau avec des méchants commentaires calomnieux voire diffamatoires envers le tram.

En pourtant…

Et pourtant cette page Facebook est tout sauf officielle. Elle n’a pas été créée par le Grand Besançon. Elle est l’initiative d’une agence locale « spécialisée dans le contenu qui conseille les marques, les entreprises et les institutions dans leur communication digitale ». Une agence que le Grand Besançon n’a pas mandatée et qui laisse habilement planer le doute sur l’officialité de ladite page… pour en faire quoi au fait ? C’est peut-être au service supposé gérer la communication autour du projet de tramway de se renseigner non ? Ils sont au courant depuis quelques temps déjà…

Un autre exemple édifiant : le 17 novembre dernier, un compte Twitter « @TramwayBesancon » a été créé. La communauté locale Twitter s’y est vite intéressée et s’est demandée si ce compte était « officiel ». J’ai personnellement adressé quelques messages à des personnes impliquées dans le projet pour en savoir plus. Aucune n’a daigné répondre.

Les premiers messages publiés par le compte en question semblant fiables, il a très vite gagné des abonnés : plus d’une centaine de personnes parmi lesquelles la plupart des journalistes locaux.
Un compte potentiellement officiel donc, jusqu’à ce message publié le 17 janvier :

 

Evidemment, après ça…

Grand méchant Web ?

Des gens qui se défoulent, disent n’importe quoi, colportent des rumeurs et diffament, il y en a toujours eu. Avec Internet, l’anonymat et les commentaires de blogs ou de sites d’information en ligne, c’est encore plus facile. Mais tous les commentaires ne sont pas à classer dans cette catégorie. Loin s’en faut. Beaucoup expriment aussi des ressentis et des positions bien légitimes. Certains s’opposent ou critiquent, d’autres s’interrogent, doutent ou expriment un certain désarroi face aux travaux et à la ville qui change. Face à un projet qu’ils ne comprennent pas toujours.

Alors au lieu d’accuser le grand méchant Web, peut-être serait-il temps de tenter de l’apprivoiser un peu, car beaucoup d’opinions sur le tramway s’y construisent sur la base d’un grand n’importe quoi qu’on lit ici ou là…
Il pourrait être intéressant notamment de créer une (vraie) page Facebook officielle pour communiquer directement avec les Grands-Bisontins (ils sont nombreux sur ce réseau social). Evidemment, que cette page recevra souvent des commentaires critiques ; mais au moins il y aura la possibilité d’y répondre, d’argumenter et donc de ne pas laisser le champ libre aux détracteurs de tout poil.

Être présent sur les réseaux sociaux pour un projet tel que celui-ci — serait aussi et surtout une manière de montrer qu’il y a des gens qui écoutent et réagissent derrière le monolithique tram. Et ça c’est incontournable pour commencer à susciter l’envie.

Dis-donc ducon, y’a plus grave non ?

— Dis ducon, t’en as pas un peu marre de nous gonfler avec tes arbres abattus ? Tu ferais mieux de gueuler contre l’élevage de visons qui se trouve pas loin d’ici ! C’est quand même plus grave que trois arbres pourris tu crois pas !?

— Dis blaireau, ça va ? Tu te sens pas un peu ridicule avec tes visons, alors que partout dans le pays y’a des gens au chômage ? Ils s’en cognent de tes rats à fourrure tu sais !

— Dis pétasse, t’as pas honte de nous faire chialer avec tes copains chômeurs alors qu’il y a des gens malades qui souffrent vraiment — eux !

— Dis enfoiré, y’a plus grave qu’être au chaud dans un hôpital tu penses pas ? Regarde tous ces gens qui dorment dans la rue !

— Dis trouduc, t’as pas l’impression d’en faire des tonnes avec tes SDF ? Y’a pire : t’as vu les Syriens qui n’ont même pas le droit d’y descendre — dans la rue — pour réclamer leur liberté !

— Dis nunuche, tu crois pas qu’on en fait des tonnes avec les Syriens ? D’autres peuples se battent contre des tyrannies encore plus cruelles et personne n’en parle !

— Dis dugland, t’as pas entendu parler des gosses qui meurent de faim ? Ils s’en balancent eux de la politique. Ils ont juste faim !

— Dis-donc connard, tes petits Somaliens là. Si t’en parles c’est qu’ils sont encore en vie non ? Y’a pas plus grave tu crois ? T’as même pas eu un mot pour Whitney Houston ! Sale con d’bobo va !

Feu le sujet végétal majestueux du 6 rue de la Madeleine

— Monsieur Teint !

— Ah ! Bonjour Madame Durand !

— Bonjour Monsieur Teint. Excusez-moi de vous importuner mais vous pourrez peut-être m’aider. Voilà, j’ai reçu une lettre de la mairie et je ne comprends pas tout. Mes vieux yeux y sont sans doute pour quelque chose mais c’est surtout qu’il y a des phrases bizarres…

— Si je peux vous être utile Mme Durand… Faites-moi voir cette lettre…

— Vous étiez tout de même au courant des travaux qui vont commencer au 6 rue de la Madeleine ?

— Oui oui. Ça j’ai bien compris et je sais que ça ne va pas tarder. Le chantier et tout ça. C’est la suite qui m’échappe. J’ai surligné certains passages. Là voyez, ils écrivent :

Le projet initial prévoyait le maintien du sujet végétal majestueux dans la grande cour.
Néanmoins, un diagnostic mené par l’ONF a démontré la présence de champignons créant un risque de rupture.
Compte tenu de ce diagnostic, il sera donc finalement abattu et remplacé par un nouveau sujet d’envergure qui pourra s’épanouir et recréer une ambiance végétale unique dans cet espace privilégié du quartier Battant.

— En effet, c’est alambiqué… Mais je pense qu’on peut le dire plus simplement, sans tourner autour du pot. Tenez :

Le projet que l’on vous a présenté promettait de conserver le grand et magnifique arbre qui est dans la grande cour.
Néanmoins, un diagnostic mené par l’ONF a démontré la présence de champignons qui vont grandement faciliter les affaires du promoteur de ce projet immobilier. Promoteur pour qui cette saloperie d’arbre était sans doute une vraie plaie en plein milieu de son chantier avec tous les engins qui vont devoir y circuler pour construire au plus vite ces immeubles qui vont lui rapporter plein de pognon.
Compte tenu de ce diagnostic et de ces intérêts qu’il convient de satisfaire, l’arbre sera donc finalement abattu et remplacé par un arbuste qui grandira lui aussi, si si. Et dans 50 ans vous verrez ça aura de la gueule.

— Alors ils vont le couper notre grand arbre… Comme son voisin le conifère qu’on savait déjà condamné. Et ils nous préviennent la veille évidemment…

— Oui Madame Durand… Il ne faut pas laisser aux riverains le temps de pétitionner, vous pensez bien.

— Vous le connaissez M.Teint ce dicton :  « Qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage » ?

— Oui Mme Durand. La rage ou bien… des champignons n’est-ce pas ?

Madame Durand m’a rappelé en fin d’après-midi. Le conifère a été débité aujourd’hui.
Son voisin, le « sujet végétal majestueux » dont on avait promis le « maintien » aux riverains de la cour. Son voisin attend maintenant son tour.

Au passage si vous aviez flashé sur cette image bucolique et arborée quand vous avez réservé l’un des futurs appartements du Clos Chapelaine (ah, ces petits noms ruraux pour sonner rustique), il va falloir vous faire une raison : vous avez acheté un grand et magnifique arbre mort.

Et le lendemain :

BesaQ la chaude

Oui oui le froid est là. On sait ça. Le gel, la glace, le verglas, les canalisations qui pètent et les fontaines transformées en banquises miniatures.
Et pourtant, Besançon n’a jamais été aussi chaude. Limite chaudasse.

Tout a commencé avec le plus respectable et le plus âgé d’entre nous. J’ai nommé Victor Hugo – 210 ans au compteur et toujours vaillant. Le plus célèbre des Bisontins s’affiche depuis le début du mois de février en grand format dans la ville. Et diantre ! L’une des ces affiches est comment dire… whoua !!!

Pour illustrer Hugo « l’homme engagé », on a donc choisi une citation extraite… d’une chanson de France Gall (de Michel Berger pour être plus précis).
J’aime bien ce décalage. Ça nous décrispe un peu dans notre rapport à Victor Hugo, et ça c’est nouveau.
Mais là où cette affiche devient franchement surprenante, c’est qu’un martinet à lanières de cuir illustre le tout !

sado-maso ?

Alors quoi ? La Ville de Besançon nous vend un Victor Hugo coquin voire sado-maso ? Nan ??? Comme vous y allez ! Il s’agit plus probablement d’une allusion au combat de l’écrivain en faveur des droits des enfants. Si hein ?
Oui. Mais voilà : aujourd’hui le martinet est plutôt connoté « jouet de grands » et au passage tant mieux s’il l’on n’en vend plus pour corriger de pauvres gosses.

Bref, je dois avoir l’esprit tordu mais…  Et si… et si tout ça n’était en définitive qu’un « teasing » un brin culturel pour faire monter la fièvre avant… le Salon de l’Érotisme – salon qui se déroulait ce week-end à Besançon ?
Mmmmm…. d’ailleurs que voit-on sur le site de l’Office du Tourisme de Besançon ?
On voit notre Victor et le Salon de l’Érotisme se mêlant complicemment complaisamment dans des intérêts publicitaires croisés :

Ah ! L’affiche du Salon de l’Érotisme ! C’est un euphémisme de dire qu’elle ne fait pas dans la finesse. Voyez un peu la bibite qui vous fait coucou, si c’est pas mignon :

Au passage, faudrait penser à changer le nom de ce salon, juste pour être raccord avec le contenu : Salon du Q ou du porno ce serait plus honnête non ? Bah oui l’érotisme ce n’est pas la quéquette. C’est la suggestion de la quéquette ! J’aurais pu bosser pour Révillon moi.

Arf ! Définitivement, je préfère mon Totor avec son martinet à lanières. Au moins lui nous vend du rêve, ou pas. Question de goût.

Un complot ?

Alors quoi ? Un complot de la sphère politico-médiatique en faveur des intérêts capitalo-dévergondés du Salon de l’Érotisme ? C’est bien possible oui ! Pour preuve cette affichette que l’Est Républicain a essaimée un peu partout dans la ville ce vendredi – veille du salon. Comme par hasard.

Le message est à peine subliminal… à peine :

Heureusement : il nous reste la tendresse… après cette débauche de sexe.

Un poutou ça vous tente ?

Quand la Région Franche-Comté invente le sondage d’autosatisfaction

Sur le site du Conseil régional de Franche-Comté, il y a un sondage mythique. Un parfait exemple de questionnaire orienté.

C’est mignon non ces questions de bisounours ? On appelle ça un « questionnaire fermé ». On prétend vous demander votre avis mais en définitive, les réponses sont préétablies et également très « guidées ».

Les cinq envies/attentes qui sont proposées à votre choix sont toutes très consensuelles, formulées précisément afin que rien ne dépasse dans le rang des sondés. Quoi que vous répondiez, cela reviendra à dire : « Avec le TGV ça va être trop d’la balle ! ». Pas même la possibilité de voter « blanc ».

La question posée est elle-même un petit chef d’œuvre puisqu’on ne vous demande pas :

« D’après vous, que doit prioritairement apporter le TGV Rhin-Rhône à la Franche-Comté ? »

Non. On vous questionne sur ce qui va se passer :

« D’après vous, que va-t-il apporter prioritairement à la Franche-Comté ? »

En fait ce sondage vous propose de faire un pari sur l’avenir. C’est un peu le PMU, un peu Elisabeth Tessier, un peu l’oracle de Delphes.

En définitive, on ne voit vraiment pas en quoi ces réponses pourront apporter un quelconque indicateur aux services du Conseil régional afin de cerner vos attentes et vos envies. Chacune correspond déjà à l’un des objectifs de l’action régionale et évidemment que – dans l’idéal – l’arrivée de la nouvelle ligne LGV est supposée contribuer à tous ces objectifs. C’est en tout cas ce que l’on nous a promis. Alors pourquoi faire un choix ? A quoi bon être sondé ?

Alors pour quoi faire ?

Pour commencer, ce sondage est là pour nous rappeler les bienfaits attendus du TGV Rhin-Rhône. Ils sont là – les cinq – présentés sous nos yeux ébahis et l’on se dit qu’on est des petits chanceux.

Ensuite si l’on avait réellement voulu connaître vos envies et vos attentes, sans doute auriez vous eu la possibilité de faire vos propres propositions. Nous n’aurions plus affaire à un sondage fermé mais à une enquête sérieuse mais là… Mais là ce serait risqué pour l’image du TGV Rhin-Rhône car tout ne va pas bien contrairement à ce que laissent entendre les rumeurs bisounours.
Laisser remonter les récriminations c’est prendre le risque de retrouver sur le Web régional des attentes du type :

  • Pas d’augmentation de tarif excessive notamment sur les liaisons qui existaient déjà et sur lesquelles au final le gain de temps est négligeable (Besançon-Paris notamment) ;
  • une navette Viotte-Auxon au fonctionnement et à la tarification lisible ;
  • des parkings qui ne pratiquent pas des tarifs évoquant plus le racket organisé qu’une mission de service public ;
  • des TGV qui ne soient pas les vieilles rames recyclées des lignes plus anciennes ;
  • … (à vous d’en proposer d’autres dans les commentaires)

Alors à quoi servira ce sondage ?

Regardons d’abord les votes déjà enregistrés :

Maintenant imaginons comment les résultats de ce sondage pourraient être évoqués dans le prochain Franche-Comté Mag – magazine du Conseil régional.

C’est imaginaire bien sûr…


Pour aller plus loin